
Trois héroïnes oubliées : Piaf, Bigard et Pastré, ces Françaises qui ont sauvé des Juifs pendant la Shoah
Un courage méconnu face à l’Histoire
« Si c’était un scénario hollywoodien, on l’aurait jugé trop invraisemblable. »
Et pourtant, ce récit est bien réel : trois femmes françaises, ni combattantes de l’ombre ni espionnes, ont bravé l’occupant nazi et risqué leur vie pour sauver des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale.
Édith Piaf, Andrée Bigard et Lily Pastré ont agi avec un courage exceptionnel : falsification de passeports, opérations de contrebande, cache dans des palais, usurpation d’identité. Ces actions audacieuses ont permis de sauver des vies juives dans l’un des moments les plus sombres de l’humanité.
Le combat pour la mémoire de trois justes oubliées
Grâce aux recherches du spécialiste de la Shoah Meir Bulka, les noms de ces trois femmes reviennent aujourd’hui à la lumière. Pendant des décennies, leur héroïsme est resté dans l’ombre, ignoré du grand public, et même des institutions mémorielles. Mais l’histoire se réécrit, et ces femmes d’exception réclament leur juste place dans la mémoire collective.
Édith Piaf : la voix de la France et le cœur des justes
Au centre de ce trio historique, Édith Piaf, la voix inoubliable de la chanson française.
Connue pour ses interprétations bouleversantes, Piaf a utilisé sa notoriété et sa liberté de déplacement pour aider des Juifs à fuir les griffes de la déportation.
Un épisode saisissant la montre acceptant de chanter devant des prisonniers de guerre français en Allemagne, à une seule condition :
« Que l’on prenne des photos d’elle avec eux. »
Ces clichés furent ensuite clandestinement rapportés en France, et servirent à fabriquer de faux papiers d’identité. Grâce à cette ruse, près de 200 prisonniers, dont de nombreux Juifs, purent s’évader.
Lily Pastré : la mécène de l’art et de la résistance
Lily Pastré, grande mécène marseillaise et protectrice des arts, transforma son palais en refuge. Elle accueillit musiciens, artistes et intellectuels juifs pourchassés, leur offrant un havre de paix au péril de sa propre vie.
Ce geste, à la fois aristocratique et révolutionnaire, fit de sa propriété un bastion de la résistance silencieuse.
Andrée Bigard : l’audace discrète
Andrée Bigard, quant à elle, œuvra dans la discrétion. Spécialiste des faux papiers, elle facilita l’exfiltration de prisonniers et de familles juives, agissant comme un maillon indispensable du réseau de sauvetage. Peu connue du grand public, son rôle fut pourtant déterminant dans la survie de dizaines de personnes.
Pourquoi leur mémoire est restée dans l’ombre ?
Le silence autour de leurs actes s’explique par l’absence de reconnaissance institutionnelle et par le caractère informel de leurs engagements. Ce ne sont pas des militantes professionnelles, mais des femmes de conviction, artistes et citoyennes, qui ont décidé d’agir.
Aujourd’hui, alors que les témoins disparaissent et que la mémoire s’efface, il est plus que jamais nécessaire de raconter ces histoires, pour que leur lumière éclaire notre présent.
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