
Cessez-le-feu sans retour de tous les otages : l’angoisse d’une mère israélienne face à l’accord partiel accepté par Israël
« Nous savons qu’il est en vie, mais Israël l’a abandonné » : l’appel bouleversant de la mère de Matan Engerst
Alors que les négociations sur le retour des otages israéliens détenus par le Hamas semblaient progresser, une ombre inquiétante plane sur le sort des soldats capturés.
Mercredi soir, Donald Trump annonçait que « l’État d’Israël a accepté les termes d’un cessez-le-feu de 60 jours », appelant le Hamas à valider à son tour cette offre. Mais derrière cette avancée diplomatique affichée, une douleur sourde continue de hanter les familles des otages, et notamment celle de Matan Engerst, jeune soldat enlevé le 7 octobre.
Sa mère, Anat Engerst, ne décolère pas. « Je sais que mon fils a été abandonné par le passé, j’ai des documents à l’appui », affirme-t-elle avec fermeté. Au micro de la journaliste Nesli Barda, elle livre un témoignage d’une intensité rare, mêlant colère, détresse et accusation directe contre les autorités israéliennes.
Des promesses rompues, des vies en suspens
Le plan américain, conçu par Steve Witkoff, l’envoyé spécial pour le Moyen-Orient de Trump, prévoit un accord en plusieurs phases. Mais ce morcellement du processus indigne Anat Engerst. « Je ne comprends pas comment nous sommes parvenus à un accord partiel. Après la campagne en Iran, on nous disait qu’un accord global était sur la table », s’étonne-t-elle, la voix brisée.
Les familles redoutent une sélection insoutenable entre les otages, comme si un tri était à nouveau opéré selon des critères indéchiffrables. « Comment peut-on encore parler de “Listes de Schindler” un an et neuf mois après le début de cette tragédie ? », s’indigne-t-elle, évoquant l’impression glaçante que certains captifs seraient jugés plus “récupérables” que d’autres.
Un calvaire dissimulé pendant des mois
Anat Engerst affirme avoir mené sa propre enquête pour connaître le sort de son fils, face à un silence qu’elle qualifie de complice. « Il y a des preuves tangibles à son sujet, dont certaines nous ont été cachées pendant des mois », confie-t-elle. « Ils nous ont avoué que son état était difficile, qu’il avait subi des interrogatoires d’une brutalité inouïe. Les descriptions qu’on nous a faites sont horribles ».
Derrière les portes closes, certains aveux ont fendu le mur de l’indifférence. « Ils ont admis avoir renoncé à Matan parce qu’il est soldat », affirme-t-elle, bouleversée. Et d’ajouter : « Ils savaient qu’il était gravement blessé, qu’il serait handicapé à vie s’il n’était pas soigné rapidement, qu’il avait été relié à des appareils électriques et extrait des tunnels à plusieurs reprises pour ne pas mourir. Et malgré tout cela, le Premier ministre l’a abandonné ».
Un gouvernement moralement démissionnaire ?
La colère de cette mère s’abat sans détour sur les plus hauts responsables du pays. « C’est un certificat de pauvreté morale que porte désormais le Premier ministre israélien », tonne-t-elle, citant nommément les ministres Ben Gvir et Smotrich, accusés de bloquer l’accord. Selon elle, « dix personnes vont être relâchées, mais la moitié d’entre elles sont déjà mortes. C’est insupportable ».
Elle espère désormais que Donald Trump saura « faire pression pour parvenir à un accord véritable ». Elle salue en revanche l’attitude du chef d’état-major, « le seul dont je suis fière aujourd’hui », qui, selon elle, tente de freiner la course insensée à l’oubli.
Ramener Matan, un devoir d’honneur
Dans un ultime appel au Premier ministre, Anat Engerst replace l’affaire sur le plan de la responsabilité historique : « J’espère sincèrement qu’il considérera le retour d’un soldat israélien blessé qui a combattu à ses côtés le 7 octobre comme une victoire. Ramener Matan sous le drapeau israélien est une victoire. J’espère qu’il œuvrera pour son retour. »
En Israël, où chaque nom d’otage résonne comme une prière étouffée, le cas de Matan Engerst devient un symbole de la douleur des familles, de la complexité politique et de la tragédie humaine que personne n’ose affronter de face.
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