Elégies objectivistes de Charles Reznikoff
Charles Reznikoff, « Derniers poèmes. Les Juifs en Babylonie. Obiter dicta’, Editions Unes, Nice, 2025, 80 p, 16 E.
Cet ensemble des derniers poèmes de Charles complété par son essai Obiter dicta (traduit par François Heusbourg), propose l’état des lieux figure majeure du mouvement objectiviste.
Une vache pour le labour et un âne pour la route ; une chèvre pour la traite et une agnelle pour la tonte. Une poule pour les oeufs et un dattier pour ses fruits ; un lit où s'asseoir et une table où manger proposent de minces flux migratoires des sortes d’ élégies documentaires propres à l’école de poésie new-yorkaise et son mixage du document à la poésie.
L’auteure le développe en « faits » et théorie. Ce qui n’empêche pas à l’utopie de tenter de mettre à mal les formes classiques de la poésie comme la douleur du peuple juif longtemps exterminés. Reznikoff en a conscience dans trop se faire d’illusion sur un ordre pacifié : tohu-bohu, désordre, fusions s’agitent en tout sens. Cela relativise le monde et sa vision sur l’atmosphérique et l’élémentaire comme sur le culturel et l’idéologie des sociétés humaines
Dans sa poésie aussi concrète que spéculative Reznikoff n’a aussi n’a pas émis son dernier mot, ni celui de l’Histoire. Mais elle fait bouger les lignes. Le poète ose avancer dans l’inconnu mais il n’est pas pour autant somnambule ou amnésique et il n’oublie jamais ce qui lui manque. S’il est parfois séparé de lui même dans l’esprit d’une telle poétique, il n’est pas seul. Son travail - parce que ce n’est pas un simple labeur - est une autre vie au cœur de sa propre vie : il tenta de saisir après tout le secret de ses doubles.
Jean-paul gavard-perret.
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