Les articles de Jean-Paul Gavard-Perret

Artiste juif : Slim Aarons , luxe et glamour

Artiste juif : Slim Aarons , luxe et glamour

Slim Aarons : luxe et glamour

Cette exposition présente des œuvres de légende de Slim Aarons lorsqu'il quitta ses expériences déchirantes de journaliste de combat pendant la Seconde Guerre mondiale.
Il s'est mis, dans une sorte de paradoxe, à capter le côté plus ensoleillé de la vie pendant une cinquantaine d'années. Il inventa les archives visuelles du luxe et des privilégies.

Ces photos fascinent toujours les collectionneurs contemporains. Ils trouvent là luxe, glamour et élite.

S'y retrouvent celles et ceux qui devinrent les hôtes de Beverly Hills, Capri, la Côte d’Azur avec entre autres  la famille Kennedy, Humphrey Bogart, Marilyn Monroe et Grace Kelly.

Slim Aarons reste un maître de la composition et du souci du détail méticuleux. L'âge d’or de la richesse se crée en des portraits intimes et des paysages solaires en contraste avec le contexte culturel et politique de l’époque.

Décédé en 2006, l'artiste a laissé  plus de 750 000 photographies. Et son héritage continue d’inspirer le cinéma et la haute couture  : celle de Paul Smith ou de Tom Ford par exemple.

Slim Aarons, " Welcome to the World of Slim Aarons", Enter Gallery, Brighton (Angleterre), 2024

Jean-Paul Gavard-Perret

Artiste juif : Marc Lev et le monde - entretien avec l'artiste

Artiste juif : Marc Lev et le monde - entretien avec l'artiste

Marc Lev et le monde - entretien avec l'artiste

Le pouvoir de la peinture de Marc Lev passe par l’autorité du bois.
Elle permet de sortir de Léviathan pour utiliser l’art afin de vaincre de chaos.
L’artiste dessine et peint depuis son enfance.

Il a suivi durant deux années des cours de poterie et dessin-peinture au sein du "Matnas Hevel Eilot" (Israël).

Peignant d’abord en dilettante sur des supports papier et toile un incendie a ravagé sa maison qui l'entraina à découvrir le matériau bois pour ses peintures.

Il a développé la préparation le bois et a peint à la gouache en un rapport presque charnel avec ce support l'entrainant vers des désirs de voyages, d'évasion.

Lucide et rêveur l’artiste écoute la nature et le cosmos face à ce qui parfois entrave la condition humaine.

Créateur, il change de régime de peur contre une forme de paix par la force des formes, des couleurs et leurs apologies.

Son idéalisme nous anime face à certains discours de souveraineté. Il propose une forme de stratégie positive qui nourrit l’être et sa force d’amour.
Nous attendons sa prochaine étape et lire le roman qu’il est en train d’écrire.

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?

Le matin, les matins, sont comme un renouvellement; non pas une journée supplémentaire mais bel et bien une découverte; que va être cette journée? Que va-t-il se passer? Avec qui ?.. Se lever le matin c'est appréhender de nouvelles aventures, c'est quelque part un énième plongeon dans l'inconnu...

Que sont devenus vos rêves d’enfant ?

L'enfant qui a été en moi a-t-il totalement disparu? S'est-il laissé absorber par le "sérieux d'obligation" de l'âge adulte?
Le Marc Lev actuel est à mon avis totalement empreint de son enfance, de sa jeunesse, de ses propres expériences d'alors qui pouvaient amener des lots de louanges ou à l'opposé des brimades verbales ou plus.
Mon enfance a été comme tant d'autres bercée par l'insouciance, par la non recherche d'explications, par un devenir dans lequel le journalier prenait largement le devant du mensuel ou même de l'annuel. Mes rêves ne se sont pas volatilisés et sont encore et toujours partie intégrante de mon devenir...

A quoi avez-vous renoncé ?

Les années passant, j'ai renoncé par obligation sociétale à une certaine spontanéité, à une impulsivité toute naturelle lors de l'enfance.

