Nataneli Lizee

Nataneli Lizée est journaliste et Correspondante de Presse.
Avec plus de vingt ans ans d'expérience dans l'écriture, l’information, la communication et la littérature, je me consacre à la création d'œuvres qui explorent la conscience individuelle et collective à travers la poésie, la littérature romancé et l'essai. Actuellement auteure et journaliste indépendante, je fusionne ma passion pour la littérature avec mes compétences en communication et nouveaux médias pour toucher un public plus large.

Les articles de Nataneli Lizee

Tribune juive — Pour un judaïsme qui ne se déchire pas par Nataneli Lizée

Tribune juive — Pour un judaïsme qui ne se déchire pas par Nataneli Lizée

Tribune — Pour un judaïsme qui ne se déchire pas

Je lis le texte de Jean Vercors et je reste sidérée.
Pas tant par sa virulence que par son absurdité : s’en prendre, une fois encore, à Delphine Horvilleur, non pour ses idées, mais pour ce qu’elle est — une femme, une rabbine, libérale, visible, et donc coupable d’exister hors du cadre que certains voudraient imposer au judaïsme français.

Ce n’est pas une tribune, c’est un pamphlet sans fondement.
Un procès en appartenance. On y moque une voix “en cachemire”, une parole “tiède”, on raille sa présence médiatique, comme si le ton, la douceur, ou la modernité rendaient la foi suspecte. On ne discute pas son travail, on attaque sa personne. C’est une rhétorique ad hominem, ad personam, sans un seul argument de fond.

Je ne comprends pas comment, dans un peuple déjà visé, amalgamé, caricaturé depuis des siècles, on peut encore se permettre de se diviser ainsi : libéraux contre orthodoxes, hommes contre femmes, sionistes inconditionnels contre juifs lucides.
Nous sommes déjà sous le feu de la propagande antisémite et antisioniste ; pourquoi rajouter nos propres fractures ?
En dénonçant Delphine Horvilleur comme “figure clivante”, Jean Vercors fait exactement ce qu’il dénonce : il fracture
. Il retire à des milliers de juifs — libéraux, traditionnalistes, ou simplement culturels — le droit d’être pleinement juifs à leur manière.

Delphine Horvilleur, qu’on l’aime ou non, fait vivre le judaïsme. Elle ne le dilue pas, elle le transmet. Elle ouvre un espace de pensée dans une société qui ne connaît souvent de nous que des clichés : l’intégrisme ou le silence.
Elle fait ce que font depuis toujours les sages du Talmud : interroger, relier, faire bouger les lignes sans rompre le fil. Être juif, c’est cela : refuser la stagnation.

Et non, critiquer Netanyahou n’est pas trahir Israël. C’est aimer assez ce pays pour vouloir qu’il reste fidèle à son âme. C’est la responsabilité morale d’un peuple qui a toujours su se juger lui-même avant que le monde ne le fasse. Confondre la loyauté avec le silence, c’est nier notre propre tradition : celle de la discussion, de la vigilance, de la conscience.

Ce qu’on appelle “judaïsme light” n’existe pas : il y a simplement plusieurs manières d’être juif. Et la parole libérale ne nie pas les autres — elle s’y ajoute, elle les complète.
Le judaïsme n’a jamais été un bloc monolithique : il est une respiration plurielle, un tissu de voix qui se répondent. Ceux qui rêvent d’un dogme unique oublient que c’est précisément la diversité qui nous a maintenus debout à travers les exils et les persécutions.

Alors oui, débattons, mais avec respect. Opposons des idées, pas des visages. Parce que chaque fois qu’un juif insulte un autre juif au nom de la “pureté” de sa foi, il fait le travail de nos ennemis à leur place.

Delphine Horvilleur n’affaiblit pas le judaïsme, elle lui rend son humanité. Et c’est peut-être cela, le plus insupportable pour ceux qui confondent piété et pouvoir : qu’une femme pense, parle, enseigne, sans demander la permission.

