
Le mystère de la tombe de Haim Vital profanée en Syrie enfin élucidé : l’armée israélienne a rapatrié les restes du soldat Zvi Feldman
Une tempête de rumeurs qui cachait une mission de sauvetage historique
Pendant plusieurs jours, une vive polémique a secoué les sphères religieuses et sécuritaires en Israël comme dans la diaspora.
Au cœur de cette agitation : des fouilles présumées autour de la tombe du rabbin kabbaliste Chaim Vital zatsal, figure vénérée du judaïsme sépharade, inhumé depuis 1620 dans le cimetière juif de Damas.
Des images et récits circulaient, accusant des inconnus d’avoir creusé dans la pièce abritant le tombeau sacré. L’émoi était à son comble. Était-ce une profanation ? Un acte de vandalisme ciblé ? Ou une opération de récupération de restes humains ?
Ce matin, le voile s’est enfin levé : ce n’était ni un acte criminel ni une profanation gratuite.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a révélé que les services israéliens venaient de rapatrier les restes du soldat Zvi Feldman*, tombé en 1982 en Syrie, lors de la tristement célèbre bataille de Sultan Yaacoub pendant la guerre du Liban.
Retour du soldate Zvi Feldman :
Une opération secrète menée par Tsahal, le Mossad, et le Shin Bet
Derrière l’apparente intrusion dans le cimetière juif de Damas se cachait en réalité une mission d’envergure, coordonnée depuis des années par les plus hautes sphères du renseignement israélien.
L’opération, qui a mobilisé les unités spéciales de Tsahal, les cellules opérationnelles du Mossad, les analystes du renseignement militaire, et même le Shin Bet, a abouti à l’extraction et au retour en Israël de ce soldat porté disparu depuis plus de quatre décennies.
L’identité des restes retrouvés en Syrie a été confirmée par le Centre génomique du Rabbinat militaire israélien, avant qu’un message officiel ne soit transmis à la famille Feldman en présence du chef du gouvernement.
Netanyahou a salué une “opération de très haute précision, mêlant tromperie, résilience stratégique et foi inébranlable”. À travers ces mots, c’est tout l’appareil sécuritaire israélien qui revendique un triomphe sur le temps, les frontières, et le silence de l’Histoire.
Pourquoi la tombe du rabbin Chaim Vital a-t-elle été liée à l’opération de sauvetage ?
Ce lien, aussi surprenant soit-il, tient à la localisation même de la tombe.
Le cimetière juif de Damas, où repose Chaim Vital, est situé dans une zone restée longtemps inaccessible aux services israéliens, sous contrôle de groupes armés islamistes et du régime syrien.
Or, des renseignements récents ont indiqué que des restes humains, possiblement ceux de soldats israéliens disparus en 1982, se trouveraient dissimulés à proximité immédiate du cimetière.
C’est dans ce contexte que l’opération a été lancée : les agents israéliens, déguisés en pilleurs de tombes pour brouiller les pistes, auraient creusé à proximité du mausolée dans l’espoir de récupérer les ossements d’un des disparus de la bataille de Sultan Yaakov.
La tombe du rabbin elle-même n’a pas été ouverte, ni violée selon les informations actuelles. Les fouilles ont eu lieu à proximité du mausolée, ce qui a provoqué un malentendu et déclenché des rumeurs de profanation.
L’usage de cette couverture a permis de détourner l’attention et d’éviter de mettre en péril la mission. La “profanation” apparente du tombeau du kabbaliste n’était donc pas l’objectif, mais un leurre logistique et stratégique utilisé dans le cadre d’une opération clandestine de très haute sensibilité.
Des sources sécuritaires affirment aujourd’hui que le choix de ce site précis n’était pas anodin : l’accès contrôlé, la faible surveillance militaire, et l’histoire juive du lieu ont permis aux agents du Mossad d’opérer sans éveiller immédiatement les soupçons. L’intervention rapide de certains groupes locaux pour restaurer la tombe peu après l’opération suggère qu’ils ont été soit complices, soit mis devant le fait accompli par les services israéliens.
Une visite “historique” des Juifs syriens en préambule
Trois mois avant cette révélation, une délégation de la communauté juive syrienne installée aux États-Unis avait effectué une visite symbolique en Syrie.
C’était la première apparition publique d’un groupe juif depuis l’ascension d’Ahmad al-Shara’ al-Julani au pouvoir. Ils avaient notamment visité le quartier juif de Damas et le tombeau du rabbin Chaim Vital. Ce déplacement, présenté alors comme un geste de réconciliation interreligieuse et culturelle, prend aujourd’hui un tout autre sens.
Était-ce une couverture ? Un signal diplomatique ? Un test de réaction de la part des autorités syriennes ? La question reste ouverte.
La rumeur persistante autour d’un transfert du tombeau de Chaim Vital
Parmi les cercles religieux, une rumeur tenace a circulé ces dernières semaines : le tombeau de Chaim Vital aurait été transféré en Israël. Ce qui aurait été perçu comme un acte de protection ou de relocalisation symbolique du patrimoine juif aurait en fait dissimulé la véritable mission.
Le rabbin Nehorai Moshe Albiliya, disciple du rabbin Chaim Shimon Pinto d’Ashdod, a publié un texte réfutant formellement cette thèse. Selon lui, “le rabbin Chaim Vital repose toujours en Terre Sainte”, insinuant que sa tombe originale en Syrie n’était peut-être qu’un cénotaphe ou un lieu de mémoire sans les restes réels.
Une profanation ? Ou un hommage ultime à un disparu ?
Ce qui a été perçu par beaucoup comme une profanation s’avère finalement être une opération de haute valeur éthique et nationale. Le lieu sacré n’aurait pas été violé, mais utilisé comme couverture d’une mission de sauvetage humanitaire et militaire exceptionnelle.
La question subsiste toutefois : les autorités locales syriennes, qui avaient récemment restauré le tombeau, ont-elles coopéré à cette opération ? Ou ont-elles été dupées par le génie tactique israélien ?
Les implications diplomatiques d’une telle opération sur le sol syrien sont encore floues, mais l’essentiel est ailleurs : Israël n’abandonne jamais ses soldats. Même 42 ans plus tard, même derrière les lignes ennemies, même au cœur d’un sanctuaire religieux à l’histoire complexe.
*Zvi Feldman était un soldat de Tsahal porté disparu depuis la guerre du Liban en 1982, lors de la bataille de Sultan Yaakov – l’un des affrontements les plus meurtriers de ce conflit. Âgé de seulement 21 ans à l’époque, il appartenait à une unité blindée engagée dans un repli chaotique sous feu ennemi dans la vallée de la Bekaa. Feldman, ainsi que deux autres soldats, avait été déclaré “disparu en opération”.
Pendant plus de 40 ans, sa famille a vécu dans l’incertitude, entre espoir et deuil suspendu. Son identification récente a été rendue possible grâce à des analyses ADN réalisées par le Centre génomique du rabbinat militaire. Son retour en Israël clôt un chapitre douloureux de l’histoire militaire du pays.
Zvi Feldman n’est pas tombé en Syrie, mais son corps y a été transféré après sa mort par des forces syriennes ou alliées présentes dans le conflit. Ce transfert s’inscrivait dans une stratégie de guerre froide où les corps de soldats ennemis étaient parfois utilisés comme monnaie d’échange ou dissimulés pour priver l’ennemi d’un deuil formel.
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