Les Juifs dans l’OrléanaisOu le peu de chose que je connais d’eux….de Frédéric Viey.

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                       Les Juifs dans l’Orléanais Ou le peu de chose que je connais d’eux….

 

Dès le début du Moyen-Âge  l’affluence des Juifs dans l’Orléanais est considérable. Ils y faisaient le commerce d’importation et d’exportation par le colportage. Les Juiveries étaient savamment échelonnées sur les grandes routes, elles servaient aux colporteurs de lieux de refuge et de repose. Sur les grands itinéraires, on trouve des groupements juifs à Lorris, Châteauneuf-sur-Loire, Montargis, Courtenay, Ferrières-en-Gâtinais, Gien, etc…. 

 

Le quartier juif d’Orléans a été un entrepôt commercial de premier ordre. Cette juiverie servait aussi à protéger les personnes contre toute agression violente et protégeait leurs marchandises contre toute rapine. Malgré ce que disent certains historiens, généralement régionaux, les juifs étaient aussi des cultivateurs et des vignerons et beaucoup pratiquaient des métiers artisanaux. Aussi grâce à leurs multiples activités ; à leurs industries, aux vastes relations qu’ils avaient entre eux du bout à l’autre du monde connu, ils étaient les premiers négociants et les premiers courtiers.  Les rois de France vendirent très cher aux juifs le droit de résider dans le royaume ! 

Les juifs colportaient leurs marchandises  de ville en ville, de foire en foire, de marché en marché et laissait par terre ou par eau, aux boites de péages de grosses parties de leurs bénéfices. Sur la Loire, dans les pancartes de péages, à Arcole, à Sully, à Châteauneuf-sur-Loire, les Juifs étaient tarifiés sous des rubriques humiliantes :

1° Déclaration de péage à Arcole, près Nevoy : ‘’ du Juif mort ; 4 deniers, du Juif vif ; 12 deniers, de la Juisve grosse : 2 sols’’.

2° Déclaration de péage de Sully : ‘’un Juif ; 5 sols parisis, une Juisve grosse ;  10 sols parisis’’. 

3° Déclaration de Laiz et du Bich (Châteauneuf-sur-Loire et Sigloy): ‘’un Juif seul ; 12 deniers, la Juisve grosse ; 9 deniers, une simple Juisve ; 11 deniers, un Juisveau ; 6 deniers, un Juif mort ; 5 sols, une Juisve morte ; 30 deniers’’.

Les expulsions des Juifs en 1306, 1394 et 1410 provoquèrent une désertification des Juifs sur les foires et marchés, et depuis le maniement de l’argent avec le prêt à intérêts ou sur gages, avait passé depuis longtemps aux mains des Lombards, leurs concurrents et leurs successeurs. 

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Dans les registres des Archives départementales du Loiret, il y a de curieux détails sur la situation des Juifs dans l’Orléanais, sur leur commerce, sur leurs usures, sur les mesures politiques prises contre eux ou pour eux.  Il n’est pas question spécifiquement dans ces archives de documents sur la Juiverie orléanaise. On ne trouve que quelques traces par ci et  par là. On sait par exemple, qu’en 1245, que Crisselin, juif, possédait une maison en la Juiverie, ‘’in judearia’’. On sait qu’en 1246  Guillaume de Bussy, évêque d’Orléans, eut un conflit avec le bailli du Roi, touchant le droit de justice sur les Juifs*. Vers 1384-85, certains juifs ayant quelque importance étaient  signalés dans les assises de l’Orléanais. Il s’agissait de David Lévi, de Perret Cohan ou Cohen, de Moreau du Bourc, d’Eliot Salmon, d’Amédée Cohen, frère ou parent de Perret Cohen, qui avait prêté de l’argent à Baudichon de Meung, écuyer ; ainsi que Bon-Ami, qui réclamait les privilèges concédés aux Juifs ; et aussi ce même Bon-Ami qui était accusé de ne pas porter son ‘’enseigne’’ (Rouelle), c’est-à-dire sa marque distinctive, et qui reçut l’ordre de couper ses cheveux qui étaient longs et qui ressemblait à un chrétien ; ce Perret Cohen avait obtenu sentence contre Jean Poissonneau, et se fit restituer légalement 18 francs or ; il y avait aussi Abraham de Trévon, Juif, procureur d’Amédée Cohen, alors fixé à Bourges, qui avait prêté en ‘’loyal prest’’, à Martin Brice, sergent d’Orléans, ‘’seize vins frans d’or du coing du Roy’’ ; le plus important était la lettre royale, en faveur des Juifs, données à Soissons, le 7 août 1382. 

 

Cette lettre royale est curieuse en ce qu’elle révèle qu’il était survenu à Orléans ‘’des commocions’’ contre les Juifs et contre les Juives, que ces malheureux fuyaient çà et là, ne sachant se réfugier, ce dont les Juifs orléanais se plaignirent. Le Roi chargea Jean Barreau, gouverneur d’Orléans, de statuer sur ces doléances et de juger toutes ces causes à Montargis. Postérieurement à cet acte de clémence royale, de nouvelles persécutions se produisirent, qui amenèrent de nouvelles plaintes des intéressés. 

 

Le gouverneur Jean Barreau, qui avait montré quelque équité en faveur des Juif, avait été nommé maitre des requêtes de l’hôtel. Le Roi chargea son successeur de poursuivre les causes et les informations. Il faut noter encore, parmi ces noms juifs, celui de Bonnefons-Dais et celui de Samuel de Chypre, qui avaient été emprisonné au Châtelet d’Orléans. Il n’y a rien en ce qui concerne la vie intérieure des Juifs ni sur leur synagogue. Le premier temple, construit au sud de Saint-Laurent, avait été détruit en 1183 ; la synagogue avait été de nouveau démolie en 1385 et en ce qui concerne le cimetière, celui-ci était situé entre la ‘’Rue des Juifs’’ et celle des Noyers.  

 

 

Pour ce qui est des documents du Baillage d’Orléans entre 1383-1384, il est fait état des causes jugées au bailliage dont la cause entre Jehan de Grisonville, écuyer, et Péret Couan (Cohen), juif ; Pasquier Le Verde, prisonnier du Roi, pour cause d’homicide  ou celle entre Raoul de Montigny et Jehanne de la Bruière, dame de Courtalain, veuve de Jehan de Rouvrya .Parmi ces documents, se trouve aussi la Lettre en faveur des Juifs d’Orléans ; ‘’Charles, par la grâce de Dieu, roy de France, au gouverneur du bailliage d’Orliens ou à son lieutenant, salut. Nous avons veu noz autres lectres dont la teneur s’ensuit : Charles, par la grâce de Dieu, à tous ceulx qui ces présentes lectes verront, salut. 

 

Comme pour le commocions advenues en nos bonnes villes de Paris, d’Orliens et ailleurs, en plusieurs lieux de notre royaume, ès parties de langue d’oil, contre les Juifs et juives demorans en ycellui, ils soient transportés de lieux en autres et ne ouseroient conserver, reparier, ne poursuir leurs causes en nos dictes villes, ne aussi en plusieurs autres de notre royaume, si comme ilz dient ; savoir faisons qu’à la supplication des juifs et juyves demourans ou bailliage d’Orliens, eue considéracion aux chouses dessus dictes et autres qui à ce nous meuvent, confiens à plain du sens, loyauté et diligence de notre amé et féal Jehan Barbeau, chevalier, gouverneur du bailliage d’Orliens, ycellui ou son lieutenant avons fait, commis et ordonné, faisons,, commections et establissons par ces présentes, de grâce espécial, commissaire et juige, tant comme il nous pléra, de et sur toutes les causes et querelles, accions, péticions, opposictions et demandes meues et à mouvoir, à cause des grâces, octroiz et permissins que nouvellement octroiées et faictes leur avons, et de leurs dépendances et circonstances et chacune d’icelle. 

 

Et audit bailli ou son lieutenant avons donné et donnons plain povair et auctorité et mandement espécial, de cognoistre pour et en nom de Nous, de sentencier, décider et détermier premièrement et de plain, sanz figure de juigement, sur ces chouses et chacune d’icelles, en notre ville de Montargis, et de faire et exercer audit lieu, toutes autres chouses qui sur ce seront nécessaires et convenables, ainssi et par la forme et manière qu’il sera à faire, par raison et justice. Et par ainxi nous deffendons à touz juiges justiciers de notre royaume, tant nôtres comme autres, que des chouses dessus dictes ne cognoissent, ce pendant ne s’entremectent en aucune manière, soit par manière de réfomacion ne autrement ; ençois, se aucunes autres causes estoient pardevant eulx encommençées, pour causes de chouses dessus, ycelles renvoient incontinent que requis en seront pardevant ledit juige et commissaire, en l’estat où elles seront, sanz contre-dit aucun. 

 

Et nous mandons à eulx et à touz les autres justiciers de notre royaume que audit gouverneur ou son lieutenant et à leur commis obbeissent sur ce et entendent diligemment, sanz faire ou venir contre la teneur de ces lectres en acune manière. Et en ampliant notre présente grâce, attendu que de ces présentes ils auront nécessité et besoing en plusieurs  et diverses parties et qu’elles elles ne pourroient estre portées pour les périlz des chemins et des distances des pais, toutesfoiz que mestier leur seroit, Nous plaist et voulons que aux vidimus d’icelles faiz sous seaulx royaulx soit adjoutée planière foy et autelle, comme seroit et devroit estre à l’original. Es tesmoing de ce, Nous avons fait mettre notre scel à ces présentes. Donné à Soissons, le VIIè jour d’aoust, l’an de grâce mil CCCIIII xx  et deux et le IIè de notre règne. 

 

Et par lesdiz Juifs et Juyves Nous ait esté humblement supplié que puis le temps de notre octory dessus transcript Nous ayons ordonné ledit Barreau (sic) du tout à nous servir continuelement ès requestes de notre hostel et n’est plus gouverneur dudit bailliage, de plus n’y peut entendre, Nous leur vuillons sur ce pouveoir de remède ; Nous, ce considéré, vous mandons et commectons que jouxte la teneur de nos lectres dessus transcriptes vous vacqués en la commission dessus dicte, par vous ou votre lieutenant au siège de Montargis.’’

 

Dans certains documents, on trouve quelques références sur les toponymes juifs dans le Loiret :

45 Les Juifs. Cne de Ruan. Les Juifs, 1808 (Cadastre) ; Les Juifs, 1950 (Cadastre).

45 Les Juifs. Cne de Vitry-aux-Loges. Les Juifs, 1813 (Cadastre) ; Les Juifs, 1938 (Cadastre).

45 Rue des Juifs. Cne d’Orléans. Rue de Longue Haie, 1640 (Plan de Fleury) ; Rue des Juifs, 1825 (Cadastre) ; Rue des Juifs, 1969 (Cadastre).

45 Rue des Juifs. Cne de Châteauneuf-sur-Loire. Rue des Juifs, 1817 (Cadastre).

45 Rue des Juifs. Cne de Courtenay. Rue des Juifs, 1998 (Cadastre).

Toponymes ‘’Juif’’ précédé d’un adjectif qualificatif

Faux. Variante : Foujuif.

45 Faux-Juif. Cne de Saint-Denis-de-l’Hôtel. Grand Foujuif, XVIIIe s. (Carte de Cassini) ; Faux Juif, 1813 (Cadastre) ; Faux Juif, 1964 (Cadastre).

