
Otages israéliens : un retour sous haute vigilance, entre douleur, dignité et reconstruction
Après deux ans d’une captivité inimaginable entre les mains du Hamas, Israël s’apprête à accueillir ses enfants comme on accueille des survivants d’un cataclysme. Le ministère du Travail social, en collaboration étroite avec les autorités locales, a mis en place un protocole exceptionnel, taillé pour l’humain, pensé pour le traumatisme, et construit pour la durée.
Une mobilisation nationale au chevet des rescapés
Alors que le pays retient son souffle dans l’attente du retour des otages toujours détenus à Gaza, le ministère du Travail social et de la Sécurité sociale a finalisé un plan d’accompagnement d’une ampleur inédite. « Nous attendons leur retour et nous nous engageons à leur fournir toute l’aide nécessaire », affirme la directrice générale adjointe des services sociaux, Eti Kisus, qui coordonne cette opération de réintégration hors norme.
Les équipes savent déjà que les séquelles seront profondes, physiques et psychologiques, souvent plus graves que celles observées lors des précédents retours. C’est pourquoi la réponse ne sera ni ponctuelle ni générique, mais personnalisée, progressive, et sans limite de durée.
Un protocole centré sur le traumatisme
Le cœur de cette stratégie repose sur un protocole d’accueil fondé sur l’expérience acquise lors des libérations précédentes, enrichi par des enseignements internationaux et des études sur le traitement du traumatisme. Il a été élaboré avec le concours des spécialistes du ministère et de l’Institut Haruv, et il vise à préparer les professionnels à affronter une détresse multiple : celle des corps meurtris, des esprits brisés, mais aussi des familles suspendues depuis deux ans à l’insupportable silence.
Cinq étapes ont été prévues : une préparation anticipée, les 24 premières heures, la phase hospitalière, une période transitoire d’un mois, et enfin un accompagnement à long terme, pour que le temps ne devienne jamais une barrière au soin.
Chaque famille suivie, chaque otage accompagné
Chaque ancien otage bénéficiera d’un dispositif de prise en charge individuel, comprenant :
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une assistante sociale dédiée,
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une infirmière coordinatrice de la caisse d’assurance maladie,
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un panier d’aide matérielle de première nécessité.
Mais le dispositif commence bien avant la libération. Depuis le 7 octobre, une travailleuse sociale est désignée pour chaque famille, choisie selon la résidence de l’otage, formée à l’histoire familiale, aux conditions de l’enlèvement, et au contexte psychologique de l’ensemble du foyer. Un accompagnement humain et contextualisé, pour éviter toute brutalité administrative.
Des hommes jeunes, parfois pères de famille
Les otages attendus sont, pour la plupart, de jeunes hommes, dont certains sont pères de jeunes enfants. Cette donnée cruciale a façonné toute la méthodologie. Les équipes se préparent à accueillir non seulement des survivants, mais aussi des pères brisés, qu’il faudra aider à renouer avec leur rôle parental dans un monde qu’ils ne reconnaîtront plus.
Des formations individualisées sont proposées aux familles, afin de les préparer émotionnellement à ce retour bouleversant. Rien n’est laissé au hasard : ni la gestion de la parole, ni celle du silence, ni les gestes à adopter pour éviter de réactiver le traumatisme.
Une promesse d’État : ne laisser aucun otage seul
« Nous avons mis l’accent sur les caractéristiques possibles des traumatismes, et nous avons également pris en compte la famille et les personnes importantes dans leur vie, comprenant qu’elles constituent un ancrage central dans le processus de réhabilitation », déclare Eti Kisus.
Car ici, le mot “retour” ne signifie pas “fin”, mais début d’un processus long, douloureux, incertain. Ce que l’État d’Israël promet à ses otages, ce n’est pas seulement un accueil, c’est un compagnonnage, une main tendue, un toit thérapeutique posé sur une plaie encore à vif.
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