
Trump versus Netanyahou : deux visions de Gaza.
L’un parle de paix à coups de milliards et de conseils internationaux, l’autre d’écraser le Hamas sans jamais céder un pouce de souveraineté.
Le plan de Trump en 21 points, dévoilé comme une issue à la guerre de Gaza, vient percuter de front la doctrine inflexible de Benjamin Netanyahou.
Deux récits, deux stratégies, deux philosophies du Moyen-Orient.
Et entre les lignes, l’émergence d’un proto-État palestinien.
1. Gouvernance de Gaza : un pouvoir sans drapeau contre une souveraineté indiscutable
Trump veut créer une commission technocratique, mi-palestinienne, mi-internationale, pour administrer Gaza. Cette entité serait placée sous l’autorité d’un Conseil de paix présidé par Donald Trump en personne, flanqué de Tony Blair. Une sorte de gouvernement transitoire sous contrôle international, sans drapeau, mais avec pouvoir de décision.
Netanyahou, lui, refuse toute forme d’autonomie gouvernante à Gaza. Pour lui, la seule autorité légitime, à supposer qu’elle existe, serait l’Autorité palestinienne — et encore, sous haute surveillance. Jamais il n’a envisagé une gestion partagée ou déléguée du territoire. La souveraineté ne se divise pas.
2. Désarmement du Hamas : processus négocié ou conquête militaire
Trump propose un désarmement complet du Hamas, encadré par des observateurs internationaux, avec un mécanisme inédit de rachat des armes. Les membres du Hamas auraient le choix entre l’exil volontaire ou l’amnistie, à condition de renoncer à la violence.
Netanyahou n’a jamais envisagé de racheter quoi que ce soit. Son unique scénario : la destruction du Hamas par la force, jusqu’au dernier tunnel, à la dernière roquette. Pas de négociation, pas d’indulgence, pas d’alternative.
3. Libération des otages : la grande transaction de Trump face au refus israélien
Dans le plan Trump, tous les otages doivent être libérés sous 72 heures, en échange de la libération de 1 700 Palestiniens, femmes et enfants compris, ainsi que 250 prisonniers internationaux. Pour chaque otage mort rendu, 15 corps palestiniens seraient restitués.
Netanyahou, en revanche, s’oppose à tout échange massif, surtout en pleine guerre. Il redoute que ces libérations ne renforcent les réseaux terroristes et sapent la dissuasion. L’heure n’est pas au deal, dit-il, mais à l’écrasement.
4. Sécurité : retrait conditionné ou contrôle permanent
Trump préconise un retrait progressif de Tsahal, sous condition, et l’installation d’un corps de stabilisation international. Une police palestinienne serait formée pour assurer l’ordre, sous supervision externe.
Netanyahou répète inlassablement que “la sécurité d’Israël doit être entre les mains d’Israël.” Aucun contingent étranger, aucune police palestinienne ne saurait garantir la sécurité des citoyens israéliens. Il refuse toute dilution du contrôle militaire israélien.
5. Reconstruction de Gaza : milliards injectés contre silence de Jérusalem
Trump voit dans la reconstruction une opportunité de pacification durable. Il promet des dizaines de milliards pour restaurer les infrastructures, créer une zone de libre-échange, développer l’économie. Les donateurs du Golfe seraient les mécènes de cette nouvelle Gaza.
Netanyahou n’a jamais défendu un tel plan. Il ne croit pas à la paix par les routes et les hôpitaux. Pour lui, la reconstruction est subordonnée à la neutralisation du Hamas, et aucun projet économique ne doit devancer la victoire militaire.
6. Rôle de l’Autorité palestinienne : transition différée ou méfiance viscérale
Trump envisage que l’Autorité palestinienne reprenne la main, mais seulement après des réformes radicales, validées par le Conseil de paix. Une option conditionnelle, mais présente.
Netanyahou ne cache aucune confiance en Mahmoud Abbas. Il considère l’AP comme affaiblie, corrompue, et complice du narratif anti-israélien. Sa vision : contenir, mais ne pas transmettre.
7. Vision d’un État palestinien : fiction fonctionnelle ou refus catégorique
Trump ne prononce pas le mot “État”, mais tout son plan y mène : administration, sécurité locale, gouvernance, diplomatie, reconstruction. Il organise une souveraineté masquée, sans vote, sans drapeau, mais pleinement opérationnelle.
Netanyahou reste fidèle à sa ligne : non à un État palestinien, sous quelque forme que ce soit. Et il l’a redit récemment : « Je n’ai jamais accepté l’idée d’un État palestinien. »
Ce que Netanyahou refuse catégoriquement
Il rejette la création d’un État palestinien, même implicite. Il l’a déclaré publiquement :
« Je n’ai jamais accepté la création d’un État palestinien et je ne l’accepterai jamais. »
Il refuse que Tsahal se retire complètement de Gaza. Il insiste :
« Israël doit garder le contrôle sécuritaire complet de l’espace situé entre le Jourdain et la Méditerranée. »
Il ne fait pas confiance à l’Autorité palestinienne, qu’il considère comme inefficace et hostile.
Il n’a donné aucun feu vert formel à la commission technocratique ni au Conseil de Paix dirigé par Trump.
Il ne veut pas d’une présence militaire étrangère pour sécuriser Gaza à la place de Tsahal.
Deux visions qui s’affrontent, une réalité qui s’impose
L’un veut gérer Gaza comme une entreprise multinationale, l’autre comme un ennemi à neutraliser. L’un croit à la transition sous contrôle, l’autre à la force comme seule garantie.
Mais le fait est là : le plan Trump institue, sans le nommer, un proto-État palestinien à Gaza, administré par des technocrates, sécurisé par des étrangers, financé par des milliardaires, et supervisé depuis Washington.
Et si la véritable rupture n’était pas entre Israël et le Hamas, mais entre deux visions du monde que tout oppose : le réalisme glacial de Trump contre la verticalité sécuritaire de Netanyahou ?
Vos réactions