45 Le Petit-Faujuif. Cne de Saint-Denis-de-l’Hôtel. Petit Foujuif, XVIIIe s. (Carte de Cassini).

45 Les Faux-Juifs. Cne d’Auxy. Les Fau Juifs, 1819 (Cadastre) ; Les Faux Juifs, 1956 (Cadastre).

 

Selon les besoins des seigneurs royaux, comtaux ou ducaux les juifs eurent l’autorisation de se fixer dans les villes de leurs ressorts. Malgré tout pour leurs besoins professionnels, les fils d’Israël sont amenés à se déplacer souvent. G. Loiseau, dans son article ‘’Juifs et Lombards dans le Giennois’’  parle notamment des péages corporels auxquels étaient assujettis les Juifs du Moyen-Age jusqu’aux dernières décennies du XVIIIème siècle :

‘’Comme le Juif est essentiellement voyageur, puisqu’il colportait ses marchandises de ville en ville, de foire en foire, de marché en marché, il laissait, par terre ou par eau, aux boites de péages, une assez forte partie de ses bénéfices. 

Sur la Loire, dans les pancartes de péages, à Arcole, à Sully, à Château-neuf-sur-Loire, les Juifs sont tarifiés sous des rubriques humiliantes :

1°) Déclaration du péage d’Arcole, près Nevoy : ‘’Du Juif mort : 4 deniers, du Juif vif : 12 deniers ; de la Juisve grosse : 2 sols’’.

2°) Déclaration du péage de Sully : ‘’Un Juif : 5 sols, une Juisve grosse : 10 sols parisis’’

3°) Déclaration de péage de Laiz et du Bich (Châteauneuf-sur-Loire et Sigley) : ‘’Un Juifs seul : 12 deniers ; la Juisve grosse : 9 deniers ; une simple Juisve ; 11 deniers ;  un Juisveau : 6 deniers ;  un Juif mort : 5 sols ; une Juisve morte : 30 deniers.

Si les expulsions des Juifs en 1306, 1394 et 1410 furent inefficaces néanmoins, nos Juifs devinrent moins nombreux sur les foires et les marchés, et depuis, le maniement de l’argent avec le prêt à intérêts ou sur gages, avait passé aux mains des Lombards, leurs concurrents et leurs successeurs ….’’

 

Meung-sur-Loire (Loiret)


Une ‘’Juiverie’’. Il y aurait encore à Meung-sur-Loire, quelques traces d’une Juiverie.

 

Epinay-Les-Dry (Loiret)

 

Acte de 1299, par lequel l'Abbaye de Notre-Dame de Beaugency désintéressait Mosse Le Besson, Juif et sa femme, Florion, de la créance qu'ils avaient sur la terre d'Epinay-les-Dry: ''A tous ceuls, etc... Symon de Courcaux, garde de la prevosté d'Orliens, salut. - Sachent tui que Mose le Becon juif, et Florion sa fame, Hohanne, fame feu Loreau de Saint-Mesmin et Johannot, son fils, establiz par devant nous en droit, cessièrent, quittèrent et delessièrent à l'abbé et couvent de Baugency et à leurs successeurs et à ceux qui auront cause d'eux... L'auction et l'obligation ... assis à Epinay... et en ont eu et reçeu la dit juif et sa fame des deniers de la dite veuve LX ij s. VI deniers parisis pour leur ferue; et de la dite Johanne et son filz pour la leur LX et Xiij s. Vj deniers parisis...''.

 

Beaugency (Loiret)

 

Cette ville est citée dans le ''Sefer Haschscholam'’. C'est dans cette commune qu'est né le célèbre commentateur de la Bible; Eliézer, dont Rashbam fut probablement l'élève. Éliézer de Beaugency, une comptine populaire, remontant à  l’époque de Cent ans, ne dit-elle pas à propos de cette ville:

« Mes amis que reste-t-il À ce dauphin si gentil ?

Orléans, Beaugency,

Notre-Dame de Cléry,

Vendôme, Vendôme… »

 

 

Éliézer de Beaugency fut sans doute un seigneur : ce fut un Juif, un rabbin, un tossaphiste. Il vivait au XIIe siècle, en France du Nord : né à Beaugency, dans le Loiret actuel, il séjourna successivement dans plusieurs autres villes et bourgades. Comme Rachi, dont un petit-fils, le rav Chemouel ben Méїr, fut son maître, il excellait dans l’exégèse biblique. Comme Rachi, il traduisait souvent en langue d’oïl - le français archaïque parlé au nord de la Loire - les termes hébraïques les plus difficiles. Quand Éliézer de Beaugency enseignait la Torah et rédige ses gloses, il avait derrière lui plus d’un millénaire de judaïsme gallo-romain puis français. Un long Âge d’Or, où les Enfants d’Israël, considérés comme des « citoyens romains » et bénéficiant, dans le cadre du droit public hérité de Rome, d’un statut de « religion licite », se situaient juste en dessous de la noblesse. Ce qui leur avait assuré une prospérité aussi bien spirituelle que matérielle.

 

 Nombreux, parmi les rabbins français et provençaux, furent  ceux qui portaient un nom de lieu, pour ne pas dire un nom à particule, comme Éliézer de Beaugency : signe du prestige qu’ils détenaient auprès de leur communauté, ainsi que du voisinage et des pouvoirs non-juifs, mais aussi de l’importance de leur yéchiva. De Samson ben Joseph de Falaise (Normandie) à Abraham ben David de Posquières (Languedoc), en passant par Moïse de Coucy (Île de France). Aaron ben Joseph de Beaugency fut un commentateur français de la Bible ainsi qu’un rabbin érudit qui vécut au XIIème siècle à Beaugency, près d’Orléans. 

 

Il était contemporain de Rabbénou Tam (environ 1110-1175), avec qui il entretint une correspondance savante. Le commentaire ''Inhat Yehuda'' sur le Pentateuque parle d'un certain Aaron, contemporain de Jacob d'Orléans, qui serait originaire aussi de Beaugency. Henri Gross dans ''Gallia Judaïca'' pense que cet Aaron est sans doute identique avec Aaron Ben Joseph qui est souvent cité comme commentateur de la Bible et qui était en correspondance avec Rabbénou Tam, petit-fils de Rachi.

Courtenay (Loiret)

Une ‘’Rue des Juifs’’. 

 

A Courtenay, il est fait mention d’une ''Rue des Juifs'' selon ''Histoire de Courtenay'' de l'Abbé Berton. Différents vestiges font état d'une présence juive à Courtenay: une ‘’Rue des Juifs’’, une ferme du nom de ''Mort-aux-Juifs'' et jusqu'en 1972, il y avait une ''Porte des Juifs'' dans cette cité. Dans cette Juiverie se trouvait la Synagogue, cette maison fait le coin de la ‘’Rue des Juifs’’ et de la ‘’Rue de Villeneuve’’. Elle est soutenue  dans ses caves par deux belles arcades de pierre.   Les Juifs marchands et usuriers du Moyen-âge attirés par la protection des seigneurs et la prospérité de la ville avaient leur quartier, hors les murs, c’était la ‘’Rue des Juifs’’ Il ne faut pas oublier que c'était Pierre de Courtenay qui fit chasser les Juifs d'Auxerre

Ferrières-en-Gâtinais (Loiret)

Une ‘’Rue des Juifs’’.

 

Une ''Rue des Juifs'' est citée par l'abbé Dom Morin lorsqu'il parle de la Juiverie de Ferrières dans ‘'Histoire du Gastinais 2'', Pithiviers 1630. Un certain nombre de ces noms ont disparu à Ferrières: la rue de la Drapperie (sic), la rue Sainte Potentienne, la place Drotin, la place des Pressoirs, le carrefour du Puits de la Chaîne, (sic - mais il reste la rue de la Chaîne), la Halle au blé, la rue Faton, la rue des Juifs. La rue des Juifs, était sans doute la partie haute de l'actuelle Grande Rue, dont la partie basse s'appelait alors rue de Bethléem : c'était, près des portes de la ville, le quartier des changeurs et des usuriers, avec la rue de l'Ecu qui la coupe. 

 

Châteauneuf-sur-Loire (Loiret) Une ‘’Rue des Juifs’’. 

 

Les Juifs d'Orléans approvisionnaient la place et le marché de Châteauneuf-sur-Loire en denrées et objets de luxe du Midi et de fourrures du Nord. De 1223 à 1256, les Juifs de Châteauneuf-sur-Loire payaient à la Reine Ingelburge, une redevance spéciale. Il fut réclamé dans cette ville aux Juifs ''la restitution des sommes usurairement extorquées''. A la fin du XIXème la ''Rue des Juifs'' était encore le dernier vestige de cette communauté. D’après certains documents, il est conté le passage de juifs à Châteauneuf-sur-Loire grâce aux registres tenus pour les péages corporels. Ils dévoilent l'antijudaïsme du Moyen Âge : «  Item, livres à juifs qui ont siz, chascun livre, iiij den. le juif pour son corps, obole ; s'il porte lampe, il en doit obole  ». 

 

C'est dire qu'à cette époque, sous le règne de Saint-Louis, selon l'usage barbare, le juif est assujetti aussi à l'impôt au même titre que les marchandises. Il paie plus cher s'il porte avec lui sa lampe ou ses livres saints. Cette discrimination était aussi en vigueur dans des conditions semblables au péage de Châteauneuf-sur-Loire où une femme payait 6 deniers et 9 deniers si elle « était grosse ».  La ‘’Rue des Juifs’’, le Conseil Municipal en date du 3 mai 1886 a décidé de renommer cette rue en ‘’Rue Migneron’’. 

 

Eugène Alexandre Migneron était l’ancien maire de Chateauneuf-sur-Loire  (1810-1886). Chateauneuf-sur-Loire était un point de passage sur la Loire. Une pancarte indiquait les modalités pour traverser : ‘’Un mesnage allant par eau en challan, une espouse et ses gens, un homme mort ou femme : V sols. Un juif seul doit XII deniers ; la juive grosse IX deniers, un juifveau VI deniers, un juif mort V sols, une juive morte XXX deniers’’. 

 

Gien (Loiret)

Une ‘’Rue des Juifs ‘’.Maison dite des Templiers à Gien. 

 

Compte tenu de la position économique de ces villes, la présence d'une communauté juive est incontestable, d'autant plus que son souvenir est perpétué par une ''Rue des Juifs''. Un monument les plus curieux de Gien était une maison qu’on supposait leur avoir appartenu (aux Templiers), et qui fut bâtie, en 1050, par des Juifs. Cette conjoncture se confirme, lorsqu’on se rappelle que Philippe Auguste, après voir chassé les Juifs de l’Orléanais où ils avaient ‘’des synagogues moult belles et grandes  avec lieux secrets pour leurs mystères, et cacher leurs repaires, donna aux templiers les biens qu’il confisqua sur ce peuple errant’’.

Ruan (Loiret) Un lieu-dit : ‘’Les Juifs’’ 

Cadastre 1950

Ruan (Loiret) Un écart ‘’Les Juifs’’.

Saint-Germain (Loiret) 

Une ‘’Juiverie’’.

Dans la Juiverie de Saint-Germain, le nombre d'étudiants juifs semblait assez important. Cette Communauté Juive entretenait deux écoles (talmudiques); une grande et une petite. Celles-ci furent vendues en 1307 ainsi qu'un ouvroir. Généralement les ''Judéria'' avaient leur synagogue, leurs écoles professionnelles et confessionnelles, et leur cimetière.

