
Trump mise sur Damas : la Syrie bientôt dans les Accords d’Abraham ?
Trump veut rallier la Syrie aux Accords d’Abraham : pari risqué ou coup de maître diplomatique ?
Dans un revirement aussi inattendu que stratégique, Donald Trump a révélé vouloir intégrer la Syrie aux Accords d’Abraham, initiative de normalisation diplomatique entre Israël et plusieurs pays arabes, initiée en 2020 sous sa première présidence. Un projet audacieux qui pourrait bouleverser les équilibres régionaux.
Une proposition directe : entrer dans les Accords en échange de la levée des sanctions
C’est lors d’un échange rapporté par Fox News le 29 juin 2025 que l’ancien président a explicitement évoqué son intention de « charger davantage de pays » dans les Accords d’Abraham, citant la Syrie comme l’un des prochains États cibles.
Selon son attachée de presse Karoline Leavitt, Trump aurait conditionné la levée des sanctions contre la Syrie à sa signature de l’accord de paix avec Israël.
« Lorsque le président a rencontré le nouveau président syrien, c’était l’une des demandes : que la Syrie signe les Accords », a-t-elle affirmé.
Trump, fidèle à son style transactionnel, a défendu ce choix stratégique avec une formule choc : « On obtient plus avec du miel qu’avec du vinaigre ». Une manière de dire que les sanctions n’ont pas apporté les résultats escomptés et qu’une approche plus souple pourrait aboutir à un véritable changement (oui mais sans ses sanctions il n'y aurait pas eu de potentielles transactions (NDRL))
Rencontre historique avec Ahmed al‑Sharaa, nouveau visage de la Syrie
Le 24 juin dernier, Trump a rencontré Ahmed al‑Sharaa, président par intérim de la Syrie. Il s’agit de la première rencontre officielle entre un chef d’État syrien et un président américain depuis 25 ans, comme l’a souligné l’Associated Press.
Cette rencontre, soigneusement scénarisée, a eu lieu dans un climat de détente post-conflit entre Israël et l’Iran. La Syrie semble vouloir capitaliser sur ce moment de bascule pour retrouver un rôle diplomatique central.
Une communication orchestrée et des symboles très forts
À Jérusalem et Tel Aviv, des affiches géantes ont été déployées, montrant côte à côte Donald Trump, Benjamin Netanyahu et… Ahmed al‑Sharaa. Le message ?
La Syrie pourrait devenir le nouveau partenaire d’Israël dans un « Moyen-Orient renouvelé », selon les termes de Steve Witkoff, envoyé spécial de Trump pour la région, cité par le Jerusalem Post et Ynet.
Ces images ont provoqué un tollé dans une partie du monde arabe, mais elles marquent la volonté d’imposer visuellement un tournant historique : la fin de l’hostilité syrienne envers Israël.
Des conditions strictes imposées à Damas
Mais cette ouverture ne se fait pas sans contreparties. Trump exige de la Syrie :
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l’expulsion des groupes terroristes opérant sur son territoire, notamment les milices pro-iraniennes ;
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une coopération active en matière de lutte antiterroriste ;
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la mise en place de garanties sur la gestion des prisons de l’État islamique.
Ces exigences doivent permettre de rassurer Israël, mais aussi les États du Golfe qui observent de près ce rapprochement.
Une manœuvre géopolitique pensée comme un coup de filet post-guerre
Trump capitalise sur le climat né de la « guerre des 12 jours » entre Israël et l’Iran pour redessiner la carte du Moyen-Orient.
Pour lui, l’Iran est affaibli, Israël a renforcé sa position, et il est temps de transformer cette victoire militaire en opportunité diplomatique. Selon lui, la Syrie, longtemps considérée comme un paria, pourrait devenir un levier d’apaisement régional s’il parvient à la ramener dans le giron occidental.
Avant les bombes, l’espoir : Trump rêvait d’un Iran dans les Accords d’Abraham
Avant que les drones et missiles ne s’abattent sur Fordow, Natanz et Ispahan, Donald Trump caressait une ambition insensée : faire entrer l’Iran dans les Accords d’Abraham. « Iran était le problème principal… mais je pensais qu’il pourrait aussi vouloir rejoindre », a-t-il confié à Ynet.
Dans sa vision d’un Moyen-Orient recomposé, l’ancien président entendait troquer la pression par la promesse : fin des sanctions contre désarmement nucléaire et paix avec Israël.
L’offensive militaire de juin 2025 n’a été, selon lui, que la seconde option, déclenchée après l’échec d’ultimatums diplomatiques restés lettre morte.
La paix à la Trump, c’est d’abord un marché. Quand le marché échoue, la force parle.
Un pari osé, mais pas irréaliste
L’objectif est clair : faire de la réintégration de la Syrie dans la communauté internationale un trophée de politique étrangère pour sa nouvelle campagne présidentielle. Trump espère ainsi marquer un grand coup auprès de ses électeurs évangéliques pro-Israël, mais aussi auprès d’une opinion américaine lassée des conflits interminables au Moyen-Orient.
Le contexte international, lui aussi, semble propice. La Russie a réduit sa présence militaire en Syrie, l’Iran se recentre sur sa propre reconstruction après les frappes israélo-américaines, et le Qatar tente de jouer un rôle de médiateur discret. Le moment est stratégique.
Entre vision et provocation
Faire entrer la Syrie dans les Accords d’Abraham relève encore du défi diplomatique, mais Trump semble déterminé à faire de ce symbole l’acte fondateur d’un « second mandat de paix ». À ceux qui le traitent d’illusionniste, il répond par une stratégie : la normalisation comme arme de transformation. Et si le pari réussissait ?
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