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Alyah Story, Antisémitisme/Racisme, International, Israël - le - par .
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Ce crime ignoré : Des Femmes juives exécutées par des Belges

Des Belges, gardiens de camp de concentration, ont participé au massacre de détenues juives à Palmnicken

En janvier 1945, lors d’une marche de la mort, quarante gardiens belges y prirent part

1. Les faits

En janvier 1945, alors que l’armée soviétique approchait, 13 000 prisonniers issus des sous-camps de Heiligenbeil (aujourd’hui Mamonowo), Jesau (Juschny), Seerappen (Ljublino) et Schippenbeil (Sępopol) furent contraints de marcher vers Königsberg (Kaliningrad). Il s’agissait principalement de femmes juives originaires de Pologne et de Hongrie.

La ville de Königsberg étant déjà assiégée, les prisonniers furent redirigés vers Palmnicken (aujourd’hui Yantarny). Seuls 3 000 parvinrent à destination ; les autres périrent en chemin. Les routes menant à Palmnicken étaient jonchées de cadavres.

Les Allemands prévoyaient d’enfermer les femmes restantes dans le tunnel d’une mine d’ambre pour les y laisser mourir. Le commandant local du Volkssturm, Hans Feyerabend, s’y opposa fermement. Devant l’impossibilité de les sauver, il se suicida. Les 3 000 survivantes furent emmenées sur une plage et poussées dans les eaux glacées de la mer Baltique, où elles furent fusillées. Le courant rejeta les cadavres sur plusieurs kilomètres de littoral. Moins de 200 femmes survécurent. Quinze seulement sortiront vivantes de la guerre.

Dix semaines plus tard, les Soviétiques, commandés par un officier juif russe, contraignirent les habitants de Palmnicken à enterrer les corps. Ce massacre constitue l’un des derniers crimes nazis contre les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.

2. Un crime presque ignoré

Le massacre de Palmnicken reste l’un des crimes les plus effacés de la mémoire collective. Il est pourtant qualifié par Günther Neumärker, directeur de la Fondation pour la Mémoire des Juifs assassinés d’Europe, comme « le plus grand massacre sur le sol allemand ».

Le projet de recherche La marche de la mort vers Palmnicken, mené par l’ICWC en coopération avec l’Institut Herder, tente de comprendre pourquoi ce crime est resté impuni malgré de nombreuses enquêtes. L’équipe dirigée par la professeure Stefanie Bock analyse des archives issues de Ludwigsburg, Basse-Saxe et Yad Vashem pour reconstituer les faits.

Les victimes, essentiellement des femmes juives, furent conduites à pied dans le froid extrême, sans nourriture, jusqu’à la Baltique. À Palmnicken, elles furent enfermées trois jours dans une usine d’ambre, sans eau ni nourriture. Le plan initial – les enfermer dans une mine – échoua grâce à l’opposition de Hans Feyerabend. Après son rappel au front et sa mort suspecte, l’extermination eut lieu dans la nuit du 31 janvier au 1er février 1945.

3. Un massacre organisé… avec des Belges

À Palmnicken, les prisonnières furent abattues, noyées, ou laissées mourir de froid. Les rares survivantes furent pourchassées par les Jeunesses hitlériennes à la demande du maire Kurt Friedrich, puis exécutées. Environ 16 femmes seulement échappèrent à cette tuerie.

Parmi les assassins : des Belges, non affiliés à la SS Wallonie, mais membres de l’Organisation Todt, une structure affectée aux travaux de fortification. En 2019, un journaliste de la RTBF évoqua leur appartenance à la SS au conditionnel. L’enquête prouve qu’ils opéraient au sein du Schutzkommando de la Todt.

4. Les condamnations en Belgique

Ces Belges furent jugés en vertu de la loi belge du 20 juin 1947 sur les crimes de guerre. L’article 2 visait les personnes ayant collaboré avec l’ennemi, quel que soit leur titre.

Témoignage : la corruption judiciaire

Un ancien policier militaire belge témoigna que des familles de condamnés versaient de l’argent aux magistrats pour retarder leur exécution, espérant dépasser la date à partir de laquelle les condamnations à mort ne seraient plus appliquées : le 15 juin 1949.

5. Procès au Conseil de guerre de Bruxelles – Août 1947

Roger Sterpenich

Orphelin de Schaerbeek, engagé volontaire, il devient membre du Schutzkommando. Affecté au camp de Seerappen, il bat les prisonnières juives sans relâche, se vantant d’avoir tué une Hongroise. Il les abat également pendant les marches de la mort.

Edouard Hals

Originaire de Molenbeek, il suit le même parcours que Sterpenich. Témoins et co-détenus rapportent sa violence et sa participation directe aux massacres sur la plage de la Baltique.

Un journaliste de La Libre Belgique commente le procès :

« Le Conseil de guerre, les gendarmes et le public sont écœurés. »

Le président du tribunal :

« On imagine ce que fut cet exode, dantesque et infernal. »

L’auditeur militaire :

« Soyez heureux qu’aucune prisonnière ne soit venue témoigner : il y aurait eu plus de deux prévenus. »

6. Autres procès en Belgique

Frans Poppe

Condamné à mort par le Conseil de guerre d’Anvers en juin 1948. Chef de Sterpenich et Hals, il dirige les opérations au camp de Seerappen. Il avoue avoir achevé une femme juive à l’agonie et tire sur des femmes dans les flots.

Joseph Wingel

36 ans, originaire d’Arlon, avec un lourd passé judiciaire. Gardien à Seerappen, condamné à perpétuité par le Conseil de guerre d’Arlon en février 1947. Les témoins affirment :

« Les gardiens belges étaient plus cruels que les SS. »

Jan Van Keulebroek

Jugé à Gand en 1947. Il se vante :

« J’en ai tué 57. »

Condamné sans circonstances atténuantes.

7. Un silence persistant

Le massacre de Palmnicken, avec plus de 6 000 victimes juives, a été volontairement étouffé dans l’après-guerre. Ce n’est qu’en 2011, à Jantarny, que fut inauguré un mémorial en bord de mer, en hommage aux victimes.


Bibliographie

  • La Nation Belge, 2 février 1947

  • Het Volk, 13 juin 1947

  • La Lanterne, 2 et 4 août 1947

  • Le Soir, 3 août 1947

  • La Libre Belgique, 2 août 1947

  • La Dernière Heure, 12 juin 1948

Sources en ligne


Texte rédigé par Thierry Maquet – 2025

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