Le réveil miraculeux d’une graine endormie depuis 2000 ans en Israël.

Lorsque la nature reprend son manteau vert et que les couleurs des pétales éclatent, c’est un spectacle aussi majestueux que mystérieux. Après un long sommeil, les graines des plantes se préparent à émerger de la terre pour participer à la grande symphonie estivale qui apaise et guérit nos âmes.

Thor Hansen, biologiste américain, compare chaque graine à un bébé qui dort avec son repas.

Il suffit simplement de réveiller ces « bébés dormants » dans les bonnes conditions pour voir éclore de nouvelles vies.

Certaines graines sont des champions de la résilience, capables de somnoler pendant des milliers d’années avant de s’éveiller.

Des graines de lupin arctique vieilles de plus de 10 000 ans ont déjà germé, découvertes dans des terriers de lemmings au Yukon. Ces graines, gelées depuis le Néolithique, ont entamé leur long sommeil bien avant que nos ancêtres ne construisent les premières civilisations.

Pourtant, l’histoire fascinante que je souhaite partager est celle des graines de dattes retrouvées lors des fouilles de la forteresse de Massada.

Avant d'explorer cette histoire, un bref retour en arrière s'impose.

La forteresse naturelle de Massada, devenue un site touristique emblématique en Israël, se dresse fièrement au sommet d’une falaise spectaculaire dans le désert de Judée.

Érigée vers 35 av. J.-C. par le roi Hérode le Grand, elle fut plus tard le théâtre d'une résistance acharnée des Sicaires, des rebelles juifs qui défiaient ouvertement la domination romaine.

Lorsque l'Empire romain envoya le général Lucius Flavius ​​Silva pour mater la rébellion, un siège prolongé s'ensuivit.

Les Romains mirent des mois à édifier une rampe colossale pour escalader la falaise et s'emparer de la forteresse. Mais avant leur arrivée, l'histoire rapporte que les habitants de Massada choisirent le suicide plutôt que la reddition.

Massada, légendaire et empreinte de symboles, est devenue un mythe fondateur dans la culture juive.

Après avoir été occupée par des moines chrétiens, la forteresse tomba dans l'oubli jusqu'à sa redécouverte en 1828 et les fouilles ultérieures en 1963, qui révélèrent des artefacts exceptionnels, dont les graines du palmier dattier de Judée, disparu depuis des siècles.

La découverte de ces  graines de palmier est d'autant plus remarquable que le palmier dattier de Judée était une espèce disparue depuis longtemps de la région.

Après leur découverte, des chercheurs et des scientifiques, comme Sarah Sallon et Elaine Solowey, se sont intéressés à la possibilité de faire germer ces graines anciennes.

Grâce à des techniques de préservation et de culture adaptées, elles ont réussi à stimuler la germination de certaines de ces graines, ce qui a conduit à la réapparition de cette espèce végétale remarquable après des millénaires d'extinction.

Cette découverte a suscité un vif intérêt dans le monde scientifique en raison de son potentiel pour ramener à la vie des espèces anciennes et pour mieux comprendre les capacités de survie des plantes face aux défis environnementaux et climatiques.

C'est exactement en 2005, Sarah Sallon et Elaine Solowey entreprirent l'aventure audacieuse de faire germer ces graines anciennes.

Elles réussirent à faire pousser un palmier dont l'âge, estimé par datation au carbone 14, était compris entre 1800 et 2200 ans.

Surnommé Mathusalem en hommage au personnage biblique qui vécut 969 ans, cet exploit fut salué à travers le monde scientifique.

Malgré l'excitation, le premier plant fut un mâle, nécessitant une partenaire pour donner des fruits. Heureusement, d'autres palmiers émergèrent en 2020, incluant des femelles, offrant ainsi l'espoir de fruits dans les années à venir.

Ainsi, le dattier de Judée, nommé scientifiquement Phoenix dactylifera, ressuscite comme un phénix des cendres de Massada. Comme l'a si bien dit Charles Tisseyre, « Les plantes sont fascinantes ! »