La Maison-Blanche fixe un ultimatum pour un cessez-le-feu à Gaza

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La Maison-Blanche fixe un ultimatum pour un cessez-le-feu à Gaza

Ron Dermer à Washington : la Maison-Blanche fixe un ultimatum pour un cessez-le-feu à Gaza

Sous la pression américaine, Israël cherche une sortie de crise à Gaza, tout en préparant un rapprochement inédit avec la Syrie. Mais le Hamas campe sur ses positions, et l’étau diplomatique se resserre.

Washington accélère. Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et émissaire de confiance de Benyamin Netanyahou, est attendu ce lundi dans la capitale américaine.
À l’agenda : une série d’entretiens de haut niveau avec des responsables de la Maison-Blanche pour faire progresser un accord de libération des otages encore détenus à Gaza – mais aussi explorer une normalisation historique avec la Syrie.
Le voyage intervient dans un contexte où les États-Unis, Donald Trump en tête, exigent des avancées rapides.
À Jérusalem, des sources proches du pouvoir confirment : « La direction est claire : mettre fin à la campagne à Gaza. »

L’administration américaine a fait savoir à Israël qu’elle souhaite voir un cessez-le-feu entrer en vigueur avant l’arrivée de Netanyahou à Washington, attendue d’ici quelques semaines. La diplomatie américaine n’en fait pas mystère : il ne s’agit pas seulement de libérer les otages. C’est tout l’échiquier régional que les États-Unis veulent redessiner, en capitalisant sur la fin de la guerre contre l’Iran et l’essoufflement de la campagne militaire à Gaza.

Le pari syrien : al-Julani dans la balance

Dans ce climat stratégique renouvelé, une piste inédite est à l’étude : un accord de normalisation entre Israël et la Syrie, via le chef de l’ex-Front al-Nosra, devenu chef de facto dans la région d’Idlib, Abu Mohammed al-Julani.

Depuis la chute progressive du régime Assad, des discussions ont été entamées sur l’avenir d’un nouveau régime syrien, centré sur la figure d’al-Julani, considéré désormais comme un interlocuteur pragmatique dans certaines capitales.
Washington a déjà envoyé un signal fort : la levée des sanctions contre la Syrie pour six mois. En toile de fond : une stratégie visant à stabiliser le nord syrien et à étendre les accords d’Abraham à un pays longtemps hostile à Israël.

La Maison-Blanche attend toutefois des garanties de la part de Jérusalem.
Tout rapprochement avec la Syrie – même sous une forme post-Assad – devra passer par un cadre clair, discuté et scellé sous égide américaine.
D’autres capitales, comme Riyad et Jakarta, seraient aussi en pourparlers avec Jérusalem, en quête de leur propre normalisation. Mais ici encore, les exigences palestiniennes freinent les élans. Un haut diplomate israélien confie : « La normalisation avec l’Arabie saoudite exige un paiement en monnaie palestinienne, au-delà d’un cessez-le-feu. On parle même de reconnaissance étatique. »

Un compte à rebours imposé

C’est dans ce contexte de fortes tensions et d’opportunités fragiles que Ron Dermer arrive à Washington. Il doit préparer la visite de Netanyahou et poser les fondations d’un accord sur les otages, inspiré du plan Witkoff, proposé par l’émissaire américain Steve Witkoff : la libération de 10 otages vivants, 15 corps et un cessez-le-feu de 60 jours. Une période durant laquelle des pourparlers seraient menés sur les modalités d’une fin définitive des combats.

Mais Israël se heurte à deux obstacles majeurs. Le premier : l’absence totale de réponse officielle du Hamas au plan Witkoff.
Selon les dernières informations, l’organisation islamiste ne montre aucune souplesse sur les termes proposés, en particulier le désarmement, l’exil de ses dirigeants et la démilitarisation de la bande de Gaza. Le second : Israël refuse de s’engager dès maintenant à une fin totale de la guerre, tant que ces conditions ne sont pas remplies. Une source de haute sécurité israélienne résume : « Il faut trouver des conditions qui permettent une fin créative. »

Tsahal contrôle 70 % de Gaza

Hier, une réunion de sécurité restreinte s’est tenue dans le Sud, en présence du Premier ministre. Le chef d’état-major a affirmé que l’armée israélienne contrôlait désormais 65 à 70 % du territoire gazaoui. Il a exhorté le leadership politique à définir une nouvelle cible stratégique, au moment où la pression militaire semble atteindre ses limites opérationnelles.

Mais malgré cette avancée, le Hamas reste mutique. Est-ce un durcissement de ligne, encouragé par l’Iran malgré la fin de la guerre, ou au contraire, un repli stratégique avant une offre d’apaisement ? Les observateurs restent prudents. Le flou demeure total.

Netanyahou : « Libérer les otages, vaincre le Hamas »

Lors d’une visite au siège du Shin Bet, Benyamin Netanyahou a réaffirmé les objectifs de son gouvernement : « De nombreuses opportunités s’ouvrent. En premier lieu, libérer les otages et vaincre le Hamas. »
Le chef du gouvernement a ensuite esquissé une vision à long terme : « Bien sûr, il faudra aussi résoudre la question de Gaza. Mais je suis convaincu que nous y parviendrons. Et au-delà, des perspectives régionales majeures sont devant nous, et vous en êtes, pour la plupart, les partenaires. »

Le soir-même, Netanyahou devait réunir ses ministres et les chefs militaires pour discuter de la poursuite des combats à Gaza, dans un climat où l’armée pousse pour une sortie claire et où les États-Unis attendent un geste décisif.

Un enjeu humain central

En mai dernier, Netanyahou avait rappelé les chiffres tragiques de cette guerre : « Nous avons ramené 147 otages vivants, sur un total de 196. Il en reste encore 59. » Mais il ajoutait, en filigrane, que la guerre ne pouvait être réduite à la seule libération des otages : « La guerre a un but ultime : la victoire sur notre ennemi. Nous reconstruisons la patrie par le feu et par l’eau. »

Entre stratégie régionale, pression américaine, fermeté sécuritaire et attente insoutenable des familles d’otages, Israël joue une partie diplomatique à hauts risques, où chaque mot prononcé par ses émissaires à Washington peut faire basculer l’Histoire.

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