Les articles de Jean-Paul Gavard-Perret

Irving Penn : un mari vaut d’âge -

Irving Penn : un mari vaut d’âge -

Irving Penn : un mari vaut d’âge -

Irving Penn, « Centennial », Fondation Marta Ortega Perez, La Corogne du 23 novembre 2023 auu 1 er mai 2025.

L’occasion est belle d’aller en Espagne non pour faire des châteaux mais visiter un site  (La Corogne) et une exposition d’exception la rétrospective du célèbre photographe américain jamais montré en Espagne accompagnée d’un programme éducatif et de réédition du livre de Penn qui porte le même titre que cette exposition.

Tous les thèmes de la carrière de Penn sont là à partir de ses débuts (fin des années 30) jusqu’à la première décennie du 21e siècle. Se retrouvent élégance et  beauté par ses photos de mode. Mais sont présents aussi ses nus dépouillés et abstraits,  le minimalisme de ses natures mortes, ses portraits. Ils captent la psychologie des personnalités du monde ou des travailleurs communs.

Technicien adepte de la simplicité, il donne un caractère intemporel à ses images mais aussi la complexité et à l’éphémère des êtres dans soixante dix ans de carrière. Il fut et reste le précurseur de son art et peut demeurer un miroir de la société.
D’où le caractère Penn d’une telle œuvre qui révèle l’essence de l’humain et un monde saisit par un œil inédit.

Irving Penn est Né en 1917 à Plainfield (New Jersey), d'une famille juive russe émigrée, Irving Penn fait ses études à l'école des Beaux-Arts de Philadelphie.

Jean-Paul Gavard-Perret

Hélène Cixous : Et la mère pond vite un dernier oeuf

Hélène Cixous : Et la mère pond vite un dernier oeuf

L’avenir dans le dernier oeuf selon Hélène Cixous

Hélène Cixous, Et la mère pond vite un dernier œuf, éditions Gallimard, 2024, 144 pages, 17,50 €.

Toute chose est autre chose et n’est pas chez Hélène Cixous, et selon elle ce serait moins une alternative, une disjonction exclusive, qu’une affirmation, l’expression d’une synthèse disjonctive. Et dans ce jeu du tel livre s’impliquent des mouvements incessants de connexions, de relations instables, d’agencements impossibles.

Et ici l’écriture d’Hélène Cixous joint, disjoint, relie, délie, assemble, distingue femme et poule. Car si la mère est la mère et une poule, elle est autre chose qu’elle-même même si elle «  pond vite un dernier œuf » .
Bref c’est être ou naitre pas ou être sans y être mais avec tous ces mots et ces noms qui résistent  chez Cixous. Trop peut-être. Avec derrière eux le nom de Jacques Derrida mais aussi les noms contre lesquels on lutte car il désignent des assassins.
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Dans ce texte plus derridien que souvent ce tel livre se fait abscond.
Le vertige des dénominations se veut vertige ou perte.
Une nouvelle fois la force de la judéité revient avec des histoires de revenants, de survivantes. Preuve qu’une fois de plus le passé résiste et infuse dans le présent. Quant au futur il n’est qu’esquisse. Mais au nom de la mémoire rien n’est exquis.

Reste ici une évocation plus intellectuelle qu’affective, plus montée en armes stylistique qu’en larmes. A chacun d’y gouter sa propre sensibilité. Et c’est ce qui résiste  chez Cixous de tous ses livres :  ils  se heurtent, se croisent, divergent voire s’éloignent les un des autres selon des visions objective et subjective.
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Mais l’auteure ne peut qu’écrire qu’à partir d’elle ; de sa mémoire de son écriture qui à la fois ne cesse de jouer sur l’histoire et en subit encore dans ce livre. Il  devient une histoire de reconfiguration   au sujet de soi où le soi n’est pas séparable d’autre chose que soi, d’autres que soi, événements de l’histoire, et  peut être, des animaux, des écrivains, des connaissances, tout en évitant un « nous ». « Nous est un autre» disait Derrida. Est-ce une question d’ami.e ?

Jean-Paul Gavard-Perret

Hélène Cixous autrice juive .

Hélène Cixous est née à Oran d'un père médecin (Georges Cixous, également né en Algérie, 1908-1948), et d'une mère allemande devenue sage-femme en 1952 (Eve Klein,1910-2013), au sein d'une famille juive, ashkénaze par la mère, séfarade par le père .

