Trump invite Netanyahou à Washington dans l’urgence : que cache cette rencontre au sommet ?

Une invitation surprise qui alarme Jérusalem

L’annonce d’une rencontre impromptue entre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et le président américain Donald Trump a fait naître une certaine nervosité au sein du bureau du chef du gouvernement israélien. Car ce n’est pas tant le contenu de la réunion que la précipitation avec laquelle elle a été organisée qui intrigue.

“Que veut réellement le président ?”, s’interroge-t-on à Jérusalem, alors même que la Maison Blanche a insisté pour organiser la rencontre avant Pessah, alors que les équipes israéliennes auraient préféré repousser ce sommet diplomatique d’une semaine après les fêtes de Pessah.

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Une visite née d’une conversation à trois

L’origine de cette rencontre remonte à une discussion informelle entre Donald Trump, Benjamin Netanyahou et le Premier ministre hongrois Viktor Orbán. Lors de cet échange à huis clos, Netanyahou évoque les droits de douane annoncés par Washington. Trump lui propose alors immédiatement : « Viens à Washington. On en parle face à face. »

Cette réplique, anodine en apparence, a déclenché un enchaînement diplomatique à grande vitesse : invitation officielle, annulation du témoignage de Netanyahou à son procès, et mobilisation express de son entourage diplomatique et médiatique.

Cinq sujets brûlants sur la table

1. Les tarifs douaniers : le camouflet économique inattendu

Dans le nouveau plan économique américain, Israël figure parmi les 60 pays désormais soumis à des droits de douane de 17 %. Une décision brutale, d’autant plus qu’Israël avait pris l’initiative de supprimer les taxes d’importation sur les produits américains, espérant ainsi amadouer l’administration Trump.

Mais Washington n’a pas fléchi. En ligne de mire : la balance commerciale déséquilibrée entre les deux alliés, Israël exportant largement plus qu’il n’importe. « Dans l’équation simpliste de Trump, Israël doit se mettre à niveau », observe une source proche du dossier.

2. Les otages : un sujet vital relégué au second plan

Alors que plusieurs otages israéliens sont toujours détenus par le Hamas, dont le soldat américano-israélien Idan Alexander, les familles attendent désespérément une avancée concrète. Mais l’attention de la Maison Blanche semble accaparée par la dimension économique.

La délégation Witkoff-Dermer, responsable des négociations, n’a pas encore réussi à concrétiser un second accord, après celui obtenu par l’équipe précédente.
Le cabinet de Netanyahou insiste : « Le contact direct avec la Maison Blanche est essentiel. » Pourtant, aucune percée diplomatique majeure n’est encore en vue.

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3. L’Iran : entre diplomatie musclée et menace militaire

Le président Trump a lancé un ultimatum à Téhéran, qui doit expirer dans six semaines. L’heure est à l’ambiguïté stratégique : d’un côté, la main tendue de la diplomatie, de l’autre, une menace militaire crédible.

Israël, lui, applaudit en coulisses, espérant que cette posture renforcera la dissuasion régionale. Mais certains analystes redoutent un double-jeu de Trump, qui pourrait faire une offre de paix en coulisses pour se démarquer sur la scène internationale.

4. La Turquie et la Syrie : le front oublié

Un autre front inquiète Jérusalem : l’activisme croissant de la Turquie en Syrie. Ankara cherche à s’implanter durablement, réduisant de facto la marge d’action israélienne dans l’espace aérien syrien.

Netanyahou espère obtenir de Trump un soutien clair, voire une initiative américaine pour diviser la Syrie en zones d’influence. Une telle décision renforcerait la position d’Israël tout en repoussant les ambitions d’Erdogan.

5. La Cour pénale internationale : une bataille juridique mondiale

Le cabinet de Netanyahou l’a confirmé dans son communiqué : la lutte contre la Cour pénale internationale (CPI) fera également partie des discussions. La CPI envisage en effet des poursuites contre des responsables israéliens, y compris Netanyahou lui-même, pour des crimes de guerre présumés à Gaza.

Trump, en fidèle allié, devrait exprimer un soutien ferme à Israël, dans un langage bien plus explicite que ses prédécesseurs démocrates.

Une mise en scène politique de Trump ?

Un coup politique pour le président américain

Plusieurs analystes américains voient dans cette rencontre une manœuvre politique habile de Trump, qui veut rappeler son statut de président influent sur les dossiers internationaux, notamment au Proche-Orient.

En invitant Netanyahou en premier après l’instauration des tarifs mondiaux, il se pose en arbitre et protecteur du monde libre, face à la montée des tensions économiques et militaires.

La posture de Netanyahou : entre prudence et nécessité

Pour Netanyahou, l’exercice est délicat. Il doit éviter d’être perçu comme trop dépendant de Trump, tout en profitant de cette tribune internationale pour renforcer sa stature de leader mondial.

“Le Premier ministre apprécie la relation personnelle et chaleureuse avec le président Trump”, déclare son bureau. Une formule diplomatique qui cache un calcul politique : maintenir l’alliance tout en gardant la maîtrise du tempo diplomatique.

Un sommet aux enjeux multiples

Cette rencontre, bien que préparée dans l’urgence, pourrait avoir des conséquences profondes :

•Redéfinir les rapports économiques bilatéraux ;

•Remettre la question des otages au centre du débat ;

•Réaffirmer l’axe Washington-Jérusalem face aux menaces iranienne et turque ;

•Et surtout, préparer le terrain stratégique pour les mois à venir, à l’heure où les lignes diplomatiques bougent rapidement.