Cet article a été publié une première fois sur Tribune Juive en 1993 et publié intégralement sur Alliance en 2001
Les enfants surdoués
La fascination qu'exercent les enfants surdoués ne date pas d'aujourd'hui. Depuis toujours, l'intelligence est considérée comme un don du ciel, et même si la science a fait des pas de géant elle reste bien humble en ce domaine.
CHROMOSOMES : INVENTION BOURGEOISE.
Où il y a du gène il n'y a pas de génie !
Christiane Capron spécialiste de l'étude comportementale, affirme :
" Un enfant hérite des gènes mais aussi de l'argent, de la situation sociale, de la culture parentale. Dans le terme héritage, on retrouve les deux composantes de l'hérédité et du milieu".
"Aux Etats- Unis le QI est en parfaitement corrélation avec l'argent qu'on gagne, les avocats et les banquiers sont de loin les plus intelligents ." affirme, Jacques Melher.
A Bucarest et à Moscou ,en 1956, on n'avait pas le droit de mentionner l'existence des chromosomes .
" C'était une invention bourgeoise destinée à légitimer le Grand Capital "
se souvient le neurologue psychiatre Boris Cyrulick.
La découverte de la plasticité cérébrale a balayé les vieux préjugés. L'organe, en l'occurrence le cerveau, est trop complexe pour être entièrement programmé, et pas assez souple pour être entièrement malléable.
On en déduit donc, que le programme génétique fournit un plan général que l'environnement modifie au coup par coup.
Cette interaction est permanente et commence dés la fécondation de l'ovule. Et là où l'on croit percevoir l'influence d'un gène "pur" n'est peut être que la conséquence du vécu prénatal.
A chaque nouvelle expérience le cerveau se modifie et cela jusqu'au dernier jour.
ET LES TESTS....
Le célébre Binet , père du QI, le créateur des tests destinés à évaluer l'intelligence des écoliers avait bien failli régler le problème.Mais voilà un QI de 130 ne suffit pas à faire un surdoué. Si l'enfant n'est pas stimulé , s'il n'éprouve aucune motivation à faire valoir son QI ; il devient un SNDI : SURDOUÉ NON IDENTIFIÉ. Le pire ! Il s'ennui, se déguise subtilement en cancre, son maître exigeant de lui des performances moyennes, le prenant pour ce qu'il n'est pas , c'est-à-dire un sous-doué.
Le SD - surdoué-, se bloque et met en place le syndrome du Pygmalion négatif. Ce genre d'erreur peut être fatale.L'environnement serait donc aussi important que les génes ? Et bien ce n'est pas si simple...
Si l'on sait que certaines déficiences mentales sont dues, au dysfonctionnement d'un géne,en revanche pour les performances intellectuelles personne ne peut encore définir les moyens fiables pour discerner entre l'héritage génétique et le milieu environnant.
ISRAEL LA GROSSE TETE... CHERCHEUSE
Israël est le seul pays au monde, où la recherche des surdoués est systématique.
Tout élève d'une classe de Ce1, soit dés l'âge de 7 ans, subit des tests psychométriques. Les résultats sont plutôt encourageants. Environ 3% de ces éléves sont des surdoués. Soit environ 1 millier d'enfants agés de 8 à 13 ans suivent les cours pluridiscplinaires dispensés à l'Université de Tel Aviv.
Fort d'une expérience de 20 ans, Avner Ziv ,professeur de psychologie et spécialiste de l'enfant surdoué , a bien voulu répondre à nos questions :
ALLIANCE - Israël compte le plus d'école d'enfants surdoués ,pourquoi ?
Avner Ziv- Puisque nous sommes le seul pays à effectuer ce genre de tests , il est normal de pourvoir à un enseignement adéquat. Nous comptons environ une dizaine d'écoles dans le pays.
Alliance - Qui finance ces écoles ?
Avner Ziv - Nous bénéficions de beaucoup d'aides. En particulier de généreux donateurs. L'école de Jérusalem, considérée comme la plus performante est entièrement financé par un donateur anonyme américain.
Alliance - Quel est l'intérêt de cette recherche ?
AZ - Pour Israël la matière grise constitue sa grande richesse naturelle.En tant que psychologue , je vous avoue que je me moque un peu du devenir de la société , ce qui m'importe c'est l'épanouissement de l'individu, en l'occurrence de l'enfant.
Alliance - Les enfants orthodoxes bénéficient -ils aussi de ces tests ?
AZ - Non, pas du tout. Il n'est pas concevable pour les orthodoxes que les nons religieux aient quoique ce soit de valable dans leur tête . Pour eux D...régle tout. Mais ça c'est une vieille histoire .
Alliance - Comment reconnais-t- on un surdoué ?
AZ - Souvent à des notes lamentables en classe. Le rythme de la classe trop lente pour eux, les rend paresseux. Le professeur les bousculent , les bloquent et souvent ils finissent à la porte de l'établissement . Je me souviens du cas d'un enfant, nommé Shmouel. Parcours trés moyen jusqu'au lycée où là on décide de l'orienter vers un LEP pour apprendre le métier de garagiste. Par un heureux concours de circonstance je lui fais passer des tests. Résultat : un QI de 140. Interrogé sur ces activités extrascolaires , j'apprends sa passion de la lecture, "surtout Platon et Kant" dit il. Il suffisait de peu, pour que Shmouel soit le seul garagiste d'Israël à lire Platon dans le texte.