Dampierre-en-Burly (Loiret)

Un hameau : ‘’Le Grand Foujuif’’. 

 

Dans la nomenclature des ''Hameaux du Loiret'', il est noté la présence d'un écart nommé ''Le Grand Foujuif''. D'où vient l'étymologie de Foujuif ou Foljuif en Seine-et-Marne? Il a été impossible jusqu'à maintenant d'en retrouver les origines.

 

Saint-Denis-de-L'Hôtel (Loiret)

 

Une ‘’Rue des Juifs’’ ou ‘’Rue Faux Juif’’.

 

‘’Rue des Juifs’’ à St Denis-l’Hôtel.

 

A Saint-Denis-de-l’Hôtel, il existe encore une ‘’Rue des Juifs’’. Elle se situe non loin de la Loire. D’un autre côté, selon une carte de Cassini, il y avait un Grand Foujuif au XVIIIème siècle et un Faux Juif (cadastre de 1813). Il semble que ce toponyme soit englobé dans la ville pour devenir la ‘’Rue Faux Juif’’. 

Dans cette même commune, il y avait un ‘’Petit-Faujuif’’ (carte de Cassini) ou un ‘’Petit-Foujuif’’

Il y a aussi un hameau ''Sans Juif'', selon la table alphabétique, historique et descriptive des communes du Loiret, Orléans 1850, 60'' Lieudit ''Foujuif'', INSEE, nomenclature Hameaux.... Loiret 2, L. 1953, 23.

 

Faujuif (Loiret)

 

Lieu-dit  sur la rive droite de la Loire  avant d’arriver à Saint-Denis-de l’Hôtel. 

 

 

Courtemaux (Loiret)

Dans cette région de Courtemaux, un lieu-dit ''La Mort-aux-Juifs'' peut-il indiquer la présence d'un groupe juif en cet endroit. 

 

‘’La Mort aux Juifs’’

Le ‘’Mémoire de la Société archéologique de l’Orléanais’’ Tome XVIII – 1884 a publié un très long article sur le village et le château de Chantecoq. Dans cet article est évoqué le lieu-dit : ‘’La Mort aux Juifs’’ :

‘’La Reine Jeanne mourut en 1348 et laissa Chantecoq au roi son époux. L’année suivante, Philippe VI vint visiter sa terre de Courtenay. Il résidait ‘’en son chastel royal de Chantecoq’’ au mois de février 1349. Il mourut l’année suivante. 

Le 18 juillet 1353, le roi Jean le Bon, son fils, était aussi à Chantecoq, il y décréta de sévères mesures contre les Juifs et Lombards, qui ruinaient ses peuples par l’usure. A une lieue du château royal de Chantecoq, se trouve une ferme qui porte encore le nom de ‘’La Mort aux Juifs’’ ! Entre cet acte et ce nom y a-t-il un rapport ? Nous l’ignorons. Le curé de Chantecoq prit-il la défense des opprimés ? Peut-être. En tous cas, il fut arrêté par les gens du dauphin et conduit à Sens par le doyen de Courtenay’’. 

 

Auxy (Loiret)

 

Un lieu-dit : Les Faux-Juifs ou les Fau Juifs. 

Cadastre 1819 et 1956

 

Charmont (Loiret)

 

‘’Judainville’’, hameau, commune de Charmont.

 

 

 

 

Bellegarde (Loiret)

 

Une ‘’Impasse des Juifs’’

 

 

L'’’Impasse des Juifs’’ de Bellegarde porte ce nom depuis le Moyen-Âge. C'était à cet endroit que se faisaient les transactions de change (l'église ne tolérait pas que les

chrétiens prêtent de l'argent avec intérêts, ainsi cela s'effectuait auprès des juifs).

 

Autruy-sur-Juine (Loiret)

 

Un lieu-dit : ‘’Source de la Juiverie’’.

 

L’abbé Patron parle d’un lieu-dit ‘’Source de la Juiverie’’.

 

Montargis (Loiret)

 

 

Une ‘’Rue des Juifs’’.

 

D'après Henri Stein, dans son ''Inventaire Sommaire des Archives Communales de Montargis'', il y a eu une communauté juive au Moyen-Age dans cette ville dont le souvenir est symbolisé par la ''Rue des Juifs''. En parlant des rues de Montargis, Jean Jourdain dans ‘’ Les noms des rues de Montargis’’ écrit : ‘’Lauriers (rue des). Va de la rue Dorée à la rue Gambetta. Très ancienne rue parallèle à a première enceinte, mais à une vingtaine de mètres. A son origine, elle s’appelait la ‘’rue aux Juifs’’ et englobait une partie de la rue Girodet actuelle. Ce n’est qu’au milieu du 17ème siècle qu’elle devint la rue des Lauriers. ‘’Maison rue aux Juifs proche loe moulin de Crèvecoeur’’, 1605. ‘’maison rue des Lauriers, actuellement rue Crèvecoeur, 1775, Rue des Lauriers autrement dit rue aux Juifs, 1661. En 1860, c’est la ‘’Rue de la Poule Blanche’’ à la cause de l’auberge du même nom qui existait à l’emplacement des ‘’Magasins Modernes’’. A la disparition de cet établissement, on revint à l’ancienne appellation ‘’la rue des Lauriers’’. Un dessin de l’auberge de la ‘’Poule Blanche’’ se trouve dans l’opuscule de monsieur Emile Jacob : ‘’Montargis au temps des diligences’’.  D'après les documents suivants,  il est facile de constater que la Communauté de Montargis a vécu dans cette ville jusqu'à l'expulsion définitive des Juifs de France: amende contre Eliot Salmon Juif, le 17 mai 1387: ''Eliot Salmon, juif, demourant à Montargis, a amendé congnoissance ce que depuis que Perrin Popart que ledit Juif disait estre tenu et obligez à lui en la somme de IX francs par letres obligatoires factes soubz le scel de la prévosté de Montargis....'' ou encore l’ Affaire Baradin et Ben-Amy: Assignation aux assises de Montargis, assise de Montargis le mercredi 11 Novembre 1388: ''D'entre Etienne Baradin, demandeur d'un part, et Ben-Amy, juif deffendeur d'autre part: - jour est assigné ausdictes parties par mondit Seigneur le gouverneur du Baillage d'Orléans, ou son lieutenant à Montargis ... (à la fin d') exhiber en jugement les privilèges dont s'efforcent aider lesdiz juifs, et le drap dont question est''. Il y a aussi ce commandement de porter la rouelle (1388) : 'Nous avons aujourduy fait commandement à Ben-Amy, juif, demourant à Montargis, que il porte son enseigne ou lieu apparent tellement que on puisse avoir congnoissance de lui et des chrestiens et que dans VIII jours il face oster les grands cheveus qu'il porte; a peine de X livres parisis d'amende à appliquer au roi notre sire''.

 

La Roche aux Juifs. (Loiret)

 

‘’Il n’est pas sans intérêt d’observer qu’au début du règne de Philippe-Auguste qui avait expulsé les Juifs du royaume dès 1182, le vocable de Saint-Sauveur fut attribué à une ancienne synagogue convertie en église, à Orléans : le même fait peut s’être produit ailleurs’’. 

 

 

Saint-Maurice-sur-Aveyron (Loiret)

 

 

Une ‘’Rue des Juifs’’. 

 

Parmi les maisons de la Rue des Juifs qui passe devant l’église, on trouve l’ancienne maison de Dame Corneille, belle-sœur de Pierre Corneille. Cette ville faisait partie du domaine des Comtes de Courtenay mais l’Eglise était aussi très bien implantée : l’abbaye de Fontainejean, de l’ordre cistercien fondée en 1124.

 

La Rue Joye (Loiret)

 

Un hameau, commune d’Orléans.

 

Lorris (Loiret)

 

Une ‘’Rue aux Juifs’’. 

 

Les Archives départementales du Loiret font bien état d’une  juiverie dans cette ville. 

L’Abbé Bernois,  membre de la Société Historique du Gâtinais, a situé la synagogue de Lorris dans son livre ‘’Lorris-en-Gâtinais - Châtellenie Royale et Ville Municipale’’ :

Les rues étaient généralement sombres, étroites, humides et tortueuses. 

Les marchands avaient, sur la rue « Grande rue », leurs boutiques avec large ouverture en pierre dure sculptée et profondes rainures. Cette rue commençant au faubourg Saint-Nicolas, se terminait au faubourg de Fessard ou de Montargis, et recevait à droite la rue du Barreau, la rue de l’Eglise, la rue de la Boucherie ou de l’Etape-au-Vin, la rue de la Triperie ; à gauche la rue des Salles et la rue des Juifs.

Toutes ces rues rappellent un souvenir. La rue aux Prêtres (ou du Doyen) nous dit le lieu de leur résidence. La rue de l’Ecole est assez significative. Dans la rue du Barreau siégeaient le prévôt et l’exécuteur des hautes œuvres. Les Juifs ont donné leur nom à la rue qu’ils habitaient (la synagogue est maintenant remplacée par une boucherie). Les rues de l’Etape-au-Vin, de la Boucherie, de la Triperie rappellent différentes professions exercées par les gens de la cité. Dans les faubourgs, nous avions les rues de Saint-Michel, Saint-Nicolas, Saint-Sulpice et de Fessard. Dans un autre texte, on trouve : La présence templière se doublait de la présence des Juifs, lesquels y avaient une synagogue

 

Situation de la synagogue à Lorris.

 

Mignières (Loiret)

 

Une ‘’ Rue des Juifs’’ Saint-Gondon (Loiret)

 

Une ‘’Rue des Juifs’’.

 Sur le plan du XVIIIe siècle, cette rue porte le nom de rue du Four banal aux Hâles, puis du Petit Marché. Ce n'est que vers le début du XIXe siècle que l'on trouve sur les registres paroissiaux  rue des Juifs. C'était probablement une petite rue commerçante. L'importance du Four banal et du Puits au carrefour provoquait un mouvement permanent des habitants. Dans les années 1930, très tôt le matin, le puits était un lieu de rencontre. Ce puits  fut remplacé par une pompe Dragor en 1931. Le nom de Four banal vient du fait qu'un four public existait à proximité de ce carrefour. Sur une maison de pierre,  dite de Justice, avec son éventaire vitrine encadré de pierre de taille, la date de 1584 est inscrite sur l'arc de pierre du soupirail. Dans cette maison, avant 1789, siégeait le bailli ; c'était le représentant du roi et il y rendait la justice. Elle devint par la suite une épicerie, en 1816. Cette rue, comme la rue de la Brèche, épouse le tracé du fossé de défense : le ravelin.

 

Vitry-aux-Loges (Loiret) Un lieu-dit ‘’ Les Juifs’’

« Le Pavé des Juifs ou ‘’Les Juifs’’. 

Le lieu-dit ‘’Les Juifs’’ se trouve entre la route de la Chapelle et la route de l’Epingle.

Il semble que la route venant de Saint-Benoît et traversant le bourg en direction de Seichebrières ait été pavée dans la traversée du village. Entre le Grand-Cimetière et les Juifs nous quittons le Pavé et prenons le Mauvais Pas. A la sortie nord, près de l'ancien passage à niveau, c'est le Bout du Pavé suivi aussi du Mauvais Pas ou mauvais passage.

