Dans l'ombre des projecteurs : les cercles exclusifs de l'élite israélienne
Loin des regards indiscrets, des clubs fermés rassemblent l'élite de l'économie israélienne dans des villas confidentielles ou lors de retraites privées en Grèce. Ces cercles ultra-sélects offrent à leurs membres un espace où échanger des idées, conclure des affaires et renforcer leur influence. Mais intégrer ces cercles privilégiés relève du parcours du combattant : un processus de sélection drastique, des recommandations nécessaires et des frais d'adhésion de plusieurs milliers de shekels par mois.
L'essor des multimillionnaires en Israël : une élite en expansion
Israël abrite aujourd'hui 212 multimillionnaires détenant chacun une fortune nette supérieure à 100 millions de dollars, un chiffre en hausse de 62 % en une décennie, selon le rapport du cabinet Henley & Partners.
Cette ascension fulgurante confirme la place croissante du pays sur l'échiquier économique mondial. Alors que la classe moyenne se fragilise, l'élite s'étend, et avec elle, l'émergence de nouveaux espaces exclusifs pensés pour ces happy few.
Dans une époque dominée par le numérique, le besoin d'appartenance et de connexions humaines authentiques devient impératif, et les riches Israéliens n'y font pas exception. Ces cercles fermés fonctionnent comme de nouvelles tribus modernes, offrant soutien, opportunités et réseautage stratégique dans un monde en perpétuel mouvement.
Les bastions de l'exclusivité en Israël
Israël compte plusieurs clubs fermés inspirés des modèles internationaux. Le premier, le Mendy's Club, a été fondé en 1966 par les frères Rafi et Tedi Shauli à Tel-Aviv.
Depuis, d'autres cercles se sont créés, offrant à l'élite des espaces privés pour se retrouver et développer leurs affaires.
Villa Acadia, le sanctuaire secret d'Herzliya
Nouveau joyau de l'exclusivité, Villa Acadia, créée en 2022, reste confidentielle. Située dans l'ancienne villa de la famille Federman, propriétaire de la chaîne hôtelière Dan, ce club ultra-select propose un cadre intimiste face à une des plus belles plages d'Israël.
Pour 2 000 shekels par mois, les membres accèdent à un restaurant gastronomique mené par le chef Ido Edri, un spa, et des cours de shiatsu, yoga et tai-chi.
Des spectacles exclusifs avec des artistes tels que Jane Bordeaux et Noga Erez s'ajoutent aux soirées thématiques, facturées en supplément.
La discrétion y est reine : « La villa est le successeur spirituel du mythique club de Rafi et Teddy Shauli », confie un membre. Bar Refaeli y a même célébré son anniversaire. Parmi les autres membres figurent des figures politiques et économiques influentes comme Quentin Tarantino, Barak Rosen (PDG du groupe Israel Canada), et Dovi Frances, conseiller du Premier ministre en intelligence artificielle.
Soho House Jaffa : l'influence à l'international
Implanté à Jaffa il y a trois ans, Soho House Israel fait partie d’un réseau international de 42 clubs réservés à l'élite créative et entrepreneuriale. Pour un abonnement local à 666 shekels ou un pass mondial à 833 shekels, les membres accèdent à des conférences, ateliers et rencontres exclusives. Parmi les personnalités membres : Guy Pines, Netta Barzilai, Michael Aloni et Bel Agam.
The George, l'adresse confidentielle de Tel-Aviv
Géré par Ayel De Leo, fondateur de Soho House Israel, The George est un complexe hôtelier haut de gamme, orné de 1 000 œuvres d'art israéliennes. Le club propose un espace bien-être, des lieux de travail et un restaurant mené par le chef Barak Aharoni. Avec un accès à 40 autres clubs mondiaux, l'adhésion coûte 1 200 shekels par mois.
Les communautés d'affaires : au-delà du luxe, l'impact
Si ces clubs offrent un cadre somptueux, certains forums misent sur la création de valeur.
- YPO (Young Presidents Organization) : Réunissant 34 000 membres dans 140 pays, ce cercle ultra-exclusif impose un chiffre d'affaires important, un casier éthique impeccable et une nomination avant 45 ans. Coût d'adhésion : 10 000 dollars par an.
- Ximus : Fondé par Tomer Cohen et Yoav Ben Yakar, ce forum de 200 dirigeants exige 9 600 shekels annuels et propose des événements à impact, comme un networking dans un penthouse de la tour Shalom Meir à Tel-Aviv.
Les cercles philanthropiques : une stratégie d'influence
Au sommet de la pyramide sociale, certains cercles d’amis se dédient à la philanthropie et au soutien des institutions culturelles et médicales d’Israël. Inspirés des grandes associations d’amis de musées et hôpitaux prestigieux comme le Metropolitan Museum et le Guggenheim de New York.
Ces groupes offrent à leurs membres un accès privilégié à des contenus exclusifs, tout en participant au rayonnement de la culture et de la santé publique.
En Israël, les cercles d’amis des institutions incluent ceux du Musée de Tel-Aviv, du Musée d’Israël, du Musée du Design de Holon, de l’académie Shenkar et de la Bat Sheva Dance Company. Du côté médical, les hôpitaux Sheba, Schneider et Ichilov disposent eux aussi de leurs cercles d’amis influents.
L’adhésion à ces cercles donne accès à des privilèges exclusifs, comme des invitations à des expositions privées, des entrées gratuites aux musées et des événements inédits, souvent conçus pour les familles des membres.
Par exemple, le cercle d’amis de Bat Sheva, dirigé par Tamar Yasur, ancien PDG de Leumi Card et aujourd’hui président d’Isracard, ainsi que Dafi Levy-Weiss, épouse de l’investisseur Gigi Levy-Weiss, propose à ses membres d’assister à des répétitions exclusives, notamment celle du spectacle « Anaphase » de Ohad Naharin.
La cotisation varie entre 5 000 et 15 000 shekels par couple et par an.
Dans cette dynamique, des cercles destinés à la jeune génération ont vu le jour, permettant aux futurs leaders de s’impliquer dès aujourd’hui dans les institutions culturelles. Jason Arison, fils de Shari Arison, préside ainsi le Cercle des amis du Musée de Tel Aviv, avec une cotisation annuelle de 3 000 shekels par couple.
À ses côtés, Nili Forer Rabinowitz, fille des magnats de Bezeq, David et Michal Forer, et Miri Tochmeier, épouse de Assi Tochmeier, dirige le Cercle des amis de Shenkar, qui attire les passionnés de design pour 2 300 shekels par an.
Plus qu’un simple mécénat, ces cercles sont une stratégie d’influence permettant aux grandes familles israéliennes de renforcer leur réseau et leur héritage, tout en soutenant activement les institutions culturelles et de santé du pays. Ces cercles, entre privilèges et responsabilité sociale, démontrent que l’influence ne se limite pas aux affaires, mais s’inscrit également dans l’essor du patrimoine culturel et humanitaire d’Israël.
L'inspiration internationale : Davos, Saint-Barth et Sun Valley
Les événements internationaux tels que le Forum économique de Davos, Art Basel Hong Kong ou la conférence Sun Valley rassemblent les figures les plus influentes de la planète. Sur l'île ultra-exclusive de Saint-Barth, des magnats comme Bernard Arnault, Mike Tyson et Jennifer Lopez célèbrent le Nouvel An entre yacht et champagne.
Israël suit cette tendance en multipliant ses cercles de pouvoir. Plus qu'un club, ces espaces redéfinissent le réseautage, mixant influence, discrétion et stratégie dans un monde en perpétuel mouvement.
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