“Toute controverse menée pour l’amour du Ciel perdure ; celle qui n’est pas menée pour l’amour du Ciel ne perdure pas.” (Pirke Avot 5:17)

À chacun de choisir de quel côté de cette phrase il veut se tenir.

Nataneli Lizee

La chute de Sébastien Lecornu : symptôme d’une République épuisée par Nataneli Lizée

La chute de Sébastien Lecornu : symptôme d’une République épuisée par Nataneli Lizée

La chute de Sébastien Lecornu : symptôme d’une République épuisée

Par Nataneli Lizée, journaliste et essayiste

Le court règne de la continuité

Le 6 octobre 2025, Sébastien Lecornu a présenté sa démission. Moins d’un mois après sa nomination à Matignon, l’ancien ministre des Armées quitte le pouvoir, victime d’un effondrement politique éclair. Sa chute n’est pas un accident : elle est la conséquence logique d’un système qui s’effondre sous son propre poids — celui d’une Ve République privée d’oxygène, où plus personne ne gouverne vraiment.

Nomination le 9 septembre. Annonce du gouvernement le 5 octobre. Démission le 6.
En vingt-sept jours, tout a vacillé. Lecornu devait incarner la stabilité, la méthode, la loyauté. Il n’aura incarné que la fragilité d’un pouvoir désincarné.
Son gouvernement, dévoilé à grand renfort d’éléments de langage, fut perçu comme un recyclage des élites : Bruno Le Maire de retour aux Armées, la plupart des sortants reconduits, aucun souffle nouveau. Le mot “rupture”, un instant murmuré, s’est évaporé dès la lecture des premiers portefeuilles.

Dès le lendemain, le verdict était unanime. Les Républicains parlaient de mascarade, la gauche dénonçait une parodie de changement, et le Rassemblement national réclamait la dissolution immédiate de l’Assemblée. En moins de douze heures, la majorité éclatait, les motions de censure s’alignaient, et la promesse d’un gouvernement d’unité sombrait dans le ridicule.

Le syndrome du funambule

Lecornu avait pourtant perçu le péril. Conscient du rejet du passage en force, il avait annoncé qu’il ne recourrait pas à l’article 49.3 pour faire adopter le budget.
Ce geste, d’une élégance républicaine, s’est retourné contre lui.
Dans un Parlement sans majorité, la volonté de dialogue devient aveu de faiblesse.
L’Élysée a vite compris qu’aucune majorité ne voterait la confiance, ni même le budget, et que la chute était inévitable. Les marchés ont réagi aussitôt : repli du CAC 40, tensions sur les taux français, inquiétude européenne.
Ce n’était pas tant Lecornu qui tombait que la crédibilité institutionnelle de la France. Un pays qui change de Premier ministre tous les six mois ne gouverne plus : il cherche à survivre.

Le piège macronien

La démission de Lecornu met à nu le paradoxe du macronisme : un pouvoir hyperprésidentiel sans base politique. Emmanuel Macron, en nommant un proche, pensait consolider son emprise. Il l’a fragilisée.
Car ce système de gouvernance verticale, efficace en période d’élan, devient étouffant dès que le souffle se retire.
La majorité n’est plus qu’une fiction arithmétique, les alliés de droite se retirent, la gauche se replie sur ses slogans, et le centre ne tient que par lassitude.
Macron est aujourd’hui seul. Seul au milieu des ruines d’un appareil politique qu’il a lui-même façonné. Son pouvoir n’est plus contesté : il est vidé de substance.

La mécanique d’un effondrement

La chute de Lecornu révèle le délitement progressif du pacte démocratique français.
Le Parlement ne légifère plus, il bloque ; le gouvernement ne gouverne plus, il gère ; le peuple ne croit plus, il s’abstient.
La Ve République, née pour stabiliser le pays, se heurte à une société éclatée où plus aucun consensus n’existe. Elle s’effondre sur son socle même : un exécutif tout-puissant, mais sans légitimité vécue.
Depuis la dissolution ratée de 2024, la France navigue de remaniement en remaniement, de promesse en désaveu.
Les gouvernements se succèdent comme des fusibles. Celui de Lecornu n’aura été qu’un court-circuit de plus. Mais ce court-circuit a valeur de signal : il n’y a plus d’électricité dans le système.