Le toponyme : "Les Juifs" désignait un endroit habité par des gens de religion juive, ou par un homme de nom juif (1). Depuis l'époque romaine, des Juifs s'étaient établis en Gaule. Ils y jouirent d'abord de la totalité des droits sans discrimination. L'arrivée du Christianisme la leur retira. Mais c'est surtout la Féodalité qui restreindra leur liberté. Ils n'ont plus le droit de posséder de terre ni de faire partie de corporations. Ils ne peuvent donc vivre que du prêt à intérêt, c'est à dire de l'usure avec de gros risques, des taxes énormes et le mépris de leurs obligés. Philippe -Auguste,(1180-1223), Louis IX (1226-1270), Philippe IV le Bel (1285-1314) vont les pressurer, les rejeter, s'approprier leurs biens puis les rappeler en leur faisant payer de lourdes taxes (2). Philippe-Auguste accordera d'ailleurs une faveur à une communauté vivant à Châteauneuf au début du XIVe siècle. Ce n'est pas si loin ! A partir du IVe concile de Latran, ils sont obligés de porter la rouelle sur leur vêtement. Sous l'influence de l'Eglise, une image hideuse du juif, considéré comme un usurier diabolique, ayant partie liée avec les sorciers, les lépreux et les démons se créent dans l'esprit du peuple. Ils sont alors rejetés hors des villes.

Il est possible que la proximité de la maladrerie et de Châteauneuf ait favorisé l'implantation d'une communauté juive ou d'un médecin juif. (3)»

1. SEA Montargis, 23/05/1969: M. Savard: Foljuif, Foujuif, Fuget = souvenir du commerce avec les Juifs tout le long des routes pendant le XIIe siècle. 27/06/1969: M. Savard: Implantations juives au XIIe siècle.

2. Encyclopédie Larousse.

3 . Brochure n° 1, Promenade sur la route de Saint-Benoît, du pont de pierre à la Chapelle.

II - Catalogues des actes de Philippe-Auguste, Léopold Delisle, Slatkine - Mégariotis, Reprints, Genève, 1975.

1190 - du 25 mars à juil. (A.1190) - Ph-Aug. donne une rente de quatre muids de blé à la léproserie de Vitry-aux-Loges. Vidimus de 1392 et 1417 indiqués dans le catalogue des archives de Joursanvault, H. 12, n. 2828. Cf. Mémoires de la Soc. archéol. de l’Orléanais. II.

Cet acte n’est pas une preuve de la présence juive en ce lieu-dit des Juifs, mais il atteste la présence de la léproserie de Saint-Lazare. De cette maladrerie, il existe encore quelques très petites traces et des actes notariés la concernant.

III - Cette citation est sans garantie, car elle ne donne pas la source.

“Au Moyen-Age, au péage de Châteauneuf-sur-Loire, une femme payait 6 deniers et 9 deniers si elle « était grosse »."

IV - On trouve dans les noms de familles de Vitry, une famille Abraham. Les archives paroissiales en témoignent au début du XVIIeme.

 

La Maladrerie-Saint-Lazare-de-Vitry. 

Cne de Vitry-aux-Loges. Chapelle. Cette Maladrerie était située près du lieu-dit  ‘’les Juifs’’, dont les revenus furent réunis à ceux de la Maison-Dieu ou Hôtel-Dieu de Vitry-aux-Loges.

 

Judainville (Loiret)

 

Commune de Charmont-en-Beauce. Jodainville, in parrochia de Karoli Monte, 1232 (Cartulaire de Notre-Dame de Voisins, p. 50) ; Jodainville, 1479 (A.D. 45-G, cartulaire de Saint-Donatien d’Orléans, fol. 88) ; La seigneurie de Judainville, 1684 (A.D. 28-B 815) ; Hameau de Judainville, 1829 (Cadastre) ; Judainville, 1933 (Cadastre).

 

 

Les Judeaux (Loiret)

 

Judeau. Jude = juif, forme savante du latin judaeus = de la tribu de Juda, transcription de l’hébreu yehûdah et du grec Ioudas, et suffixe diminutif français eau. Nom de personne  dès le XIVe s.

Commune d’Oussoy-en-Gâtinais. Les Judeaux, 1811 (Cadastre) ; Les Judeaux, 1935 (Cadastre).

 

Les Judins (Loiret)

 

Judin. Jude, nom de personne d’origine hébraïque, et suffixe diminutif français in.

Commune de Courtenay. Les Judins, 1837 (Cadastre) ; Les Judins, 1954 (Cadastre).

 

 

Bray-en-Val (Loiret)

 

Un lieu-dit : ‘’Foujuif’’.

 

Chemault (Loiret)

 

Un lieu-dit ‘’Foujuif’’

 

 

 

 

 

 

 

Orléans (Loiret)

 

Une ‘’Rue des Juifs’’. 

Jusqu’après la Seconde Guerre Mondiale, il y avait une ‘’Rue des Juifs’’ à Orléans, c’était une rue où se regroupaient les prostituées. 

 

La juiverie d’Orléans stèle funéraire trouvée près d’Orléans

 

Amulette trouvée près d’Orléans     Les Juiveries d’Orléans.

 

Il est possible que l'arrivée des Juifs à Orléans se situe vers le VIème siècle. Les Orléanais détruisirent la synagogue en 538. Lorsque le roi Childebert lança un édit de bannissement contre les Juifs, ceux d'Orléans ne furent pas concernés puisque cette ville ne dépendait pas du domaine royal. En effet, le Royaume Mérovingien, après la mort de Clothaire, fut divisé en quatre royaume. Gontran, roi de Bourgogne, établit sa capitale à Orléans. A l'occasion du baptême de celui qui allait régner sur toute la monarchie franque sous le nom de: Clothaire II, Gontran se rendit à Paris en passant par Orléans; cela donna lieu à une réception solennelle où les marchands étrangers: Juifs et syriens furent conviés. C'est lors de ce passage que les Juifs d'Orléans demandèrent à Gontran de refaire construire la synagogue, qui se trouvait ''Place des Halles'', aux frais de la ville puisqu'elle avait été détruite par les Orléanais en 538. En matière religieuse, si le premier concile d'Orléans en 511 traita de la foi à défendre contre les Aryens, la discipline ecclésiastique et monastique à réformer, l'administration des biens de l'Eglise, il n'est point question du juif. Ce n'est qu'avec les deuxième et troisième conciles d'Orléans (533 et 538) que s'élevèrent les premières restrictions et notamment contre les mariages mixtes. Le synode d'Orléans (541) prit des mesures draconiennes contre les juifs propriétaires d'esclaves. En 1182, les juifs furent chassés du domaine royal. Au XIIIème siècle, Orléans devint un important centre d'études juives et compta un grand nombre de rabbins illustres. A la fin du XIIIème siècle, des marchands juifs tinrent boutique dans la ville. La rue Joye et la rue aux Juifs sont les souvenirs de la communauté médiévale. A Orléans, une pierre sépulcrale datée de 1294 a été découverte, elle servait de pierre de moellon dans l'ouverture d'une porte faite à l'Eglise de Saint-Vincent du Châtelet, avec l'épitaphe de Baruch Ben Judah.  Dans cette tombe, il a été trouvé parmi les ossements une médaille, une amulette, en hébreu. C'est ainsi qu'il en a été conclus que c'était un rabbin. Cette amulette est composée de diverses phrases tirées de la Bible ou de la Kabbale.

Quelques grands savant juifs du Moyen-Age sont issus de la Communauté d’Orléans : rabbi Meïr Ben Isaac d’Orléans, Rabbi Jacob d’Orléans, Yom Tov de Beaugency, Abraham Ben Joseph ; gendre du fameux Sir Léon de Paris. Rabbi Joseph d’Orléans serait l’aïeul par les femmes des ‘’Mutun’’ de Londres. Après lui vient un second Rabbi Jacob d’Orléans puis Rabbi Eliezer de Beaugency et le dernier fut Rabbi Baruch, fils de Rabbi Judah de Meaux.  

 

A Orléans, une pierre sépulcrale datée de 1294 a été découverte, elle servait de pierre de moellon dans l'ouverture d'une porte faite à l'Eglise de Saint-Vincent du Châtelet, avec l'épitaphe de Baruch Ben Judah:

 

''Ici est enseveli Baruk, fils de notre Maître Judah (de Miaus), qui a quitté ce monde 

pour le jardin d'Eden le lundi de la parasha ''Michpatim'' (février) 5052 <1292>''.

 

Les historiens interprètent le terme ''Miaus'', vocable en vieux français, comme la ville de ''Meaux''. Rabbi Baruch fut inhumé dans le cimetière, dont parle les ''Rentes d'Orliens'', qui était situé hors des murs entre l'Eglise Saint-Victor et l'Eglise Saint-Euverte. En 1660, un particulier a découvert une tombe près de Saran. Dans cette tombe, il a été trouvé parmi les ossements une médaille, une amulette, en hébreu. C'est ainsi qu'il en a été conclus que c'était un rabbin. Cette amulette est composée de diverses phrases tirées de la Bible ou de la Kabbale dont voici le texte et la signification de la première face**********:

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********** Abbé Cochard, La Juiverie d'Orléans.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

''1° avers: Dans le premier cercle, sont énumérées les sept planètes avec les anges qui les président:

 

Mars..............................................................Camaël

Jupiter............................................................ Zadkiel

Saturne........................................................... Zaphkiel

Lune............................................................... Gabriel

Mercure......................................................... Michaël

Vénus............................................................. Haniel 

Soleil.............................................................. Raphaël.

 

Dans le second cercle:

''L'Eternel-Cébaot est avec nous, le Dieu de Jacob est une citadelle pour nous. Sélah!''.

 

Dans le troisième cercle:

''Béni seras-tu à ton arrivée et béni encore à ton départ!''

Au centre:

''Voici le Dieu d'Israël''.

 

Comme dans tous les temps d'obscurantisme, une certaine classe de la société a voulu faire passer les pratiques cabalistiques comme de la sorcellerie. A cette époque, les chrétiens ne faisaient-ils pas eux-mêmes du fétichisme? Les amulettes contre telles ou telles maladies, mauvais oeil, etc..., ne sont en réalité pas très courantes et généralement interdites par la Loi Mosaïque, et il est fort possible que cette médaille ait appartenu à un ''Baal Shem'', un érudit ou un rabbin qui connaissait les secrets de la cabale.