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Leonard Freed photographe de la judéité

Leonard Freed photographe de la judéité

Leonard Freed photographe de la judéité

Dès 1954, Leonard Freed a photographié des Juifs orthodoxes dans le quartier de Williamsburg à Brooklyn. À partir de 1958, il se tourne vers la communauté juive d’Amsterdam et, à partir de 1961, il documente la vie juive en Allemagne de l’Ouest.

Il photographie Israël à de nombreuses reprises et il a publié en plusieurs livres . dont « Deutsche Juden Heute » et  « La danse des fidèles » en France, présentant  sur des thèmes juifs prises dans le monde entier sur une période de 25 ans

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Il voulait initialement devenir peintre avant de se consacrer à la photographie. Né et élevé à Brooklyn, New York, il a entrepris de nombreux voyages à travers le  monde.
Il a commencé photographe indépendant et 1967, ses photographies ont été présentées dans l’exposition « The Concerned Photographer » organisée par Cornell Capa avant d’entrer chez  Magnum.

Il explore aussi sa propre identité en tant qu’enfant d’immigrants juifs d’Europe de l’Es et tourne son regard vers ses compatriotes juifs. Le photographe a également évoqué une rencontre marquante avec trois juifs orthodoxes dans le métro de New York, qui lui ont rappelé des souvenirs d’enfance, des coutumes et des fêtes juives.

.Jean-Paul Gavard-Perret

Leonard Freed, « German Jews Today », Jewish Museum Berlin,  Berlin, jusqu’au 27 avril 2025

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Nathalie Azoulai : « Toutes les vies de Théo »

Nathalie Azoulai : « Toutes les vies de Théo »

Fractures selon Nathalie Azoulai,

Nathalie Azoulai, « Toutes les vies de Théo », P.O.L editeur, Paris,  2025,  272 p., 20 E..

Mené comme une romance mélo ou  cruel, ce roman aborde le sujet  des unions mixtes et des amours qui font alliance contre le mal mais qu’il rattrape.

Après Les Manifestations (2016), Nathalie Azoulai explore les méandres de la judéité française. Le lecteur regardent la caravane passer en ne sachant plus quoi penser car l’histoire serpente entre des amitiés et des amours où elle est mise à rude épreuve, notamment par temps de guerre et de crise.

Théo aime Léa d’origine juive. Leur différence scelle leur destin comme une alliance nécessaire. Élevé dans la culpabilité de la Shoah, Théo choisit aussi Léa pour apurer la dette et être un mensch (en yiddish, un type bien) à ses propres yeux.

Vingt-cinq ans plus tard, leur union vient buter contre la situation politique française et internationale, l’attaque du 7 octobre, Gaza et ses innombrables morts, l’inflexibilité israélienne, les agressions antisémites.

Théo ne comprend plus Léa :  une ligne de fracture explose. Le héros  tombe amoureux de Maya, une libanaise qui lui fait découvrir un Orient sauvage et blessé. Il bascule de l’autre côté du conflit et fait l’expérience d’une altérité. Les identités s’affirment en s’opposant et le lecteur est pris en untelle quadrature.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

Artiste juive : Erieta Attali, être au monde

Artiste juive : Erieta Attali, être au monde

Erieta Attali : être au monde

Née à Tel Aviv, Erieta Attali c’est construite seule mais son œuvre incarne le passé et le présent, l'ombre et la lumière. S’engageant très jeune dans l’art de la photographie elle se façonne par la lumière méditerranéenne, l’ombre de bien des architectures (ruines ou lieux religieux) et des paysages. Les deux restent toujours pour elle indissociables.

Son œuvre traduit la quête de l’intemporalité et s beauté par un tel don pour de la lumière et l’ombre d’où jaillit l’âme des lieux. Le tout dans un exercice de lenteur et de l’observation pour percer  l’invisible, et le silence. Son lien avec la musique (le jazz) est devenu une source d’inspiration. Chick Corea la décida à devenir photographe. Et depuis son lien entre les paysages, les lieux lointains reste son essence sans égale.

Utiliser la photographie sur pellicule grand format n’est pas aussi instantané que le numérique. C’est pourquoi de la première elle garde son, dit-elle,  « intentionnalité ». Et elle s’élève contre toute violence qui « finissent par créer de l’apathie plutôt que de susciter une réaction. Ce n’est pas tant de la colère qu’un sentiment de frustration face à leur impact. » ajoute-t-elle.

