LOS
ANGELES,le 05/06/08 — Peut-on faire rire le grand public avec le
conflit israélo-palestinien? C'est le pari d'Adam Sandler, l'un des
comiques américains les plus populaires de sa génération, avec la farce
"Rien que pour vos cheveux" qui sort vendredi aux Etats-Unis et au
Canada.
Sans prétentions intellectuelles, le long métrage ("You
don't mess with the Zohan" en version originale) raconte l'histoire de
Zohan Dvir, un membre des commandos d'élite israéliens, sorte de Rambo
local, qui caresse en secret le rêve de devenir... coiffeur aux
Etats-Unis.
Co-écrit par Sandler et Judd Apatow, intronisé roi
de la comédie grâce à "40 ans, toujours puceau", "En cloque, mode
d'emploi" et "Supergrave", le film de Dennis Dugan dont le titre
français est décalqué du James Bond de 1981 "Rien que pour vos yeux" se
passe en partie au Proche-Orient, où Zohan combat un "terroriste
palestinien" surnommé "Fantôme".
Incarné par John Turturro
("Barton Fink"), ce dernier donne malgré lui l'occasion à Zohan de
disparaître en simulant sa mort au terme d'un homérique combat. L'as
s'échappe alors dans les soutes d'un avion de ligne pour se rendre à
New York, où à son grand étonnement, Israéliens et Palestiniens émigrés
vivent en paix.
Le héros au fort accent hébreu finit même par
travailler pour un salon de coiffure tenu par une Palestinienne et se
révèle aussi habile au ciseaux qu'avec un pistolet mitrailleur Uzi;
selon ses clientes, l'expérience de se faire coiffer par lui "surpasse
l'acte sexuel".
Mais c'est sans compter avec "Fantôme" qui retrouve sa trace...
Farci
d'humour leste et d'allusions sous la ceinture, "Rien que pour vos
cheveux", qui sort le 20 août en France, n'oublie pas les bons
sentiments, ni de plaider pour la paix entre les ennemis de la Terre
sainte.
Si Spielberg avait signé le drame "Munich" en 2005 sur
la traque des assaillants des jeux Olympiques de 1972, c'est la
première fois que Hollywood, en l'occurrence le studio Sony, s'aventure
dans le conflit israélo-palestinien avec une comédie.
"La
comédie rapproche les gens", affirme le comédien Rob Schneider, qui
joue un chauffeur de taxi palestinien. "Zohan est ridicule, tellement
ridicule que, je l'espère, tout le monde va prendre un peu de recul et
rire ensemble".
Peu soucieux d'exactitude géopolitique, le film
montre des Palestiniens décidés à éliminer Zohan qui appellent un
"numéro vert" du Hezbollah. "Pour les fournitures terroristes, appuyez
sur la touche 1", répond le standard présumé de l'organisation chiite
libanaise.
De même "Fantôme" tient davantage du rappeur que de
Yasser Arafat, avec ses chaînes en or, ses lunettes noires et son
foulard écarlate autour de la tête. "Si Zohan est le James Bond juif,
Fantôme est l'Eminem arabe", soutient Turturro.
Le tournage a
employé des acteurs palestiniens et israéliens, explique Dennis Dugan,
qui avait déjà dirigé Sandler dans "Quand Chuck rencontre Larry" en
2007, nouveau succès commercial - et échec critique - de la carrière de
l'acteur de 41 ans. Ses 19 films ont rapporté 1,44 milliard de dollars
au box-office en Amérique du nord depuis 1990.
"Il y a eu
beaucoup de discussions passionnées, mais amicales, saines, ouvertes.
Certains m'ont dit que c'était la première fois qu'ils parlaient autant
à un Arabe ou un Israélien", assure le réalisateur.
"Nous ne
pensons pas que ce film va résoudre quoi que ce soit" au conflit
israélo-arabe, ajoute-t-il. "Nous voulions juste être drôles. Mais même
pour moi, en tant que juif, c'était très intéressant de me sentir aussi
proche des Arabes que des Israéliens sur le plateau".
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