“Avec ou sans drapeau palestinien ?” : la vraie question de la mobilisation "Bloquons tout"

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“Avec ou sans drapeau palestinien ?” : la vraie question du 10 septembre

“Avec ou sans drapeau palestinien ?” : la vraie question du 10 septembre

Le 10 septembre 2025, une vaste mobilisation baptisée « Bloquons tout » entend paralyser la France. Derrière cet appel diffus, sans leadership déclaré, se mêlent revendications sociales, colère économique, désobéissance civile et agitation politique. Le flou est total. Et c’est précisément ce qui inquiète.

Sur les réseaux sociaux, une phrase, presque anodine, est venue cristalliser cette inquiétude :

« Je ne voudrais pas faire de faux-pas. Le truc du 10 septembre, c’est avec ou sans drapeau palestinien ? »

Signée Jérôme Godefroy*, un ancien chroniqueur de radio, cette publication sur Facebook dit en creux ce que beaucoup redoutent sans oser le formuler. Quelle sera la “couleur” réelle de cette journée ?

Une mobilisation à géométrie variable

Officiellement, le mouvement « Bloquons tout » s’oppose aux mesures d’austérité annoncées par le Premier ministre François Bayrou.
Il se veut apolitique, issu “du peuple”, sans syndicat ni parti. Dans les faits, il fédère une nébuleuse d’acteurs radicaux : gauche insoumise, Gilets jaunes, collectifs écologistes, groupuscules “anti-système”… et parfois, en périphérie, des mouvances propalestiniennes ou antisionistes notoires.

Ce flou idéologique est le terreau de toutes les récupérations. Sans ligne claire, sans direction politique affirmée, tout le monde peut y projeter ses obsessions.
Le risque ? Voir des symboles étrangers à la cause sociale s’inviter dans la rue.
Parmi eux : le drapeau palestinien.

Le symbole qui divise

Ce drapeau, déjà omniprésent dans de nombreuses manifestations en France depuis octobre 2023, porte aujourd’hui une charge symbolique ambivalente.

Pour certains, il représente un combat légitime. Pour d’autres, il est devenu l’étendard d’un antisionisme radical, voire d’un antisémitisme à peine dissimulé.
Et c’est bien là que le post de Godefroy prend tout son sens : s’il faut poser la question, c’est que l’ambiguïté est réelle.

Qu’adviendra-t-il si des cortèges arborent ce drapeau ? Quel message sera envoyé à ceux qui, dans la foule, ne manifestent pas pour une cause étrangère au contexte français, mais pour défendre leurs conditions de vie ?
Et surtout, quel message sera reçu par les Juifs de France — déjà éreintés par une explosion d’actes antisémites depuis un an — si cette colère populaire prend des allures de détestation ciblée ?

Une vigilance sans paranoïa

Il ne s’agit pas ici d’alimenter la peur ni d’agiter des fantasmes. Il s’agit de lire les signes. Le mouvement “Bloquons tout” se veut vaste, inclusif, citoyen.
Mais cette ouverture même, sans filtre, sans encadrement clair, ouvre la voie à des expressions inattendues, parfois violentes.
Et dans une France fragilisée, où l’antisémitisme a muté, s’est idéologisé, cette absence de garde-fous peut suffire à faire basculer un slogan.

Aucun média communautaire n’a, à ce jour, lancé d’alerte. Le CRIF, le SPCJ et la LICRA observent en silence. Mais le silence ne protège pas. Ce n’est pas une menace déclarée qui doit nous inquiéter, mais le climat global. Une foule désorganisée, une tension sociale extrême, un rejet de l’ordre établi… Tous les ingrédients sont réunis pour que le bouc émissaire juif ressurgisse par effet de meute.

Le 10 septembre : une journée test

Ce qui se jouera le 10 septembre dépasse la seule colère sociale. C’est une épreuve de lucidité pour notre société : saura-t-elle contenir ses débordements idéologiques ? Respectera-t-elle ses propres lignes rouges ? Ou laissera-t-elle la rue devenir le théâtre d’un chaos incontrôlé, où les symboles remplaceront la parole, et les amalgames la revendication ?

Les Juifs de France ne doivent pas se cacher. Mais ils doivent rester vigilants. Parce que l’Histoire le leur a appris. Parce qu’ils savent lire les signes. Et parce qu’au fond, quand il faut demander “avec ou sans drapeau palestinien ?”, c’est déjà qu’on connaît la réponse.

*Jérôme Godefroy est un ancien journaliste et animateur de radio français, né en 1952. Il s’est fait connaître dans les années 1980 et 1990 notamment sur RTL, où il a animé plusieurs émissions de grande écoute, comme RTL Soir, puis Laissez-vous tenter. Il a également travaillé comme producteur et chroniqueur dans divers médias audiovisuels, dont France Inter.

S’il a marqué une génération d’auditeurs à son époque, il ne fait plus partie du paysage médiatique national actuel, bien qu’il reste actif sur les réseaux sociaux, où ses prises de position peuvent susciter le débat.

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