A- Peut on dire que l'intelligence est héréditaire ?
AZ - Certainement. Mais pas une hérédité simple. Celle -ci peut sauter 2 voire 3 générations. Ensuite l'environnement est trés important Si les parents stimulent l'activité cérébrale de leur enfant, les résultats ne tarderont pas à se révéler excellents.
A- Si le milieu social est un facteur important dans le QI de ces enfants, il est alors facile d'imaginer que la majorité de ces enfants sont issue de milieux aisés ?
AZ - Non pas toujours. Le cas le plus typique est l'enfant éthiopien. Des tests récents ont révélés qu'une majorité d'entre eux sont des surdoués. Pourtant leur milieu est un des plus défavorisé.
A - Alors à quoi attribuez -vous les résultats des enfants éthiopiens ?
AZ - En vérité ,nous n'en savons rien. Ce que nous pouvons observer à l'université: c'est leur trés grande motivation, ils travaillent dur . Leur capacité d' assimilation est prodigieuse.
A - Pensez vous que cela soit dû, justement à l'instruction orale reçue dans leur pays d'origine ?
AZ - Je persiste à croire que c'est plutôt leur soif d'apprendre, toujours cette fameuse motivation.
A - Est ce qu'un QI peut évoluer ?
AZ - Oui, surtout dans l'enfance et grâce à un environnement favorable au développement intellectuel.
A - Y a -t- il une différence entre les garçons et les filles ?
AZ - Et oui. Il y a plus de garçons surdoués ...
A - Comment se passent les cours à l'université ?
AZ - Les cours à l'université sont ouverts à tous et entièrement gratuits. Des bourses sont offertes pour les plus défavorisés. La sélection se fait en cours de route.Les disciplines sont choisis par les élèves mais je leur conseille la diversification. Et il n'est pas rare qu'un matheux se retrouve ferrue d'archéologie. Ces enfants sont doués dans tous les domaines intellectuels. C'est pourquoi il est important qu'ils touchent à tout avant de se spécialiser.
En fin de semestre un questionnaire leur est soumis afin qu'ils puissent évaluer les compétences de leurs professeurs . Eh oui! Un professeur peut être un grand savant mais un piètre pédagogue. Le danger de rendre une matière ininteressante est ainsi écarté. Ceci permet une émulation favorable à la renommée de l' université
A - Leurs comportements affectifs sont- ils particuliers?
AZ - En général, un QI élevé ne dit rien sur les aspects non intellectuels de la vie.Il y en a qui font des bons mariages, d'autres des moins bons. Des émotionellement stables d'autres pas. Ce sont des êtres normaux comme tous les autres humains avec un talent singulier dans le domaine intellectuel.
A- Pensez vous que le fait d'être juif à une influence quelconque?
AZ - Il est vrai que la survie de notre peuple est liée à l'étude. Notre survie depuis la nuit des temps a toujours été liée à la Connaissance, perpétuellement le questionnement fait partie de nos particularités. Ne sommes nous pas le Peuple du Livre?
Propos recueillis par Claudine Douillet
couverture du livre : les surdoués d'Avner Ziv ouvrage traduit aussi en anglais.
LE BEHAVIORISME OU LE B.A. BA DE L'EUGENISME
Aux Etats Unis dans les années 20 John Watson psyhologue entreprend des études comportementales sur des bébés. Le point positif de ses recherches nous apprend qu'il n'y a pas de fatalité.
Une éducation appropriée, une motivation certaine, peut transformer un élève moyen, en un des meilleurs éléments de sa classe. Ce constat, à été le point de départ du Béhaviorisme.
"Donnez moi une douzaine d'enfants en bonne santé et mon propre monde et je garantis que je pourrais en prendre un au hasard et en faire n'importe quel spécialiste de mon choix".clame-t-il haut et fort . S'assignant comme objet d'étude unique, le comportement, sa théorie exclut les données génétiques .
A force de sueurs et d'exercices intellectuels répétés l'enfant se muscle le cerveau et devient intelligent voire surdoué. Simple !
Les adeptes de cette doctrine continuent à sévir et répondent à la demande pressante des parents qui rêvent d'engendrer des grosses têtes. Le pshychothérapeute Glenn Doman partisan de cette méthode prétend:
" On ne naît pas génial, on le devient, le plus tôt étant le mieux" ses formules chocs qui finissent par amadouer les parents sont :
"N'importe quel nouveau né possède, à l'instant de sa naissance une intelligence potentiellement supérieure à celle de Léonard de Vinci" ou "Tous les bébés préférent calculer les racines carrées plutôt que de manger".
A essayer absolument si votre bébé ne cesse de pleurer !
Pour mettre en pratique ces belles théories , il fonde en 1975 à Philadelphie le "Better Baby institute". Les "superbébés " subissent un entraînement intensif qui donne de rapides et bon résultats. Les enfants prononcent les premiers mots à 4 mois et parlent deux langues à 3 ans. La même année il découvre le violon ...Cet itinéraire quelque peu abusif, nous laisse pensif ...
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