La libération des otages israéliens : à quel prix ? d'Isabelle Esling

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La libération des otages israéliens : à quel prix ? d'Isabelle Esling

La libération des otages israéliens : à quel prix ?

En juin 2018, je m’apprêtais à entrer dans le sherout ( toute personne se rendant régulièrement en Israel sait qu’il s’agit là d’un taxi collectif bon marché) depuis Tveriah ( Tibériade) en direction de Tel Aviv lorsqu’un franco-israélien m’adressa la parole en hébreu et nous avons sympathisé rapidement.
Il pensait qu’Israël me correspondait bien et que je m’y sentais très à l’aise. Ayant fait son alyah cinq ans avant et très familier des problèmes qu’Israël pouvait rencontrer au niveau du terrorisme, il m’expliqua que les ennemis d’Israel n’étaient impressionnés que lorsque Israel ne négociait pas et s’imposait, car toute forme de « négociation » au Moyen-Orient est interprété comme une forme de faiblesse.

Depuis les événements du 7 octobre 2023, Israël se retrouve dans une situation de vulnérabilité et la facilité avec laquelle les terroristes ont franchi la frontière à Gaza ce jour-là avec aisance, sachant qu’Israel a les moyens technologiques pour prévenir une telle invasion, pose question.

Il est également judicieux de s’interroger sur le manque de réactivité immédiate de Tsahal au moment où ces événements tragiques se sont produits.

Depuis le début du conflit opposant Israël au Hamas, la question des otages demeure une priorité nationale. La libération de captifs israéliens constitue un enjeu humanitaire majeur, mais lorsqu'elle se fait « aux conditions du Hamas », elle engendre des conséquences sécuritaires considérables.

Un chantage stratégique

Le Hamas, organisation terroriste qui gouverne la bande de Gaza, a toujours utilisé les otages comme un levier de pression sur Israël. En échange de leur libération, le groupe exige la libération de centaines, voire de milliers de prisonniers dits "palestiniens", y compris des terroristes ayant du sang sur les mains. Ce fut le cas en 2011 avec la libération de Gilad Shalit, échangé contre 1 027 prisonniers, dont certains ont récidivé dans des attaques contre Israël.

Un danger répété

Libérer des terroristes aguerris et motivés pose un problème crucial de sécurité. Nombre de ceux qui avaient été libérés lors d'accords précédents ont repris des activités terroristes, rejoignant des groupes armés ou planifiant de nouvelles attaques contre Israël. Parmi eux, Yahya Sinwar, libéré dans l'accord Shalit, est devenu l'un des dirigeants les plus influents du Hamas et a joué un rôle central dans les actions militaires et politiques de l'organisation contre Israël.
En cédant à ce chantage, Israël se trouve confronté à un dilemme moral et stratégique : sauver des vies immédiatement au prix d'un risque sécuritaire accru pour l'avenir.

Un message dangereux

Au-delà du danger direct, ces échanges renforcent le Hamas dans sa stratégie. Ils envoient un signal aux autres groupes terroristes qu'en prenant des otages israéliens, ils peuvent obtenir des concessions majeures. Cette dynamique alimente un cercle vicieux où Israël se retrouve sous une pression constante, incitant d'autres organisations à multiplier les kidnappings.

Une organisation illégitime

Le Hamas ne représente pas les intérêts des populations arabes vivant à Gaza et en Judée-Samarie mais agit en fonction de son agenda idéologique et militaire. Il ne reconnaît pas Israël et utilise ces populations comme boucliers humains tout en monopolisant l'aide humanitaire à des fins militaires. En négociant avec le Hamas, Israël lui confère une forme de légitimité qu'il ne mérite pas et se place dans une posture de faiblesse face à une organisation qui ne respecte aucune norme du droit international. Chaque concession faite au Hamas renforce son influence et lui permet de poursuivre son cycle de terreur.

Quelle alternative ?

Israël doit continuer à rechercher toutes les solutions possibles pour rapatrier ses otages, mais sans mettre en danger la sécurité à long terme de sa population. Le renforcement du renseignement, les opérations de libération ciblées et une pression internationale accrue sur le Hamas pour faire cesser ces prises d'otages pourraient constituer des alternatives plus viables.

