
Faux rabbin, vrais cauchemars : l’imposture monstrueuse de Hayim Nissim Cohe
Sous les traits d’un rabbin hassidique aimant, il cachait un prédateur. Hayim Nissim Cohen, de son vrai nom Jeffrey Lujan Vejil, vient d’être condamné à 135 ans de prison pour des abus sexuels sur ses neuf enfants adoptés. Retour sur une imposture effroyable qui révèle les failles d’un système.
Derrière les vidéos virales, un prédateur méthodique
Pendant des années, Hayim Nissim Cohen a séduit les réseaux sociaux et les services sociaux texans en incarnant un père de famille hassidique exemplaire.
Sur TikTok, où son compte « Our Unique Family » rassemblait plus de 300 000 abonnés, il diffusait des scènes de vie familiale idéalisée : repas de Shabbat, danses joyeuses, célébrations de fêtes juives.
Mais derrière cette vitrine se cachait un homme dangereux. Sous sa fausse identité, il a bâti un empire médiatique sur une imposture, tout en faisant régner la terreur chez lui. Violences, manipulations, abus sexuels : ce qui semblait une success story familiale était en réalité un cauchemar d’une ampleur inouïe.
Le système d’adoption pris en défaut
L’affaire pose une question essentielle : comment un tel homme a-t-il pu adopter autant d’enfants aussi facilement ?
Le Texas, comme d’autres États américains, impose théoriquement des contrôles stricts : enquête de moralité, visite du foyer, vérifications d’antécédents criminels, formations obligatoires...
Mais Cohen a su contourner toutes ces mesures grâce à une stratégie habile : créer un personnage public irréprochable.
Il se faisait passer pour un rabbin parlant yiddish, apparaissait sur les réseaux sociaux en fauteuil roulant ou sous oxygène pour susciter la compassion, et exposait ses enfants dans des actions de bienfaisance pour renforcer sa façade vertueuse.
Les services sociaux, dupés par cette mise en scène, lui ont confié neuf garçons. Aucun n’avait soupçonné qu’il s’agissait d’un manipulateur, déjà visé dès 2019 par une enquête pour agression sexuelle.
La révélation par un adolescent brisé
C’est un jeune garçon de 17 ans, adopté par Cohen, qui a brisé le silence. Lors d’un podcast, il a raconté anonymement les abus dont il était victime depuis l’âge de 11 ans. Encouragé par un ancien policier présent à l’émission, il a fini par alerter la police.
L’enquête qui a suivi a révélé l’horreur : tous les enfants ont décrit des sévices réguliers, des coups de ceinture, des menaces de mort, des abus sexuels répétés. L’un d’eux a même témoigné que Cohen avait détruit son téléphone après avoir découvert qu’il avait tenté de parler publiquement.
Une condamnation à la hauteur des crimes
Le 7 avril 2025, Hayim Nissim Cohen a plaidé coupable à quatre chefs d’abus sexuels sur mineurs et un chef d’attentat à la pudeur.
Le juge Danilo Lacayo a été clair : « Vous mourrez en prison. » La sentence ? 135 ans, sans possibilité de libération anticipée. Lors de l’audience, plusieurs des victimes ont pris la parole. Leurs mots résonnent encore : « J’aurais préféré être mort que de vivre avec lui. » « Je méritais mieux que d’être enfermé dans une pièce. »
Une onde de choc nationale
Le scandale a provoqué une onde de choc dans tout le pays, et notamment dans les milieux chargés de la protection de l’enfance. Une plainte a été déposée contre les services sociaux pour négligence grave.
La communauté juive orthodoxe, notamment à Houston, avait depuis longtemps des doutes sur l’identité de Cohen, mais n’avait jamais été entendue.
Le cas Cohen révèle crûment les lacunes d’un système : insuffisance des vérifications, absence de suivi post-adoption, influence démesurée de l’image publique. Ce sont ces failles qui ont permis à un imposteur d’abuser de neuf enfants, dans l’indifférence générale. Aujourd’hui, les enfants tentent de se reconstruire. Mais leur histoire restera à jamais une preuve glaçante que même les systèmes conçus pour protéger peuvent devenir des armes aux mains de prédateurs.
Mais qui était Hayim Nissim Cohen ?
Hayim Nissim Cohen, de son vrai nom Jeffrey Lujan Vejil, était un imposteur qui a réussi à tromper les autorités et le public en se faisant passer pour un rabbin hassidique. Né à Odessa, au Texas, il n’avait aucune formation religieuse ni conversion officielle au judaïsme. Il a changé légalement de nom à plusieurs reprises, adoptant des identités à consonance juive pour renforcer son imposture .
Cohen ne possédait pas d’emploi stable ni de revenus déclarés. Il a exploité les réseaux sociaux, notamment TikTok, pour diffuser des vidéos mettant en scène sa prétendue famille juive orthodoxe, attirant ainsi plus de 300 000 abonnés. Cette visibilité lui a permis de gagner la confiance des services sociaux et d’adopter neuf garçons, qu’il a ensuite maltraités physiquement et sexuellement .
Il a également hébergé des étudiants étrangers, dont l’un l’a accusé d’abus en 2019. Malgré des signalements répétés, les autorités n’ont pas immédiatement retiré les enfants de son foyer, révélant des failles dans le système de protection de l’enfance .
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