Israël face à une crise sociale majeure : l’Assurance nationale, le Betouah Leumi, vend ses bureaux pour survivre

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2. Israël face à une crise sociale majeure : l’Assurance nationale vend ses bureaux pour survivre

Menacée d’effondrement financier : l’Assurance nationale liquide ses bureaux et attaque les compagnies d’assurance pour survivre

Un déficit abyssal que le gouvernement refuse de traiter

L’Assurance nationale traverse la plus grave crise de son histoire.
Son directeur général par intérim, Zvika Cohen, a révélé devant la Commission d’audit de la Knesset que l’institution se dirige vers un déficit actuariel de huit milliards de shekels rien que pour cette année.

Cohen a rappelé que « le gouvernement refuse de créer une commission publique chargée de résoudre le problème », alors même que le gouffre financier s’élargit.
Une équipe interministérielle, dont le mandat se limite aujourd’hui aux allocations de soins infirmiers, s’apprête à recommander un élargissement des critères d’éligibilité à cette allocation, ce qui accroîtrait mécaniquement la charge de l’institution déjà exsangue.

Face à la gravité de la situation, Cohen a décrit une institution acculée, contrainte de vendre massivement son patrimoine immobilier et de poursuivre les compagnies d’assurance pour tenter de récupérer des milliards qui lui sont dus.
Les propos du directeur général par intérim ont été prononcés devant une commission parlementaire qui, pour la première fois depuis des années, a décidé de consacrer une séance à l’effondrement annoncé de l’Assurance nationale.
Cohen a confirmé que ni le Premier ministre Benjamin Netanyahu ni le ministre des Finances Bezalel Smotrich n’ont répondu à la demande formulée par l’ancien ministre du Travail Yoav Ben-Zur et par lui-même pour la mise en place d’un comité public chargé de formuler une réponse globale au déficit actuariel.

Un déficit doublé en un an, des réserves menacées d’épuisement

Il y a deux semaines, les révélations de Calcalist annonçaient déjà la catastrophe : l’Assurance nationale serait déficitaire dès 2024 et commencerait à puiser dans ses réserves.
Le déficit projeté est passé de quatre à huit milliards de shekels, un doublement qui témoigne de l’absence de stratégie gouvernementale.
Selon le rapport actuariel fondé sur les données de 2022, les réserves seront nulles en 2036, ce qui signifiera de facto la faillite de l’institution. Tzachi Saad, directeur de la division économique du Bureau du Contrôleur d’État, a prévenu que l’effondrement pourrait survenir plus tôt encore.

Au cours de cette réunion, une réalité glaçante est apparue : aucun débat gouvernemental n’a été consacré au déficit actuariel depuis 2018.
Même après les avertissements publics, aucun échange n’a eu lieu au sein du cabinet économique. L’examen du problème a été abandonné aux équipes professionnelles du Trésor et de l’Assurance nationale, chargées de formuler des réponses partielles, centrées uniquement sur les prestations d’invalidité et de dépendance. Les recommandations attendues sur l’assurance dépendance devraient inclure, selon les éléments divulgués, une réduction des prestations.

Recouvrement agressif, enquêtes sur les entreprises en faillite et vente massive de bâtiments

Cohen a détaillé les premières mesures mises en œuvre pour enrayer l’hémorragie.
Il a annoncé que l’Assurance nationale étend la procédure de remboursement imposée aux compagnies d’assurance, qui doivent rembourser les sommes versées par l’institution, notamment en cas d’accident du travail ou d’invalidité.
Il a précisé que « trois milliards de shekels ont déjà été perçus » et que cette démarche allait s’intensifier.

L’institution a également entrepris de récupérer, auprès des fonds de liquidation d’entreprises, les montants versés aux employés lors de faillites. Cohen a dévoilé l’intention d’enquêter sur l’identité réelle des propriétaires de sociétés mises en liquidation, afin de recouvrer des sommes qui, jusqu’ici, échappaient à l’État social.

Parallèlement, l’Assurance nationale prépare une réduction massive de sa surface immobilière. La généralisation des services numériques a diminué les besoins en espaces d’accueil, ce qui pousse l’institution à vendre à grande échelle ses bâtiments, patrimoine accumulé sur des décennies.

Des mesures insuffisantes face à une machine déficitaire

Même les décisions les plus radicales ne permettront pas d’inverser la trajectoire. Cohen a rappelé que, selon la dernière loi de finances, les cotisations d’assurance nationale ont été augmentées de cinq milliards de shekels pour cette année et la prochaine.

Pourtant, cette somme a été intégralement absorbée par le budget général de l’État au lieu d’être affectée à l’Assurance nationale. Cohen a exigé que ces fonds soient restitués, rappelant que l’objectif officiel de cette hausse était précisément de renforcer les caisses de l’institution.

Mickey Levy, président sortant de la Commission d’audit, a dénoncé le taux d’intérêt dérisoire imposé par le Trésor sur les réserves de l’Assurance nationale. Ces réserves, estimées à cent quatre-vingt-dix milliards de shekels, ne rapportent en moyenne que 3,25 %.
Levy a fustigé un mécanisme qui appauvrit artificiellement l’institution, affirmant que « toutes les banques paient 5,5 % sans prendre de risques. L’Assurance nationale va nous exploser au visage d’ici dix ans. »

Le nouveau président de la Commission, Alon Schuster, a rejoint cette critique en déplorant l’absence totale de commission publique gouvernementale. Il a appelé Netanyahu et Smotrich à enfin assumer leur responsabilité et à créer sans délai une instance dédiée.

Une institution vitale qui vacille dans l’indifférence

L’article se termine sur un constat froid : le cœur de la protection sociale israélienne est en train de se fissurer, dans un silence politique assourdissant. Les équipes professionnelles tentent de colmater les brèches, mais aucune décision structurelle n’a été prise pour stopper un effondrement annoncé depuis des années. Les réserves fondent, les dépenses augmentent, les cotisations sont détournées vers d’autres usages, et aucune solution globale n’est sur la table.

Une institution qui protège les familles, les personnes âgées, les travailleurs accidentés et les plus fragiles du pays se retrouve à vendre ses propres murs pour tenir encore quelques années. Un symbole dramatique de l’inaction politique et du risque désormais tangible d’un effondrement social majeur.

 

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