Dans une interview posthume inédite, nous avons eu l'incroyable opportunité de converser avec l'ancienne Première ministre d'Israël, Golda Meir.

Avec une touche d'humour et une sagesse intemporelle, elle revient sur les triomphes et les tragédies de son mandat, offrant des perspectives fascinantes sur les défis actuels d'Israël. Réflexions profondes, avec l'une des figures les plus emblématiques du XXe siècle.

Alliance-Magazine : C'est avec un immense respect que je me permets de vous adresser ces questions. Je ne sais pas si dans le monde où vous évoluez à présent vous avez une vision de ce qui se passe dans votre beau et cher pays, Israël.

La situation a été tragiquement bouleversée par l'attaque terroriste du Hamas : 3500 terroristes ont envahi la zone sud de Gaza, 1200 civils ont été assassinés et plus de 300 otages ont été pris. Vous avez vécu la guerre de Kippour, pouvez-vous nous dire quelles sont les perspectives pour Israël ?

Golda Meir : La situation actuelle en Israël est effectivement déchirante et rappelle les moments sombres de la guerre de Kippour en 1973.

À cette époque, Israël a été pris par surprise par une attaque coordonnée de l'Égypte et de la Syrie, au moment où la nation observait le jour le plus sacré du calendrier juif, Yom Kippour.
Les premières heures ont été catastrophiques, avec des pertes humaines importantes et un sentiment d'impuissance généralisé. Nous avons dû mobiliser nos forces rapidement et, malgré les difficultés initiales, la résilience du peuple israélien a été remarquable.

Je me souviens de nuits entières passées dans le bunker du gouvernement, à prendre des décisions cruciales avec mon équipe. L'un des moments les plus critiques a été lorsque nous avons envisagé de préparer notre arsenal nucléaire, tant la situation semblait désespérée​.

Cependant, grâce à la ténacité de nos soldats et à l'aide de nos alliés, nous avons pu repousser les forces ennemies et sécuriser notre territoire. Aujourd'hui, Israël doit rester vigilant et uni, en s'appuyant sur cette même détermination et solidarité. Les défis sont immenses, mais l'histoire nous a montré que nous pouvons surmonter les obstacles les plus insurmontables.

Alliance -Magazine: Pour vous, le peuple palestinien n'existait pas, pensez-vous aujourd'hui la même chose ?

Golda Meir : Durant mon mandat, j'ai souvent exprimé des opinions controversées sur l'existence d'une identité palestinienne distincte.
À cette époque, ma principale préoccupation était la survie d'Israël dans un environnement hostile, et les revendications territoriales étaient un sujet de tension. Les années 60 et 70 étaient marquées par une série de guerres et de conflits armés où la priorité était la sécurité de notre jeune nation.

J'ai souvent dit que « le peuple palestinien n'existait pas » pour souligner que, historiquement, les revendications territoriales étaient partagées entre différents groupes arabes sans une identité palestinienne distincte reconnue internationalement.

Cependant, avec le recul, je comprends que cette vision était limitée et que la reconnaissance mutuelle et la coexistence pacifique sont essentielles pour une paix durable. Aujourd'hui, les réalités géopolitiques et humaines ont évolué, et il est nécessaire de trouver des solutions justes et équitables pour tous les peuples de la région.

Alliance-Magazine : Pensez-vous qu'après le massacre des Israéliens par le Hamas, élu par les Palestiniens, la solution à deux États soit possible ?
La politique palestinienne est d'éradiquer Israël et son peuple. Pensez-vous qu'ils veuillent la paix ou la destruction d'Israël pure et simple ?

Golda Meir : La question de la solution à deux États est complexe et a été au cœur des discussions de paix depuis des décennies.
Lorsque j'étais Première ministre, la priorité était la sécurité d'Israël face à des menaces existentielles. Le Hamas, qui a été élu par une partie des Palestiniens en 2006, a depuis lors mené des actions terroristes visant à déstabiliser et à attaquer Israël. Leur charte et leurs actions montrent clairement une intention de détruire Israël, plutôt que de chercher une coexistence pacifique​ .

Cependant, il est crucial de distinguer les dirigeants du Hamas de la population palestinienne dans son ensemble. Beaucoup de Palestiniens souhaitent une vie en paix, avec des opportunités économiques et sociales pour leurs familles.

La radicalisation et la violence alimentent la haine et la méfiance, mais il y a également des voix modérées des deux côtés qui aspirent à une solution pacifique.

Mais pour que la solution à deux États soit viable, il est impératif que les deux parties renoncent à la violence et s'engagent sincèrement dans le processus de paix. Cela nécessite un leadership courageux et une volonté de faire des compromis douloureux mais nécessaires.​

Alliance Magazine : Que pourriez-vous dire aux Israéliens aujourd'hui face à ces nouvelles menaces ?

Golda Meir : Aux Israéliens, je dirais de ne jamais perdre espoir et de continuer à défendre leur pays avec courage et détermination.
Je me souviens de l'immense pression que nous avons ressentie lors de la guerre de Kippour, et du désespoir qui nous envahissait lorsque nos défenses semblaient s'effondrer.
Mais ce qui m'a toujours impressionnée, c'est la capacité du peuple israélien à se relever, à se mobiliser et à faire face aux adversités avec une force incroyable.

Pendant la guerre de Kippour, j'ai vu des jeunes soldats se battre avec un courage héroïque, des familles sacrifier leur confort pour soutenir l'effort de guerre, et une nation entière se rallier autour de la cause commune.

C'est cet esprit de solidarité et de résilience qui a permis à Israël de surmonter les moments les plus difficiles. Aujourd'hui, cette même force est nécessaire. La vigilance, la préparation et la solidarité sont essentielles. Les leçons de notre histoire montrent que, malgré les défis, Israël peut et doit rester un bastion de courage et d'espoir​ .

Alliance-Magazine : Quelle est votre meilleur souvenir en tant que Premier ministre d'Israël et aussi votre pire souvenir ?

Golda Meir : Mes années en tant que Premier ministre d'Israël ont été marquées par des moments de grande fierté et de profond désespoir.

Parmi les meilleurs souvenirs, je me rappelle avec une immense fierté la signature de l'accord de cessez-le-feu avec l'Égypte en 1974, après la guerre de Kippour. Cet accord a non seulement mis fin à un conflit dévastateur, mais il a également ouvert la voie à une future paix, bien que fragile et difficile à maintenir.

Savoir que nos efforts diplomatiques ont permis de sauver des vies et de renforcer la sécurité de notre nation reste un moment fort de mon mandat.

D'un autre côté, le pire souvenir de mon temps en tant que Premier ministre est indéniablement les premiers jours de la guerre de Kippour en 1973.

Le choc de l'attaque surprise, la rapidité avec laquelle nos défenses ont été submergées, et les lourdes pertes humaines ont été des moments de désespoir immense.
Je me souviens des nuits passées sans sommeil, dans une angoisse constante, à prendre des décisions cruciales pour la survie de notre nation. Le sentiment de responsabilité envers chaque vie perdue était accablant.
La vision des familles endeuillées et des soldats tombés au combat a laissé une marque indélébile dans mon cœur.

Ces souvenirs, bons et mauvais, ont façonné ma vision de ce que signifie être un leader en temps de crise. Ils m'ont appris l'importance de la résilience, de la diplomatie, et de la foi inébranlable en notre capacité à surmonter les défis les plus ardus.

Merci à vous Chère Golda Meïr

Amin Bellatreche né le 15/03/1972 à Alger.
Domicile : 5 allée du ménétrier 77500 Chelles 
Loyers impayés.