
Historique : un accord inédit conclu entre Israël et le Hamas pour le retour des derniers otages
L’annonce officielle et son retentissement
« C’est un grand jour pour le monde arabe et musulman, Israël, tous les pays qui l’entourent et les États‑Unis d’Amérique », a déclaré Donald Trump, dans une publication sur son réseau Truth Social, peu après 2 h du matin (heure israélienne), annonçant un accord entre Israël et le Hamas.
Selon lui, cette « première phase » prévoit la libération prochaine de tous les otages, ainsi que le retrait des forces israéliennes sur « une ligne négociée », cristallisant ce qu’il présente comme « une première étape vers une paix solide et durable ».
En réponse, Benyamin Netanyahou a écrit sobrement sur le réseau X (ex-Twitter) : « Avec l’aide de Dieu, nous ramènerons tout le monde », sans plus de précisions.
L’annonce a immédiatement provoqué des réactions mêlées : d’un côté, l’enthousiasme prudent des familles des 48 otages encore détenus, exprimé via leur collectif officiel. Elles ont salué « le leadership et la détermination » du président Trump et mis en garde que « tout retard pourrait coûter cher aux otages et aux soldats ». De l’autre côté, une prudence sceptique — l’accord doit encore être soumis au vote du gouvernement israélien, et sa mise en œuvre effective reste incertaine.
La liesse des Palestiniens : une “victoire” célébrée dans les rues
Dès l’annonce de l’accord, les scènes de liesse ont éclaté dans les rues de Gaza et de plusieurs villes de Cisjordanie. Des klaxons fusaient, des chants retentissaient, des feux d’artifice improvisés illuminaient les quartiers, tandis que des foules brandissaient les portraits des prisonniers libérés. Des enfants, des femmes et des hommes, drapeaux à la main, scandaient : « Liberté ou mort ! »
Les médias palestiniens et les vidéos sur Telegram montrent des rassemblements enthousiastes, des marches victorieuses dans les camps de réfugiés et même des arcs de triomphe érigés pour « accueillir les héros » — ces prisonniers qui, aux yeux d’une grande partie de la population, symbolisent la résistance.
Le prix du sang : Israël contraint de libérer des assassins
Mais cette scène de victoire pour les uns représente un sacrifice déchirant pour les autres. Pour Israël, cet accord implique la libération de prisonniers condamnés pour des crimes odieux — attentats, meurtres de civils, complicité terroriste.
D’après des sources sécuritaires israéliennes citées par le Times of Israel, la liste soumise par le Hamas comprenait jusqu’à 602 prisonniers, dont 50 condamnés à la perpétuité pour des attentats meurtriers. Certains noms sont liés à des attaques qui ont laissé des familles israéliennes brisées à jamais.
Ce compromis heurte profondément une société israélienne déjà marquée par la douleur, la colère et l’incompréhension. Les familles des victimes dénoncent « un marchandage immoral » et réclament que « la justice pour les morts ne soit pas effacée par la diplomatie des vivants ».
Un contexte militaire et diplomatique lourd
L'accord historique intervient exactement deux ans après l’attaque du 7 octobre 2023 conduite par le Hamas contre le sud d’Israël, un jour marqué par des pertes massives — environ 1 200 morts selon les chiffres israéliens — et l’enlèvement d’environ 250 personnes, parmi lesquelles de nombreux civils.
Depuis lors, Israël a mené une opération militaire de grande ampleur dans la bande de Gaza, entraînant un bilan humain lourd : plus de 67 000 Palestiniens tués, selon les autorités médicales de Gaza, et des destructions massives des infrastructures civiles.
Les négociations ont été menées en coulisse par des médiateurs internationaux — le Qatar, l’Égypte et la Turquie — jouant un rôle déterminant dans la facilitation du dialogue entre Israël et le Hamas. Trump lui-même a remercié ces États « pour leur rôle dans cet événement historique et sans précédent ».
Selon Reuters, les négociateurs des deux parties ont déjà échangé les listes des otages et prisonniers concernés — une étape clé vers la concrétisation du mécanisme.
Ce que prévoit la « première phase » de l’accord
L’accord n’est pas un cessez-le-feu global, mais une « première phase » structurée. Elle inclut :
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la libération de tous les otages « très prochainement » ;
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le retrait des forces israéliennes jusqu’à une ligne prédéfinie ;
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un échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël ;
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l’ouverture des frontières de Gaza à l’aide humanitaire.
Trump a défini cette étape comme « la première pierre » d’un plan de paix plus ambitieux. Il a insisté : « Toutes les parties seront traitées équitablement. »
Le gouvernement israélien doit encore voter pour ratifier l’accord. Si la majorité s’y déclare favorable, la libération des otages devrait commencer dans les jours suivants l’approbation officielle.
Enjeux, doutes et défis
L’acceptation gouvernementale et les résistances internes
Pour Netanyahou, ce pourrait être une victoire morale autant que diplomatique. Mais au sein de sa coalition, certains font part de réticences : la libération d’otages est un impératif national, mais le retrait militaire de certaines zones de Gaza est perçu comme un risque stratégique. Certaines factions de droite avaient déjà menacé de quitter le gouvernement en cas de compromis jugé trop large.
Le scepticisme des familles d’otages
Le collectif des familles, tout en saluant cette avancée, a fermement rappelé que « notre combat n’est pas terminé et ne s’achèvera qu’avec le retour de la dernière personne enlevée ». Elles exigent une mise en œuvre rapide et sans délai, avertissant que tout retard pourrait « coûter cher ».
La défiance du Hamas et ses conditions
Le Hamas rappelle qu’il attend des garanties tangibles de la communauté internationale pour que l’État d’Israël respecte ses engagements. Il insiste notamment pour que le retrait militaire soit vérifiable et que l’aide humanitaire entre librement dans Gaza. Dans un communiqué, le mouvement a affirmé avoir signé « sur toutes les dispositions et les mécanismes de mise en œuvre de la première phase » du cessez-le-feu à Gaza, soulignant que « les détails seront annoncés ultérieurement ».
La prudence demeure également en ce qui concerne le désarmement futur du Hamas et le statut politique de Gaza après l’accord — des sujets non abordés dans cette phase initiale.
Une tournant possible — mais entaché d’incertitudes
Cet accord marque une avancée diplomatique rare dans un conflit marqué jusque-là par les échecs successifs des cessez-le-feu temporaires, les cycles de violence et le désespoir humanitaire.
Mais son succès dépend désormais de la capacité des parties à traduire les engagements en actes concrets, sans manipulation ni obstruction. Le scrutin au gouvernement israélien sera déterminant, tout comme la pression internationale pour garantir la transparence et l’impartialité dans la mise en œuvre.
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