
« C'est une honte qu'ils doivent lever des fonds » : les indemnisations des otages libérés en question
Une aide insuffisante ?
Malgré un programme d'indemnisation mis en place par l'État, de nombreuses familles d'anciens otages se tournent vers des collectes de fonds pour assurer la réhabilitation de leurs proches. Une situation qui suscite la polémique et un vif débat à la Knesset.
La générosité du public à la rescousse
Plusieurs campagnes de financement participatif ont été lancées avec un succès retentissant. Celle d'Eli Sharabi, captif pendant 491 jours et ayant perdu sa famille lors du massacre du 7 octobre, a permis de réunir 2,4 millions de shekels, soit plus du double de l'objectif initial.
De même, la famille Ben Ami a récolté 718 000 shekels pour reconstruire leur maison, tandis que 563 000 shekels ont été collectés pour la réadaptation d'Arbel Yehud.
Ce que prévoit l'indemnisation de l'État
Le programme gouvernemental reconnaît les otages libérés comme des victimes des hostilités avec un taux d'invalidité fixé à 50 %, sans passage devant un comité médical. Depuis un amendement de mai 2024, l'indemnisation de base comprend :
- Une pension à vie de 3 300 shekels
- Une prestation d'invalidité variant de 2 812 à 4 274 shekels
- Une carte prépayée de 10 000 shekels
- Une subvention organisationnelle de 50 000 shekels
- Une aide au logement de 254 482 shekels et des prêts allant jusqu'à 589 554 shekels
- Une couverture médicale totale durant trois ans, y compris les soins non inclus dans le panier de santé
- Une aide à la réadaptation comprenant des traitements alternatifs jusqu'à 6 000 shekels par an
Des indemnisations pour les familles
Les familles des otages libérés bénéficient aussi d'un soutien :
- Un membre de la famille reçoit une compensation financière pour compenser la perte de revenus
- Une aide de 4 500 shekels pour l'entretien du domicile
- Une allocation de 2 000 shekels pour les déplacements pendant trois mois
- Un soutien psychologique pour les parents, conjoints et enfants
- Une subvention de 14 360 shekels pour la réadaptation des enfants adultes et frères et sœurs
« Il faut revenir à la vie »
Sharon Eden, une proche d'Eli Sharabi, explique : « Nous avons réalisé qu'il était difficile de prévoir ses besoins futurs, qu'ils soient médicaux ou d'acclimatation. »
Ella Ben Ami, quant à elle, a initié une collecte pour reconstruire la maison de ses parents : « Après plus d'un an passé dans un tunnel à 30 mètres sous terre, il est temps pour eux de retrouver une vie normale. »
Sur Instagram, la famille d'Arbel Yehud appelle à la solidarité : « Arbel est à la maison ! Mais nous avons besoin de toute l'aide possible pour l'accompagner dans son parcours de réadaptation. »
Un traumatisme indélébile
Derrière ces chiffres et ces indemnisations, il y a des vies brisées et des traumatismes que l'argent ne peut réparer. Eli Sharabi se réveille parfois en sursaut, cherchant encore les voix de sa femme et de ses filles disparues.
Chaque bruit de porte qui claque lui rappelle le vacarme assourdissant des coups portés contre sa cellule.
La famille Ben Ami, elle, tente de recréer un foyer, mais comment oublier les cendres de leur maison, où tout leur passé a été réduit en poussière ?
Arbel Yehud, elle, peine à sourire, hantée par les visages de ses geôliers et la solitude insupportable des longues nuits de captivité. Au-delà de l'argent, c'est une reconstruction humaine qui est en jeu, une lutte quotidienne pour redonner un sens à l'impensable.
Un débat politique en cours
La députée Naama Lazimi (Travailliste) a dénoncé la situation : « Il est honteux qu'ils doivent lever des fonds. L'État doit faire preuve de générosité et reconnaître son obligation de réadaptation complète. »
Le député Yitzhak Kreuzer (Otzma Yehudit) a quant à lui annoncé la mise en place d'une équipe interne pour adapter la législation aux besoins des otages libérés.
L'Administration des otages défend toutefois les efforts de l'État : « Tout rapatrié a droit à une aide substantielle. L'objectif est d'éviter que les familles n'aient à financer elles-mêmes la réadaptation par des dons. »
Que devient un otage libéré ?
Malgré les indemnisations, le chemin vers la réinsertion reste semé d'embûches. Le débat autour de l'aide publique ne fait que commencer, mais une chose est certaine : la société israélienne refuse d'abandonner ses rescapés.
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