À Gaza, des soldates israéliennes en première ligne

Les femmes représentent moins de 20 % de la force combattante, d'après l'INSS à Tel Aviv, qui constatait en 2022 des obstacles les empêchant notamment d'intégrer certaines unités d'élite.

Marom, M16 à l'épaule, patrouille dans le désert à la frontière entre Israël et l'Égypte. Elle fait partie du bataillon Bardelas et est parmi les premières combattantes au sol à Gaza, témoignant de l'intégration croissante des femmes dans l'armée israélienne.

"Nous pouvons voir le changement, nous pouvons voir l'acceptation des filles qui partent au combat", affirme Marom lors d'une visite organisée pour la presse. La soldate de 21 ans, tout comme ses compagnes d'armes, préfère ne pas divulguer son nom de famille.

Elle vient de passer deux semaines en mission dans la bande de Gaza, dans le secteur de Khan Younès (sud), nouvel épicentre des combats au sol et des raids aériens après une première phase intensive de la guerre concentrée dans le nord du territoire.

Les opérations israéliennes terrestres ont été lancées le 27 octobre, en soutien des forces aériennes et navales mobilisées après l'attaque perpétrée le 7 octobre sur le sol israélien par le mouvement terroriste palestinien du Hamas depuis la bande de Gaza.

Selon les chiffres officiels israéliens, environ 1 200 personnes ont été tuées en Israël, principalement des civils ayant perdu la vie le jour même de l'attaque.

Shana, la commandante du bataillon Bardelas, exprime un "sentiment de fierté" d'avoir réussi à faire "entrer (ses) soldates à Gaza" et à participer à la mission déclarée par les autorités israéliennes : "anéantir" le Hamas et libérer les 132 otages toujours portés disparus.

Sur le terrain, Shana commente en français : "Au début, avec la couette qui sort du casque, ils (les hommes) regardent ça un peu bizarre." Elle ajoute : "Mais au final, on est prêtes, on s'est entraînées pour et on est prêtes à tout. Ça a ouvert les yeux au monde en disant que voilà, il y a des combattantes, elles sont prêtes à tout faire."

Depuis le 7 octobre, l'armée israélienne bombarde la bande de Gaza. Les destructions sont massives, les conditions de vie sont très difficiles pour la population, et plus de la moitié des 2,4 millions d'habitants ont été déplacés, selon l'ONU.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, près de 25 000 personnes, principalement des femmes, des enfants et des adolescents, ont été tuées, et 62 388 autres ont été blessées dans les opérations israéliennes et les combats depuis l'attaque du Hamas. Les chiffres publiés par le groupe terroriste sont invérifiables et incluraient ses propres terroristes et hommes armés, tués en Israël et à Gaza, ainsi que les civils tués par les centaines de roquettes tirées par les groupes terroristes qui retombent à l'intérieur de la bande de Gaza.

Avant même la création d'Israël en 1948, les femmes ont joué un rôle important dans la Haganah, la milice clandestine juive sous le mandat britannique qui formera le noyau de l'armée israélienne.

Pendant longtemps, les femmes sont restées confinées à des postes auxiliaires (tâches administratives, opératrices radio), avant une avancée majeure en 1995 et un arrêt de la Cour suprême qui les autorise à suivre les cours de préparation pour piloter des avions de chasse.

En 2000, une loi introduit plus d'égalité homme-femme, et entre 2013 et 2017, le nombre de femmes dans des unités combattantes a bondi de 350 %, selon les données compilées par le groupe de réflexion Israel Democracy Institute.

Les femmes sont astreintes au service militaire, car Israël est l'un des rares pays à inclure obligatoirement ses citoyennes dans la conscription, et elles doivent aujourd'hui effectuer un service militaire de 24 mois, contre 32 pour les hommes.

Les femmes représentent moins de 20 % de la force combattante, selon l'Institut for National Security Studies (INSS) à Tel Aviv, qui soulignait dans un rapport en 2022 l'existence résiduelle d'obstacles les empêchant notamment d'intégrer certaines unités d'élite, et "le plafond de verre" que cela représente "pendant et après le service".

Actuellement, huit bataillons offrent des postes de combat aux femmes, et 92 % des unités de l'armée israélienne ont des postes ouverts aux femmes, selon ses données.

Malgré cette inclusion, certaines soldates rencontrées expriment leur indignation après un e-mail d'une camarade relayé dans la presse, selon lequel des responsables militaires auraient ignoré les avertissements de jeunes femmes postées en surveillance aux abords de Gaza dans les mois qui ont précédé l'attaque du Hamas.

Cependant, elles se concentrent sur leur mission, qui a coûté la vie à 194 soldats dans la bande de Gaza depuis le début des opérations, d'après l'armée israélienne.

Pour Marom, "le plus difficile est de savoir que les otages sont à côté de moi (...) et que maintenant, je ne peux rien faire d'autre que de savoir ça".