Qui pourrait s'imaginer à soixante ans et plus grimper aux arbres, sauter dans des flaques d'eau, se laisser sciemment arroser par la pluie des cieux sans protection aucune; simplement pour l'instant, pour ce plaisir somme toute humain, à défaut d'enfantin?
Devenir adulte c'est au final se priver de plaisirs qui, alors, faisaient partie intégrante de nos devenirs.

D’où venez-vous ?

Certains répondraient: de la matrice utérine; d'autres iraient plus loin décrivant l'acte sexuel procréatif; pour ma part mon ressenti est celui d'un miracle pour toute forme de vie humaine, animale comme végétale. Je viens de là bas, d'ailleurs, d'un cosmos encore inconnu, encore inexploré, encore incompris: pourquoi moi, pourquoi alors?

Qu'avez-vous reçu en héritage ?

Qu'est-ce qu'un héritage? Seraient-ce des traits de caractère, des manières d'agir, de réagir, de se comporter? Sont-ce des formes de comportement que l'on n'aurait jamais eu de par nos propres gènes? J'ai pour ma part tendance à croire que l'héritage est directement lié à notre propre existence, à nos combats, à la vie que l'on a menée. Avoir hérité de ci ou de ça est une expression usitée afin de rattacher une mémoire quant aux défunts. Y-a-t-il une quelconque vérité humaine derrière cela ?

Un petit plaisir - quotidien ou non ?

Ma vie est cernée de petits plaisirs quant au monde qui nous entoure...Se lever, sortir de chez soi et s'imprégner du chant des oiseaux, des cieux, de la forme des nuages, du vent jouant avec les feuilles mortes, les tourbillonnant sur le sol.
La vision d'un hérisson en quête de nourriture dans le jardin me comble de plaisir.
La vue d'un enfant surmontant sa peur initiale en s'approchant d'un chien tenu en laisse, jusqu'à le caresser...Ces petites choses qui font que "ça vaut le coup" de se lever matin...

Pourquoi choisissez-vous le bois comme support ?

Le bois se rattache directement à cette nature que je chérie. C'est un matériau noble, vivant, avec ses propres imperfections qui oblige à "faire avec" lorsque l'on peint sur ce support. C'est quelque part redonner vie à un simple morceau de bois jeté, à une souche, une écorce...C'est une forme de continuation de ce que Mère Nature nous offre.

Quelle est la première image qui vous interpella ?

Je ne peux pas honnêtement dire que ce fut mon premier "flash" d'importance mais l'homme sur la lune ça a été pour moi comme la concrétisation d'un rêve insaisissable...Depuis la chose est largement remise en question, des quantités énormes de points d'interrogation ont fait surface: y a-t-il eu la lune ou une superproduction Hollywoodienne, la chose était-elle possible avec les connaissances et les matériaux de l'époque? Je désire pour ma part rester sur la phrase symbolique de cette aventure quant à ce grand pas de l'humanité...D'ailleurs ce sujet sera largement traité dans mon prochain roman en phase d'écriture..

Et votre première lecture ?

J'ai comme beaucoup grandi avec les BD de l'époque: Akim, Blek le Roc, Tarzan...Des histoires - situations dans lesquelles l'être humain admiré était un super héros, n'avait pas grand chose à voir avec le commun des mortels.
Puis je rejoignais les férues d'aventures à travers des romans comme « le Club des Cinq » où je m'identifiais avec ces jeunes héros qui cherchaient et trouvaient...Avec l'implication de l'école et l'obligation de lectures spécifiques je découvrais les classiques : « La princesse de Clèves »...Les poètes ; la culture française dans sa recherche d'une utilisation linguistique plus qu' élaborée...

Quelles musiques écoutez-vous ?

Mes goûts musicaux se révèlent comme totalement disparates; ainsi j'ai grandi avec des chanteurs à textes comme Brassens, Brel, Barbara, Ferré...Je me suis laissé porter plus tard par le Rock, la Pop music, puis ce fut le reggae, le funky... J'avoue ne pas avoir accroché à cette mode du Rap où peut-être que la cadence des phrases ne correspond plus à l'absorption de textes par des neurones déjà fatigués...

Quel est le livre que vous aimez relire ?

