Filiations selon Orly Castel-Bloom
Orly Castel-Bloom, « Biotope », traduit de l'hébreu par Rosie Pinhas-Delpuech, Actes Sud, 2356 p.22,50 €
« Biotope » est une fiction-chronique. Celui d’un vertige, d’un naufrage ou encore « d’une chute libre immobile ». Cette épopée ratée ) romanesque marque une nouvelle résurrection d’Orly Castel Bloom. Ce maître de la littérature israélienne publia le best-seller « Dolly City ». Son nouveau roman devient une vision remasterisée du premier.
Ici le héros (Joseph Shimel) devait être, via sa thèse, l’élu et spécialiste de la gastronomie dans l’œuvre de Balzac. Mais ne parvenant pas au sacre de ce travail, il est exclu du département de français de l’université de Tel-Aviv.
Il se retrouve dans son appartement monacal dont la chambre avec vue surplombe le terminal des bus et un centre de distribution de méthadone. Il devient le voyeur de premier plan sur les aller et venue de « sublimes » SDF sublimes.
Ce perdant magnifique survit bien que mal accompagné de son chien qu’il balade et travaille en aidant des migrants aisés originaires de France pour leurs démarches administratives Une telle routine est renversé en la projetant dans une spirale abyssal lors d’un héritage imprévu : la propriété en Normandie de sa grand-mère et la rencontre d’un aigrefin aimable à priori.
Grace à cette entremise d’une vie gagnée/perdue l’auteur nommé « Kafka de Tel Aviv » lie ainsi la filiation de l'oeuvre, entre ramifications, feuillaisons, filiations, fructifications, réensemencements. Tous ces éléments suffisent à dire et écrire la complexité de la vie et du monde.
Jean-Paul Gavard-Perret
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