Les articles de Jean-Paul Gavard-Perret

Photographe israélien : Elle dort à dos - d’autres aussi : Boris Muskevich

Photographe israélien : Elle dort à dos - d’autres aussi : Boris Muskevich

Elle dort à dos - d’autres aussi : Boris Muskevich

Comme l'écrit Danielle Mémoire  "l’amour préside au chemin – il n’y a pas de chemin où il n’y a pas d’amour".  Sur ce chemin, les photographies ont créent des mystères où se rapprocher – enfin presque…

Boris Muskevich fut d’abord un autodidacte né en 1969 à Tallinn (Estonie). Il est devenu photographe professionnel. au début des années 90.
Au début, il a travaillé comme photo-journaliste pour deux publications estoniennes, mais il s’est lancé aussi dans la photographie d'art. Depuis HaIfa (Israel) le créateur participe aussi à des expositions

Ses portraits féminins et de l'érotisme, non seulement crée un langage particulier et charnel mais sont publiés dans plusieurs magazines (Vogue par exemple).
Ses photographies élégantes et sans effets superfétatoire  laissent évoquer parfois un gouffre intérieur et son mystère.
Ses modèles engendrent bien de possibles spéculations mais loin de l’écart des vainqueurs de l’érection. Et ce, d’un glaive qui parfois liseronne plutôt qu’il ne grimpe  au ciel du lit.

Reste surtout le charme de muses qui se dorent à dos sans jouer les innocentes. Elles fomentent des rêves mais gardent toujours  les yeux ouverts quand d’autres sont aveuglés par ces miroirs. Ils sont aimantés par de telles guides « gastronomiques ».
Mais avant tout elles inspirent une forme de fronde. Il suffit de la flamme d’une telle chandelle pour réchauffer voire mettre encore le feu. Et non seulement aux atours.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

Giorgio Agamben et Levinas : le détail et le tout

Giorgio Agamben et Levinas : le détail et  le tout

Giorgio Agamben et Levinas : le détail et  le tout

Giorgio Agamben fait figure de philosophe politique majeur des temps contemporains. Retour sur une œuvre où l’ordre politique est réinscrit dans l’épaisseur historique de ses origines théologiques et où les notions de « dispositif », de « commandement » et de « destitution », qui infusent largement pensées et pratiques politiques radicales contemporaines.

Ses écrits offrent deux versants : d’une part un opus majeur, « Homo Sacer », dont l’intégrale a été récemment publiée sous la forme d’un imposant volume de plus de mille trois cents page. Mais d’autre part une multiplicité d’opus mineurs s’attach à un point, une question, une notion, textes dont la vertu singulière est souvent de donner à l’apparence du détail la forme du tout. Entre autre et pas exemple sur Emmanuel Levins.

Ce der­nier livre prévu par l’auteur qui voyait son état de santé décli­ner juste avant sa mort, montre l’importance qu’Emmanuel Levi­nas avait prise dans sa phi­lo­so­phie.
Le som­maire, consti­tué de textes “bruts” ou sans ambages, montre par­fai­te­ment les mul­ti­tudes d’angles que cette pen­sée ins­pi­rait à Miguel Aben­sour.
Une pen­sée qu’il ima­gi­nait comme l’une des plus libres qui soient, y com­pris sur des ques­tions aussi déli­cates qu’inextricables qui se posaient en son temps et se posent tou­jours.

Avec Levinas l’auteur prouve que pen­ser l’utopie tient d’une « hypo­thèse  d’un  mal élé­men­tal ». Existe là une « an-archie entre méta­po­li­tique et poli­tique ».

Le pari est fait que le temps est venu de pro­po­ser une lec­ture qui se tienne à l’écart des idéo­lo­gies du jaco­bi­nisme et du léni­nisme. L’auteur en confron­tant le pro­jet jaco­bin à Spi­noza dévoile une nou­velle constel­la­tion dans laquelle le recours à la crainte le cède à l’espoir.

