Quand l’ONU confie la plume à Alger
Le 18 septembre 2025, dans le huis clos solennel du Conseil de sécurité, quatorze mains se levèrent, une seule se baissa. Le veto américain claqua, interrompant la liturgie d’une résolution qui, sous l’apparat de la paix, masquait une inversion morale.
Le texte réclamait un cessez-le-feu « immédiat, inconditionnel et permanent », la libération « digne et sans condition » des otages, et la levée des restrictions humanitaires.
Mais derrière la façade d’équilibre, l’absence hurlait : nulle condamnation du Hamas, nulle mention du droit d’Israël à se défendre. Tout était exigé de la victime ; rien du bourreau.
Le triangle de l’ironie historique
La résolution fut parrainée par l’Algérie, membre non permanent en 2024-2025, État qui n’a jamais reconnu Israël et dont le président proclamait encore qu’aucune normalisation n’adviendrait sans État palestinien.
La séance fut présidée par l’ambassadeur d’Égypte, pays jadis défait par Israël, signataire de Camp David mais toujours lesté d’une hostilité sourde.
Enfin, le climat fut imprégné des déclarations de Francesca Albanese, rapporteure spéciale accusée d’antisémitisme, dont la parole obstinée forge, au fil des ans, une rhétorique implacable contre Israël.
Ainsi se dessina ce triangle accablant : Algérie qui rédige, Égypte qui préside, Albanese qui inspire. Tout concourait à un théâtre d’ombres où Israël comparaissait sans défense, tandis que le Hamas, effacé du texte, se voyait blanchi par le silence.
L’aveu des institutions
Et l’ONU dut avouer :
« 19 membres du personnel de l’UNRWA à Gaza furent impliqués dans les abominables attaques du 7 octobre. »
Ainsi donc, l’agence censée instruire et soigner reconnaissait que certains de ses propres agents avaient trempé dans le sang. Et pourtant, dans ce climat vicié, on osa confier la plume à Alger.
La fourberie rhétorique
On invoque le droit humanitaire pour sommer Israël de « restaurer » Gaza.
Mais ce droit, noble en son principe, devient arme syntaxique, instrument grammatical.
On somme Israël d’assurer ce qu’il assurait déjà avant la guerre — eau, électricité, soins, travail — tandis que le Hamas détourne, pille, opprime.
Et plus encore : pas une ligne, pas un mot pour exiger du Hamas qu’il cesse de fusiller ses propres citoyens, Palestiniens soupçonnés de collaboration, exécutés d’une balle dans la nuque pour avoir accepté une aide. Le Conseil exige le courant, mais se tait devant les cadavres.
La manipulation est patente : juxtaposer des exigences simultanées — cessez-le-feu, aide, otages — comme si tout se valait. Or l’ordre sert le Hamas : cessez-le-feu d’abord, flux humanitaires ensuite, libération des otages plus tard, peut-être. Chaque trêve devient un répit, chaque aide un arsenal, chaque promesse un leurre. Les otages, eux, meurent, creusant leur tombe sous l’œil des caméras.
Le masque tombe
Dans ma tribune sur le procès Albanese, j’écrivais déjà que la neutralité onusienne avait été confisquée. La démonstration, désormais, éclate :
- une agence qui confesse la compromission de ses propres employés ;
- une rapporteure spéciale accusée d’antisémitisme ;
- un État qui nie Israël investi du rôle de plume
-une présidence confiée à un pays jadis en guerre contre lui.
Voilà la mise en scène qui se prétend « justice internationale ». Ce n’est pas de la diplomatie, c’est une farce tragique.
L’illusion d’universalité
Car l’ONU s’acharne contre Israël avec une constance obsessionnelle, tandis que des massacres réels, des génocides entiers, s’oublient dans les sables du Darfour, du Congo, du Soudan.
Vingt ans de tueries, quarante ans de guerres, et point de rapport, point de résolution. L’institution, forgée pour la Palestine, s’est muée en tribunal permanent d’Israël, comme si la planète entière se réduisait à cette obsession unique.
Le dernier mot
Il faut le dire avec gravité : les mots comptent. Ils sont semence et sentence, germe du vrai comme arme du mensonge. Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ; bien les nommer, c’est déjà résister. Mais l’ONU choisit d’arranger, de masquer, d’édulcorer.
La propagande ne ment pas frontalement : elle se drape d’un fragment de vérité.
Elle martèle, elle répète, elle sature l’air de demi-vérités, jusqu’à ce que l’esprit grégaire les confonde avec l’évidence. Ainsi Goebbels façonna des certitudes, ainsi les rhétoriques soviétiques subjuguèrent des foules, ainsi les slogans collaborationnistes pavèrent la route du renoncement.
Et nous voyons ce mécanisme renaître aujourd’hui : dans les travées de l’ONU, au sein de l’UNRWA, mais aussi en France, dans les tribunes du LFI ou du NPA, où l’on inverse les rôles, où l’on magnifie les bourreaux, où l’on efface les victimes.
Voilà pourquoi ce conflit est aussi une guerre de mots. Et dans cette guerre, la falsification rhétorique tue autant que les armes. Car lorsque la haine guide une cause, l’homme efface, l’homme inverse, l’homme falsifie.
Souvenons-nous : perdre la rigueur des mots, c’est déjà commencer à perdre l’humanité.
Nataneli