 

En 1181, le cadavre d’un enfant fut découvert dans la Loire. Selon la tradition populaire les juifs lui auraient brisé la tête sur une énorme pierre, celle-ci servait de ‘’boute-roue’’ au coin des rues de Lormerie et   au Battoir-Vert à Orléans. Pour dissimuler leur forfait, ils auraient jeté dans la Loire la dépouille de l’enfant. Ainsi les Orléanais attribuèrent ce ‘’crime rituel’’ aux juifs et forcèrent les juges à sévir. Plusieurs membres de la Communauté furent saisis, jugés et finalement ‘’bruslez près Orléans’’.  Jacques Gaultier * précise aussi : ‘’L’an 1181, plusieurs juifs  bruslez près Orléans, pour estre accusez d’avoir ietté un enfant dans la Riuviere’’. Faisant suite à ce  ‘’meurtre rituel’’, il se produisit à Orléans un miracle ; inusitatum miraculum écrivit La Saussaye. En effet, au mois d’août 1182, un prêtre célébrant la messe dans une église d’Orléans, s’aperçut, en élevant l’hostie, que, entre ses doigts et sur le corporal, elle distillait des gouttes de sang. A l’annonce de la nouvelle de ce prodige, tout le peuple orléanais  accourut suivi du roi Philippe Auguste qui séjournait à Lorris  (?). Philippe-Auguste prit ce prétexte pour faire arrêter, un samedi dans leur synagogue tous les Juifs de son domaine : il les dépouilla de leur or, de leur argent et de leurs vêtements précieux. Il confisqua leurs  immeubles et leurs créances, dont les 4/5è furent remis aux débiteurs et le dernier cinquième réservé au roi.  Il promulgua ensuite une ordonnance le 2 avril 1183 et tous ceux qui refusèrent de se convertir furent contraints de quitter le royaume dans un délai de trois mois. Les synagogues furent également converties en église. Ce n’est en qu’en 1198, que le roi Philippe-Auguste permit le retour des bannis en ses domaines. Cette bienveillance royale ne se fit qu’à condition qu’ils lui offrent un présent considérable en argent comptant. Il leur imposa des cautions comme garanties qu’ils ne quitteraient pas son domaine et il garda comme otage 25 juifs de France et 14 de Normandie.  A la fin du XIIIème siècle, des marchands juifs tinrent boutique dans la ville. La rue Joye et la rue aux Juifs sont les souvenirs de la communauté médiévale. Philippe Le Bel fait expulser tous les Juifs de son royaume en 1306. A cette  occasion leur roi fait confisquer tous les biens des juifs : propriétés, argent, etc... Depping précise : ‘’ On conserve encore un compte des biens des Juifs dans le baillage d’Orléans, que les huissiers du roi et le bailli de la ville furent chargés de saisir à cette occasion. On tira de la vente de leurs propriétés, non compris les denrées, les joyaux et l’argenterie, la somme de trente-trois mille sept cents livres quarante-six sous cinq deniers. Le bâtiment de la grande école des Juifs d’Orléans rapporta trois cent quarante livre, et celle d’une autre école, située dans la cité, cent quarante livres......’’. En 1307, Vente par Jean d’Asnières, garde de la prévôté d’Orléans, à la requête de Simon de Montigny, bailli de la dite ville et en vertu de lettres royales datées de Paris le jeudi 18 aout 1306, à Jean Dreux représenté par le fils de Guillaume Garbot, au prix de 140 livres parisis de faible monnaie, de l’école petite des Juifs et de deux maisons y attenant, le tout sis en la cité d’Orléans entres les maisons de Perrot Angenart et de Jean Chicho, crieur public, réserve faite au profit du roi des trésors que l’on pourrait trouver à l’avenir dans les école et maisons. En 1245 un certain Crusselin, juif, possédait une maison dans la Juiverie d’Orléans, une ‘’Judéria’’. En 1246, Guillaume de Bussy Evêque d’Orléans, eut un conflit avec le bailli du Roi, touchant le droit de justice sur les Juifs : ‘’En l’An 1246

Serment de Guillaume, évêque d’Orléans, au sujet d’affaires litigieuses entre lui-même et Monseigneur le Roi.

Au nom du Père, et du fils, et du Saint Esprit, Amen. Moi Guillaume, évêque d’Orléans, avons fait connaître à tous ce qu’il en est des différends qui existent entre le très excellent Seigneur Louis, par la grâce de Dieu l’illustre Roi des Francs d’une part et nous d’autre part ; à propos de ces différends le Roi même veut un arbitre et admet que ce que nous avons dit par notre serment, selon notre enquête, est considéré comme valable et agréable et est regardé de façon inviolable, comme cela est tout à fait contenu dans les lettres de Monseigneur le même Roi.

Extrait : De même  à ce sujet que  le bailli dit  que nous nous ne voulons pas : que si quelqu’un a cité (à comparaître) un juif devant nous, nous voulons contraindre le juif à répondre devant nous ;  au sujet de ce différend nous disons par notre serment , selon notre enquête, que l’Eglise et les hommes des Eglises sont en possession ou presque de cette liberté que s’ils font citer un juif devant nous, le juif est obligé de répondre à ce qui a été dit précédemment, et nos prédécesseurs ont usé d’une justice semblable contre les juifs, dans les cas dits précédemment.

______________________

De même, au sujet de cela que le bailli dit que notre intendant a pris un juif dans la cité d’Orléans, dans sa propre maison et a conduit l’homme lui-même en le maltraitant jusqu’à notre maison ; nous disons par notre serment, selon notre enquête que notre intendant n’a pas pris le juif cité dans la ville d’Orléans, ni dans sa maison, ni qu’il l’a conduit jusqu’à notre maison, ni qu’il l’a frappé, selon notre enquête, le bailli a parlé de lui avec l’intendant au sujet de ce différend et l’intendant  a rendu grâce au bailli là-dessus.

Acté près du mont Argus, en l’an du seigneur 1246, à la fête des saints Egidius et Loup.’’

Les Archives Nationales conservent encore un acte du 4 avril 1307 stipulant la vente de la petite synagogue des Juifs sise à Orléans. 

En 1394 tous les Juifs furent expulsés du Royaume de France, il faudra attendre le Consulat pour voir s’installer de  nouveau des fils d’Israël dans l’Orléanais.

 

 

Des Juifs dans l'Orléanais après la Révolution

 

Après une longue éclipse, du Moyen-Age à la Révolution, l'histoire de la Communauté Juive d'Orléans a repris son cours. Dès avant la Révolution, des groupes de juifs faisaient du commerce dans l'Orléanais. Le 5 mars 738, M. De Baussan, intendant de la généralité d’Orléans, promulgua une ordonnance, par laquelle il fait ‘’deffense à Raphaël de Lasia, à sa compagnie et à tous autres Juifs, de trafiquer, de vendre et débiter aucune marchandises dans la Généralité, à peine de confiscation des marchandises’’.  Avec l’Emancipation des Juifs de France en 1791 et les lois de l’Empire, les choses vont changer. Par exemple, à  partir de Fontainebleau, un passeport fut délivré à Simon Mayer (fils), marchand forain, rue des Gravilliers, section des Gravilliers, le 8 frimaire an III pour se rendre à Orléans.  En 1806, Lazarre Levi, revendeur patenté, domicilié à Neufchatel, département des Vosges, 40 ans, 1,740 m, signant en français et Lyon Bernard, instituteur, 26 ans, né à Limberg (Pologne), font une demande de passeport à la Mairie de Fontainebleau pour se rendre à Orléans. 

 

Selon le Décret de Bayonne du 20 juillet 1808, les Juifs furent obligés de se déclarer dans les Mairies où ils résidaient et d’y fixer leur nom de famille. Le 26 septembre 1808, Mayer Dollingen, Sara et leur quatre enfants déclarèrent habiter Fontainebleau depuis 7 mois et antérieurement à Orléans ainsi que Caïn Volf et sa femme Michel Marchand s’inscrivirent avec leurs  quatre enfants dont l’aînée était née à Châtillon-sur-Loing (Loiret).  D'après le recensement de 1808, le Préfet du Loiret signalait 7 juifs et le 12 novembre 1809, Joseph Cerf d'Orléans fut nommé par le Consistoire Israélite de Paris Commissaire-Surveillant pour le département du Loiret. 

 

Recensement des Juifs dans le Centre de la France depuis la Révolutions jusqu’au Premier Empire :

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Peuplement Juif 1789 1810

Orléanais aucun  7

Bourbonnais : Loir et Cher aucun 10

Allier aucun  5

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Soit au total 22

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A ce propos, S. Posener dit dans ‘’ Immigration des Juifs allemands sous le Premier Empire ‘’: ‘’A Orléans, il y a quatre familles Juive et deux israélites célibataires, tous étaient marchands ambulants’’.

 

En ce qui concerne le recouvrement d’arriérés des frais de culte et l’administration des synagogues, le 26 octobre 1812 le Consistoire des Israélites de Paris reçut une réclamation de Wolf Halphen contre sa taxe aux frais généraux du culte pour 1809; on lui demandait 100 f. Il fut demandé 190 f entre les Israélites d'Orléans pour l'acquittement du salaire du rabbin. La femme de Wolf Halphen, colporteur avec balles; Constance Michel demanda à ce que cette taxe soit réduite de 100 f à 20 f puisque celle de Salomon Cerf était de 20 f. Salomon Caplen, juif d'Orléans, imposé à 20 f avait également réclamé. Le Consistoire proposa que Wolf Halphen s'acquitte d'une taxe de 40 f et non de 20 f + 60 f.

 

En matière de taxes, le Consistoire de Paris ne fut jamais très souple. Différents projets modifieront l’organigramme des Consistoires notamment le projet d’ordonnance de 1839 pour l’organisation des Consistoires :

 

Article IV :

Les Consistoires actuellement existants sont maintenus ; leur circonscription déterminée par le décret du 11 décembre 1808 est conservée. En conséquence, le Consistoire de la circonscription de Paris aura le ressort des départements de l’Aisne,  l’Allier, l’Aube, le Calvados, le Cher, la Côte-d’Or, l’Eure, l’Eure et Loir, les Côtes-du-Nord, l’Ille-et-Vilaine, l’Indre, l’Indre et Loir, le Loir-et-Cher, la Loire-Inférieure, le Loiret, le Maine-et-Loire, la Marne, la Seine, la Seine-et-Oise, la Seine-et-Marne, la Seine-Inférieure, la Somme et l’Yonne’’. 

 

Dans le sud de l’Ile-de-France, Fontainebleau était la seule ville où il y avait une synagogue. Le Consistoire de Paris, par l’intermédiaire du Ministère des Cultes et du Sous-Préfet de cette ancienne résidence royale, fit faire le recensement de tous les Juifs du ressort de la circonscription de cette Communauté.  A propos du dénombrement de la population juive  d’Orléans le Sous-Préfet adressa la lettre suivante au Préfet de Seine-et-Marne :

Fontainebleau, le 19 novembre 1840

 

Monsieur le Préfet,

 

Conformément aux dispositions de votre lettre du 10 de ce mois relative à la population israélite du Département au sujet de laquelle vous me chargiez de demander au Ministre-Officiant de cette ville un complément de renseignements à ceux que j’ai eu l’honneur de vous transmettre le 8 courant, je m’empresse de vous rendre compte que le Ministre-Officiant trop âgé et peu versé dans la connaissance de la langue française s’est fait représenter auprès de moi par un membre de la sinagogue consistoriale qui m’a fait exhibition de toutes les notes qu’il a recueilli  pour un recensement d’israélites fait par lui d’après l’ordre du Consistoire Central de Paris pour connaître exactement la population  de la sinagogue consistoriale de Fontainebleau qui comprend non seulement tout le département mais encore les villes d’Orléans, Sens et Joigny. Aussi à la fête de Purim y-a-t-il à Fontainebleau une population juive étrangère à la ville de quelques 200 individus. Cependant rien n’est plus difficile que de connaître à fond la population de chaque colonie dépendant de la circonscription de Fontainebleau.

1° A cause des habitudes nomades des israélites de la classe infime. 

2° Par refus, que font beaucoup d’israélites des classes élevées d’obéir aux ordres des Consistoires et de se reconnaître membres d’une synagogue quelconque s’abstiennent de toute participation au culte de leurs coreligionnaires.