Ce texte a donc pour ambi­tion de révé­ler Lévi­nas capable de s’expliquer avec Saint-Just en fai­sant de la ques­tion poli­tique le lieu cri­tique par excel­lence. Son inten­tion était d’aboutir à la mise en lumière de ce qu’il appelle « l’aporie de l’héroïsme ». Et l’essayiste d’ajouter : « L’action poli­tique ne peut pas se pas­ser du cou­rage, voire de l’héroïsme, mais la forme héroïque, l’intrigue de l’héroïsme ne conduisent-elles pas sou­vent à une sor­tie du poli­tique, à la déné­ga­tion de la logique qui lui est propre ? » ». A réfléchir.

Jean-Paul Gavard-Perret

Miguel Aben­sour, Levi­nas, Sens et Tonka, coll. Sciences sociales, 2023, 352 p., 35,00 €.

Olivia-Jeanne Cohen et l'inaccessible

Olivia-Jeanne Cohen et l'inaccessible

Olivia-Jeanne Cohen et l'inaccessible

Olivia-Jeanne Cohen, Pré­sences et autres pré­sences, Edi­tions Rafaël de Sur­tis, Cordes sur Ciel, 2024 — 17,00 €.

Telle une Emily Dickin­son, Olivia-Jeanne Cohen fait entrer dans des rêves qui sortent du monde des contraintes. Ses visons nous égarent sans qu’une telle créa­trice ait besoin de débri­der ouver­te­ment ses fantasmes.

Elle invente une aube créa­trice impose aux pré­sences une joie buis­son­nière pour des noces de Cana au sein de méandres, de traits et d’ellipses. Elles deviennent vives, inci­sives, pré­gnantes là où le lan­gage pousse des ailes au lan­gage par­fois dilu­vien. L’artiste les greffe sur son omo­plate ou en plein cœur, pour rendre aux mots de toute tribu une consis­tante qu’ils n’auront jamais.

Elle sait jouer des épures et des lueurs d’incendie. Des pré­sences sont prises de ver­tige grâce aux élan­ce­ments d’une créa­trice qui met au besoin le bas en haut et la dia­blesse dans ses détails.
Chaque pré­sence est un (re)commencement, un raid dans l’inarticulé. (jusque là) Existe chez Olivia-Jane Cohen la pré­ci­sion du sen­tir, de l’émotion et ce qui est à conqué­rir le monde temps perdu. Le lec­teur peut sai­sir bien des occa­sions et soudain les pré­sences du nulle part passe au par­tout.

Jean-paul gavard-perret

Artiste juive : Annie Leibovitz de la musique à l’image

Artiste juive : Annie Leibovitz de la musique à l’image

Annie Leibovitz de la musique à l’image

Cette exposition présente des photographies légendaires d’icônes de la musique d’Annie Leibovitz. Elle  poursuivre sa passion pour le portraits en représentant des musiciens aux côtés de leurs proches ou dans des moments de réflexion.

L’œil de la créatrice chantonne tout en offrant une vision plus magique proche de la métamorphose devant des rideaux ou entre les pattes du soleil tiré à quatre épingles en noir et blanc parfois entre Amour et Psyché au moment le silence se fait en de si belles tentatives.

Jean-Paul Gavard-Perret

Annie Leibovitz, « Summer of Love », ilon Art Gallery, New York,  jusqu’au 14 septembre, 2024

Artiste : Joshua Lutz et les territoires de l’illusion.

Joshua Lutz

Joshua Lutz et les territoires de l’illusion.

Tout a commencé en Floride en écho au dicton « avec une orange tout s’arrange". Depuis longtemps  l’"Orange Blossom Trailé relie les abondantes orangeraies non loin de la côte du centre de la Floride.
Ce territoire agreste  devint une destination prisée pour ceux qui recherchaient une évasion idyllique : « Les oranges sont devenues une métaphore des douces récompenses du travail acharné, de la persévérance et de l’espoir d’un avenir meilleur » précise Lutz..

