
« On m’a dit que le Hamas était dissuadé » : Israël plonge dans l’aveuglement sécuritaire avant le 7 octobre
Ils avaient les rapports, les signaux, les alertes. Mais ils ont préféré croire que le Hamas était dissuadé. À quelques jours de la pire attaque terroriste que l’État d’Israël ait connue depuis sa création, des officiers supérieurs de Tsahal assuraient encore que tout allait bien.
Ce dossier exclusif revient sur les failles, les silences et les responsabilités.
Dire la vérité, même quand elle dérange, est désormais une question de survie nationale.
Les responsables de haut rang ont reconnu leur part de responsabilité dans les échecs sécuritaires du 7 octobre 2023.
Notamment, le général Aharon Haliva, chef du service de renseignement militaire israélien (Aman), a présenté sa démission en avril 2024, assumant sa responsabilité dans l’incapacité à anticiper l’attaque du Hamas qui a entraîné la mort de près de 1 200 Israéliens et la capture de 250 autres .
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De plus, Avi Rosenfeld, commandant de la division de Gaza, a également démissionné en juin 2024, reconnaissant les failles dans la réponse militaire lors de l’attaque .
Ces démissions reflètent une prise de responsabilité au sein de la hiérarchie militaire israélienne concernant les défaillances qui ont permis l’attaque du Hamas.
Des évaluations rassurantes malgré les signaux d’alerte
Quelques jours avant l’attaque surprise du Hamas le 7 octobre 2023, les plus hauts gradés de Tsahal affirmaient au gouvernement israélien que le groupe terroriste palestinien n’avait aucun intérêt à l’escalade.
Au cours de réunions tenues dans les deux semaines précédentes, des responsables militaires ont assuré au niveau politique que « le Hamas est dissuadé » et qu’« il n’a pas l’intention d’initier une confrontation ».
Ces déclarations reposaient sur des évaluations transmises par la division du renseignement militaire, malgré certains signaux d’alerte remontés par des officiers de terrain.
Lors de l’une de ces réunions, un membre du cabinet de sécurité demanda :
« Sur quoi repose cette évaluation ? », et l’on lui répondit : « C’est notre estimation. Aucun bruit, aucun signe inhabituel sur les capteurs. »
Une faille stratégique majeure
Le 7 octobre à l’aube, cette lecture stratégique s’effondra. Le Hamas lança une offensive coordonnée, pénétrant le territoire israélien, attaquant des bases militaires et des kibboutzim, et capturant plus de 240 otages. Le choc fut total. Selon une source proche des discussions :
« Il y avait des signaux, des alertes tactiques. Mais ils ont été balayés. »
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Les commandants sur le terrain avaient alerté
Un commandant de brigade posté dans le sud a déclaré anonymement : « J’ai alerté mes supérieurs. On m’a répondu que le Hamas était focalisé sur le calme, la reconstruction, la stabilité à Gaza. Nous avons été aveugles. »
Pendant ce temps, des documents de la Division du renseignement indiquaient clairement que le Hamas s’exerçait à simuler la prise de bases militaires israéliennes et de communautés civiles. Un rapport du 19 septembre* évoquait même un plan pour capturer 200 à 250 otages.
Le rôle de la Division du Renseignement
Le général Aharon Haliva, alors chef du renseignement militaire, a depuis démissionné. Si certains analystes ont bien signalé des scénarios inquiétants, ils n’ont pas été pris au sérieux par les échelons supérieurs, qui ont continué de croire en une stratégie de dissuasion efficace.
Cette confiance dans la rationalité du Hamas, qui aurait tout à perdre à une guerre, a figé toute réactivité. On préférait croire que les fonds qataris et la gestion civile de Gaza suffiraient à contenir l’organisation islamiste.
Un retard de réaction dramatique
Le matin du 7 octobre, Netanyahou fut informé des événements à 7h30. Sa première conversation avec le chef d’état-major n’eut lieu qu’à 9h45. Pendant ce temps, des communautés entières étaient massacrées, les civils abandonnés à leur sort.
L’échec ne fut pas seulement militaire. Il fut aussi communicationnel, stratégique, systémique.
Des appels à une enquête nationale
Depuis, des pressions montent pour une commission d’enquête nationale. Le ministre de la Défense Yoav Gallant y est favorable, mais Netanyahou souhaite attendre la fin du conflit.Plusieurs familles de victimes ont déjà saisi la Cour suprême. Elles réclament la vérité et la justice.
Les responsabilités partagées : une chaîne de commandement figée
Selon des sources au sein de l’état-major interrogées par Ynet, l’échec du 7 octobre ne peut être attribué à une seule personne.
C’est l’ensemble du système de commandement, de renseignement et de prise de décision qui s’est figé. Plusieurs officiers avaient alerté, dans les jours précédant l’attaque, d’un comportement anormal des forces du Hamas, notamment des exercices au plus près de la frontière, une mobilisation accrue des unités d’élite et l’activation inhabituelle de dispositifs de communication tactique.