Il résulte de ces obstacles que la population juive des colonies de la sinagogue de Fontainebleau dont les noms suivent ne peut être qu’approximativement ; savoir :

 

 

Orléans 50 israélites

Sens 20 ‘’

Joigny 10 ‘’

Melun 16 ‘’

Nemours 10 ‘’

La Ferté-sous-Jouarre Inconnue

Lagny Inconnue

Lizy-sur-Ourcq Inconnue

                                                                  ---------------------

total        106 individus

 

Quant aux israélites domiciliés à Fontainebleau

il a constaté par l’inspection des pièces de recen-

sement fait par ordre du Consistoire de Paris qu’ils

sont au nombre de 79 au lieu des 50 portés sur le

tableau que j’avais dressé d’après les renseignements 

du Ministre-Officiant 79 israélites

-----------------------------

total                         185  ‘’

 

Tels sont, Monsieur le Préfet, les renseignements les plus rapprochés de la vérité que je puis produire sur la composition de la synagogue consistoriale de Fontainebleau.

 

Veuillez, ….

 

Le Sous-Préfet’’.

 

Lorsqu’il y a un recensement, quelques juifs refusent de se faire dénombrer en tant que tel et d’ailleurs un autre Sous-Préfet à Fontainebleau constate : ‘’Il y a une si grande incurie dans les chefs de la communauté qu’ils n’ont nul contrôle des membres d’une communauté, point de registre de naissance, mariages, ni décès, ajouté à ce désordre l’absence de nom de famille. Les habitudes nomades de la classe infime et l’indifférence en matière de religion sont beaucoup plus grande maintenant chez les Juifs que chez les chrétiens’’.

 

 

 

 

 

Le dénombrement des Juifs à Orléans était en 1815 et en 1840 de 57 âmes. En 1846, la population d'ensemble orléanais était de 45.700 âmes et les 58 Juifs de cette ville étaient répartis en 22 familles   soit 1 pour 1000 habitants. L'Etat nominatif de la population juive d'Orléans en 1846 a été dressé par Madame Renée Neher-Bernheim *

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    : nom : prénom : âge : profession : observations

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------

1  : Caplen : Salomon : 88 : : infirme :

2  : Mathias : Fleurette : 67 : : épouse  Caplen :

3  : Cerf : Salomon : 78 : Marchand : veuf :

4  : Cerf : Salomon : 48 : Négociant : son fils :

5  : Caplen : Alexis : 42 : Marchand : :

6  : Spira : Virginie : 34 : : épouse Caplen :

7  : Caplen : Sidonie : 15 : : :

8  : Caplen : Arthur : 14 : : :

9  : Caplen : Ernest : 11 : : :

10: Caplen : Estelle : 10 : : :

11: Caplen : Théodore :   8 : : :

12: Caplen : Sara :   6 : : :

13: Rouffe : Elie : 42 : Dentiste : :

14: Goldé : : 44 : : épouse Rouff :

15: : : 15 : : :

16: Rouffe : 3 filles : 13 : : :

17: : : 11 : : :

18: Heiman : Charles : 38 : Marchand : :

19: : Henriette : 33 : son épouse : :

20: Weil : Louis : 48 : : :

21: Weil Cléberm : Rose : 45 : son épouse : :

22: : Clémentine : 12 : : :

23: Weil : Clara :   3 : : :

24: : Léontine : 6 m : : :

25: May : Adolphe : 27 : Marchand tailleur : :

26: May : Pauline : 24 : son épouse : :

27: Moyse : Louis : 27 : Agent d'affaires : :

28: Reix : Henriette : 45 : épouse de Louis : :

29: Moyse : Maurice : 10 : : :

30: Moyse : Julie :   9 : : :

31: Berque : Jacques : 49 : Dentiste : Veuf :

32: Cerf : Abraham : 37 : Marchand tailleur : :

33: Jacob : Jeannette : 34 : : épouse Cerf :

34: : Edouard :  8 : : :

35: : Ernest :  5 : : :

36: Cerf : Adolphe :  4 : : :

37: : Clémentine :  7 : : :

38: : Hortense : 6 m : : :

39: Lévi : Joseph : 52 : Marchand de lunettes : :

40: Sara : Abraham : 54 : : épouse Lévi :

41: Spira : Adolphe : 54 : Peintre en porcelaine: :

42: Spira : Ernest : 13 : : :

43: Spira : Georges :   2 : : enfants Spira :

44: Louy Edouard : Caroline : 29 : : Veuve :

45: Louy : Ernestine :   9 : : :

46: Cerf : Flore : 52 : : Veuve :

47: Cerf : Samuel : 28 : : :

48: Cerf : Cerf : 25 : : ses fils :

49: Henry : Franck : 23 : Tailleur : :

50: Klotz : Henry : 27 : idem : :

51: Mayer : : : vient de quitter le pays :

52: Caplen : Lazare : 49 : Ecrivain : :

53: idem : Jules : 19 : : :

54: idem : Edouard :  5 : : :

55: Nathan : Lazard : 63 : Marchand : :

56: Bernard : Léon : 76 : Desservant : :

57: Mathias : Rachel : 74 : : épouse Bernard :

58: Cerf : Virginie : 17 : : fille de Mme Veuve

 Cerf Spira :

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Le soussigné déclare juste et exact le nombre des israélites à Orléans.

 

Le 4 février 1846

(signé) Bernard Léon

desservant.

 

Vu par nous Maire d'Orléans pour légalisation de la signature de Mr Bernard Léon.

Orléans ce 4 février 1846.

 

(signé) A. Monnaud

adj(oint). ''

 

Il semble que le terme de ''Desservant'', emprunté à la terminologie du clergé catholique, soit utilisé ici pour désigner le ''Schamash'' , le bedeau. Dans le conseil d'administration de la synagogue de la Rue Sainte-Avoye, il avait été enregistré: MM. Schmoll, administrateur, Haïm Plotz, chantre et Samuel Mathias, desservant. Pourtant ici le terme de ''desservant'' doit être mal utilisé puisque Léon Bernard  peut être considérer comme le ministre-officiant de cette Communauté d'Orléans.

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* Rina Neher-Bernheim: Documents inédits sur l'entrée des juifs dans la société française (1750-1850) Tel-Aviv 1972, 2 vol.

 

 

 

En septembre 1847, Le Ministère des Cultes donna un avis favorable à une demande des Juifs d’Orléans pour la création d'un oratoire. A propos du recensement de 1849, M. Rouff, administrateur de la communauté d’Orléans s’empressa d’écrire au Président de la Communauté de Fontainebleau, celui-ci écrivit en retour au Consistoire de Paris : ‘’Reçu avis qu’il m’envoie pour les renseignements demandés à M. Alexis Caplen parce qu’il dit, par décision du Ministre des Cultes du 12 8bre 1847, la Communauté israélite d’Orléans est centre de l’administration réunie à Blois, Tours, Poitiers et Bourges’’. Le 10 décembre 1849, le Président de Fontainebleau écrivit de nouveau au Consistoire de Paris à ce propos : ‘’Nous avons écrit à Orléans et M. Rouff, Président du Culte, nous a répondu que nos coreligionnaires d’Orléans étaient indignes de notre prétention de vouloir les forcer à faire partie de notre circonscription autorisés qu’ils sont par une décision du Ministre des Cultes en date du 12 octobre 1847 à se réunir avec Blois, Tours, Poitiers et Bourges’’. En 1847, M. Berr d’Orléans fit partie de la liste des notables de la Communauté sous le titre d’électeur départemental.

 

En 1853, la Communauté d’Orléans se tourna vers le Consistoire de Paris pour lui demander une aide financière afin de construire une synagogue ; une somme de 200 f lui fut allouée en prévisionnel pour cette année. Une très belle synagogue fut bâtie sous le Second Empire.

 

Si sous le Premier Empire, les Juifs sont au nombre de 7, au commencement du Second, il sont le double. Sous la Monarchie de Juillet, les juifs purent, d’après certains historiens, avoir un oratoire, avec un ministre-officiant salarié, relevant du Consistoire et du rabbinat de Paris.

 

D’après certains renseignements, ce temple semble avoir été à l’origine situé non loin de la venelle Saint-Germain des Juifs, dans la rue Guillaume. Il fut translaté ensuite dans une des travées de la galerie nord de l’ancien cimetière. Dans un premier temps, l’entrée de ce temple donnait rue des Bons-Enfants et portait l’inscription : ‘’Temple Israélite’’. Dans un second temps, l’entrée se trouvait directement dans l’intérieur du cloître, elle était ornementée du décalogue. Sous cette table de la Loi, il était gravé en lettres hébraïques : ‘’Bénis celui qui vient’’.  Arc architectural encadrant la porte était décoré de deux palmes.

 

A Orléans, les ministres-officiants furent : MM. Jacob Jaske (1860), Bernard Flaschner (1880) Bernstein (1890) et Néviasky (1893).

 

Sous Napoléon III, les Juifs restèrent largement dans la ville et la répartition en 1866 de la population juive française par Consistoire et par Département donne pour le Loiret : 81 personnes. Mais dans la seconde moitié du XIXème, la Communauté Orléanaise resta petite et n’eut pas de véritable notable. 

 

Avec la séparation de biens de l’Eglise et de l’Etat en 1905, la Communauté Juive d’Orléans se constitua en 1906 en Association et prend le nom de ‘’Association Religieuse israélite d’Orléans’’. Elle rentre ensuite dans le giron du Consistoire de Nantes.  

 

Souscription des Juifs pour les Chrétiens du Liban

 

Tout en étant sous l’autorité centrale de la ‘’Sublime Porte’’, le Liban jouissait d’une semi-indépendance favorisant une évolution particulariste et un développement local des différentes communautés : les Mutawalis, les Druzes, les Nasiris, les Melkites, les Jacobites et les Maronites. En 1860, une flambée de violence rompit l’équilibre si précaire. Les Druzes massacrèrent 220.000 chrétiens maronites. A la suite de ce massacre, Napoléon III, avec l’accord des Puissances, envoya un corps expéditionnaire au Levant de 6000 marsouins  commandés par le Général Beaufort d’Hautpaul.

 

En cette circonstance, le Consistoire Israélite de Paris, sur l’initiative d’Adolphe Crémieux, et de l’Alliance Israélite Universelle à Paris, qui venait d’être créée, adressa des courriers à toutes les Communautés Juives en France. 

 

Pour ce qui concerne la Communauté d’Orléans :

M. Hauser  fait un don de  2 f.

 

Election au Consistoire de Paris

 

1865 : Election partielle d’un membre  du Consistoire de Paris et de deux délégués pour concourir à la nomination du Grand Rabbin.

‘’Membre du Consistoire

M. Sourdis 13 voix

     Albert Kohn  1 voix

     Saint Paul   1 voix

Deux délégués

M. P. Lunel 12 voix

    Bloqué  7 voix

    Albert Kohn  9 voix

    Ph. Benuloque  1 voix

   Sourdis  1 voix

 

Signé ; Rouffe

Administrateur’’.

 

1870 : Souscription à Orléans pour l’Alliance Israélite Universelle :

    Nathan Cahn

    Keitzer

 

Les soldats juifs prussiens dans la synagogue d’Orléans en 1871.