Mais , la réalité est devenue beaucoup plus difficile. Les bosquets autrefois abondants ont diminué et les hommes sont confrontés aux défis posés par les maladies, l’expansion urbaine et le changement climatique. L'arôme des fleurs a cédé la place à l’odeur des fumées et de la pourriture de la nature. Les familles enthousiastes ont dû faire face à de dures vérités. 

Certes, la communauté, le long des orangers espère en l’humanité mais l’espoir devient la proie de difficultés et parfois de détresse. Les photos récentes de Lutz (et trois textes de Saunders) montrent ceux qui sont face aux rudes réalités derrière le récit idyllique des orangeraies. Ces photos et les textes moralisateurs illustrent souvent de manière symbolique une réflexion sur l’aliénation du paysage industrialisé et les inégalités.

Joshua Lutz & George Saunders, « Orange Blossom Trail »,  Ithaca Press, 2024,  150 p., 40 E.

Une rose à Tel-Aviv de Coralie Akyama

Une rose à Tel-Aviv de Coralie Akyama

Une rose à Tel-Aviv

Un pays et sa culture peut donner des orientations et  des stimulants. Et ici Tel-Aviv crée le génie du lieu et de son « héroïne » : Soshanna (Rose en hébreu).

Une telle poésie crée une chimie qui tient d’un miracle. Sa rhétorique particulière crée de l’âme et de la vie sensorielle qui dépend de la force du lieu. Il n’est pas étranger mais accueil.

Des perspectives sensuelles s’ouvrent pour une renaissance qui soudain trouve une pulsion profondément enracinée dans Tel Aviv.

Shoshanna trouve une nouvelle direction.  Et le poème prend forme, devient matière vive où se résorbe le mal en direction d’un paradis terrestre. Il croît dans les sensations d’une telle femme. Elles sont ici  le centre et le noyau du livre.

Jean-Paul Gavard-Perret

Coralie Akiyama, « Shoshana », coll. Présences d’écriture, Editions Douro, Chaumont, 2024, 72 p., 16 E.

Artiste juif : Les voyages interstitiels de Sacha Goldberger

Artiste juif : Les voyages interstitiels de Sacha Goldberger

Les voyages interstitiels de Sacha Goldberger

Sacha Goldberger est un photographe réputé pour ses créations visuelles audacieuses où ses images jouxtent le cinéma. Toutes ses séries explorent le dédoublement de personnalité à travers des mises en scène sophistiquées qui allient esthétique rétro ou de science-fiction.

Chaque série crée une histoire complexe par le biais de scènes interconnectées qui représente un point de vue différent d’une même situation (par les femmes et les hommes par exemple) en des scènes de cinéma figée dans le temps.

Cette approche permet d’explorer les moindres détails de l’intrigue, chaque image étant soigneusement composée pour fonctionner à la fois comme une œuvre d’art autonome et comme une pièce d’un puzzle.

A ce titre « Secret Eden » est une véritable expérience cinématographique où le spectateur est invité à reconstruire le récit pièce par pièce.

Dans cette série l’érotisme se déploie dans toute sa complexité entre mystère et de la sensualité et repousse les limites du visible pour ouvrir la porte à l’imaginaire guidé par des images qui murmurent plus qu’elles ne disent Et l’artiste de s’expliquer :

«  je n’avais encore jamais vu de série érotique qui ne soit pas vulgaire, et qui correspondait à ce que moi j’imaginais être érotique. L’érotisme et l’imagination étaient étroitement liés. Il me fallait donc trouver le moyen de pouvoir montrer des choses sans les montrer, et de trouver des œuvres qui parlent d’érotisme sans être choquantes ». Si bien que l’érotisme est abordé non pour une finalité explicite, mais une exploration subtile des non-dits qui caressent les contours de l’âme plus que du corps.

Une telle démarche est onirique en un jeu de superpositions où le temps semble se dissoudre. Le créateur brouille les pistes, offrant au spectateur un voyage à travers les âges en 17 diptyques qui  révèlent 17 univers différents et  un voyage dans le temps qui renforce le caractère intemporel et universel de l’œuvre.

