Quand Trump s’allie à « la boule de démolition à visage unique » : une bromance à haut risque

Un président et un milliardaire à l’unisson contre l’État fédéral : récit d’une alliance aussi provocante que périlleuse

Une alliance inattendue mais virale

Il fut un temps où Elon Musk, magnat de la tech sud-africain, se déclarait ouvertement pro-Obama et soutenait les démocrates. Aujourd’hui, il est devenu l’un des proches influents de Donald Trump, l’ex-président désormais réinstallé à la Maison Blanche. Une métamorphose politique et médiatique aux conséquences potentiellement explosives.

Les deux hommes – l’un président, l’autre milliardaire, tous deux excentriques – partagent bien plus que des traits de caractère. Ensemble, ils cultivent un mépris profond pour la gauche libérale, une hostilité affichée envers les immigrés et une affection assumée pour la provocation.

Musk, bras armé anti-administration

Depuis le retour de Trump au pouvoir, Elon Musk agit en franc-tireur, libre d’user de sa scie électrique contre l’État fédéral. Une liberté d’action qui aurait pu flatter son ego… si elle ne menaçait pas aujourd’hui sa réputation et ses entreprises.

Comme l’écrit la journaliste Tsipi Shmilovitz, basée à New York :

« Après les élections, il a reçu carte blanche pour abattre l’État fédéral à la tronçonneuse. »

Mais cette guerre ouverte a un prix. Le cours de l’action Tesla a plongé, des voitures ont été vandalisées, et des clients ont retourné leurs véhicules, désireux de se dissocier de la nouvelle image de leur créateur.

Le tournant de l’opinion publique

Le week-end dernier, plus d’un million d’Américains ont manifesté dans 50 États, lors des premières grandes manifestations de la seconde présidence Trump. Si ce chiffre reste modeste, il marque un réveil dans une Amérique encore groggy après trois mois de gouvernance trumpienne.

Et surtout, ces manifestations ont mis en lumière un phénomène nouveau : Elon Musk y était autant ciblé que Donald Trump. Son rôle politique est devenu si central que son nom est désormais brandi sur les pancartes au même titre que celui du président.

« Le Sud-Africain, l’homme le plus riche du monde, qui n’a jamais été élu à rien, s’est autoproclamé pourfendeur de l’État. Mais il n’a peut-être pas mesuré les répercussions sur lui-même. »

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Les républicains s’interrogent

Au sein même du camp républicain, les voix critiques s’élèvent. Certains s’inquiètent de la radicalisation du discours et de l’influence démesurée accordée à Musk, qui semble diriger une guerre culturelle et technologique parallèle.

Une question commence à surgir : cette relation, qui semblait stratégiquement utile, n’est-elle pas en train de se retourner contre ses propres instigateurs ?

Origine du désamour

La relation entre Donald Trump et Elon Musk, autrefois perçue comme une alliance stratégique, a connu une détérioration notable ces derniers mois.

Initialement, Musk a soutenu Trump lors de sa campagne présidentielle de 2024, allant jusqu’à investir 290 millions de dollars pour soutenir sa candidature et le Parti républicain .

Cependant, des divergences sont apparues, notamment concernant les politiques tarifaires de Trump.

Musk a critiqué publiquement ces mesures, les qualifiant de “dumb” et a plaidé pour un accord de libre-échange entre l’Europe et les États-Unis .

De plus, les initiatives de Musk en tant que directeur du Department of Government Efficiency (DOGE), visant à réduire drastiquement les dépenses fédérales, ont suscité des tensions au sein de l’administration, certains responsables estimant que ses méthodes étaient trop radicales . Ces désaccords ont conduit à une prise de distance progressive entre les deux hommes, mettant en lumière les limites de leur collaboration.

Une rupture révélatrice et des conséquences en cascade

Si la relation entre Elon Musk et Donald Trump s’est construite sur une vision commune de la disruption et de l’hostilité envers l’État fédéral, leur collaboration s’est brutalement effondrée au printemps 2025. Selon un article du Wall Street Journal, Trump aurait personnellement décidé d’écarter Musk de son rôle de directeur du fictif Department of Government Efficiency (DOGE), une entité censée incarner la lutte contre les gaspillages administratifs.

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La raison ? Des initiatives jugées trop extrêmes, mal perçues même par l’entourage conservateur du président. Parmi elles, la fermeture de dizaines de bureaux fédéraux, la suppression soudaine de subventions, et une réforme brutale des appels d’offres publics.

Un conseiller anonyme à la Maison Blanche confiait récemment :

« Musk s’est cru en terrain conquis. Il a oublié qu’il n’était pas président. »

Dans le même temps, la chute brutale de l’action Tesla, qui a perdu plus de 18 % en quelques semaines, a accentué les critiques.
Des actionnaires l’ont publiquement accusé d’utiliser ses entreprises à des fins idéologiques, quitte à nuire à leur rentabilité.

Le départ de plusieurs cadres de SpaceX et Neuralink aurait également été précipité par ses prises de position politiques. Musk, dont le nom est désormais sifflé lors des manifestations démocrates, semble payer le prix d’un alignement trop visible avec le pouvoir, dans une société américaine toujours polarisée.

Aujourd’hui, les experts s’interrogent : cette éviction marque-t-elle la fin des ambitions politiques de Musk ?

Ou n’est-elle qu’un repli stratégique avant une nouvelle offensive plus subtile ?

Une chose est sûre : son influence sur l’administration Trump n’est plus ce qu’elle était, et la rupture révèle une limite structurelle à la fusion entre capitalisme technologique et pouvoir populiste.