Israël: lettre à ma mère sur mes troubles du comportement alimentaire

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À l'âge de 16 ans, Roman Segal a créé une vidéo sur les troubles alimentaires qui a ravi les réseaux sociaux.
Aujourd'hui, à 20 ans, elle raconte comment elle a réussi à se faire accepter par sa mère et faire accepter sa mère par elle-même/

Comment elle a cessé d'avoir peur de la nourriture. Une interview spéciale a eu lieu lors de la sortie de cette vidéo avec le titre On Life Mothers and Teens en collaboration avec la Banque Postale d'Israël.

Roman Segal est une soldate âgée de 20 ans, mais contrairement aux autres femmes soldates qui servent dans un anonymat relatif, avant même qu'elle ne soit enrôlée , elle était déjà devenue un phénomène des réseaux sociaux.

À peine âgée de 16 ans, Rumi a décidé d'agir et de faire comprendre aux gens à quel point les troubles du comportement alimentaires sont courants chez les adolescents. Dans le cadre d'une activité de leadership en développement personnel elle a lancé un projet d'image de soi, visant à empêcher les parents de nuire à l'image corporelle de leurs enfants.

L’énorme visibilité de son projet est due principalement à une vidéo qui comprenait une lettre personnelle adressée à sa mère qui résumait en quelques mots la question suivante: "Maman, tu es belle. Pourquoi dis que tu es grosse?"

 

Le projet de Roman Segal est né dans la douleur et d’une relation complexe avec son corps. Rumi souffrait elle-même d'un trouble du comportement alimentaire et elle a réalisé à un moment donné que certaines des causes de ce trouble étaient, involontairement, l'attitude de ses parents à l'égard de son corps, et en particulier l'attitude de sa mère à l'égard de son propre corps.

À quel âge avez-vous commencé à souffrir de troubles du comportement alimentaire ? Quand avez-vous réalisé que vous en souffriez?

"J'ai commencé à m'occuper de la nourriture dès l'âge de 14 ans. Tous mes amis étaient préoccupés par ce problème et cela m'a probablement beaucoup affecté."

Cela impliquait de jeter les sandwichs une fois arrivée à l'école, ne vivant que de légumes, de regarder le regard des autres sur moi même et le mien bien évidemment.

J'avais une amie atteinte de troubles du comportement l'alimentaire et elle avait l'air radieuse, elle était mince et très heureuse, je voulais vraiment lui ressembler et c'est ce que j'ai fait, j'ai vu ce qu'elle a fait, je l'ai imitée et j'ai aussi constaté des réactions positives de mon entourage.
 J'ai réalisé que je souffrais de troubles du comportement alimentaire en neuvième année de a scolarité , ma mère a vu que j'étais devenue faible et fatiguée, et de  mauvaise humeur. Mes cheveux ont commencé à tomber, j'étais beaucoup moins énergique que d'habitude et elle a dit: allons chez un médecin, le médecin de famille.
Le médecin m'a demandé combien je mangeais par jour. Elle a réalisé que je ne mangeais pas assez et elle m'a dit ' Savez-vous que cela signifie que vous avez des troubles du comportement alimentaire.
J'avais perdu 6 kilos en trois mois. Elle m'a diagnostiqué et m'a envoyée voir un  psychologue et à une diététicienne.

C’est là que la lutte a commencé et que mon entourage  comprend que ce n’est pas seulement un bon régime pour perdre du poids, mais bien au-delà c'est une maladie."

Combien de vos amies sont arrivées à avoir des troubles du comportement alimentaire ?

" Toutes les filles autour de moi, c'est leur préoccupation principale. D'ailleurs, aujourd'hui l'armée est formée des filles qui se concentrent sur combien je pèse, quelle est ma taille en jeans, j'ai grossi, j'ai maigri, cette photo est magnifique sur Instagram, cette photo n'est pas belle.C'est l'occupation principale. Nos habitudes alimentaires sont devenues normatives, elles m'obsédaient  tout le temps, si ce que je mange allait me faire grossir ou non."

Six mois après cette prise de conscience, vous avez commencé à travailler sur votre projet. Pourquoi avez-vous pensé à contacter les parents plutôt que les adolescents ?

"J'ai rejoint une organisation appelée Lead, qui est une organisation de développement du leadership. Quand je suis arrivée, ils m'ont demandé ce qui me dérangeait.
Et bien sûr, ma réponse était les troubles du comportement alimentaire et l'image corporelle.
Ce que je voulais le plus était de changer dans le monde, les adolescents et leur expliquer comment l'image corporelle est une chose dont ils devraient être conscients et pourquoi ils devraient s'aimer eux-mêmes et ne pas croire tout ce qu'ils voient sur Instagram.

C'est ce que je voulais faire, c'était la bonne solution.
Mais je n'avais pas encore réalisé que c'était ce que tout le monde faisait déjà, à savoir traiter les troubles du comportement alimentaire et sa piètre image de son corps.