La lecture fait partie de mon journalier; plus littérature à des fins de réfection que pour me laisser vaguer dans des scénarios à l'eau de rose ou sentimentaux.
Il n'y a certes pas un ouvrage mais des dizaines d'ouvrages que j'aime relire; des classiques comme "Le meilleur des mondes" de Aldous Huxley, à "1994" de George Orwell...Plus récemment ce seraient des ouvrages comme "Soumission" de Houellebecq ou "L'indifférence ou autres horreurs" de Richard Rossin.
Mes goûts de lecture ou de relecture actuels vont se façonner en fonction des situations nationales ou internationales, du devenir mondial journalier, de mes propres questionnements et réflexions...

Quel film vous fait pleurer ?

Je présume qu'il y a une sorte de choix quant aux films qui me touchent plus intensément en fonction de l'humeur du moment, du ressenti lors du visionnage d'un film spécifique. S'il y a un film qui m'a effectivement touché plus spécialement c'est "Le Pianiste" de Roman Polanski sorti en 2022. Celui-ci nous plonge dans l'atmosphère de la seconde guerre mondiale où malgré tout l'être humain peut parfois prendre les devants. Je le conseille vivement.

Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?

Dans un miroir je me découvre comme un être avec ses imperfections; personne n'est parfait ! Mais je vois au-delà du reflet un être humain, enclin à rechercher le bien sur terre, à tendre la main vers autrui, rêveur, utopiste même, empli d'optimisme quant à des lendemains meilleurs pour toutes et tous. Je vois peut-être cet autre moi-même que j'aimerais être...

A qui n'avez-vous jamais osé écrire ?

J'aurais apprécié avoir des échanges écrits avec des centaines de personnes, de personnages, à notre époque comme à une autre. Des personnalités comme Gandhi, comme Martin Luther King, comme le Dalaï Lama: hommes de bien, de mieux, de recherche de sérénité et du mieux être ensemble auraient à mon sens pu m'apporter une autre dimension à mes propres interrogations. M'auraient-ils répondu? Auraient-ils enclenché un processus d'échanges? Rien n'est moins sûr; mais voilà le type de personnes avec lequel j'aurais aimé discourir par lettres interposées.

Quels ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?

La représentation par excellence d'un mythe à mes yeux est l'Atlantide. Cette île n'a-t-elle jamais existé ? Fut-elle le fruit de l'imaginaire de Platon? N'était-elle pas en somme la transposition d'une quelconque société paradisiaque à quelque point de la mappemonde et pourtant s'autodétruisant de l'intérieur?
Le mythe des dieux punissant les agissements des humains en provoquant sa disparition totale ne serait-il pas comme une lanterne rouge en place d'un simple mythe?

Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?

Sincèrement il me serait impossible de lister ici les divers artistes comme écrivains envers lesquels je ressens une certaine symbiose, dans lesquels je me reconnais, et qui tout bonnement me parlent. Concernant la peinture, je suis très éclectique dans mes propres ressentis quant à des créations: j'aime ainsi les peintres comme Manet, Monet, Pissaro, Van Gogh...et ce jusqu'à Dali, Munch; ainsi que des courants plus "ethnographiques" comme Toyin Ojih Odutola ou Kudzanai-Violet Hwami, et d'autres...Pour ce qui en est de mes auteurs préférés; je me situe dans le clacissisme le plus parfait: Proust, Prévert, Balzac, Flaubert, Molière...

Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?

La journée d'anniversaire ainsi que les festivités qui l'accompagnent me semble des plus superflue...Il y a cette obligation sociale de fêter inévitablement cette journée avec famille, proches, amis, collègues, et j'avoue bien sincèrement n'apporter aucun intérêt à célébrer cette journée spécifique alors que d'autres évènements joyeux ( et parfois d'importance dans nos vies) devraient avoir la primeur en terme de réjouissances. Mais s'il y a un cadeau que j'aimerais recevoir c'est la promesse d'un monde meilleur, humain, vrai pour les lendemains...Désir bien utopique en soi...

Que défendez-vous ?