 

Le sous-officier prussien, M. Reinheimer, de Habizzheim, servit d’officiant dans la Synagogue d’Orléans lors des offices réservés aux soldats d’occupation. Il adressa un compte-rendu de ces convocations des israélites allemands à Orléans. Un de ces textes fut publié dans ‘’L’Univers Israélite’’ :

‘’A Orléans, il existe dans la communauté juive une indifférence pour le Judaïsme, et portant une négligence de tout ce qui s’y rapporte, comme on n’en connaît pas encore, Dieu merci, chez nous en France. La Communauté se compose d’environ vingt familles, appartenant pour la plupart à la classe moyenne. M. B. Flaschner, digne homme venu de Hongrie avec sa famille, remplissait les fonctions de ministre du culte israélite, m’a raconté toutes les misères du Judaïsme tombent ici tous les jours davantage. Les enfants grandissent sans aucune instruction religieuse, et un petit garçon âgé déjà de plusieurs semaines n’est pas encore admis dans l’alliance d’Abraham, attendu qu’à cause du siège de Paris, le péritomiste manque. La synagogue était fermée depuis le second jour de la fêtes des Tentes et n’a été rouverte, longtemps après, que pour le service divin célébré par nous. Le sabbat est publiquement profané, la shehita seul est en de bonnes mains. M. Laschner est l’auteur d’un livre de manière, imprimé à Vienne en 1850. Rien ne rappelle le grand passé israélite florissant à Orléans au temps des Tossaphoth. Une légende obscure et très incertaine signale une maison, de la rue de Bourgogne, si je ne me trompe, comme un Beth-Hamidrach d’autrefois. En outre, on dit qu’un document déposé à la préfecture  fait connaître qu’une des plus grandes églises d’Orléans était jadis une synagogue. On n’a d’autre pièce justificative constatant l’éclat qui entourait le Judaïsme ici pendant le Moyen Age, que la triste décadence où il se trouve aujourd’hui et qui confirme la parole de nos Sages : ‘’Plus haut est l’élévation, plus profonde est la chute’’.

 

Choses de la vie Juive Orléanaise

 

1860 : Décret autorisant l’acceptation de la donation de la demoiselle de Froberwille aux pauvres israélites d’Orléans.

 

1861 : Legs de  1000 f aux pauvres israélites d’Orléans par Demoiselle Huel de Froberwille.

 

1889 : « A Orléans, il existe depuis un nombre d’années déjà assez grand, une communauté organisée, mais elle ne comprend encore qu’une vingtaine de famille : elle a pour Président M. Cahen et pour Trésorier fort intelligent opticien ; M. Lévy-Keyser, dont le beau-père, hollandais d’origine, fut le précédent Parnass : le Ministre-Officiant M. Bernstein, ne manque pas d’habitude, et a épousé une ancienne employée de l’administration des Télégraphes, issue d’une famille d’officiant à Paris et à Fontainebleau.

 

Le Temple, concession accordée par la ville, en 1860, et qui est situé rue des Bons-Enfants convient par sa modestie à cette communauté embryonnaire. Les frais de culte sont supportés par les israélites, la ville et le département....... »

 

1891 : Demande de grâce des nommés Lehmann, négociant en cuir, et Volant, chargé du service de boucherie des hospices d’Orléans. Ils furent condamnés pour falsification des comptes de vente des peaux d’animaux de boucherie et détournement, au préjudice des Hospices d’Orléans. Recommandation notamment du Grand Rabbin de France Zadock Kahn.

 

1891 : M. Bernstein, Hazan à Orléans, est nommé à la Synagogue des Tournelles. 

 

1897 : le 16 janvier 1897, demande de naturalisation de M. Abel dit Adolphe Neviasky (d’origine), ministre-officiant du Culte Israélite d’Orléans.

 

Le Judaïsme algérien fut très tôt représenté à Orléans. En effet, au milieu du XIXème siècle, M. Charles Stora fut attaché au Tribunal de cette ville.

 

L’antisémitisme à Orléans

 

En matière de xénophobisme et d’antisémitisme, l’historien Champfleury reprit un poème en bas breton dans son livre ‘’Histoire de l’imagerie populaire’’. Ce poème du XIIIème siècle appuyait les grandes thèses de Drumont :

‘’Prés de la Ville d’Orléans, se sont rencontrés Isaac le marcheur et le bonhomme Misère ; les  deux vieillards, après s’être salué, s’interrogent. Isaac se croyait de beaucoup plus âgé ; mais il vient de rencontrer quelqu’un  qui est plus vieux que lui.  Et il s’établit entre eux un long dialogue : le juif errant et le bonhomme Misère reconnaissent qu’à l’insu l’un de l’autre, depuis des siècles, ils ont parcouru le monde. 

En ce moment, le premier se repose et le second n’a pas quitté son bâton de voyageur ; notre société, elle, rêve de se débarrasser de l’un comme de l’autre§

Illusion ! le Pauvre et le Juif sont immortels ! ‘’

 

 

En 1897, Philippe Sapin, antisémite notoire, fit paraître  son ‘’ Indicateur des Israélites de France’’. En publiant un tel annuaire des Juifs, il lançait un boycott contre tous les Juifs de France, uniquement parce que petit marchand d’absinthe, il n’arrivait pas à la cheville des Ets Ricqlès. Pour Orléans, il citait :

Ministre-Officiant : Néviasky Adolphe

Administrateur : Cahen N

Trésorier :  Lévy A ;

Armée : Francfort, Chef d’Escadron d’artillerie

               Lippman, Capitaine

  Dreyfus P, Lieutenant

  Risser S, Lieutenant

  Bloch, Capitaine

              Caen, Opticien    Cahen, ‘’Au Petit Paris’’ Cahen ‘’Grand Crédit 

Français’’

              Cerf Melle, Rentière    Cerf Albert, Négoce en vins Crémieux, Tailleur

               Klotz J., Tailleurs         Lehmann, Négoc. Lehmann et Cie, Cuirs et 

Peaux

                Levy-Keyser, Opticien Lazard, Rentier Weil, Prof d’allemand

               Wolf Mme Négoc.

Population juive : 22 familles – 110 âmes environ.

 

Camille Bloch (1865-1949)

Un archiviste à Orléans

 

Après une jeunesse parisienne et des études au Lycée Condorcet où il suivit notamment les cours du philosophe Victor Brochard et collabora à ‘’La Pléiade’’. Condisciple de Gabriel Astruc, à l’Institut Spinger, Camille Bloch entra ensuite à l’Ecole des Chartes en 1887. Il en sortit trois ans plus tard avec un diplôme d’archiviste-paléographe, en même temps que Charles Petit-Dutaillis et Ferdinand Lot. A cette époque, il s’était lié d’amitié avec Tristan Bernard et le groupe des fondateurs de la ‘’Revue Blanche’’, particulièrement les frères Natanson. Avec Pierre Quillard, Charles Andler, Ephraïm Mikaël, Ferdinand Hérold, Camille Bloch prit part aux entretiens où les jeunes discutèrent de tout avec véhémence et cherchèrent leur voie en toute liberté. Camille Bloch fut nommé archiviste du Département de l’Aude en 1891 d’où il s’engagea dans la cause dreyfusarde. En effet, l’antisémitisme, il connaissait le 26 avril 1892, il se battit en duel avec un avocat de l’Aude ; Me Alfred Darzens. Celui-ci ayant été blessé dans ce combat avait injurié Camille Bloch en ces termes : ‘’J’enverrai à M. Camille Bloch…. l’expression du profond dégoût qu’un honnête homme peut éprouver  pour un vilain juif qu’il est ‘’. En 1896, le même poste étant vacant à Orléans, il est placé à la tête des Archives du Loiret. Au jeune et actif archiviste du Loiret, Directeur de l’Ecole des Chartes eut l’idée de confier des stagiaires frais émoulus de l’Ecole, auxquels, par la pratique quotidienne, Camille Bloch enseigna ce que l’Ecole négligeait. D’Orléans, Camille Bloch se tenait au courant du mouvement historique et gardait le contact avec Paris. En 1904, Camille Bloch était nommé inspecteur général. Au cours de ses inspections, il allait insister sur la place que l’archiviste départemental devait occuper dans son département, où il devait devenir le grand informateur et bien souvent un conseiller compétent. Il allait enseigner officiellement ce qu’il avait exposé dans ses entretiens familiers avec les archivistes : une histoire des institutions de la France moderne, à propos des fonds d’archives et de leur classement.

 

Camille Bloch fut appelé à participer à la Commission chargée de classer et de publier les documents d’archives relatifs à la vie économique de la Révolution française, commission proposée par Jean Jaurès en 1903. Après la Première Guerre Mondiale, on fit appel à lui pour organiser la Bibliothèque-Musée de la Guerre et diriger les publications de la Société de l’Histoire de la Guerre. Il était également avec Henri Stein correspondant de la Société Archéologique et Historique du Gâtinais et laissa un grand nombre d’articles savant dans ces ‘’Annales’’.

 

A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, Camille Bloch s’occupa, pour le Gouvernement français, du recouvrement des livres pillés par les nazis. 

 

La colonie de Vacances pour les Jeunes dans le Loiret

 

En 1901, ‘’L’Univers Israélite’’ publia la rubrique nécrologique de Mme Louis d’Eichtal, rappelons quelques extraits :

‘’Nous avons appris avec un vif regret la mort de Mme Louis d’Eichtal dans son château de Bézards (Loiret) le 27 mars dernier. Ses obsèques ont été célébrées le 30 mars suivant, au milieu d’une affluence considérable de parents, d’amis et d’admirateurs. Tous ceux de nos lecteurs qui s’intéressent à la philanthropie savent que Mme d’Eichtal a été l’apôtre d’une idée, née d’hier, mais qui s’est déjà profondément implantée dans l’usage de la Bienfaisance, celle de régénérer les enfants chétifs de la ville par un séjour de quelques semaines à la campagne. Cette idée, Mme d’Eichtal en a démontré les merveilleux bienfaits en présidant elle-même au placement et au patronage dans les villages avoisinants son château d’environ 600 enfants chaque année…

C’est grâce à ses conseils éclairés que l’Œuvre Israélite des Colonies Scolaires a pu faire de la Ferme de la Poste un établissement véritablement modèle…’’

 

Carnet du Jour

 

Naissance : ‘’M et Mme Raymond Lederman ont la joie d’avoir un petit garçon. Nous leurs présentons nos sincères Mazel Tov ainsi qu’aux grands-parents M. Lederman, ancien président de l’Association Cultuelle d’Orléans et M. et Mme Henry Levy de Paris.

‘’L’Univers Israélite’’ 1931.

 

Le Soldat Maurice Spiegelstein

 

‘’L’Univers Israélite’’ fait paraître en 1930 un petit article sur la remise d’une décoration au soldat Spiegelstein :

‘’Distinction honorifique à titre posthume.

Par décret ministériel du 10 octobre, la médaille militaire vient d’être attribuée à la mémoire du soldat Spiegelstein (Maurice, Léopold, Joseph) mort pour la France avec la citation suivante : Très bon soldat, engagé volontaire à l’âge de 17 ans pour la durée de la guerre, glorieusement tué à son poste de combat le 29 avril 1918 à Saint-Jean Cappel (Mont Noir) après avoir fait tout son devoir. (Croix de Guerre avec palme).

Ce héros était le fils de notre coreligionnaire, M. Spiegelstein, négociant à Orléans.’’

