Israël va-t-il laisser partir 200 terroristes du Hamas piégés à Rafah ?

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Israël va-t-il laisser partir 200 terroristes du Hamas piégés à Rafah ?

Rafah : Israël face au dilemme du "passage sûr" pour 200 combattants du Hamas

Une proposition explosive qui divise le gouvernement israélien

Les médiateurs qataris pressent Israël d'accepter un "passage sûr" pour environ 200 membres du Hamas piégés dans une zone contrôlée par Tsahal à Rafah, certains étant bloqués dans des tunnels souterrains. Une décision qui pourrait relancer l'accord de cessez-le-feu de janvier 2025, mais qui provoque une vive opposition au sein du gouvernement Netanyahu.

Le Qatar joue son va-tout

Après avoir suspendu sa médiation en novembre 2024, le Qatar a repris discrètement son rôle deux semaines plus tard, sous pression américaine. L'émirat, qui héberge à la fois le bureau politique du Hamas et la plus grande base militaire américaine au Moyen-Orient, a négocié avec le mouvement islamiste un plan d'extraction via des véhicules du Croissant-Rouge.

Selon Al-Jazira, le Hamas aurait accepté ces dispositions. Israël, informé tardivement des négociations, n'a pas encore donné sa réponse officielle. Mais selon une source informée, Tel-Aviv envisage cette option en échange de progrès sur la restitution des corps d'otages.

Un timing suspect qui ravive les tensions

La proposition intervient quelques jours après la mort de trois soldats israéliens, tués par ces mêmes combattants du Hamas à Rafah. Le soir même où ces négociations étaient évoquées, trois corps d'otages ont été restitués - un timing que beaucoup interprètent comme un marchandage : des corps contre la vie de 200 combattants qui retourneraient à Gaza "couverts de gloire".

Le ministre des Finances Bezalel Smotrich a réagi avec virulence : "Depuis des mois, l'armée cerne et poursuit des terroristes du Hamas qui se cachent à Rafah — des terroristes qui ont tué trois de nos héros il y a seulement quelques jours. Les laisser sortir indemnes, juste au moment où nos soldats ont la possibilité de les anéantir, est une folie tant sur le plan stratégique que moral."

Le spectre de l'affaire Gilad Shalit

Cette proposition ravive le traumatisme de 2011, quand Israël avait libéré 1 027 prisonniers palestiniens pour récupérer le soldat Gilad Shalit. Parmi eux : Yahya Sinwar, devenu chef du Hamas à Gaza et architecte de l'attaque du 7 octobre 2023, avant d'être éliminé par Tsahal en octobre 2024.

Ce précédent nourrit la méfiance : les combattants libérés aujourd'hui pourraient devenir les planificateurs d'attaques futures. Une crainte partagée par une partie de l'opinion publique israélienne, même si 77% des Israéliens souhaitaient fin janvier que l'accord de cessez-le-feu soit pleinement exécuté.

Un cessez-le-feu déjà fragilisé

L'accord du 19 janvier 2025 prévoyait la libération de 33 otages israéliens contre plusieurs centaines de prisonniers palestiniens, un retrait des zones densément peuplées et une aide humanitaire massive. Mais sa mise en œuvre s'est heurtée à de multiples obstacles : Israël a fermé tous les points de passage début mars, puis a rompu le cessez-le-feu le 18 mars en reprenant les bombardements.

Les médiateurs avertissent : les affrontements à Rafah mettent en péril l'accord dans son ensemble. D'où l'urgence de cette proposition de passage sûr, qui pourrait soit relancer la dynamique de paix, soit constituer un nouveau point de blocage.

Le verdict attendu

Israël se trouve face à un dilemme cornélien : accepter ce passage sûr et risquer de libérer de futurs planificateurs d'attentats, ou refuser et compromettre définitivement l'accord de cessez-le-feu, avec les 94 otages toujours retenus à Gaza.

La décision finale de Netanyahu sera scrutée comme un test de ses véritables priorités : l'élimination militaire du Hamas ou le retour des otages. Dans un conflit qui a déjà coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes, le sort de ces 200 combattants piégés à Rafah symbolise l'impasse stratégique dans laquelle est enfermé le Hamas, quinze mois après le début des hostilités.

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