Depuis des années je me suis déclaré "anti-extrémismes" et j'ai tenté ( et continue à le faire) d'éveiller quelque peu les consciences quant à ce monde biaisé dans lequel les extrémistes ( gouvernements, courants politiques, groupes divers...) ont non seulement pignon sur rue mais parviennent à se faire entendre; à défaut même de faire leur loi. Jusqu'où?...

Que vous inspire la phrase de Lacan : "L'Amour c'est donner quelque chose qu'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas"?

Cette pensée a tout d'une réflexion d'actualité; regardez les migrants accueillis à bras ouverts dans divers pays occidentaux, reçus avec des lois spécifiques pour eux afin de les assister dans leur intégration dans des sociétés totalement différentes...Les a-t-on aimés? Pas sûr!
Avions-nous même de l'amour à donner en place de compassion? Recherchent-ils de l'amour? Je n'en suis pas convaincu! Nos sociétés occidentales font à mes yeux passer l'individu seul avant toute volonté de "gérer" le groupe...L'Ego est devenu le fer de lance de ce siècle assisté en cela par des technologies colportant des fausses informations, des Intelligences Artificielles (donc totalement dépourvues de sentiments) qui prennent indéniablement les rênes de notre monde. L'amour, quel amour?

Que pensez-vous de celle de W. Allen : "La réponse est oui mais quelle était la question ?"

Au moins la réponse a tout du positivisme et peu importe la question... Ce pourrait être l'acceptation de vivre en couple, d'avancer ensemble, d'effacer la misère, les conflits, d'accepter et de chérir la nature comme nous le devrions, de protéger des espèces animales comme végétales, de tout faire afin de permettre aux abeilles de continuer à butiner pour nous...Alors ma réponse est également OUI, un grand OUI pour des lendemains meilleurs!

Quelle question ai-je oublié de vous poser ?

Ai-je une quelconque envie de définir le monde dans lequel j'évolue en ne me fourvoyant pas ? La peinture ( comme mes écrits) me permet de visualiser un autre monde, un monde de rêve, d'utopie, de bien-être, un monde intemporel qui m'invite à me dissocier de la, des réalités...
Ne serais-je pas en tant que créateur une sorte de fuyard? Voilà peut-être la question non posée...

Présentation et interview : Jean-Paul Gavard-Perret, le 26 aout 2024.

Photographe juif : Nathan Coe, corps du paysage, âme du modèle

Photographe juif : Nathan Coe, corps du paysage, âme du modèle

Nathan Coe : corps du paysage, âme du modèle

Nathan Coe, « Tranquility », C+C Photography Gallery,  Nantucket, MA –USA, été 2024.

Dans sa nouvelle série prise à Nantucket 2024, Bathan Coe mixe portraits et paysages selon une formule minimaliste, drôle. S’y capte un peu de léger mais surtout du tranquille.

Ajoutons que dans cette série (« The Inky »)  Coe s’est livré à une gageure et un jeu :  saisir rapidement un moment d’immobilité presque impossible de sa modèle nue dans la rue principale Nantucket animée mais où sa muse semble  imperturbable, par exemple,  le nez plongé dans un quotidien.

Cette mise en suspens sollicite non seulement la contemplation mais l’imaginaire, car selon Nathan Coe ce n’est pas la fiction qui construit une image, ou une image  qui construit la fiction C’est donc une combinaison insolite et ironique qui se passe entre le portrait et le paysage.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

Artiste juive : La vie en dévers - Meryl Meisler

Artiste juive : La vie en dévers - Meryl Meisler

La vie en dévers - Meryl Meisler

Professeur le jour, photographe la nuit, Meryl Meisler a précisé son approche du médium  photographie « Je ne suis pas allée photographier. J’ai photographié où j’allais. »

Son livre proppse des déambulations urbaines non sans (mais pas que) des hauts lieux emblématiqyyes américains des années 70 et 80 : New York, San Francisco, Las Vegas, La Nouvelle-Orléans, Fire Island, Miami Beach, etc..

Elle qui a beaucoup filmé sa famille juive explore un univers de banlieues sereines à la vie nocturne emblématique des clubs mais aussi toute une diversité culturelle.

