Israël : une enquête explosive vise l’hôpital Wolfson pour détournement de dons

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Israël : une enquête explosive vise l’hôpital Wolfson pour détournement de dons

Corruption autour des dons à l'hôpital Wolfson : le cri d'une lanceuse d'alerte

 Une alerte ignorée pendant des années

« C'était un cri vers le ciel » : c’est ainsi que Natalie Issachar, ancienne PDG de l'Association des amis de l'hôpital Wolfson, décrit son sentiment face aux malversations qu’elle affirme avoir découvert. Soupçons d'abus de confiance, usage détourné de dons, harcèlement contre une lanceuse d’alerte : l’histoire aurait pu rester enterrée. Mais après quatre années de silence institutionnel, la police a enfin ouvert une enquête formelle.

Natalie Issachar, forte de plus de vingt années de service public, a pris la tête de l'association en 2019. Très vite, elle observe des comportements suspects. « Quand vous voyez quelque chose comme ça, vous ne pouvez pas rester indifférent », affirme-t-elle. Elle découvre ce qu'elle qualifie d’utilisation systématique des dons « à des fins autres que celles pour lesquelles ils étaient destinés », pour des montants s'élevant à plusieurs millions de shekels.

Le double discours de la philanthropie

L’une des stratégies supposées ? Présenter aux donateurs des projets déjà financés par l’État, tout en conservant les dons dans un fonds annexe pour d'autres usages. L’équipement acheté par les budgets publics était ainsi mis en scène pour les bienfaiteurs, reçus avec des factures factices ou détournées.

Un exemple emblématique : la rénovation du bureau de la directrice de l’hôpital de l’époque, le Dr Anat Engel. Ces travaux auraient été justifiés auprès des donateurs comme « nécessaires pour les accueillir ». Pour Natalie  Issachar, il s’agit là du « cas le plus emblématique de rupture éthique ».

Le mur du silence

Chaque fois qu'elle tente de faire entendre sa voix, ellese heurte à un véritable barrage.
« Chacun pensait à se protéger. Ils étaient comme des remparts. Aucun ne pensait aux patients, aux donateurs, aux finances publiques », raconte-t-elle. Elle finit par saisir le conseil d'administration de l'association. En retour, elle est mise en congé sans solde.

En mars 2020, elle saisit le ministère de la Justice. Trois mois plus tard, elle obtient une ordonnance de protection du contrôleur de l’État en tant que « lanceuse d’alerte », après qu’il a établi « un lien de causalité apparent entre les plaintes de la plaignante et sa mise en congé ».

Un rapport accablant du Trésor public

En 2021, Yahli Rotenberg, comptable général du ministère des Finances, publie un rapport d'audit confirmant la gravité des faits. Il y dénonce une structure opaques de gestion « où les dons sont récoltés pour une cause, mais utilisés à d'autres fins ». L'argent était redirigé vers un « Fonds de l'administrateur » sans lien avec les intentions des bienfaiteurs.

Rotenberg alerte alors le procureur général et le commissaire de la fonction publique :
« Des actes frôlant les infractions pénales et disciplinaires semblent avoir été commis ». Il met en cause la porosité entre l’hôpital, l’association et les sociétés de santé. Il exige la correction immédiate des irrégularités.

Une enquête policière enfin ouverte

Il aura fallu plus de quatre ans pour qu'une enquête policière sérieuse soit ouverte. Trois hauts responsables ont été convoqués par la division des fraudes de Tel Aviv. « Contrairement à ce que pensent les gens, il n'y a jamais eu un moment où cette affaire a été abandonnée », affirme Issachar.

 Dénégations de l’hôpital Wolfson

L'hôpital réagit : « C'est une histoire très ancienne et recyclée ». Il précise que Natalie Issachar a été licenciée, que toutes ses plaintes ont été rejetées par les autorités, et que « tous les dons ont été utilisés uniquement pour les besoins de l'hôpital ». L’établissement insiste : « Il n'y a jamais eu de tentative de tromperie des donateurs », rappelant que l'Association des amis est une entité indépendante.

Une affaire emblématique des failles du système

Au-delà de cette affaire, c’est la transparence des institutions hospitalières publiques qui est interrogée. La gestion des dons, le flou juridique entre associations et hôpitaux, les confusions d’intérêt : tout cela appelle un débat. Natalie Issachar a choisi de ne pas se taire. Son « cri vers le ciel » pourrait bien faire trembler les fondations d'un système trop habitué à se protéger de ses propres vérités.

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