Jean-Paul Gavard-Perret

Sacha Golberger, "Secret Eden",  voir sur  sachagoldberger.com. Instagram: sachagoldberger

Artiste juif : Slim Aarons , luxe et glamour

Artiste juif : Slim Aarons , luxe et glamour

Slim Aarons : luxe et glamour

Cette exposition présente des œuvres de légende de Slim Aarons lorsqu'il quitta ses expériences déchirantes de journaliste de combat pendant la Seconde Guerre mondiale.
Il s'est mis, dans une sorte de paradoxe, à capter le côté plus ensoleillé de la vie pendant une cinquantaine d'années. Il inventa les archives visuelles du luxe et des privilégies.

Ces photos fascinent toujours les collectionneurs contemporains. Ils trouvent là luxe, glamour et élite.

S'y retrouvent celles et ceux qui devinrent les hôtes de Beverly Hills, Capri, la Côte d’Azur avec entre autres  la famille Kennedy, Humphrey Bogart, Marilyn Monroe et Grace Kelly.

Slim Aarons reste un maître de la composition et du souci du détail méticuleux. L'âge d’or de la richesse se crée en des portraits intimes et des paysages solaires en contraste avec le contexte culturel et politique de l’époque.

Décédé en 2006, l'artiste a laissé  plus de 750 000 photographies. Et son héritage continue d’inspirer le cinéma et la haute couture  : celle de Paul Smith ou de Tom Ford par exemple.

Slim Aarons, " Welcome to the World of Slim Aarons", Enter Gallery, Brighton (Angleterre), 2024

Jean-Paul Gavard-Perret

Artiste juif : Marc Lev et le monde - entretien avec l'artiste

Artiste juif : Marc Lev et le monde - entretien avec l'artiste

Marc Lev et le monde - entretien avec l'artiste

Le pouvoir de la peinture de Marc Lev passe par l’autorité du bois.
Elle permet de sortir de Léviathan pour utiliser l’art afin de vaincre de chaos.
L’artiste dessine et peint depuis son enfance.

Il a suivi durant deux années des cours de poterie et dessin-peinture au sein du "Matnas Hevel Eilot" (Israël).

Peignant d’abord en dilettante sur des supports papier et toile un incendie a ravagé sa maison qui l'entraina à découvrir le matériau bois pour ses peintures.

Il a développé la préparation le bois et a peint à la gouache en un rapport presque charnel avec ce support l'entrainant vers des désirs de voyages, d'évasion.

Lucide et rêveur l’artiste écoute la nature et le cosmos face à ce qui parfois entrave la condition humaine.

Créateur, il change de régime de peur contre une forme de paix par la force des formes, des couleurs et leurs apologies.

Son idéalisme nous anime face à certains discours de souveraineté. Il propose une forme de stratégie positive qui nourrit l’être et sa force d’amour.
Nous attendons sa prochaine étape et lire le roman qu’il est en train d’écrire.

Qu’est-ce qui vous fait lever le matin ?

Le matin, les matins, sont comme un renouvellement; non pas une journée supplémentaire mais bel et bien une découverte; que va être cette journée? Que va-t-il se passer? Avec qui ?.. Se lever le matin c'est appréhender de nouvelles aventures, c'est quelque part un énième plongeon dans l'inconnu...

Que sont devenus vos rêves d’enfant ?

L'enfant qui a été en moi a-t-il totalement disparu? S'est-il laissé absorber par le "sérieux d'obligation" de l'âge adulte?
Le Marc Lev actuel est à mon avis totalement empreint de son enfance, de sa jeunesse, de ses propres expériences d'alors qui pouvaient amener des lots de louanges ou à l'opposé des brimades verbales ou plus.
Mon enfance a été comme tant d'autres bercée par l'insouciance, par la non recherche d'explications, par un devenir dans lequel le journalier prenait largement le devant du mensuel ou même de l'annuel. Mes rêves ne se sont pas volatilisés et sont encore et toujours partie intégrante de mon devenir...

A quoi avez-vous renoncé ?