Une République au bord de la paralysie

Au-delà du tumulte médiatique, une vérité s’impose : le pouvoir n’a plus de centre de gravité. L’opposition se nourrit du vide, les partis traditionnels agonisent, les syndicats s’épuisent, les institutions chancellent. La France n’est pas en révolution : elle est en suspension.
Une suspension civique, presque métaphysique, où tout semble à la fois possible et stérile.
Le pays n’attend plus un programme, il attend un sens. Et ce sens, aucun des acteurs actuels ne paraît capable de le lui redonner.

Le silence après le fracas

Sébastien Lecornu est parti sans mot d’amertume. Peut-être avait-il compris, avant tous les autres, que sa mission était impossible.
Son échec n’est pas celui d’un homme, mais celui d’un régime qui ne sait plus se réinventer.
Il s’en va comme on éteint une lumière dans une pièce déjà vide.
L’histoire retiendra sa brièveté. Mais au-delà des chiffres, sa chute marque un basculement.
Ce n’est plus la politique qui s’effondre, c’est l’idée même de gouvernement.
Et si cette démission n’était pas seulement la fin d’un mandat, mais le symptôme d’une République à bout de souffle — d’un monde politique où la parole ne précède plus l’action, où le pouvoir ne précède plus la confiance ?

Une France désenchantée, ou une France en gestation ?

Il ne reste que deux issues possibles : la dissolution ou la refondation. La première prolongerait l’agonie ; la seconde suppose un courage que la classe politique ne semble plus posséder.
Mais il arrive parfois que les nations, comme les êtres, ne se relèvent qu’après avoir touché le sol. Peut-être ce moment de vide, de désillusion et de lassitude, est-il le prélude à une réinvention. Si la République veut survivre, elle devra retrouver ce qui lui manque le plus :
la croyance dans la vérité du politique. Pas dans ses mots, mais dans sa parole tenue.

Nataneli Lizée

Journaliste et essayiste

Tribune juive de Natanali Lizee : Quand l’ONU confie la plume à Alger

Tribune juive de Natanali Lizee : Quand l’ONU confie la plume à Alger

Quand l’ONU confie la plume à Alger

Le 18 septembre 2025, dans le huis clos solennel du Conseil de sécurité, quatorze mains se levèrent, une seule se baissa. Le veto américain claqua, interrompant la liturgie d’une résolution qui, sous l’apparat de la paix, masquait une inversion morale.

Le texte réclamait un cessez-le-feu « immédiat, inconditionnel et permanent », la libération « digne et sans condition » des otages, et la levée des restrictions humanitaires.
Mais derrière la façade d’équilibre, l’absence hurlait : nulle condamnation du Hamas, nulle mention du droit d’Israël à se défendre. Tout était exigé de la victime ; rien du bourreau.

Le triangle de l’ironie historique

La résolution fut parrainée par l’Algérie, membre non permanent en 2024-2025, État qui n’a jamais reconnu Israël et dont le président proclamait encore qu’aucune normalisation n’adviendrait sans État palestinien.

La séance fut présidée par l’ambassadeur d’Égypte, pays jadis défait par Israël, signataire de Camp David mais toujours lesté d’une hostilité sourde.

Enfin, le climat fut imprégné des déclarations de Francesca Albanese, rapporteure spéciale accusée d’antisémitisme, dont la parole obstinée forge, au fil des ans, une rhétorique implacable contre Israël.

Ainsi se dessina ce triangle accablant : Algérie qui rédige, Égypte qui préside, Albanese qui inspire. Tout concourait à un théâtre d’ombres où Israël comparaissait sans défense, tandis que le Hamas, effacé du texte, se voyait blanchi par le silence.