Ce  voyage est surprenant à travers des photographies surprenantes  de rue et documentaires. Son approche est profondément personnelle et immersive qui fait ressortir des moments authentiques en  une perspective ludique mais perspicace.

Meryl Meisler, "Street Walker', Editions Eyeshot, introduction de Gulnara Lyabib Samoilova, fondatrice de Women Street  septembre 2024.

Belgique : Elliot Erwitt artiste juif et son expo qui a du chien

Une exposition qui a du chien : L'expo d'Elliot Erwit, cave canem

Elliott Erwitt : cave canem

Surprise :  les propriétaires de chiens sont autorisés à venir avec leurs amis canins pour découvrir l’œuvre d’Elliott Erwitt. Dans cette exposition  le regard au ras du sol retient  cette caractéristique du photographe.

En dehors de cette rétrospective, les autres espaces de Bruxelles restent strictement interdits à l'accès aux chiens. Ils sont autorisés seulement aux espaces de circulation menant à l’espace d’exposition d'Elliott Erwitt. Mais pour le reste : Bernique !

Précisons - car la Belgique fait les choses bien - que l'accès de la rétrospective est uniquement autorisé aux chiens de catégorie trois. Les chiens de la première et de la deuxième catégorie ne sont pas admis. Preuve que pour une telle exposition les chiens et les photographies ont  mordant...

Les organisateurs se réservent le droit  d’exiger qu’un chien et ses maîtres quittent les lieux dans le cas où l’animal présente un comportement risquant de porter atteinte à la sécurité des autres visiteurs (et chiens), ou de dégrader l’exposition et les lieux.

Rappelons toutefois qu'une telle exposition a du chien.  Mais elle est restreinte uniquement le  22 août et 4 octobre 2024. Elle compte déjà plus de 300 0000 visiteurs. Mais pour l'heure pas un seul toutou  - snob ou pas.

Jean-Paul Gavard-Perret

"Découvrez l’exposition Elliott Erwitt à Bruxelles en compagnie de votre chien", Ellott Erwitt, rétrospetive, Exposition Grand Place 5, Bruxelles

Artiste Juif : Marc Lev et l'effusif du support bois

Artiste Juif : Marc Lev et l'effusif du support bois

Marc Lev et l’effusif du support bois

D’abord dilettante Marc Lev peignait sur des supports papier et toile qu'un incendie a ravagé. Paradoxalement celui-ci l'entraina à découvrir le matériau bois en terme de support de ses peintures..

Après avoir développé sa propre technique afin de pouvoir préparer (nettoyer, poncer, laquer…) et peindre à la gouache ou à l'huile sur des morceaux de bois (branches, écorces, rondins…).
Il a retrouvé un rapport idéal par ce support (tout compte fait classique)  et a redécouvert des techniques de teintes, de fusion, de nuances vives pouvant s'apparenter à l'école italienne du 15e siècle. Le petit format donne à toute son œuvre un caractère spécifique. .

Power games de Marc Lev Peinture sur bois

Power games de Marc Lev Peinture sur bois

Le bois s’alimente en couleurs car il garde sa nature d'exigence particulière.

Marc Lev trouve là une légèreté mais aussi une profondeur. Apparaît la découverte surprenante qu’implique cette pratique. Des incidents de parcours sont toujours possibles car un tel support peut connaître des tremblés, des attentes. Mais c’est ainsi que se franchit la frontière entre image et image « de », entre être et franchir.

La fracture de Marc Lev support bois

La fracture Marc Lev Artiste peintre support bois

Chaque fois Marc Lev bâtit une demeure, un nid indéfiniment suspendu.  Existe toujours dans ses paysages quelque chose qui couve et se tient au chaud.

L’art devient une cachette : bientôt se dévoile son secret.  De l’air il en reste toujours. S’il n’est pas inclus il est marqué. Il est ce sur quoi chaque  « lieu » s’appuie  avec quoi il se compose.  Dès lors, en chaque œuvre de  Marc Lev,  la suspension d’un souffle devient figure : c’est un film arrêté sur une œuvre en cours...

Pour voir ses oeuvres cliquez-ici

 

Jean-Paul Gavard-Perret.