 

Claude Lewy

maire d'Orléans

 

Claude Lewy fut maire d'Orléans de 1935 à 1940. Né à Orléans en 1906, il meurt à Paris le 1er juin 1981.''La République du Centre'' a publié en 1974 une biographie le concernant: 

''M. Claude Lewy,

ancien maire d'Orléans,

 

Ancien maire d'Orléans, avocat international, président des Français de New York, M. Claude Lewy est cette année l'invité de la municipalité.

 

M. Claude Lewy est né à Orléans en 1906. Il fut l’élève du lycée Pothier, avant d'entreprendre des études de droit à la Faculté de Paris.

 

 

Propagande antisémite à Orléans notamment contre le Maire Lewy.

 

A dix huit ans, il était secrétaire de la Fédération nationale des étudiants socialistes - charge à laquelle devait lui succéder un quasi homonyme, Claude Lévi-Strauss, aujourd'hui bien éloigné d'ailleurs des activités de ce genre, aux sommets qu'il a atteints au Collège de France et à l'Académie française.

 

A la même époque, M. Claude Lewy était devenu secrétaire adjoint, puis secrétaire général de la Fédération socialiste du Loiret. Il fut ensuite chef ou directeur de cabinet au secrétariat à la présidence du Conseil, à la Marine marchande, au Travail et au ministère de l'Intérieur.

 

En 1935, il était élu maire d'Orléans. L'importance de l'œuvre qu'il accomplit à la tête de la municipalité reste assez connue de nos concitoyens pour ne pas avoir à être longuement rappelée ici. Néanmoins, en ces jours de fêtes de Jeanne d'Arc, on ne peut pas ne pas évoquer l'éclat particulièrement brillant que cette municipalité leur avait rendu. Les Orléanais n’ont sûrement pas oublié non plus une réussite assez rare alors et aujourd'hui: sans renoncer en rien à ses convictions personnelles, M. Claude Lewy sut faire taire, de part et d'autre, toutes querelles partisanes. Il donna aussi, au conseil municipal, l'exemple d'hommes venus des points de tous les horizons politiques, associés dans une unanimité constante et une bonne volonté totale, à une tâche commune, celle de la bonne administration de leur ville.

 

Il fut le dernier maire de la IIIè République, puisque la catastrophe de 1940 mit pratiquement fin à son mandat. Après les bombardements de mai-juin, et sur l'avis d'évacuation de l'état-major, il dut à son tour quitter la ville que la panique générale avait vidé la quasi-totalité de ses habitants  et que les autorités militaires, civiles et religieuses, ainsi que les services de sécurité, avaient déjà quitté.

 

Au ministère de l'Intérieur, où il se rendit immédiatement, on fit comprendre à M. Claude Lewy que sa présence à la tête d'une grande ville, compte tenu de son origine et de l'atmosphère politique, devait être  à tout prix évitée, dans l'intérêt de ses concitoyens, pendant que les nazis l'occupaient. C'est dans ces conditions  que refusé par la commission de réforme, en dépit de ses demandes d'engagement militaire pendant la guerre, puis sous l'occupation, il remplit à La Havane des tâches difficiles et y rendit des services éminents. Cuba fut le premier pays de l'Amérique latine à reconnaître le gouvernement du Général de Gaulle, ce qui lui valut les félicitations du représentant de celui-ci, et, plus tard, la Légion d'Honneur à titre exceptionnel.

 

M. Claude Lewy est présentement avocat aux deux Barreaux de Paris et de New York. IL est délégué de la Société de législation comparée aux Nations Unies. Au Barreau de New York, il fut et il est toujours avocat bénévole, et particulièrement efficace, du consulat général et de l'Ambassade de France. Il fut, à ce titre, élevé au grade d'officier de la Légion d'honneur, il y a une douzaine d'années.

 

Président de l'Association de la France Libre, M. Claude Lewy est toujours  président de la Société des relations culturelles  franco-américaines, qui a aidé puissamment à la défense de la langue française aux Etats-Unis. Il a reçu du ministère des Affaires culturelles et du ministère de l'Education nationale les deux plus hautes distinctions de ces deux départements en étant fait commandeur de l'Ordre des Arts  et Lettres  et de celui des Palmes Académiques.

 

Ayant eu la possibilité de jouer un rôle dans les relations entre la France et la Côte-d'Ivoire, il a été fait, par M. Houphouët-Boigny, commandeur de l'Ordre national de ce pays. .......''

 

En souvenir d’Aline

 

Aline Korenbajzer

 

Autour de l’histoire des Camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande, un Centre de Recherche et de Documentation sur les camps d’internement et de déportation juive dans le Loiret assure désormais la pérennité du témoignage et du souvenir. Une exposition à l’effigie d’Aline Korenbajzer, présentée notamment à la Grande Arche de la Défense, a été réalisée sous le thème : ‘’Histoire et Mémoire. Les camps d’internement du Loiret 1941-1943’’ racontant non seulement l’arrestation des Juifs dans le Centre et l’Ouest de la France mais également celle des Juifs d’Orléans, notamment la famille Novodworski.

 

Le 14 juin 1940, un commando de la Gestapo, antenne de la direction IV, commandé par Knochen, s’installa à Paris. Des commandos de la S.I.P.O et du S.D. sont installés à Angers, Bordeaux, Châlons-sur-Marne, Orléans, etc… A partir de juin 1942, Dannecker demanda au S.D. d’Orléans de préparer mille juifs  des camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande pour le convoi du 22 juin. Pour remplir les camps de la zone nord, il fut organisé les grandes rafles de juillet de juifs étrangers et apatrides. Le 16 aout 1942, les enfants arrêtés à Bordeaux sont expédiés à Pithiviers sans leurs parents. Ceux-ci seront déportés avec des groupes d’adultes vers Auschwitz. Outre la déportation, un grand nombre de Juifs furent assassinés ou exécuter comme otage. L’ancien ministre Jean Zay, orléanais d’origine juive, fut assassiné le 21 juin 1944. A Orléans, il y eut malheureusement  un parti antisémite qui sévit fortement depuis l’affaire Dreyfus jusqu’à la ‘’Rumeur’’ en 1969. A propos de la ‘’Rumeur’’ d’Orléans, ce dont les deux filles du Dr Amrofel qui alertèrent l’opinion publique et mirent à jour cette sordide histoire de traite des blanches.

 

Une grande partie de la Communauté Juive d’Orléans a disparu dans la tourmente de la Shoa. En 1966, la Communauté avait reconstitué un peu ses forces et se composait de 500 membres. En 1971, avec les suites de l’Affaire d’Orléans, elle n’était plus que de 300 âmes.

 

Pithiviers et Beaune-la-Rolande

 

 

 

Monument à la mémoire des déportés internés

au camp de Pithiviers.

 

Pithiviers : Un camp a été construit au début de la Seconde Guerre Mondiale  avec l'objectif d'y héberger des prisonniers de guerre allemands. Après l'armistice du 22 juin 1940, il est utilisé d'abord pour des prisonniers de guerre français.  Joseph Darnand, fondateur et dirigeant de la Milice, fait prisonnier de guerre le 19 juin 1940, a été interné au camp de Pithiviers avant de s'en évader en août 1940.

Le camp de Pithiviers est, avec celui de Beaune-le-Rolande, le deuxième grand camp d'internement du Loiret. Rouvert au début de 1941 pour parquer les Juifs arrêter à Paris et en Ile-de-France, il se remplit en Juillet 1942 après la rafle du Vel-d'Hiv. Au début il servit de camp d’internement pour les Juifs étrangers et notamment allemands et autrichiens arrêtés par la gendarmerie française sur ordre des Préfets et avant la rafle dit ‘’du billet vert,’’ le gouvernement de Vichy transforma  ce camp de transit pour les Juifs arrêtés lors des premières rafles. Près de 300 hommes, des camps de Beaune-la-Rolande et de Pithiviers, furent  transférés dans les fermes de Sologne jusqu'en juillet 1942. Six convois partirent de Pithiviers les 25 juin, 17 juillet (6ème convoi), 31 juillet, 3 aout, et 21 septembre 1942, transportant 6 079 Juifs vers  Auschwitz pour y être exterminés.

Les enfants de 2 à 14 ans arrêtés avec leurs parents furent  envoyés à Pithiviers (1800) et à Beaune-la-Rolande (1 500). C'est donc à l'écart de la capitale, dans le Loiret, qu'en juillet 1942, la Gestapo et la police de Vichy séparèrent en toute discrétion parents et enfants juifs arrêtés lors de la rafle du Vel-d'Hiv. Les parents furent  d'abord transférés à Drancy puis déportés. A partir du 17 août 1942, les enfants durent  à leur tour envoyés à Auschwitz pour y être gazés. Ce camp, comme celui de Beaune-la-Rolande, fonctionnait sous la double tutelle de la Préfecture du Loiret et de l'autorité allemande mais sous la surveillance de la gendarmerie française. Le CERCIL ( Centre d'Etude et de Recherche sur les Camps d'internement du Loiret) a créé une exposition afin de préserver la mémoire des déportés de ces lieux. 

 

 

Renouveau de la Synagogue

A l’ombre de la Cathédrale 

 

 

La Synagogue d’Orléans au Campo Santo.

 

 

A la fin du XIXème, la petite communauté d’Orléans est logée dans une synagogue au Campo Santo. Celle-ci comptait une quarantaine de membres. Une partie de la communauté fut déportée durant la Seconde Guerre Mondiale et à la fin du conflit quelques-uns revinrent pour reformer un premier noyau.  En 1971, il y avait près de 500 juifs avec une synagogue et un Centre communautaire. C’est grâce à l’affut des Juifs d’Afrique du Nord, que cette communauté a pu renaître et se développer. De nos jours, il y a environ 150 familles réparties dans Orléans et la région orléanaise. La plus grosse partie de la communauté est composée de juifs séfarades et de quelques anciennes familles aschkénazes. C’est dans un ancien oratoire de la chancellerie qu’a été aménagée la synagogue et le centre communautaire. Ce bâtiment, à l’ombre de la Cathédrale, a été mis à la disposition de la communauté par la Mairie et l’Evêché dans les années 1970.  Le fonctionnement de ces institutions est géré par un conseil d’administration bénévole qui offre aux membres de la communauté différents services. Un rabbin guide les différents événements religieux :

 

-Office du Shabbat et des différentes fêtes 

-Hévra Kadicha ; service funéraire 

- Approvisionnement ‘’cache’’ pour les fêtes

- Organisation de manifestations culturelles.

 

Ainsi la communauté juive de l’Orléanais a renoué avec son glorieux passé. 

 

Frédéric VIEY

                                                                                                           Septembre 2014.

Bibliographie

 

 

 Orléans :

Depping (G.-B.). Les Juifs dans le Moyen Âge.

Essai historique sur leur état civil, commercial et littéraire.

Abbé Cochard : La Juiverie d’Orléans du VIè au XVème siècle, Mémoire de la Société d’Agriculture, Sciences, Belles-Lettres et Arts d’Orléans, t. 33, 1895

 

Meung sur Loire

Soyer J. p. 93

 

Gien 

G. Loiseau : Juifs et Lombards dans le Giennois. 

 

Montargis : 

Jourdain Jean : ‘’Les noms de rues de Montargis’’ ; Montargis, Les Amis du Vieux Montargis, 2ème édition, 1ère édit. 1988, 2009, 114 p. (p. 69-70).

 

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