Les années passant, j'ai renoncé par obligation sociétale à une certaine spontanéité, à une impulsivité toute naturelle lors de l'enfance.

Qui pourrait s'imaginer à soixante ans et plus grimper aux arbres, sauter dans des flaques d'eau, se laisser sciemment arroser par la pluie des cieux sans protection aucune; simplement pour l'instant, pour ce plaisir somme toute humain, à défaut d'enfantin?
Devenir adulte c'est au final se priver de plaisirs qui, alors, faisaient partie intégrante de nos devenirs.

D’où venez-vous ?

Certains répondraient: de la matrice utérine; d'autres iraient plus loin décrivant l'acte sexuel procréatif; pour ma part mon ressenti est celui d'un miracle pour toute forme de vie humaine, animale comme végétale. Je viens de là bas, d'ailleurs, d'un cosmos encore inconnu, encore inexploré, encore incompris: pourquoi moi, pourquoi alors?

Qu'avez-vous reçu en héritage ?

Qu'est-ce qu'un héritage? Seraient-ce des traits de caractère, des manières d'agir, de réagir, de se comporter? Sont-ce des formes de comportement que l'on n'aurait jamais eu de par nos propres gènes? J'ai pour ma part tendance à croire que l'héritage est directement lié à notre propre existence, à nos combats, à la vie que l'on a menée. Avoir hérité de ci ou de ça est une expression usitée afin de rattacher une mémoire quant aux défunts. Y-a-t-il une quelconque vérité humaine derrière cela ?

Un petit plaisir - quotidien ou non ?

Ma vie est cernée de petits plaisirs quant au monde qui nous entoure...Se lever, sortir de chez soi et s'imprégner du chant des oiseaux, des cieux, de la forme des nuages, du vent jouant avec les feuilles mortes, les tourbillonnant sur le sol.
La vision d'un hérisson en quête de nourriture dans le jardin me comble de plaisir.
La vue d'un enfant surmontant sa peur initiale en s'approchant d'un chien tenu en laisse, jusqu'à le caresser...Ces petites choses qui font que "ça vaut le coup" de se lever matin...

Pourquoi choisissez-vous le bois comme support ?

Le bois se rattache directement à cette nature que je chérie. C'est un matériau noble, vivant, avec ses propres imperfections qui oblige à "faire avec" lorsque l'on peint sur ce support. C'est quelque part redonner vie à un simple morceau de bois jeté, à une souche, une écorce...C'est une forme de continuation de ce que Mère Nature nous offre.

Quelle est la première image qui vous interpella ?

Je ne peux pas honnêtement dire que ce fut mon premier "flash" d'importance mais l'homme sur la lune ça a été pour moi comme la concrétisation d'un rêve insaisissable...Depuis la chose est largement remise en question, des quantités énormes de points d'interrogation ont fait surface: y a-t-il eu la lune ou une superproduction Hollywoodienne, la chose était-elle possible avec les connaissances et les matériaux de l'époque? Je désire pour ma part rester sur la phrase symbolique de cette aventure quant à ce grand pas de l'humanité...D'ailleurs ce sujet sera largement traité dans mon prochain roman en phase d'écriture..

Et votre première lecture ?

J'ai comme beaucoup grandi avec les BD de l'époque: Akim, Blek le Roc, Tarzan...Des histoires - situations dans lesquelles l'être humain admiré était un super héros, n'avait pas grand chose à voir avec le commun des mortels.
Puis je rejoignais les férues d'aventures à travers des romans comme « le Club des Cinq » où je m'identifiais avec ces jeunes héros qui cherchaient et trouvaient...Avec l'implication de l'école et l'obligation de lectures spécifiques je découvrais les classiques : « La princesse de Clèves »...Les poètes ; la culture française dans sa recherche d'une utilisation linguistique plus qu' élaborée...

Quelles musiques écoutez-vous ?