Photographe juif : Allan Tannenbaum et les icones des années 70

Photographe juif : Allan Tannenbaum et les icones des années 70

Allan Tannenbaum : icones des années 70

La carrière de photographe d’Allan Tannenbaum a commencé presque par accident. D’origine juive, il est né en 1945 dans le New Jersey et a grandi dans l’atmosphère relativement conservatrice des années 1950 et a même commencé à étudier l’ingénierie.

Mais les années 1960, « Sur la route » de Jack Kerouac est devenu une lecture incontournable pour tous les jeunes Américains,  Tannenbaum en premier lieu. C’est ainsi qu’en 1964, après deux ans d’université, il a décidé de conduire une Studebaker pour traverser les États-Unis.

Plus tard il a dirigé le service photographie du "SoHo Weekly News", en 1973 jusqu'à la fermeture de l’emblématique hebdomadaire new-yorkais en 1982. Durant toutes ces années, il a fourni un vaste travail en suivant les scènes de l’art, de la musique, de la mode, du divertissement, de la politique et de la vie nocturne à New York.

Il a fréquenté le "Studio 54"  pour documenter le tourbillon étourdissant de "sexe, drogue et Rock'n'Roll"dans un portfolio qui constitue un reflet unique du Studio 54, son atmosphère et ses hôtes Mais Tannenbaum a exploré d'autres lieux. La « Little Chelsea Experience » - galerie de photographie basé à Lisbonne et qui participe aux Rencontres de la Photographie d’Arles.- présente ses photos du fameux et emblématique Chelsea Hotel à Manhattan.

Le lieu était un refuge légendaire pour des icônes comme Janis Joplin, Leonard Cohen, Patti Smith et Bob Dylan car c’était l’occasion  d’une communauté d’échanges artistiques et d’inspiration. Allan Tannenbaum en fut une sorte de pigiste photographe pour venir capter des figures de la culture. Il présente ici un aéropage de « stars » de la culture : cinéma, musique, théâtre, poésie, etc..

Jean-Paul Gavard-Perret

 Little Chelsea Experience : Allan Tannenbaum, exposition du 13 Août au 20 Août, « A space for photography », 17, Rue des Arènes, Arles.

Livre sur la grande cinéaste juive : Chantal Akerman du cauchemar au rêve 

Livre sur la grande cinéaste juive : Chantal Akerman du cauchemar au rêve 

Chantal Akerman du cauchemar au rêve

Florence Andoka remonte l’histoire de la réa­li­sa­trice en une sorte de déam­bu­la­tion oni­rique. Mais elle élève la bio­gra­phie à une élé­gie et un chant. Pour elle, Chan­tal Aker­man poussa un cri jusqu’à se perdre et se sui­ci­der. Le lien à la mère est ini­tia­tique.

Mais elle comme sa fille furent des femmes exactes. L’une vou­lait ne se sou­ve­nir de rien, dont la Shoah qui effaça toute appa­rence humaine. L’autre dans ses films refusa tout décor non en trompe-l’œil mais en rime pour le regard jusqu’à ne sen­tir plus aucun mal.

Les mots ici sont des impacts. L’auteure écrit à bout, por­tant des images dont la cinéaste ne sor­tait pas intacte. Existe d’ailleurs une dua­lité entre l’auteure et son modèle. L’une et l’autre ne se dédouanent d’avoir été ou être poète là « où tout se joue ailleurs » dans des courses aux fan­tômes (dont celui de Godard).

Quit­tant Bruxelles, n’ayant pas de rendez-vous à New York ou Paris, Aker­man va déri­ver mais incarne la meilleure de la fic­tion dans un cinéma autre­ment. Le rêve devient du cau­che­mar la noire sœur. La femme orchestre des voix « hors de terre » et s’éloigne d’elle-même et de sa fra­trie. Son espé­rance de vie dimi­nue. Mais Flo­rence Andoka la fait renaître une nou­velle fois.

