
Paragon : la start-up israélienne accusée d'avoir tenté d'infiltrer WhatsApp
Selon un rapport exclusif de l’agence de presse Reuters, la société israélienne de cybersécurité offensive Paragon est soupçonnée d’avoir tenté de pénétrer les comptes WhatsApp d’environ 90 utilisateurs, dont des journalistes. Une affaire qui ravive les inquiétudes sur la surveillance numérique et l’usage de logiciels espions par des entreprises privées.
Une tentative d’intrusion déjouée par WhatsApp
WhatsApp, filiale de Meta, affirme avoir détecté et bloqué cette tentative d’intrusion.
Suite à cette découverte, l’entreprise a adressé une lettre officielle à Paragon pour exiger des explications. Dans un communiqué, WhatsApp a réitéré son engagement à protéger la confidentialité et la sécurité des communications de ses 2 milliards d’utilisateurs à travers le monde.
Bien que les détails techniques de cette tentative d’attaque n’aient pas été entièrement divulgués, WhatsApp a confirmé qu’elle concernait des cibles spécifiques, sans préciser les pays impliqués ni les profils exacts des utilisateurs visés.
Paragon, une entreprise secrète aux méthodes controversées
Fondée il y a cinq ans par l’ex-commandant de l’unité 8200 Ehud Shaniorson et d’anciens membres de cette unité d’élite du renseignement israélien, Paragon s’est fait une spécialité des solutions de cybersurveillance avancées.
Contrairement à d’autres entreprises similaires comme NSO Group, Paragon a été conçue dès le départ avec des financements américains, sous la supervision stricte des régulateurs occidentaux.
La société a développé un puissant logiciel espion nommé "Graphite", un cheval de Troie conçu pour extraire des données à partir d’applications de messagerie chiffrées telles que WhatsApp, Facebook Messenger, Signal et Telegram.
L’une des particularités de Paragon est sa discrétion absolue.
La start-up ne possède aucun site internet officiel, ne communique jamais avec les médias et ne laisse filtrer aucune information sur ses activités.
En 2023, la société américaine Aero-Equity (AE) a racheté Paragon pour 900 millions de dollars, une transaction comprenant un paiement initial en liquidités et un solde conditionné à des objectifs de performance.
Un logiciel espion vendu uniquement aux démocraties occidentales ?
À la différence de NSO Group, dont les logiciels espions ont été retrouvés entre les mains de régimes autoritaires, Paragon affirme vendre ses outils uniquement aux services de sécurité et aux forces de l’ordre de 34 pays démocratiques.
Cette politique restrictive aurait été imposée dès le départ par les investisseurs américains, soucieux d’éviter tout scandale diplomatique ou juridique.
Cependant, la tentative d’intrusion rapportée par Reuters jette une ombre sur ces affirmations. Pourquoi Paragon aurait-elle tenté de compromettre des comptes WhatsApp de journalistes ? Dans quel but ? L’entreprise, fidèle à son mutisme, a refusé de commenter ces allégations.
Cybersécurité : un enjeu majeur pour les utilisateurs
Cette affaire illustre une nouvelle fois les défis constants en matière de cybersécurité et les dangers liés aux logiciels espions. WhatsApp, qui a déjà été la cible de plusieurs attaques similaires par le passé, continue d’améliorer ses défenses pour empêcher de telles intrusions.
Les experts recommandent aux utilisateurs de mettre régulièrement à jour leurs applications de messagerie, d’activer la double authentification et de se méfier des liens ou pièces jointes suspects. Alors que les technologies de surveillance se perfectionnent, la protection de la vie privée en ligne devient un combat permanent.
Affaire à suivre.
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