Le film Shoshana éclaire les racines du conflit : refus arabe, résistants juifs, et naissance d’Israël -vidéo-

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Le film Shoshana éclaire les racines du conflit : refus arabe, résistants juifs, et naissance d’Israël

Shoshana, ou le cœur déchiré d’Israël : une histoire d’amour et de feu sous le mandat britannique

« Elle s’appelait Shoshana. Elle rêvait de paix. Lui servait l’ordre colonial. Entre eux, l’Histoire a tranché. »

Le film Shoshana, réalisé en 2023 par Michael Winterbottom, n’est pas un simple drame romantique. C’est une fresque historique, un miroir tendu à notre époque. Il se déroule dans les années 1930, à Tel-Aviv, alors que la Palestine est encore sous mandat britannique. Dans cette mosaïque de tensions, de passions et de révoltes, le long-métrage suit une idylle impossible entre Shoshana Borochov, fille d’un des fondateurs du sionisme socialiste, et Thomas Wilkin, officier britannique chargé de traquer les groupes sionistes radicaux, et en particulier Avraham Stern, figure de la résistance juive, qui paiera de sa vie l’idée d’un État juif libre.

Un amour impossible dans une guerre déjà déclarée

Shoshana incarne la jeunesse juive idéaliste. Issue du sionisme ouvrier, celui qui veut croire que Juifs et Arabes peuvent coexister sur une même terre. Thomas, lui, croit encore que l’Empire britannique peut maintenir un ordre équitable dans une région où les communautés s’enflamment. Mais leur amour s’écrit à contre-courant de l’Histoire. Au loin, l’écho des pogroms d’Europe résonne, et en Palestine, la population arabe se soulève déjà contre l’idée d’un État juif, même partagé.

Le film montre avec une finesse rare la montée des tensions : les premiers attentats, les représailles, les incompréhensions. La Palestine d’alors est déjà un champ de cendres, un avant-goût de la guerre de 1948. Et bientôt, le destin de Shoshana croise celui d’Avraham Stern.

Avraham Stern : mourir pour un État juif

Avraham “Yair” Stern, fondateur du Lehi – surnommé le “groupe Stern” –, était convaincu que les Juifs n’obtiendraient jamais leur terre sans se battre. Poète, érudit, il devient guérillero par nécessité. Face à l’indifférence britannique et à la haine arabe, il choisit la clandestinité. Pour Londres, il est un terroriste ; pour ses compagnons, un héros. Il sera assassiné en 1942 par
Geoffrey J. Morton, officier de la Palestine Police (CID), qui est reconnu comme ayant donné l’ordre fatal et tiré sur Stern le 12 février 1942 dans un appartement de Tel‑Aviv , du quartier de Florentin, à Tel-Aviv. Le film retrace ce moment de façon glaçante : un homme seul face à un empire, exécuté de sang-froid dans son propre refuge.

Mais l’Histoire retiendra que ses idées ne sont pas mortes avec lui.

Haganah, Irgoun, Lehi : frères ennemis d’un même combat

À cette époque, le sionisme armé est morcelé. La Haganah, branche modérée, liée au mouvement travailliste, prône la discipline, la modération, la collaboration parfois avec les Britanniques, et l’attente. L’Irgoun, inspiré par Zeev Jabotinsky, prône l’action directe, la souveraineté juive par la force, et refuse tout compromis.

Et pourtant, au fil des événements, ces groupes vont converger. Après la Shoah, après les pogroms arabes – notamment celui de Hébron en 1929 ou les émeutes de 1936 –, le temps des illusions s’épuise. En 1947, les Nations unies proposent un partage : un État juif, un État arabe. Les Juifs, bien que déçus par la taille infime qui leur est attribuée, acceptent. Les Arabes refusent. Et attaquent.

Ce refus marque le point de non-retour.

Yosef Ben David : 19 ans, pendu pour un rêve

C’est dans ce contexte que surgit le destin oublié d’un jeune garçon. Yosef Ben David, 19 ans, membre de l’Irgoun, participe à une action contre un bus britannique. Il n’y a pas de mort. Mais la sentence est sans appel : pendaison.
Comme tant d’autres jeunes Juifs de l’époque, il est sacrifié pour une cause qu’il croit juste : vivre libre sur la terre de ses ancêtres. Dans ses derniers mots, rapportés par ses compagnons : « Je ne regrette rien. Je meurs pour Israël. »

Comment ne pas faire le lien entre lui et les jeunes soldats d’aujourd’hui qui tombent en défendant Sdérot, Netiv HaAsara ou Kfar Aza ?

Un peuple assiégé, un État arraché à la haine

Le film Shoshana ne prend pas parti. Il montre. Il confronte. Mais en creux, une vérité affleure : ce n’est pas Israël qui a choisi la guerre. C’est la guerre qui s’est imposée à lui.
Car depuis toujours, la haine arabe d’un État juif souverain est plus forte que tout compromis. Et face à cette haine, certains Juifs se sont radicalisés. Non par goût de la violence, mais parce que l’Histoire les a acculés à prendre les armes.

L’union entre la Haganah et l’Irgoun en 1948 ne fut pas une fusion de conviction, mais une fusion de destin. Il fallait survivre. Il fallait naître.
Et
Israël est né non pas dans la paix, mais dans le feu et le sang, par les mains de ceux qu’on appelait “terroristes”, et qui furent les pères de la liberté.

Aujourd’hui encore, Shoshana pleure. Mais Israël tient debout.

Shoshana est un film d’amour, de deuil et de révolte. Un rappel bouleversant que l’État d’Israël ne fut pas un cadeau, mais une conquête douloureuse.
Il est né du refus des Arabes d’accepter même la moitié d’un pays. Il est né parce qu’un jour, les Juifs ont décidé qu’ils n’attendraient plus l’approbation de l’Empire ou des Nations pour être enfin maîtres chez eux.

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