Souvent son appareil grand format se concentre sur des séries de paysages et ce, d’une dévotion  sans compromis. Pour elle encore, ce qui la touche profondément peut ne pas plaire à quelqu’un d’autre. Elle voyage constamment à travers le monde pour explorer les lieux qu’elle  choisit par ses photographies de nuit, toujours en extérieur. Le tout pout inspiré les générations futures et laissé un impact significatif.

Jean-Paul Gavard-Perret

Website : www.erietaattali.com
Instagram : @erieta_attali

Jacques Sojcher sous surveillance de son passé

Jacques Sojcher sous surveillance de son passé

Jacques Sojcher  sous surveillance de son passé

poète belge juif survivant de la Shoah

Après « L’idée du manque » et en même temps que « Trente-huit variations sur le mot juif », ce « brevet d’innocence » met en évidence  méditations et choses vues et éprouvées. L’essentiel de sa quête reste  l’oubli et la mémoire, le deuil et le souvenir, le manque et la survivance  au sein d’une réflexion implicite sur l’Histoire et la judéité.

Tout l’héritage douloureux du poète transparaît de manière sibylline. Il  n’écrit que l’essentiel et parfois préfère le silence à la dilution du logos puisque. Il sait que la question reste sans réponse et les concepts  d’aucun recours  Et si penser pour lui  n’empêche pas de mourir, sa situation passagère et vulnérable fait jouer sur des oppositions entre présent et passé, entre constat et hypothèse.

Celui qui fut toutefois sauvé des catastrophes de la Shoah demeure sauvé  par l’écriture. Elle ouvre l’inquiétant abyme des profondeurs bestiales et de l’Histoire mais  laisse entrevoir un peu de soleil dans l’eau froide de l’obscur passé jusqu’à maintenant. L’innocent mettre là son brevet. Il se la donne. Nous aussi..

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Jacques Sojcher, « Brevet d’innocence », Illustrations d’Arié Mandelbaum., Fata Morgana , Fontfroide le Haut, 2025,  64 p., 16 €

Charles Reznikoff, « Derniers poèmes. Les Juifs en Babylonie.

Charles Reznikoff, « Derniers poèmes. Les Juifs en Babylonie.

Elégies objectivistes de Charles Reznikoff

Charles Reznikoff, « Derniers poèmes. Les Juifs en Babylonie. Obiter dicta’, Editions Unes, Nice, 2025, 80 p, 16 E.

Cet ensemble des derniers poèmes de Charles   complété par son essai Obiter dicta (traduit par François Heusbourg),  propose l’état des lieux  figure majeure du mouvement objectiviste.
Une vache pour le labour et un âne pour la route ; une chèvre pour la traite et une agnelle pour la tonte. Une poule pour les oeufs et un dattier pour ses fruits ; un lit où s'asseoir et une table où manger proposent de minces flux migratoires des sortes d’ élégies documentaires propres à l’école de poésie new-yorkaise et son  mixage du document à la poésie.

L’auteure le développe en « faits » et théorie.  Ce qui n’empêche pas à l’utopie de tenter de mettre à mal les formes classiques de la poésie comme la douleur du peuple juif longtemps exterminés. Reznikoff  en a conscience dans trop se faire d’illusion sur un ordre pacifié :  tohu-bohu, désordre, fusions s’agitent en tout sens. Cela relativise le monde et sa vision sur l’atmosphérique et l’élémentaire comme sur le culturel et l’idéologie des sociétés humaines

Dans sa poésie aussi concrète que spéculative Reznikoff n’a aussi n’a pas émis son dernier mot, ni celui de l’Histoire. Mais elle fait bouger les lignes. Le poète ose avancer dans l’inconnu mais il n’est pas pour autant somnambule ou amnésique et il n’oublie jamais ce qui lui manque. S’il est  parfois  séparé de lui même dans l’esprit d’une telle poétique, il n’est pas seul. Son travail - parce que ce n’est pas un simple labeur - est une autre vie au cœur de sa propre vie : il tenta de saisir après tout le secret de ses doubles.

Jean-paul gavard-perret.