Pourtant, chaque alerte a été renvoyée à un narratif rassurant : « ce sont des manœuvres de routine », « ils veulent juste faire pression », « aucun intérêt stratégique pour le Hamas de provoquer une guerre ».
Un haut gradé a même affirmé sous couvert d’anonymat que les briefings quotidiens du renseignement ont délibérément minimisé certains signaux pour ne pas “perturber l’équilibre fragile” de la coordination civile avec le Qatar et l’Égypte.
D’autres évoquent une guerre d’égo au sein du Commandement Sud, où certains officiers ne voulaient pas “faire sonner l’alarme” par crainte d’être ridiculisés. Résultat : aucun ordre de renforcement des forces le long de la barrière, aucun plan d’urgence activé, aucune réunion de crise convoquée jusqu’à ce qu’il soit trop tard.
Par ailleurs, selon les révélations de la chaîne Kan 11, plusieurs habitants de kibboutzim proches de la frontière ont signalé à la police et à Tsahal, les jours précédents l’attaque, avoir entendu des sons de creusement de tunnels ou vu des drones voler à basse altitude. Aucun de ces signalements n’a été sérieusement traité. Des vidéos internes circulaient même dans des groupes Telegram de Gaza montrant des militants s’entraînant à prendre d’assaut des maisons et des postes militaires israéliens, mais elles ont été interprétées comme de la propagande.
L’image d’une armée technologiquement suréquipée, bardée de capteurs, de radars, de murs intelligents et de renseignement électronique, s’est effondrée. Le Hamas a utilisé des outils rudimentaires : bulldozers, parapentes, motos, RPG, et pourtant a anéanti la première ligne de défense israélienne en moins de 15 minutes.
Analyse stratégique : le syndrome du « silence vaut paix »
Le 7 octobre est le résultat d’une erreur conceptuelle majeure : l’illusion que l’absence de bruit équivaut à une absence de menace.
Depuis 2021, l’appareil sécuritaire israélien s’est convaincu que l’« achat du calme » – grâce à des transferts de fonds du Qatar, des permis de travail à Gaza, et des projets humanitaires coordonnés – suffisait à contenir le Hamas.
Cette doctrine, soutenue par plusieurs ministres et même acceptée tacitement par l’establishment militaire, a fait de la dissuasion une fiction entretenue collectivement.
Le Hamas, pendant ce temps, ne désarmait pas. Il bâtissait une armée. Il transformait ses tunnels en bases d’assaut, ses brigades en unités de choc. Il préparait méthodiquement une opération qui s’apparente aujourd’hui à la plus grande attaque contre le territoire israélien depuis Yom Kippour.
Ce drame révèle aussi une faiblesse structurelle : le cloisonnement du renseignement, l’absence de coordination entre les différentes branches, et l’échec à intégrer les signaux faibles. Une réforme profonde est désormais indispensable : doctrinale, technologique, mais surtout humaine. Il faut redonner à l’instinct du terrain sa place face à la froideur algorithmique.
Ne jamais renoncer à l’exigence de vérité
L’attaque du 7 octobre a marqué un avant et un après. Une ligne de rupture. Elle a révélé une vulnérabilité nationale que l’on pensait impensable. Mais surtout, elle a mis à nu une réalité glaçante : l’ennemi était préparé, déterminé, et Israël, lui, regardait ailleurs.
Chez Alliance, nous croyons que le journalisme doit nommer les fautes, mettre en lumière les dysfonctionnements, et rappeler que les promesses de sécurité ne peuvent jamais reposer sur l’aveuglement volontaire.
Les familles des victimes, les soldats tombés, les otages encore captifs, tous méritent que cette vérité soit dite, sans détour.
Et tant que cette vérité n’aura pas trouvé sa place dans la conscience nationale, notre mission restera intacte.
* Le plan du 19 septembre 2023 est un document interne de la Division de Gaza de Tsahal, détaillant les intentions opérationnelles du Hamas pour une attaque imminente. Ce rapport, révélé par la chaîne publique israélienne Kan, indique que les services de renseignement israéliens étaient informés des préparatifs du Hamas pour une offensive majeure, incluant la capture de 200 à 250 otages.
Contenu du rapport du 19 septembre 2023
Le document souligne que le Hamas s’entraînait à des attaques ciblant des bases militaires et des kibboutzim, avec des simulations de prises d’otages. Il mentionne également que le Hamas avait établi des règles strictes concernant le traitement des otages, y compris des directives sur leur garde et des conditions spécifiques pour leur exécution.
Réactions et conséquences
Malgré la gravité des informations contenues dans ce rapport, les autorités israéliennes n’ont pas pris de mesures préventives adéquates. Cette négligence a conduit à l’attaque du 7 octobre 2023, au cours de laquelle le Hamas a tué environ 1 200 personnes et capturé plus de 240 otages. Cet échec a suscité des critiques sévères et des appels à une réforme des services de renseignement israéliens.
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