
Le Hamas orchestre la mise en scène de la libération des otages : entre propagande et inquiétudes des Gazaouis
Le Hamas, toujours soucieux de maintenir son image malgré la guerre qui ravage la bande de Gaza, a transformé la libération des otages en un spectacle soigneusement orchestré.
Un commentateur proche de l’organisation terroriste affirme sans détour :
« Le choix des points de remise des otages n’est pas anodin et prouve que le Hamas contrôle toujours le territoire, malgré les coups subis. »
Mais cette démonstration de force ne fait pas l’unanimité : de nombreux habitants de Gaza s’inquiètent de ces mises en scène, redoutant qu’elles ne provoquent une nouvelle intervention israélienne. « Ces marches qu’ils organisent vont inciter Israël à revenir à Gaza. Et pourtant, ils sont incapables de protéger la population », s’insurgent certains Palestiniens
Une libération sous contrôle, mise en scène à des fins politiques
Contrairement au chaos de jeudi dernier, la libération de Yarden, Ofer et Keith, ce samedi, s’est déroulée dans un ordre quasi militaire.
Mais cet apparent calme ne doit rien au hasard : le Hamas a tout fait pour affirmer son emprise sur le territoire, assurant une zone stérile à son avantage.
L’objectif ? Ouvrir le passage de Rafah et donner un signal clair aux terroristes qui ont été relâchés dans la bande de Gaza. Pourtant, de plus en plus de voix s’élèvent au sein même de la population : « Pourquoi continue-t-il à organiser ces spectacles ? »
Dans plusieurs points stratégiques de Gaza, la mise en scène du Hamas était omniprésente. À Khan Younès, une pancarte rappelait l’attaque du 7 octobre contre le camp militaire de Ra’im. Partout, des images de hauts responsables militaires du Hamas éliminés pendant la guerre – Marwan Issa, Ahmed Randour, Ra’ed Thabet, Razi Abu Tamaa, Ayman Nofal et Rafat Salameh – côtoyaient des armes brandies et des colonnes de combattants alignés au port de Gaza.
Un des symboles les plus cyniques de cette propagande fut sans doute l’attribution à Keith Siegel de deux « sacs cadeaux », dont l’un destiné à sa femme Aviva, elle-même libérée en novembre 2023. Un geste lourd de sens, destiné à marquer l’opinion publique et à affirmer que le Hamas reste maître du jeu.
Une propagande méthodique et assumée
Le Hamas ne cache pas ses intentions et les promeut activement via ses relais médiatiques. Ibrahim al-Madhoun, commentateur proche de l’organisation terroriste, insiste sur la dimension stratégique du choix des lieux de remise des otages : « À chaque endroit où nous rendons un otage, un message est envoyé. Les sites choisis – Jabalia, l’hôpital al-Ma’amdani, la maison de Sinwar, le camp de réfugiés d’al-Shati et le port – ne sont pas des coïncidences. Ils confirment le contrôle du Hamas et sa flexibilité malgré les coups reçus. C’est une déclaration de souveraineté : le Hamas fixe les règles. »
Dans le même temps, la communication officielle du Hamas martèle le même message : « Nous avons libéré trois otages israéliens, dont un Américain, en échange de la libération d’une vague de prisonniers des prisons israéliennes. La remise des prisonniers a eu lieu sur une scène ornée des portraits de nos dirigeants martyrs et des membres du conseil militaire. C’est un message de loyauté et d’engagement : malgré les conditions difficiles, les Brigades Al-Qassam restent debout. »
Le Hamas tente également de justifier son traitement des otages en affirmant : « Malgré les circonstances, nous avons assuré à Keith Siegel, citoyen américain, tous les soins médicaux nécessaires. » Une déclaration destinée à l’opinion internationale, cherchant à masquer la réalité des traitements infligés aux otages durant leur captivité.
Les Gazaouis expriment leur colère : « Le Hamas nous met en danger »
Sur les réseaux sociaux, de nombreux Gazaouis expriment leur indignation face à ces mises en scène répétées qui, selon eux, ne font qu’aggraver la situation.
Taysir Tarban s’alarme : « Les marches du Hamas vont provoquer une invasion israélienne dans les prochains mois. Israël reviendra détruire les camps centraux et Gaza-ville, et des dizaines de milliers de personnes vont mourir. Le Hamas n’a aucun moyen de s’y opposer. Il ne pourra ni l’empêcher ni même le ralentir. Alors pourquoi continue-t-il ces spectacles s’il est incapable de protéger son peuple ? »
Un autre internaute s’interroge : « L’Égypte et la Jordanie essaient d’empêcher tout déplacement forcé des Palestiniens. Et pendant ce temps, le Hamas court à nouveau le risque de provoquer une nouvelle catastrophe. Que fait-il ? Il organise des marches pour remettre les otages, il accroche des banderoles, mais où est son véritable souci du peuple ? »
Jamal, un habitant de Gaza, met en garde : « Le Hamas agit comme s’il n’y aurait pas de reprise des combats. Pourtant, tout le monde sait que les négociations sont dans l’impasse et que la guerre peut reprendre à tout moment. Mais ils continuent leurs parades inutiles, ignorant que l’ennemi observe tout, jusqu’aux moindres détails. »
Une guerre qui n’a qu’un seul perdant : Gaza et ses habitants
La mise en scène du Hamas ne convainc pas tout le monde, et même certains de ses anciens partisans commencent à se retourner contre lui. Abu Na’al résume crûment la situation : « Le message du Hamas dans ces démonstrations militaires est clair : ‘Nous resterons ici demain.’ Mais la réalité est toute autre : le Hamas a gagné en restant, Israël a gagné en détruisant Gaza… et le seul vrai perdant, c’est Gaza et son peuple. »
Les ambitions politiques du Hamas entrent également en collision avec les enjeux régionaux. L’Arabie saoudite pose une condition claire aux États-Unis et à Israël :
« Aucun accord économique, et aucune normalisation, ne sera possible sans la création d’un État palestinien dans les frontières de 1967. » De leur côté, l’Égypte et la Jordanie ont immédiatement rejeté l’idée d’un déplacement massif des Gazaouis, exercant des pressions diplomatiques dès le début du conflit.
Mais, comme le dénoncent de nombreux observateurs, le Hamas semble être le meilleur allié involontaire des projets américains : « Il leur faut un Palestinien manipulable pour servir de prétexte à leurs décisions. Et ce Palestinien, c’est le Hamas : un mouvement aux idées simplistes, aux déclarations pleines de haine, qui croit encore être une force majeure à Gaza alors qu’il ne fait qu’accélérer la destruction de son propre peuple. »
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