Corruption à la Histadrout : le syndicat le plus puissant d’Israël dans la tourmente

Actualités, Alyah Story, Antisémitisme/Racisme, Contre la désinformation, International, Israël - le - par .
Transférer à un amiImprimerCommenterAgrandir le texteRéduire le texte
FacebookTwitterGoogle+LinkedInPinterest
Corruption à la Histadrout : le syndicat le plus puissant d’Israël dans la tourmente

« Séisme » à la centrale syndicale israélienne : ce que l’on sait

La maison syndicale la plus influente d’Israël est secouée par une affaire de corruption d’ampleur inédite. Dans la matinée du lundi, la police a mené des perquisitions simultanées dans les locaux de la Histadrut, et aux domiciles de plusieurs hauts responsables, dans le cadre d’une enquête qualifiée de « séisme en matière de corruption publique ». 

Le secrétaire général de la Histadrut, Arnon Bar‑David, ainsi que son épouse, et un courtier en assurances de haut rang considéré comme l’un des pivots du dossier, ont été placés en garde à vue. Une trentaine d’autres personnes sont concernées — maires, cadres de la Histadrut, avocats — et font l’objet d’interrogatoires approfondis. 

Un système « donnant-donnant » présumé

Menée pendant deux ans par l’unité des fraudes de la Lahav 433, l’enquête révèle un schéma construit et sophistiqué : un courtier en assurances, proche de la direction de la Histadrut, aurait bénéficié d’un soutien inconditionnel du secrétaire général.
En échange d’un vaste portefeuille clients affilié aux comités d’entreprise des collectivités locales et entreprises publiques, il aurait permis la nomination de directeurs dans plusieurs entités publiques, et offert des postes rémunérateurs de la Histadrut à des responsables syndicaux. 

Les enquêteurs estiment que ce montage a généré pour les compagnies du courtier une hausse de revenus annuelle « de plusieurs dizaines de millions de shekels ». 

Le réseau et l’étendue de l’affaire

Selon les éléments récoltés, le courtier aurait opéré à la fois auprès de la direction de la Histadrut et via ses liens avec des municipalités à travers tout le pays. Il aurait ainsi orchestré la promotion des comités d’entreprise dans les collectivités, mobilisant son agence d’assurances auprès « dizaines de municipalités et d’entreprises publiques ». 

Les perquisitions ont eu lieu dans plusieurs villes : Harish, Rishon LeZion, Kiryat Bialik, Kiryat Gat, Rosh HaAyin, Ashdod. Les établissements concernés comprennent les chemins de fer israéliens, la compagnie aérienne El Al, l’institut Wingate et le Keren Kayemeth LeIsrael (KKL). À chacun de ces lieux, des responsables des comités d’entreprise ont été interrogés. 

La réaction de la Histadrut

Interrogée, la Histadrut affirme coopérer pleinement : « La Histadrut, ses traditions et son peuple sont attachés à la transparence et au respect de la loi. Nous sommes convaincus que l’enquête prouvera qu’aucun manquement n’a entaché la conduite du secrétaire général. » 

Un responsable interne a quant à lui déclaré : « Nous sommes persuadés que, une fois la tempête des arrestations passée, toutes les allégations à leur encontre seront infondées. » 

Les chefs d’accusation potentiels

Les suspects sont poursuivis pour corruption, fraude, abus de confiance, blanchiment d’argent et infractions fiscales.  L’unité Lahav 433 qualifie l’affaire de « modèle de relations donnant-donnant entre des personnes d’affaires et des responsables du secteur public ». 

Pourquoi cette affaire inquiète ?

La Histadrut, fondée en 1920, est une institution centrale du paysage social israélien. Sa longévité et son rôle historique en font un pilier du mouvement ouvrier et de la représentation salariale en Israël. Qu’une enquête de cette ampleur la touche directement signe une rupture avec le statut quo. Cette affaire résonne comme un signal fort : aucun acteur majeur, syndical ou public, n’est à l’abri d’un contrôle renforcé.

Le fait que l’enquête ait ciblé aussi bien des collectivités locales que des entreprises publiques accentue l’impact : le maillage du clientélisme semble avoir été étendu. En contexte israélien, où l’équilibre entre l’État, les syndicats et les entreprises publiques est déjà fragile, cette affaire peut fragiliser les repères institutionnels et accroître la défiance à l’égard des élites syndicales.

Enjeux et perspectives

Dès lors, plusieurs questions se posent : l’enquête mènera-t-elle à des inculpations d’ampleur ? Le système de gouvernance interne de la Histadrut sera-t-il réformé ? Et surtout, cette affaire pourrait-elle entraîner un mouvement de fond en matière de lutte contre la corruption dans le secteur public israélien ?

À court terme, la vigilance est de mise : les arrestations et les perquisitions se poursuivent, les enquêteurs scrutent les flux financiers, les affectations de personnels, les contrats d’assurance. À moyen terme, l’institution syndicale elle-même pourrait être contrainte de se réinventer, pour retrouver la crédibilité qui a longtemps été la sienne.

 

Vos réactions

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A voir aussi