
L’indifférence de la communauté haredi face à la guerre actuelle : une introspection nécessaire
Un incident révélateur lors d’un mariage
Lors du mariage du fils du directeur de la Yeshiva “Ateret Shlomo”, une vidéo a été diffusée montrant des étudiants chantant avec enthousiasme un hymne des factions extrémistes, adapté aux questions actuelles.
Les paroles proclamaient : “Nous ne croyons pas au règne des infidèles et ne nous présentons pas à leurs bureaux”, tandis que l’orchestre sur scène accompagnait cette déclaration provocante.
Ces mots, bien plus qu’une simple provocation, traduisent un rejet ouvert des institutions israéliennes, illustrant une fracture inquiétante entre cette frange de la société haredi et le reste de la population.
Cet épisode a suscité un profond malaise dans une société israélienne marquée par la guerre, où chaque citoyen est amené à faire des sacrifices pour la survie de la nation.
Un contraste avec les sacrifices de certains membres de la communauté
Cet incident contraste fortement avec les actes héroïques de certains membres de la communauté haredi.
Par exemple, les frères Kalmanzon, fils d’un directeur de yeshiva, ont courageusement affronté le danger. De même, le capitaine Amitaï Granot, également fils d’un directeur de yeshiva, est tombé au combat à la frontière nord.
Elisha Medan, un autre fils de directeur de yeshiva, a perdu ses deux jambes lors d’un affrontement à Beit Hanoun.
D’autres érudits tels que Saadia Derai, Elisha Levinshtein, le rabbin Avi Goldberg et Yedidya Eliyahu ont également sacrifié leur vie dans les combats.
Ces hommes, malgré leur enracinement dans le monde religieux, ont choisi de défendre Israël avec leur sang, prouvant ainsi que l’étude et la piété ne doivent pas être synonymes de désengagement national.
Une attitude perçue comme ingrate et insensible
Le comportement observé lors du mariage est perçu comme une manifestation d’arrogance, d’ingratitude et d’insensibilité au sein de la communauté haredi.
Certains membres semblent totalement indifférents au fardeau, à la douleur et à l’inquiétude qui pèsent sur les familles israéliennes.
Cette attitude soulève des questions cruciales sur leur rôle dans la société : peut-on se considérer comme partie intégrante d’un peuple tout en refusant d’en partager les épreuves ?
L’auteur de l’article exprime son indignation face à ce fossé qui se creuse de plus en plus.
“Regarder ces jeunes danser et chanter sur une scène alors que tant de foyers israéliens sont plongés dans le deuil me serre le cœur. Nous avons perdu trop de jeunes, trop de pères et de fils, pour tolérer cette indifférence flagrante. Comment est-il possible de célébrer ainsi, sans même un instant de recueillement pour ceux qui ne rentreront jamais à la maison ?” "Certains continuent à vivre dans une bulle spirituelle imperméable à la réalité."
Les principes fondamentaux du judaïsme remis en question
Le principe central de la Torah, selon Rabbi Akiva, est “Tu aimeras ton prochain comme toi-même”. Hillel l’Ancien a également résumé la Torah en disant : “Ce qui est odieux pour toi, ne le fais pas à ton prochain.”
Or, l’attitude de certains groupes ultra-orthodoxes s’éloigne dangereusement de ces préceptes fondamentaux.
“Je suis profondément croyant, mais je refuse d’accepter que la Torah puisse être utilisée comme un bouclier pour se dérober aux devoirs les plus élémentaires. Si aimer son prochain ne signifie pas partager son chagrin, alors avons-nous vraiment compris l’essence du judaïsme ?”
La réalité des familles affectées par la guerre
Chaque jour, des milliers de familles israéliennes vivent dans la peur.
Des épouses attendent un mari qui ne reviendra peut-être jamais, des enfants grandissent sans leur père, des mères pleurent leur fils tombé au combat.
Dans ce contexte, voir certaines communautés se comporter comme si rien ne s’était passé est une douleur supplémentaire.
“Je ne peux m’empêcher de penser à ces femmes, à ces enfants qui attendent un coup de fil qui ne viendra plus jamais. Comment peuvent-ils supporter d’entendre les échos de fêtes, de voir des mariages somptueux et des jeunes insouciants danser, alors qu’eux vivent un cauchemar éveillé ?”
La fracture entre ceux qui portent le fardeau et ceux qui s’en excluent volontairement est une blessure ouverte dans la société israélienne.
Une perspective talmudique sur le sacrifice
Le Talmud raconte l’histoire d’un amoraï qui a vécu une expérience de mort imminente. À son retour, il a décrit le monde à venir comme un “monde inversé” :
"Ceux qui ont consacré leur vie aux autres occupent les places les plus élevées.Tandis que ceux qui ont vécu en ne pensant qu’à leur propre salut spirituel se retrouvent en bas de l’échelle."
“J’ai grandi en écoutant ces enseignements. Je me suis toujours dit que les sages savaient de quoi ils parlaient. Alors pourquoi aujourd’hui, certains semblent ignorer cette leçon fondamentale ? Pourquoi certains se permettent-ils d’ignorer la souffrance de leurs propres frères ?”
Cette question, à la fois spirituelle et morale, reste en suspens.
Un appel à la solidarité et à l’empathie
Le peuple d’Israël traverse une période critique. Chaque citoyen devrait se sentir concerné par le sort de la nation.L’amour du prochain ne peut pas être un simple concept théorique. Il doit se traduire par des actes concrets.
“Nous sommes un peuple, une seule nation. Nos différences ne devraient pas nous diviser, mais nous enrichir. Aujourd’hui, plus que jamais, nous devons nous serrer les coudes. Parce que si nous ne nous soutenons pas les uns les autres, alors qui le fera ?”
La communauté haredi a une place essentielle dans la société israélienne. Mais elle doit comprendre que le destin du peuple juif ne peut être porté par une seule partie de la population. Il est temps de combler ce fossé, de restaurer l’unité et de bâtir une société où chaque individu, quelles que soient ses convictions, participe à l’effort collectif.
Auteur : Amichai Atali
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