
L’Iran entre représailles avortées et relance de son programme nucléaire : Fordow en reconstruction, Ormuz épargné ?
La stratégie offensive de Téhéran pendant la guerre contre Israël semble avoir été contenue, mais ses ambitions nucléaires restent intactes. Alors que les États-Unis redoutaient une escalade majeure avec la fermeture du détroit d’Ormuz, les autorités iraniennes ont, dans l’ombre, entamé la remise en état du site nucléaire de Fordow, gravement endommagé par des frappes américaines.
Une vengeance annoncée mais non exécutée
Selon une révélation exclusive de l’agence Reuters, l’Iran avait discrètement chargé des mines navales sur des bâtiments militaires dans le golfe Persique au plus fort de la guerre de douze jours contre Israël.
Cette manœuvre, détectée à temps par les services de renseignement américains, faisait craindre le pire : la fermeture stratégique du détroit d’Ormuz, par où transite environ 20 % du gaz naturel et du pétrole mondial. Un tel acte aurait bouleversé l’économie planétaire.
Les mines, bien que chargées à bord, n’ont finalement pas été larguées, et l’on ignore toujours si elles ont été désamorcées. Washington y voit le signe que Téhéran envisageait bel et bien une action de grande envergure, mais pourrait avoir reculé face à la menace d’un embrasement régional incontrôlable.
« Le chargement des mines, même sans leur utilisation, pourrait refléter une volonté de dissuasion ou une tentative sérieuse de bloquer une voie commerciale vitale », estime un haut responsable sécuritaire occidental cité par Reuters.
Par ailleurs, selon ce même rapport, le Parlement iranien aurait approuvé une attaque contre l’Égypte, mais le pouvoir exécutif s’y serait opposé, conscient des répercussions internationales dramatiques qu’une telle décision pourrait entraîner.
Fordow : une centrale nucléaire sous perfusion
Sur un autre front, moins visible mais tout aussi stratégique, l’Iran a commencé à réparer le site nucléaire de Fordow, endommagé par douze bombes perforantes MOP larguées par les États-Unis.
Situé dans une montagne au sud de Téhéran, le complexe souterrain enrichit de l’uranium, activité hautement sensible dans le cadre du programme nucléaire iranien.
David Albright, expert en prolifération nucléaire et ancien inspecteur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a dévoilé cette nuit une analyse détaillée de nouvelles images satellites. Il y décrit une phase de remise en état progressive, encore limitée aux travaux de dégagement et d’évaluation des dégâts.
« Les Iraniens ont réussi à dégager la zone autour du tunnel est du complexe, permettant désormais l’accès des véhicules. Le bâtiment d’entrée a été détruit, mais les camions de déblayage sont visibles », souligne-t-il.
Deux puits de ventilation endommagés apparaissent sur les images, recouverts temporairement, tandis qu’une route d’accès fraîchement tracée mène à l’un d’eux, signe tangible de l’intention de relancer les activités. « Ces puits sont essentiels pour les opérations souterraines. Leur réparation est une condition sine qua non pour la reprise de l’enrichissement », affirme Albright.
Une controverse persistante sur l’étendue des dégâts
L’administration américaine maintient que le site de Fordow a été détruit, mais plusieurs analystes et responsables du renseignement contestent cette version, affirmant qu’il n’a été que partiellement endommagé. Les activités nucléaires pourraient donc reprendre, renforçant les soupçons sur l’engagement réel de l’Iran à respecter les limites de l’accord sur le nucléaire.
Dans ce contexte, le président iranien a entériné une loi votée par le Parlement mettant fin à la coopération avec l’AIEA, marquant un nouveau point de rupture avec la communauté internationale. Cette décision, lourde de conséquences, éloigne encore davantage toute perspective de négociation, tandis que le spectre d’un Iran nucléaire réémerge avec acuité.
Téhéran aurait reculé, mais n’a pas renoncé. Le scénario d’une confrontation directe dans le détroit d’Ormuz n’a pas eu lieu, mais les signaux envoyés, tant sur mer que sous terre, montrent une puissance iranienne toujours prête à jouer la carte de la provocation, dans l’ombre d’un arsenal nucléaire en gestation.
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