Mes goûts musicaux se révèlent comme totalement disparates; ainsi j'ai grandi avec des chanteurs à textes comme Brassens, Brel, Barbara, Ferré...Je me suis laissé porter plus tard par le Rock, la Pop music, puis ce fut le reggae, le funky... J'avoue ne pas avoir accroché à cette mode du Rap où peut-être que la cadence des phrases ne correspond plus à l'absorption de textes par des neurones déjà fatigués...

Quel est le livre que vous aimez relire ?

La lecture fait partie de mon journalier; plus littérature à des fins de réfection que pour me laisser vaguer dans des scénarios à l'eau de rose ou sentimentaux.
Il n'y a certes pas un ouvrage mais des dizaines d'ouvrages que j'aime relire; des classiques comme "Le meilleur des mondes" de Aldous Huxley, à "1994" de George Orwell...Plus récemment ce seraient des ouvrages comme "Soumission" de Houellebecq ou "L'indifférence ou autres horreurs" de Richard Rossin.
Mes goûts de lecture ou de relecture actuels vont se façonner en fonction des situations nationales ou internationales, du devenir mondial journalier, de mes propres questionnements et réflexions...

Quel film vous fait pleurer ?

Je présume qu'il y a une sorte de choix quant aux films qui me touchent plus intensément en fonction de l'humeur du moment, du ressenti lors du visionnage d'un film spécifique. S'il y a un film qui m'a effectivement touché plus spécialement c'est "Le Pianiste" de Roman Polanski sorti en 2022. Celui-ci nous plonge dans l'atmosphère de la seconde guerre mondiale où malgré tout l'être humain peut parfois prendre les devants. Je le conseille vivement.

Quand vous vous regardez dans un miroir qui voyez-vous ?

Dans un miroir je me découvre comme un être avec ses imperfections; personne n'est parfait ! Mais je vois au-delà du reflet un être humain, enclin à rechercher le bien sur terre, à tendre la main vers autrui, rêveur, utopiste même, empli d'optimisme quant à des lendemains meilleurs pour toutes et tous. Je vois peut-être cet autre moi-même que j'aimerais être...

A qui n'avez-vous jamais osé écrire ?

J'aurais apprécié avoir des échanges écrits avec des centaines de personnes, de personnages, à notre époque comme à une autre. Des personnalités comme Gandhi, comme Martin Luther King, comme le Dalaï Lama: hommes de bien, de mieux, de recherche de sérénité et du mieux être ensemble auraient à mon sens pu m'apporter une autre dimension à mes propres interrogations. M'auraient-ils répondu? Auraient-ils enclenché un processus d'échanges? Rien n'est moins sûr; mais voilà le type de personnes avec lequel j'aurais aimé discourir par lettres interposées.

Quels ville ou lieu a pour vous valeur de mythe ?

La représentation par excellence d'un mythe à mes yeux est l'Atlantide. Cette île n'a-t-elle jamais existé ? Fut-elle le fruit de l'imaginaire de Platon? N'était-elle pas en somme la transposition d'une quelconque société paradisiaque à quelque point de la mappemonde et pourtant s'autodétruisant de l'intérieur?
Le mythe des dieux punissant les agissements des humains en provoquant sa disparition totale ne serait-il pas comme une lanterne rouge en place d'un simple mythe?

Quels sont les artistes et écrivains dont vous vous sentez le plus proche ?

Sincèrement il me serait impossible de lister ici les divers artistes comme écrivains envers lesquels je ressens une certaine symbiose, dans lesquels je me reconnais, et qui tout bonnement me parlent. Concernant la peinture, je suis très éclectique dans mes propres ressentis quant à des créations: j'aime ainsi les peintres comme Manet, Monet, Pissaro, Van Gogh...et ce jusqu'à Dali, Munch; ainsi que des courants plus "ethnographiques" comme Toyin Ojih Odutola ou Kudzanai-Violet Hwami, et d'autres...Pour ce qui en est de mes auteurs préférés; je me situe dans le clacissisme le plus parfait: Proust, Prévert, Balzac, Flaubert, Molière...

Qu’aimeriez-vous recevoir pour votre anniversaire ?

