
Lors d'une réunion orageuse du cabinet de sécurité jeudi soir, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a choqué ses ministres en déclarant qu'il accordait la priorité au maintien des troupes israéliennes dans le corridor de Philadelphie plutôt qu'à la libération des otages retenus à Gaza.
Cette position, qui a été approuvée par l'organe ministériel suprême, a plongé le ministre de la Défense Yoav Gallant dans l'indignation, voyant dans cette décision une condamnation à mort des otages.
La réunion s'est déroulée dans une atmosphère tendue, marquée par un vote précipité sur une série de cartes élaborées par l'armée israélienne, détaillant comment Israël prévoit de maintenir ses troupes dans ce corridor stratégique de 9 km de long pendant les six premières semaines d'un cessez-le-feu en cours de négociation.
Gallant, stupéfait par cette décision, a averti que le Hamas refuserait toute entente tant que cette exigence demeurerait, menaçant ainsi de torpiller toute chance de libération des otages.
Selon des transcriptions divulguées, les ministres présents n'avaient pas été informés à l'avance du vote sur ces cartes, ce qui a poussé Gallant à demander des explications. « Le Hamas n'acceptera pas cela, il n'y aura donc aucun accord et aucun otage ne sera libéré », a-t-il lancé. Face à cette objection, Netanyahu a répondu sèchement : « C’est la décision. »
Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques, a appuyé Netanyahu en appelant immédiatement à un vote, malgré les protestations de Gallant, qui accusait le Premier ministre d'avoir imposé sa volonté aux chefs de la sécurité, contredisant ainsi les recommandations militaires.
« Je me suis imposé ? », a rétorqué Netanyahu, manifestement agacé. Gallant, visiblement exaspéré, a rappelé que les négociateurs avaient initialement proposé un plan différent, mais qu’ils avaient dû s’aligner sur les exigences de Netanyahu.
La tension a atteint son paroxysme lorsque Netanyahu, frappant des mains sur la table, a exigé un vote immédiat.
Le chef d'état-major de l'armée, Herzi Halevi, a également exprimé ses doutes quant à la stratégie du Premier ministre, jugeant qu'ajouter de nouvelles contraintes aux négociations déjà délicates n'avait aucun sens. « Ce vote n’a aucune logique pour l’instant », a ajouté David Barnea, directeur du Mossad.
Gallant a ensuite supplié ses collègues de reconsidérer leur décision, affirmant qu'elle revenait à choisir de rester dans le corridor de Philadelphie plutôt que de rapatrier les otages. « Il y a des otages vivants là-bas ! » a-t-il crié, désespéré. Dermer, imperturbable, a répliqué : « Le Premier ministre peut faire ce qu’il veut. » Gallant a répondu avec amertume : « Oui, et il peut aussi décider de faire tuer tous les otages. »
Malgré les avertissements, le cabinet a finalement approuvé la position de Netanyahu par un vote de huit contre un, avec une abstention, isolant ainsi Gallant, qui a prédit que ses collègues finiraient par comprendre leur erreur. « J’espère que cela se produira le plus tôt possible », a-t-il déclaré, résigné.
Les familles des otages, horrifiées par les décisions du cabinet, ont réagi en exigeant que Netanyahu déclare publiquement qu'il a sacrifié la vie des otages au profit d'une présence militaire continue dans le corridor de Philadelphie.
« Chaque citoyen doit savoir que s’il est kidnappé, son Premier ministre fera tout pour garder son siège, même au prix de le laisser mourir dans les tunnels du Hamas à Gaza », a déclaré leur porte-parole.
Netanyahu, quant à lui, a défendu sa position en affirmant que maintenir le contrôle du corridor est essentiel pour empêcher le Hamas de se réarmer, tout en rendant un accord sur les otages plus probable en forçant le Hamas à faire des compromis. Malgré les pressions internationales, notamment de la part des États-Unis, qui ont proposé un compromis, Netanyahu reste ferme, convaincu que seule une position de force peut garantir la sécurité d'Israël à long terme.
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