Le marché de l'art en Israël : Rencontre avec Roni Gilat Beharev de Christie's Israël

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Le marché de l'art en Israël : Rencontre avec Roni Gilat Beharev de Christie's Israël

 

Le monde secret des enchères d'art : immersion avec Roni Gilat Beharev, directrice de Christie's Israël

Dans les coulisses des ventes aux enchères internationales de Christie's

« Je suis assise dans une pièce avec des gens extrêmement riches, et devant mes yeux, ils échangent des œuvres pour des centaines de millions de dollars », confie Roni Gilat Beharev, directrice de Christie's Israël, sur l'effervescence des ventes aux enchères.
L'univers de l'art dépasse les simples toiles et sculptures.
« Nous parlons également de photographies anciennes, de peluches rares, de livres anciens – des objets souvent surprenants, rencontrant parfois des prix que l'on n'imaginerait pas », explique-t-elle.

Chez Christie's, le parcours de chaque œuvre est scrupuleusement tracé, mêlant histoire et émotion. « Avant chaque vente, il y a un long processus de recherche, de documentation et d'authentification », poursuit-elle. Cela inclut la signature d'un contrat, l'analyse d'archives et souvent un examen minutieux dans les bureaux de Christie's à Londres ou New York, pour garantir que l'objet n'a aucun « squelette dans le placard ».

Le défi de l'art israélien dans un contexte global complexe

Beharev ne cache pas les défis que l'art israélien rencontre actuellement. « Cette année a été particulièrement difficile pour l'art en Israël », note-t-elle. « Le climat autour d'Israël est devenu si tendu que le simple fait d'ouvrir des discussions sur l'art suscite souvent des réponses hostiles à l'international. » Elle rappelle que dans l'art, un monde d'ouverture et de tolérance est censé prévaloir, mais l'actuelle montée de la politisation empêche cela.

Malgré cette situation, Beharev exprime un certain optimisme. Elle partage un précieux souvenir de son père, survivant de l'Holocauste, qui lui répétait que chaque jour est une opportunité. « Il nous enseignait la résilience, et c'est cet esprit qui me porte aujourd'hui pour croire que l'art israélien retrouvera un jour sa place dans les grands circuits mondiaux », déclare-t-elle.

L'émergence d'une nouvelle génération de collectionneurs

Avec la montée de la technologie, un changement radical se produit dans l'art, attirant une jeune génération avide d'acheter.
« Les millennials sont de plus en plus nombreux à posséder des œuvres via les ventes en ligne de Christie's », observe Beharev. Les jeunes collectionneurs, habitués aux réseaux sociaux et au numérique, souhaitent intégrer l'art dans leurs vies tout en investissant.

« L'art devient une extension de leur style de vie, et non plus uniquement une question de prestige », analyse-t-elle. « Ils achètent des œuvres, des bijoux, et des objets de luxe, avec une préférence marquée pour les créations modernes. » Le passage aux enchères en ligne, favorisé par la pandémie, a ainsi ouvert le marché de l'art à un public bien plus vaste qu'auparavant.

Les grandes tendances et records du marché international de l'art

Le marché de l'art ne cesse de battre des records. « Quand vous voyez une œuvre d'Andy Warhol se vendre représentant Marilyn Monroe pour 195 millions de dollars ou un Léonard de Vinci adjugé à 450 millions, vous mesurez l'ampleur des sommes investies », raconte Beharev. Lors de la vente d'octobre 2024 à Londres, Christie's a totalisé 107 millions de dollars pour des œuvres du XXe et XXIe siècle – un chiffre en hausse de 83 % par rapport à l'an dernier.

Les œuvres de Lucian Freud, Jeff Koons, René Magritte et Sarah Seza se sont distinguées et parmi les plus prises. « La demande pour l'art est aujourd'hui portée par les acheteurs plus jeunes. Environ un quart des enchérisseurs sont des millennials, et ils montrent un engouement particulier pour les artistes contemporains. »

Art israélien : succès et philanthropie

En Israël, les artistes locaux comme Mordechai Ardon, Reuven Rubin et Yaakov Agam continuent d'attirer des collectionneurs, même si leur marché reste plus restreint. Beharev souligne que des ventes comme celle de l'œuvre d'Ardon à 643 200 $ chez Christie's en 2006 témoignent de l'intérêt international pour les créateurs israéliens de renom.

La philanthropie occupe également une place centrale dans la vente d'art en Israël. « En mai, des œuvres de la collection Phoenix ont été vendues à New York, et les recettes ont été inversées pour soutenir l'art israélien », dit-elle. Cet engagement crée une passerelle entre les collectionneurs et les jeunes talents israéliens.

L'art : un vecteur de tolérance et de cohésion sociale

Pour Beharev, l'art incarne bien plus qu'un objet de spéculation financière. Elle le voit comme un « pont culturel » capable de favoriser la tolérance et le dialogue dans une société de plus en plus polarisée. « Les jeunes en Israël sont exposés à l'art dès leur plus jeune âge, ce qui leur apprend à regarder le monde avec plus d'ouverture et de réflexion », explique-t-elle.

Elle insiste sur l'importance de soutenir l'art pour encourager une meilleure compréhension des valeurs culturelles d'Israël et au-delà : « L'art n'est pas qu'une transaction, il véhicule des idées, des émotions et une spiritualité. que chacun peut partager, quelle que soit sa culture d'origine. »

Christie's et la connexion avec le marché israélien

Bien qu'Israël ne dispose pas de salle de vente permanente, Christie's maintient un lien fort avec les collectionneurs locaux via des catalogues et événements spécialisés. Beharev observe que les collectionneurs israéliens continuent d'acquérir des œuvres, non seulement pour l'investissement, mais aussi pour un plaisir personnel, témoignant d'un amour profond pour la culture et l'art.

Elle conclut en disant que, malgré les défis, l'art israélien a le potentiel de s'élever encore sur la scène internationale grâce à des initiatives philanthropiques et au soutien croissant d'une jeune génération de collectionneurs.


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