Elle fait bien plus qu’entrevoir une pro­messe amé­lio­rée, pro­dui­sant un cinéma d’urgence et de secours. Elle et Aker­man ont gommé ce qui fut et devient spon­tané et sin­cère. Après la sai­son en enfer de la réa­li­sa­trice, l’auteure écrit, dans un monde usé de l’intérieur, un face-à-face à l’adversité d’une cinéaste qui fut à sa manière vain­queur tant elle put expé­ri­men­ter sans men­tir à l’ordinaire voire bien plus, en fil­mant avec ses racines et ses sources. Bref, Flo­rence Andoka écrit en duo, dans son “je” en “tu”, un tel livre pour le futur. Entre images et chant,  « entre l’air et la soli­tude ».

jean-paul gavard-perret

Flo­rence Andoka, Rêve Aker­man, Edi­tions de la varia­tion, 2024, 119 p. — 15,00 €.

Photographe juive : Lisetta Carmi et le devoir de témoigner

Lisetta Carmi et le devoir de témoigner

Lisetta Carmi et le devoir de témoigner

Lisetta Carmi, « La bellezza della verita », Giovanni Battista Martini, préface de Silvana Bonfili, Postcart edizioni, Roma, 120 p, 58 E..

D’origine juive, née à Gênes en 1924, Lisetta se consacra depuis 1960 à la photographie en travaillant en freelance.

En 1964, elle mène une enquête approfondie dans le port de Gênes avec les dockers de la FILP-CGI.

En 1965, elle commence à photographier des travestis, un travail qui aboutit au livre I travesti avec un texte d’Elvio Fachinelli (1972).

Elle réalise différents reportages dont celui du métro parisien pour lequel il reçoit le Prix de la Culture en photographie. Parmi ses livres, Acque di Sicilia avec un texte de Leonardo Sciascia.

A Andrea Bellini, la photographe précisait : « je ne souhaite pas être connue uniquement pour ma série sur les travestis, travail fait avec passion et amitié, alors que je parcourais le monde avec grand intérêt, en donnant toujours la parole à ceux qui n’ont pas le droit de parler, à ceux qui sont écrasés par le pouvoir économique et politique ».

Lisetta Carmi met un terme à sa carrière de photographe en 1979,. Elle se retira alors à Cisternino, dans la région des Pouilles.

Elle reste célèbre aussi par « Erotismo e autoritarismo a Staglieno » (1966), sur le cimetière monumental du quartier génois de Staglieno.

Elle est également l’autrice des douze portraits célèbres du poète Ezra Pound, et a réalisé ceux de Lucio Fontana, Leonardo Sciascia, Edoardo Sanguineti, Alberto Arbasino, Sylvano Bussotti et Jacques Lacan. « I travestiti », de par son importance et son travail inédit de documentation de la communauté LGBT italienne, occulte trop souvent encore un ensemble photographique magistral dont le trait commun passe par l’honnêteté du regard et l’empathie.

Jean-Paul Gavard-Perret

Artiste juif : Arthur Elgort - Prendre l’air

Artiste juif : Arthur Elgort - Prendre l’air

Arthur Elgort : prendre l’air

Arthur Elgort  d’origine juive russe, a fréquenté la Stuyvesant High School et le Hunter College, où il a étudié la peinture. Très vite il a commencé sa carrière en travaillant comme assistant photo. Dans le « Vogue britannique » il a fait sensation dans le monde de la photographie de mode avec son style « instantané » et « plein air » mis sur le mouvement et la lumière naturelle pour libérer l’idée de la photographie de mode.

« En Plein Air » avec environ 30 œuvres en noir et blanc présentées pour la première fois,  l’artiste a changé le genre de la photographie de mode avec des portraits méconnus d’icônes de la mode de la fin des années 1980 à nos jours. Ils rendent  hommage à l’esthétique et à la technologie de la photographie de mode.

« L’envie de sortir et de prendre l’air a toujours été une envie constante pour moi.” Dit Arthur Elgort. Cela confère à ses photographies un dynamisme et une authenticité particuliers. Son travail photographique  fait de lui l’un des photographes de mode les plus importants de son époque. Il a apporté une bouffée d’air frais dans le monde auparavant rigide des séances photos de mode.

Jean-Paul Gavard-Perret

Arthur Elgort  , En Plein Air », Camerawork, Berlin  à partir du 30 juillet 2024.