Artiste juif : Quand le petit avait déjà tout d’un grand - Saul Leiter

Artiste juif : Quand le petit avait déjà tout d’un grand - Saul Leiter

Quand le petit avait déjà tout d’un grand - Saul Leiter

Saul Leiter, « Carte Postale », Galerie FIFTY ONE, Anvers, jusqu’ai 1er février 2025

Les œuvres de Saul Leiter exposées à Anvers sont choisies afin de comprendre ses œuvres de jeunesse. Elles furent à l’origine imprimées par le photographe lui-même sur le format carte postale.

Ces prises révèlent le portrait de sa vie quotidienne autant dans  les rues animées de New York que dans des intérieurs intimes. Leiter transformait déja des moments ordinaires en expressions poétiques.

Cela rappelle que le photographe commença sa carrière en tant que peintre. Mais cette sensibilité picturale se retrouve à la photographie tout au long de sa vie.

Ses prises ne sont pas des instantanés. Elles sont parfaitement composées dans les jeux d’ombre et de lumière.

Jean-Paul Gavard-Perret

Artiste juif : César Chouraqui et la sensibilité

Artiste juif : César Chouraqui et la sensibilité

César Chouraqui et la sensibilité

César Chouraqui est le fils du réalisateur Elie Chouraqui. Il a deux soeurs, Margaux et Sarah. Dès l’enfance il baigne dans un univers artistique, aux côté de son père mais aussi de sa mère qui est scénariste. Acteur et musicien il est devenu un photographe qui aime orchestrer des scènes « et savoir où je vais’ dit-il. C’est là pour lui toute la magie de la photographie par rapport à la vidéo. « Saisir une scène banale au bon moment, peut produire des résultats saisissants et, à elle seule, raconter une histoire » précise-t-il.

Polyvalent et audacieux, il incarne une nouvelle génération de créateurs pluridisciplinaires.
Tour à tour comédien, réalisateur, photographe, producteur et musicien, au-delà de ces titres, il est avant tout un conteur moderne dans ses racines une sensibilité particulière pour raconter des histoires visuelles afin  de capter la fugacité du moment avec une précision et une justesse désarmante.

Passionné par la photographie en noir et blanc, il est également fasciné par l’exploration des palettes de couleurs vives, jouant avec les contrastes pour créer des univers visuels qui allient simplicité et profondeur influencé par Richard Avedon, Nan Goldin, Irving Penn, Anton Corbjin. Le photographe s’impose souvent des limites jusqu’à ce qu’il ressente ne plus.

Jean-Paul Gavard-Perret

Instagram : @cesarchouraqui

Autrice israélienne : Filiations selon Orly Castel-Bloom

Autrice israélienne : Filiations selon Orly Castel-Bloom

Filiations selon Orly Castel-Bloom

Orly Castel-Bloom,  « Biotope », traduit de l'hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech, Actes Sud, 2356 p.22,50 €

« Biotope » est une fiction-chronique. Celui d’un vertige, d’un naufrage ou encore « d’une chute libre immobile ». Cette épopée ratée ) romanesque marque une nouvelle résurrection d’Orly Castel Bloom. Ce maître de la littérature israélienne publia  le best-seller  « Dolly City ». Son nouveau roman devient une vision remasterisée du premier.

Ici le héros (Joseph Shimel) devait être, via sa thèse, l’élu et spécialiste de la gastronomie dans l’œuvre de Balzac. Mais ne parvenant pas au sacre de ce travail, il est exclu du département de français de l’université de Tel-Aviv.

Il se retrouve dans son appartement monacal dont la chambre avec vue surplombe le terminal des bus et un centre de distribution de méthadone. Il devient le voyeur de premier plan sur les aller et venue de « sublimes » SDF sublimes.

Ce perdant magnifique survit  bien que mal accompagné de son chien qu’il balade et travaille en aidant des migrants aisés originaires de France pour  leurs démarches administratives Une telle routine est renversé en la projetant dans une spirale abyssal lors d’un héritage imprévu : la propriété en Normandie de sa grand-mère et la rencontre d’un  aigrefin aimable à priori.

Grace à cette entremise d’une vie gagnée/perdue l’auteur nommé « Kafka de Tel Aviv » lie ainsi la filiation de l'oeuvre, entre ramifications, feuillaisons, filiations, fructifications, réensemencements. Tous ces éléments suffisent à dire et écrire  la complexité de la vie et du monde.

 

Jean-Paul Gavard-Perret