La vérité derrière la « nouvelle brigade ultra-orthodoxe » : une illusion ou une réalité ?
L'idée de recruter massivement les ultra-orthodoxes dans l'armée israélienne, par le biais de la création d'une « nouvelle brigade ultra-orthodoxe », est en train de susciter un débat houleux.
Cette initiative, présentée par certains comme une solution miracle, révèle surtout un profond manque de compréhension de la réalité ultra-orthodoxe.
En effet, au sein de l'armée, certains affirment que le programme « Netzach Yehuda » a échoué, mais en réalité, commandants et recrues tentent de s'attribuer les succès de ce programme sans admettre ses difficultés.
L'histoire de cette « nouvelle brigade ultra-orthodoxe » commence à faire grand bruit.
Selon certaines publications, des milliers de convocations auraient déjà été envoyées, et d'autres sont en cours de préparation.
Les gros titres parlent déjà de la composition de cette brigade, avec des promesses concernant la place des femmes, l'utilisation des téléphones, les prières, et l'étude de la Torah.
Pourtant, ceux qui connaissent bien le monde ultra-orthodoxe savent que cette initiative n'est rien de plus qu'une tromperie ou, au mieux, une illusion que certains essaient de vendre au public laïc et national-religieux comme une avancée majeure.
Commençons par le point essentiel : si le public ultra-orthodoxe ne s'est pas massivement mobilisé jusqu'à présent, ce n'est pas parce que l'armée ne leur a pas envoyé de convocations.
Les différences fondamentales qui existent entre les ultra-orthodoxes et l'armée israélienne ne sont pas seulement religieuses, mais aussi sociales, culturelles, et bien plus encore.
Au lieu de faciliter l'intégration des ultra-orthodoxes dans l'armée, cette politisation a renforcé l'idée que l'armée est une sorte d'« ennemi » pour ce groupe.
Il existe depuis des années divers efforts pour intégrer les ultra-orthodoxes dans les rangs de Tsahal, notamment par l'association « Netzach Yehuda », qui est sans doute l'initiative la plus aboutie dans ce domaine.
Cette association dispose d'un système complet de soutien pour les ultra-orthodoxes qui choisissent de s'enrôler, depuis la phase de recrutement jusqu'au soutien physique, en passant par la formation professionnelle et l'accompagnement continu.
Cependant, l'armée n'est que très peu impliquée dans ces efforts : seulement 5 % du budget de « Netzach Yehuda » provient de Tsahal, le reste étant financé par des donateurs privés.
Grâce à ces efforts, environ 10 % du secteur ultra-orthodoxe a été recruté.
Toutefois, lorsque le gouvernement a tenté de forcer le recrutement avec la loi Lapid en 2014, le nombre de recrues ultra-orthodoxes a chuté de manière drastique, et il n'a jamais retrouvé son niveau précédent.
En 2014, le bataillon « Netzach Yehuda » était le plus grand de Tsahal.
Aujourd'hui, une décennie plus tard, malgré une croissance démographique de 7 % par an dans le secteur ultra-orthodoxe, le nombre de soldats ultra-orthodoxes dans « Netzach Yehuda » et dans d'autres unités comme Tomer et Arrow à Givati et Tsanchanim
a chuté de 10 %.
En réalité, Tsahal n'a jamais vraiment investi dans le recrutement des ultra-orthodoxes.
Le projet « Shahar », par exemple, était également une initiative privée, lancée par l'ancien rabbin de l'armée de l'air, le lieutenant-colonel Rami Rabed, qui a ensuite démissionné en signe de protestation contre les manquements de Tsahal à respecter les accords conclus lors de la création de Shahar.
Aujourd'hui, ceux qui connaissent bien la situation savent qu'il s'agit là d'une pure illusion.
Aucun étudiant de yeshiva ne rejoindra cette brigade ultra-orthodoxe.
De plus, dans le contexte actuel de tension au sein de la communauté ultra-orthodoxe, et après les directives explicites des rabbins de ne pas répondre aux convocations et de ne pas s'enrôler, même ceux qui ne sont pas officiellement en formation religieuse ne rejoindront pas cette brigade.
Alors, comment l'armée compte-t-elle recruter pour cette « brigade ultra-orthodoxe » ?
La réponse est simple : en persuadant les officiers et commandants de « Netzach Yehuda » de rejoindre cette nouvelle unité, ainsi qu'en tentant de convaincre les recrues actuelles de quitter « Netzach Yehuda » pour intégrer cette brigade.
Pour justifier cette démarche, une campagne d'information a déjà été lancée pour discréditer « Netzach Yehuda », en prétendant que ce programme a échoué à recruter des ultra-orthodoxes.
Pourtant, ceux qui connaissent bien la situation savent que ce que « Netzach Yehuda » a réussi à accomplir est bien au-delà de ce que les « experts » de cette nouvelle brigade ont pu imaginer.
Prenons, par exemple, les promesses concernant les « téléphones casher pour les commandants ».
Aujourd'hui, la plupart des étudiants ultra-orthodoxes possèdent déjà un smartphone personnel, rendant cette promesse obsolète.
En somme, cette nouvelle brigade ultra-orthodoxe semble être vouée à l'échec.
Ceux qui la dirigent sont les mêmes qui n'ont pas réussi à recruter des ultra-orthodoxes par le passé, et leur nouvelle stratégie repose sur des illusions.
Le véritable échec sera imputable au chef de l'ACA, qui a soutenu cette initiative sans comprendre les réalités du terrain.
Ce bataillon « Netzach Yehuda », au fil des années, a sauvé plus de 20 000 jeunes issus de foyers ultra-orthodoxes, les a emmenés dans l'armée et en a fait des combattants.
Il ne faut pas détruire le bataillon « Netzach Yehuda » par des illusions dans le but de créer quelque chose de nouveau et de soi-disant meilleur.