Ben Gvir s'oppose à un accord de libération des otages avec le Hamas

Itamar Ben Gvir, ministre israélien de la Sécurité nationale, a exprimé son opposition à un éventuel accord de libération des otages détenus par le Hamas. Il qualifie cet accord de "capitulation face au Hamas" et menace de quitter le gouvernement si celui-ci est approuvé. Ben Gvir souligne que son parti, Otzma Yehudit, ne peut à lui seul bloquer l'accord et appelle son collègue, le ministre des Finances Bezalel Smotrich, à se joindre à lui pour empêcher sa mise en œuvre.

Cette position s'inscrit dans un contexte où le Premier ministre Benjamin Netanyahou envisage des négociations pour la libération des otages, pressé par les États-Unis.
Cependant, des figures de l'extrême droite, comme Ben Gvir et Smotrich, s'opposent à tout arrangement avec le Hamas, préférant la poursuite de la guerre. Cette divergence de vues au sein du gouvernement israélien soulève des questions sur la stratégie à adopter concernant les otages.

Ben Gvir a également admis avoir bloqué des accords de libération d'otages par le passé, affirmant que son parti a réussi à empêcher ces accords grâce à sa force politique. Il exprime des préoccupations concernant les détails de l'accord en cours, notamment la libération de centaines de terroristes et le retrait de Tsahal du corridor de Netzarim, ce qui, selon lui, effacerait les résultats de la guerre obtenus jusqu'à présent.

Cette situation met en lumière les tensions au sein du gouvernement israélien sur la gestion de la question des otages et la stratégie à adopter face au Hamas.

Un contexte politique incertain

L'avenir du conflit et de la gestion de la sécurité en Israël pourrait être influencé par la prise de fonction de Donald Trump le 20 janvier 2025, d’autant plus que le Hamas se livre à un chantage de dernière minute en exigeant la libération de terroristes dangereux tels que Marwan  Barghouti.

Marwan Barghouti, ancien leader du Fatah et figure de la Seconde Intifada, a été condamné par Israël en 2004 pour son rôle dans plusieurs attaques terroristes qui ont fait des victimes israéliennes.

Il a été reconnu coupable de la planification et de l'organisation d'attentats suicides, d'attaques à la bombe et de fusillades ciblant des civils israéliens. Parmi les incidents notables figurent l'attentat à la bombe de 2001 à Tel Aviv, où deux civils israéliens ont été tués, et la fusillade de 2002 à Jérusalem, qui a fait neuf morts.
Barghouti a également été lié à un attentat suicide à Jérusalem en 2002, tuant sept personnes et blessant plus de 50 autres. Bien qu'il n'ait pas directement exécuté ces attaques, il a été jugé responsable de leur organisation en tant que leader des Tanzim, une branche militaire du Fatah, et de la coordination avec d'autres groupes terroristes.
Il a été condamné à cinq peines de prison à vie pour ces crimes, mais il a toujours nié les accusations, affirmant que ses actions étaient une lutte contre l' « occupation israélienne » et non contre des civils. Cette condamnation a fait de lui un  « prisonnier politique » pour de nombreux Palestiniens, tandis qu'Israël le considère comme un criminel de guerre.

Par ailleurs, le gouvernement israélien traverse une période de fragilité politique. Les divisions internes, les critiques sur la gestion du conflit et les tensions avec certains alliés internationaux compliquent la prise de décisions stratégiques. Cette instabilité pourrait affecter la manière dont Israël gère la question des otages et sa stratégie à long terme face au Hamas.

La compassion envers les familles des captifs est essentielle, mais elle ne doit pas occulter les enjeux stratégiques et sécuritaires. Israël doit peser chaque décision avec prudence pour éviter de créer des précédents dangereux tout en continuant à défendre la vie de ses citoyens.

Sources

Accord sur Gaza : Israël accuse le Hamas de remettre en cause "certains points" - The Times of Israël (timesofisrael.com)

Ben Gvir Menace De Quitter Le Gouvernement Et Admet Avoir Bloqué Des Accords Pour Les Otages Par Le Passé - i24NEWS

© 2024 Isabelle Elisheva Esling

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