L’aveu des institutions

Et l’ONU dut avouer :

« 19 membres du personnel de l’UNRWA à Gaza furent impliqués dans les abominables attaques du 7 octobre. »

Ainsi donc, l’agence censée instruire et soigner reconnaissait que certains de ses propres agents avaient trempé dans le sang. Et pourtant, dans ce climat vicié, on osa confier la plume à Alger.

La fourberie rhétorique

On invoque le droit humanitaire pour sommer Israël de « restaurer » Gaza.
Mais ce droit, noble en son principe, devient arme syntaxique, instrument grammatical.
On somme Israël d’assurer ce qu’il assurait déjà avant la guerre — eau, électricité, soins, travail — tandis que le Hamas détourne, pille, opprime.

Et plus encore : pas une ligne, pas un mot pour exiger du Hamas qu’il cesse de fusiller ses propres citoyens, Palestiniens soupçonnés de collaboration, exécutés d’une balle dans la nuque pour avoir accepté une aide. Le Conseil exige le courant, mais se tait devant les cadavres.

La manipulation est patente : juxtaposer des exigences simultanées — cessez-le-feu, aide, otages — comme si tout se valait. Or l’ordre sert le Hamas : cessez-le-feu d’abord, flux humanitaires ensuite, libération des otages plus tard, peut-être. Chaque trêve devient un répit, chaque aide un arsenal, chaque promesse un leurre. Les otages, eux, meurent, creusant leur tombe sous l’œil des caméras.

Le masque tombe

Dans ma tribune sur le procès Albanese, j’écrivais déjà que la neutralité onusienne avait été confisquée. La démonstration, désormais, éclate :

- une agence qui confesse la compromission de ses propres employés ;

- une rapporteure spéciale accusée d’antisémitisme ;

- un État qui nie Israël investi du rôle de plume 

-une présidence confiée à un pays jadis en guerre contre lui.

Voilà la mise en scène qui se prétend « justice internationale ». Ce n’est pas de la diplomatie, c’est une farce tragique.

L’illusion d’universalité

Car l’ONU s’acharne contre Israël avec une constance obsessionnelle, tandis que des massacres réels, des génocides entiers, s’oublient dans les sables du Darfour, du Congo, du Soudan.
Vingt ans de tueries, quarante ans de guerres, et point de rapport, point de résolution. L’institution, forgée pour la Palestine, s’est muée en tribunal permanent d’Israël, comme si la planète entière se réduisait à cette obsession unique.

Le dernier mot

Il faut le dire avec gravité : les mots comptent. Ils sont semence et sentence, germe du vrai comme arme du mensonge. Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde ; bien les nommer, c’est déjà résister. Mais l’ONU choisit d’arranger, de masquer, d’édulcorer.

La propagande ne ment pas frontalement : elle se drape d’un fragment de vérité.
Elle martèle, elle répète, elle sature l’air de demi-vérités, jusqu’à ce que l’esprit grégaire les confonde avec l’évidence. Ainsi Goebbels façonna des certitudes, ainsi les rhétoriques soviétiques subjuguèrent des foules, ainsi les slogans collaborationnistes pavèrent la route du renoncement.

Et nous voyons ce mécanisme renaître aujourd’hui : dans les travées de l’ONU, au sein de l’UNRWA, mais aussi en France, dans les tribunes du LFI ou du NPA, où l’on inverse les rôles, où l’on magnifie les bourreaux, où l’on efface les victimes.

Voilà pourquoi ce conflit est aussi une guerre de mots. Et dans cette guerre, la falsification rhétorique tue autant que les armes. Car lorsque la haine guide une cause, l’homme efface, l’homme inverse, l’homme falsifie.

Souvenons-nous : perdre la rigueur des mots, c’est déjà commencer à perdre l’humanité.

Nataneli