La journée d'anniversaire ainsi que les festivités qui l'accompagnent me semble des plus superflue...Il y a cette obligation sociale de fêter inévitablement cette journée avec famille, proches, amis, collègues, et j'avoue bien sincèrement n'apporter aucun intérêt à célébrer cette journée spécifique alors que d'autres évènements joyeux ( et parfois d'importance dans nos vies) devraient avoir la primeur en terme de réjouissances. Mais s'il y a un cadeau que j'aimerais recevoir c'est la promesse d'un monde meilleur, humain, vrai pour les lendemains...Désir bien utopique en soi...

Que défendez-vous ?

Depuis des années je me suis déclaré "anti-extrémismes" et j'ai tenté ( et continue à le faire) d'éveiller quelque peu les consciences quant à ce monde biaisé dans lequel les extrémistes ( gouvernements, courants politiques, groupes divers...) ont non seulement pignon sur rue mais parviennent à se faire entendre; à défaut même de faire leur loi. Jusqu'où?...

Que vous inspire la phrase de Lacan : "L'Amour c'est donner quelque chose qu'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas"?

Cette pensée a tout d'une réflexion d'actualité; regardez les migrants accueillis à bras ouverts dans divers pays occidentaux, reçus avec des lois spécifiques pour eux afin de les assister dans leur intégration dans des sociétés totalement différentes...Les a-t-on aimés? Pas sûr!
Avions-nous même de l'amour à donner en place de compassion? Recherchent-ils de l'amour? Je n'en suis pas convaincu! Nos sociétés occidentales font à mes yeux passer l'individu seul avant toute volonté de "gérer" le groupe...L'Ego est devenu le fer de lance de ce siècle assisté en cela par des technologies colportant des fausses informations, des Intelligences Artificielles (donc totalement dépourvues de sentiments) qui prennent indéniablement les rênes de notre monde. L'amour, quel amour?

Que pensez-vous de celle de W. Allen : "La réponse est oui mais quelle était la question ?"

Au moins la réponse a tout du positivisme et peu importe la question... Ce pourrait être l'acceptation de vivre en couple, d'avancer ensemble, d'effacer la misère, les conflits, d'accepter et de chérir la nature comme nous le devrions, de protéger des espèces animales comme végétales, de tout faire afin de permettre aux abeilles de continuer à butiner pour nous...Alors ma réponse est également OUI, un grand OUI pour des lendemains meilleurs!

Quelle question ai-je oublié de vous poser ?

Ai-je une quelconque envie de définir le monde dans lequel j'évolue en ne me fourvoyant pas ? La peinture ( comme mes écrits) me permet de visualiser un autre monde, un monde de rêve, d'utopie, de bien-être, un monde intemporel qui m'invite à me dissocier de la, des réalités...
Ne serais-je pas en tant que créateur une sorte de fuyard? Voilà peut-être la question non posée...

Présentation et interview : Jean-Paul Gavard-Perret, le 26 aout 2024.

Photographe juif : Nathan Coe, corps du paysage, âme du modèle

Photographe juif : Nathan Coe, corps du paysage, âme du modèle

Nathan Coe : corps du paysage, âme du modèle

Nathan Coe, « Tranquility », C+C Photography Gallery,  Nantucket, MA –USA, été 2024.

Dans sa nouvelle série prise à Nantucket 2024, Bathan Coe mixe portraits et paysages selon une formule minimaliste, drôle. S’y capte un peu de léger mais surtout du tranquille.

Ajoutons que dans cette série (« The Inky »)  Coe s’est livré à une gageure et un jeu :  saisir rapidement un moment d’immobilité presque impossible de sa modèle nue dans la rue principale Nantucket animée mais où sa muse semble  imperturbable, par exemple,  le nez plongé dans un quotidien.

Cette mise en suspens sollicite non seulement la contemplation mais l’imaginaire, car selon Nathan Coe ce n’est pas la fiction qui construit une image, ou une image  qui construit la fiction C’est donc une combinaison insolite et ironique qui se passe entre le portrait et le paysage.

 

Jean-Paul Gavard-Perret