Je suis retourné étudier et j'ai essayé de réfléchir à tout ce qui a influencé ma vie à ce jour.
Je me suis rendu compte qu'au delà des médias et de la société en générale, les premiers influenceurs étaient mes parents. Les parents, représentent une figure importante dans nos vies, c'est alors que j'ai compris qu'il fallait contacter et faire comprendre aux parents et non aux adolescents.

Pourquoi les parents? Donnez des exemples de la façon dont ces messages s'imprègnent chez leurs enfants ?

"Depuis que nous sommes nés, nous regardons nos parents, ils sont l'exemple que nous suivons est pas seulement dans les petites choses mais aussi dans l'essence de notre perception de nous-mêmes.

Si je vois ma mère se tenir devant le miroir et se dire à elle-même" Wow quelle grosse comment ai-je pris autant de  poids? " J'ai des idées similaires - Dois-je parler de moi de cette façon c'est quelque chose que les filles perçoivent. Chez les garçons, c'est un peu moins perçu que chez les filles "Dès l'âge de quatre ans, on a une impression de ce à quoi on ressemble et même dans ce cas, les filles explorent la façon dont leur mère se perçoive."

Mais où péchons-nous en tant que parents?

"La façon dont à la maison on parle de la nourriture influence également. Il y a une différence si les parents disent" je ne mange pas de gras ", ou " ce n'est pas sain, il vaut mieux manger moins de ça et plus de ça " Le message que je comprend est que tout ce que je mange ne me nourrit pas mais au contraire que c'est quelque chose qui me conduirait à être grosse et laide"J'apprends à me démarquer des voix que je n'aime pas"

Parlez-moi du projet que vous avez créé.

"J'ai écrit un texte du fond du cœur adressé à ma mère. Je voulais me tourner vers l'émotion et l'empathie. J'ai filmé plein d'experts dans tout le pays, experts et diététiciens. Lorsque j'ai regardé tout le matériel enregistré j'ai réalisé à quel point c'était un travail gigantesque.
Mon histoire a déjà eu beaucoup d'échos, de commentaires, de gens qui voulaient partager avec moi et qui ont partagé autour d'eux. C’est ainsi que j’ai réalisé que ce travail était très vivant et important .
Les réponses que j’ai reçues étaient généralement positives: "Vous avez changé quelque chose dans ma propre perception de moi-même", vous avez ouvert une brèche et c'est très important. "

Vous avez dit qu'il y avait des moments où vous avez réalisé que vous et vos amis n'étiez pas en forme. Pouvez-vous dire comment cela a commencé?

Je vous ai déjà dit que j'avais une copine que je voulais imiter. À cette époque, ma famille et moi avons déménagé à Haïfa et je suis allée dans une nouvelle école.
Là aussi, j'ai rencontré beaucoup de filles qui étaient obsédées par leur jean et leur poids.
Je voulais me socialiser et les impressionne , et c'était ma seule carte. Je devais essayer d'être aussi maigre que possible et c'est ainsi que les choses se sont aggravées.
À la maison aussi, les réactions à la diète étaient très déséquilibrées.
Quand j'ai dit que je me sentais grosse et pas jolie, alors maman et papa me répondaient fait ce que tu veux l'essentiel est que tu te sentes belle.

"J'ai encore une fois déménagé et suis entrée dans une autre école et tout à coup, quelque chose s'est déclenché. Les élèves étaient beaucoup plus critiques vis à vis d'eux et des autres.
ils exprimaient leurs points de vue sur l'idéal de la beauté et leurs impressions étaient négatives, tout le temps.

Et aujourd'hui, vous sentez vous enfin libre et en paix avec vous même et ce à quoi vous ressemblez?

"Je suis passé par un processus dingue oui bien-sûr mais cela ne sera jamais parfait. Je peux dire: " Oui, je pense que je suis jolie ", mais il y a des jours où je ne le pense pas et il y a des moments où je dis:" Peut-être que j'ai besoin de faire un petit régime  " ou plus de maquillage."
" Rien à faire, c'est quelque chose qui vous accompagnera toute votre vie. Je suis sûre que tout le monde le sait et le comprend"

Et parfois, oui, je vais m'acheter une robe pour me sentir belle et parfois je me dis que je devrai  faire plus de sport pour m'habiller. D'accord, tout va bien jusqu'à ce que j'arrive à un endroit où il y a des tas de filles minces, maigres  et là c'est reparti je me dit  "Tu es laide". mais immédiatement je me ressaisie "Roman, vite fait la séparation entre elles et toi tu sais comment faire cette  distinction"

Avez-vous un autre message important à transmettre aux mères et aux pères?

"Je tiens à souligner que je ne blâme personne. Je pense que nous sommes tous dans le même film, mères, filles, garçons et hommes. Je suis simplement en faveur de parler de ce problème et d'en ouvrir le débat à vous de le conscientiser"

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