Embryon d’un État palestinien sous tutelle ? Ce que personne n’ose dire mais que tout annonce

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Embryon d’un État palestinien sous tutelle ? Ce que personne n’ose dire mais que tout annonce

Gaza, embryon d’un État palestinien sous tutelle ? Ce que personne n’ose dire mais que tout annonce.

Alors qu’on parle de cessez-le-feu, de reconstruction et d’aide humanitaire, une réalité bien plus politique est déjà à l’œuvre : sous couvert de transition, les grandes puissances mettent en place un véritable proto-État palestinien à Gaza, administré, financé et sécurisé par l’étranger — sans que personne n’ose prononcer le mot “État”. Mais qu’on ne s’y trompe pas : c’est aux portes d’Israël qu’un pouvoir palestinien se réinstalle, pièce par pièce, sous le radar des opinions publiques.

Un plan Trump qui ne dit pas son nom : l’État sans le mot “État”

Le “plan en 21 points” de Donald Trump, censé mettre un terme à la guerre à Gaza, ne contient pas les mots « État palestinien ». Et pourtant, tout y est : une autorité administrative, une police locale, un corps de reconstruction, un financement international, une supervision diplomatique.

La bande de Gaza post-Hamas serait administrée par une commission technocratique palestino-internationale sous l’égide d’un Conseil de Paix dirigé par Trump lui-même, épaulé par l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair.
C’est ce que décrivent, noir sur blanc, les documents diplomatiques obtenus par plusieurs agences, dont Reuters et Associated Press.

« Ce que nous construisons, c’est une autonomie palestinienne réformée et supervisée », peut-on lire dans un des documents internes, évoquant un modèle transitoire inspiré du Kosovo ou du Cambodge. Autrement dit : une forme de tutelle internationale provisoire, en attendant mieux — ou pire.

Un gouvernement sans drapeau, mais avec des ministères

Ce que l’on appelle pudiquement “commission” n’est rien d’autre qu’un gouvernement de transition, avec un périmètre de compétences étatique : il décidera des affectations budgétaires, gérera les flux d’aide, encadrera l’administration locale, supervisera les priorités sanitaires, économiques, éducatives. Un “proto-gouvernement” en charge de la vie des Gazaouis — sans mandat électif, mais avec une légitimité conférée par les puissances étrangères et quelques figures locales cooptées.

Ce gouvernement ne fonctionnera pas seul : il sera placé sous l’autorité du Conseil de Paix international, structure sans précédent dans l’histoire contemporaine, incarnée par Donald Trump lui-même, et dont la mission est d’« accompagner la reconstruction, le désarmement et la coexistence ».

Une reconstruction titanesque, vecteur de souveraineté

Derrière les discours humanitaires sur la “reconstruction de Gaza”, se joue un levier politique d’ampleur.
L’ONU estime à plus de 50 milliards de dollars le coût de remise en état des infrastructures : eau potable, électricité, réseaux sanitaires, hôpitaux, écoles, voiries… Cet effort, colossal, nécessitera une autorité centrale pour gérer les contrats, superviser les travaux, encadrer les chantiers et canaliser les financements.

Cette autorité, ce ne sera ni Israël, ni le Hamas, ni même l’Autorité palestinienne dans l’immédiat, mais bien une administration parrainée par les États-Unis, les Émirats arabes unis, le Qatar et d’autres acteurs du Golfe. Une sorte de “Banque mondiale locale”, dotée de pouvoir de planification. À terme, elle sera appelée à piloter l’économie d’une zone de libre-échange que les concepteurs du plan veulent “prospère, intégrée et ouverte à l’investissement”.

Une police palestinienne et une armée… absente

Autre indicateur majeur : la sécurité ne sera pas assurée par Israël, mais par une force de police locale palestinienne, formée et encadrée par une mission de stabilisation internationale (modèle OTAN ou ONU). Cette force ne sera pas armée comme une armée classique, mais agira comme une structure de maintien de l’ordre public, à la manière d’un ministère de l’intérieur embryonnaire.

On parle déjà d’un “programme de rachat d’armes” à destination des anciens membres du Hamas, à condition qu’ils déposent les armes et s’engagent à ne plus participer à des activités violentes. Ceux qui acceptent auront droit à une amnistie. Quant à ceux qui souhaitent quitter Gaza, un couloir sécurisé sera mis en place. « Il n’y aura pas de départ forcé », indique le plan, mais un encouragement à rester “pour bâtir une nouvelle Gaza”.

Et demain, l’Autorité palestinienne… ou un autre acteur ?

La logique du plan Trump prévoit qu’à terme, l’Autorité palestinienne reprenne les rênes de Gaza, une fois “réformée”. Ce terme n’est pas neutre : il signifie que tant que Mahmoud Abbas, considéré comme corrompu ou affaibli, reste en place, cette autorité restera sous embargo politique. Le pouvoir réel sera détenu par le Conseil de paix et sa commission technocratique.

D’ici là, c’est donc bien un nouvel appareil d’État, sans légitimité électorale mais avec légitimité fonctionnelle, qui sera en charge. Il n’aura pas de drapeau, mais il signera des contrats. Il ne siègera pas à l’ONU, mais fixera les budgets. Il ne disposera pas d’un hymne, mais fera circuler les ambulances et les fonds de la reconstruction. N’est-ce pas là la définition d’un proto-État ?

Un État sans vote ni déclaration

À ceux qui affirment qu’aucune solution politique n’émergera tant que la guerre ne cessera pas, il faut répondre que la solution est déjà en train de s’écrire en coulisses. Gaza sera bientôt administrée par une entité politique, économique, sécuritaire, diplomatique. Elle ne s’appellera pas “État”, mais elle en aura toutes les fonctions vitales.

Et surtout : elle sera adossée aux frontières d’Israël.

Est-ce une victoire diplomatique, une résignation stratégique ou un pari explosif pour l’avenir ? Ce qui est certain, c’est qu’en 2025, un État palestinien ne naît pas d’une déclaration unilatérale, mais d’un chantier humanitaire, d’un plan de paix cynique et d’une reconstruction gérée comme une holding.

 

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