Ido Cohen, d'un kiboutz israélien à un village languedocien.
- Ido, quel est le parcours qui vous a mené à habiter à Montbazin?
Ido Cohen - Je suis né en 1976 dans le Kiboutz Beeri, en Israel. J'ai vécu durant 34 ans dans ce kiboutz situé près de Gaza ou je travaillais dans une imprimerie.
- Pourquoi avez-vous décidé de quitter ce lieu, votre pays ?
Ido - Je me suis marié avec Hélène, une Française, avec laquelle nous avons eu une fille, Zoé, aujourd'hui âgée de 6 ans. Les fréquents bombardements à proximité de la zone ou nous étions nous ont fait prendre conscience du danger. Nous avons alors décidé de venir en France.
- Pourquoi avoir choisit Montbazin ?
Ido -Nous souhaitions habiter en France où le soleil domine.
Nous avons d'abord choisit Montpellier, et en arrivant, nous avons réalisé que nous n'étions pas faits pour vivre dans une grande ville.
Lors d'une balade, nous avons visité Montbazin et découvert un village ayant une profonde histoire, des habitants très accueillants. Ce fût le coup de coeur. Une maison de village à louer nous a séduits, notre décision a été immédiate.
- En arrivant en France, vous ne parliez pas du tout le français, c'était un handicap ?
Ido - En quelques mois, grâce à Hélène, j'ai appris votre langue. Mon accent donne de la couleur.
- Quelle est votre activité à Montbazin ?
Ido - J'ai lancé une entreprise de constructions de pergolas, terrasses, meubles en bois et de rénovation de maisons.
- Cela n'avait rien à voir avec votre métier en Israël ?
Ido -J'ai vécu quatre ans en Australie pour apprendre les techniques des métiers du bois, que j'appliquais les week-end au kiboutz.
- Quel points particuliers vous choquent depuis votre arrivée en France ?
Ido- Les démarches administratives sont très compliquées, trop longues, par exemple pour obtenir ma carte de séjour me permettant de lancer mon entreprise.
Parfois même j'ai rencontré une forme de racisme, en particulier lorsque j'ai voulu faire transformer mon permis de conduire pour en obtenir un français.
L'examinateur faisait exprès de lire les question du code très vite. lui signalant que je ne comprenais pas il me répondais que j'avais qu'à apprendre le français. N'ayant pu répondre à suffisamment de questions j'ai dû le repasser.
- Vous avez quitté Israel votre pays d'origine. Après bientôt quatre ans, Israël vous manque-t-il ?
Ido -Bien sûr cela me manque, j'ai toute ma famille et mes amis qui habitent là-bas, et Israël c'est mon pays. Mais si j'ai quitté c'est qu'il y avait plein de problèmes, et la vie n'était pas assez simple.
- Depuis que vous êtes à Montbazin êtes vous attaché à la communauté ?
Ido - Non, je n'ai aucun contact avec elle.
- Est-il possible pour un israélien de se rapprocher d'une telle communauté ?
Ido - Je n'ai jamais essayé, donc je ne peux dire si c'est possible, facile ou non.
- D'après vous quelles sont les différences essentielles entre être israélien et être juif en France ?
Ido -Je suis Israélien et bien sûr je suis juif mais je ne pratique pas la religion
- Par rapport à votre entourage, vous sentez-vous juif, israélien ou immigré ?
Ido - Pour moi, être en France c'est être français, ce n'est pas la question d'être juif, israélien ou immigré. Je suis là, donc mélangé avec la population locale, complètement intègré.
- Envisagez-vous de retourner un jour en israël ?
Ido - Pour l'instant je suis là et ne pense pas retourner en israël si ce n'est pour des vacances. Personnellement je préfère vivre en dehors d'israel, mais on ne sait jamais.
Pour l'instant je suis bien là et je veux profiter du moment. J'ai ma propre entreprise, Hélène travaille, nous avons un deuxième enfant, Anouk, née il y a 8 mois. A ce sujet je tiens à préciser que l'accouchement s'est fait en clinique privée et j'ai beaucoup apprécié de ne m'être senti à aucun moment étranger avec la possibilité d'assister à la mise au monde d'Anouk.
Philippe Mauléon.
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