Le
21/08/07,Hollywood s’apprête à déverser dans les salles obscures un
nombre sans précédent de films sur fond de « guerre contre le
terrorisme », influence directe de l’impopularité grandissante des
conflits impliquant l’armée américaine au Moyen-Orient.
Alors que
les hostilités nées des attentats du 11 septembre vont entrer dans leur
septième année, le film In the Valley of Elah, l’histoire du meurtre
d’un Américain revenu d’Irak, sort en septembre.
Signé Paul Haggis,
deux Oscar en 2006 pour Collision, il préfigure ce qui semble voué à
devenir un genre à part entière à Hollywood, où plusieurs films sur le
11-Septembre sont sortis l’année dernière, notamment World Trade Center
et Flight 93.
Le
désarroi né de la guerre constitue également le thème central de Grace
Is Gone, très bien reçu au dernier festival de Sundance. Il raconte
l’histoire d’un Américain (joué par John Cusack) dont la femme soldate
est tuée en Irak. « Je pense que les gens seront intéressés de voir
l’histoire du prix humain de cette guerre », a dit Cusack, qui a voulu
tourner ce film en réaction à la censure par le Pentagone de photos
montrant des cercueils de soldats arrivant d’Irak.
De grands noms du
cinéma sont de la partie : sur un scénario politique et militaire après
le 11 septembre, Lions for Lambs, de et avec Robert Redford, emploie
aussi Tom Cruise et Meryl Streep. Une autre star, l’actrice « oscarisée
» Reese Whitherspoon, va jouer dans Rendition la femme d’un chimiste
d’origine égyptienne enlevé et détenu au secret par la CIA.
Cette
série, à laquelle il faut encore ajouter The Kingdom avec Jamie Foxx et
Redacted de Brian de Palma, se poursuivra en 2008 avec Stop Loss,
l’histoire d’un ancien combattant qui refuse de retourner en Irak, et
The Hurt Locker, film de guerre tourné en Jordanie et au Koweït.
Pour
Darrell West, expert en sciences politiques à l’Université de Brown
(Rhode Island, Est), cette avalanche de films et leur ton généralement
très critique vis-à-vis de la guerre reflètent l’impopularité actuelle
du conflit aux États-Unis.
«
Hollywood peut tourner de tels films sans craindre un retour de bâton.
Il y a toujours le risque de voir les spectateurs bouder lorsque l’on
tourne un film antiguerre au milieu d’un conflit », explique-t-il à
l’AFP : mais « alors que les deux tiers des Américains pensent que
déclencher la guerre en Irak était une erreur, c’est le moment idéal
pour sortir ce genre de films ».
Mark Boal, auteur du scénario de
The Hurt Locker, qui mettra en scène une unité de démineurs de l’armée
américaine à Bagdad, estime qu’un film peut évoquer un aspect de la
guerre qui n’est pas abordé par les médias généralistes. « Nous
voulions montrer le genre de choses que vivent les soldats et qu’on ne
voit pas sur CNN », a-t-il dit au quotidien spécialisé Hollywood
Reporter.
La
guerre du Vietnam a inspiré aux scénaristes des chefs-d’œuvre comme
Apocalypse Now, Voyage au bout de l’enfer et Platoon, mais ils ne sont
sortis qu’après la fin des hostilités. « C’est vraiment stimulant pour
moi, venant du journalisme, de voir un film sortir alors qu’un conflit
est en cours », a affirmé M. Boal.
« Hollywood est bien plus
politisé aujourd’hui et a moins peur de donner de la voix », affirme
pour sa part Lew Harris, rédacteur en chef du site spécialisé
Movies.com. En outre, selon lui, « il y a bien plus de gens en colère
contre la guerre à l’heure actuelle parce que beaucoup sont contre,
mais elle continue ».
Reste que le succès de ces futurs films
résidera comme toujours dans leur capacité à séduire et donc distraire
le public. « Si c’est un film où les spectateurs sont assommés de
messages politiques, ils n’iront pas le voir », prévient M. Harris.
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