
Tendre la main : quand l’exploitation des soldats blessés sert la collecte de fonds.
Next Step affirme avoir levé des fonds pour financer des prothèses pour les soldats blessés, mais la réalité est bien plus complexe.
D’après une enquête, la plupart des soldats concernés n’avaient pas besoin de cet argent pour leurs prothèses, car le ministère de la Défense finance intégralement ces équipements et leur adaptation. Sur les 72 soldats amputés recensés, 69 ont déjà reçu leur prothèse via l’État, et seuls 6 ont choisi une option privée.
Pourtant, Next Step a collecté des millions de dollars en affirmant répondre à un besoin pressant.
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Quand la polémique a éclaté, l’organisation a précisé que 132 000 dollars avaient effectivement été utilisés pour financer un voyage médical aux États-Unis pour UN seul soldat, et que le reste des fonds collectés pour les prothèses avait été redirigé vers d’autres projets pour amputés.
Mais quelles garanties a-t-on que l’argent est réellement allé aux blessés de guerre ?
Ce flou alimente les critiques : combien de ces millions ont servi aux soldats, et combien ont alimenté des structures administratives, des voyages ou d’autres projets plus opaques ? Aujourd’hui, des familles de blessés réclament plus de transparence sur l’usage des dons.
Depuis le début de la guerre, les organisations humanitaires sont en effervescence, et les soldats blessés sont devenus, souvent à leur insu, les figures centrales des campagnes de collecte de fonds.
L’exploitation des images sans consentement
Le projet Next Step illustre bien cette dérive. Cette initiative philanthrope, censée aider les soldats amputés à reprendre une vie normale, a utilisé des photos et des récits personnels sans accord explicite des blessés.
Des images d’hommes hospitalisés, leurs visages floutés, ont servi à mobiliser des fonds aux États-Unis sous prétexte de financer des prothèses, alors que celles-ci sont entièrement prises en charge par le ministère de la Défense.
Des soldats amputés, dont Ron, Eden ou encore Elisha, ont découvert avec stupeur que leur nom et leur image avaient été exploités sans leur consentement pour justifier une levée de fonds de 1,875 million de dollars.
« Nous sommes en rééducation, je ne veux pas qu’ils recrutent sous mon nom », confie un soldat amputé.
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Selon Sarit Kidron, cheffe adjointe de la division de réadaptation du ministère de la Défense, tout soldat blessé bénéficie d’un financement d’État pour des prothèses haut de gamme. Pourtant, Next Step a continué à solliciter des fonds sous prétexte de combler des besoins inexistants.
Des voyages humanitaires aux relents de marketing
Outre l'utilisation abusive de leur image, certains soldats blessés ont été invités à des voyages à l’étranger, présentés comme des opportunités de détente et de soins, mais qui s’avéraient être des tournées de promotion. Des dîners avec des donateurs et des interventions publiques improvisées étaient au programme, sans que les soldats n’aient conscience de leur rôle avant le départ.
« J’ai compris que mon voyage aux États-Unis incluait des déjeuners avec des donateurs. Je me suis senti instrumentalisé. »
« Un jeune blessé veut respirer et on lui propose un voyage. Mais une fois là-bas, il doit enchaîner les prises de parole. »
Certains décrivent cette expérience comme « un cauchemar », où ils se sentent traités comme des attractions pour sensibiliser les donateurs. « La façon la plus efficace de collecter des fonds aujourd'hui aux États-Unis, c'est de dire qu'on aide les soldats blessés », explique un amputé.
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Des associations qui agissent vraiment
Malgré ces dérives, certaines associations font un travail remarquable. L’organisation One Heart a réellement œuvré pour offrir aux soldats des prothèses sportives et un accompagnement global. Boris Shtunda, un soldat amputé, témoigne : « Ils m’ont donné un fauteuil roulant, une prothèse de sport et même un chien d’assistance. »
Le cas de Galgalav, association de transport pour les personnes en fauteuil roulant, est plus controversé. Sa campagne émotive sur les réseaux sociaux mettait en scène un acteur prétendant être un soldat blessé. Or, tout blessé de Tsahal a déjà droit à un transport financé par l’État.
Un dilemme moral pour les soldats blessés
Face à ces pratiques, certains soldats restent partagés. Avida Bachar, amputé et rescapé du massacre du kibboutz Be’eri, assume le compromis : « Quand tu voyages gratuitement, tu es probablement le produit. Mais si cet argent aide aussi d'autres amputés civils, alors tant mieux. »
D'autres, comme Guy, le père d’un soldat amputé, reconnaissent que la confusion régnait au début du conflit. « Tout le monde était en panique, et les associations ont pris le relais quand le ministère était débordé. Mais au final, nous avons été surpris par la rapidité avec laquelle l’État a réagi. »
Entre aide et instrumentalisation
L’exploitation des soldats blessés pour la collecte de fonds pose un véritable problème éthique. Si certaines associations apportent un soutien concret, d’autres se servent de l’image des combattants, souvent sans leur consentement, pour récolter des millions.
Le défi aujourd’hui est de s’assurer que l’aide arrive bien aux blessés, sans les transformer en produits de marketing humanitaire.
Des chiffres qui parlent : qui collecte vraiment, et combien ?
Selon les données récentes du ministère de la Défense, 72 soldats amputés ont été recensés depuis le début de la guerre. Parmi eux, 69 ont déjà reçu une prothèse financée par l'État, et seuls 6 ont fait appel à une organisation privée pour des besoins spécifiques.
En revanche, les campagnes de collecte de fonds ont généré des millions de dollars, bien au-delà des besoins réels des blessés.
L'organisation One Heart a levé 4,7 millions de dollars lors d’un gala à New York en novembre 2024. Next Step, quant à elle, a initialement récolté 3,6 millions de dollars avant de suspendre sa campagne en mars 2024. Une somme colossale, dont seulement une fraction a effectivement bénéficié aux soldats blessés.
Certains donateurs ont pris conscience du problème et demandent désormais plus de transparence.
Floyd Mayweather, qui a contribué à hauteur de 100 000 dollars, aurait exigé un suivi détaillé sur l'utilisation des fonds. « Nous voulons être sûrs que notre argent sert bien aux soldats, et pas à des campagnes de communication », a déclaré un entrepreneur juif américain ayant versé une contribution importante.
Dans ce contexte, des voix s’élèvent pour exiger une régulation plus stricte et une traçabilité accrue des dons. Une initiative portée par plusieurs familles de soldats blessés, qui réclament un contrôle plus rigoureux sur l'utilisation de l'image de leurs proches.
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