
Un féminicide de plus en Israël : le cri d’une fille, le silence d’une société
Une tragédie annoncée
« Maman, je n’ai pas réussi à arriver à temps. Désolée. » Ces mots déchirants de Liam Nehamad résonnent comme un écho glaçant dans le silence qui entoure trop souvent les féminicides. Sa mère, Ravit Gal Nehamad, infirmière de 54 ans, a été abattue le 25 mai 2025 par son ex-mari, Herzl Bar Oz, au kibboutz Aniam. Selon les premiers éléments de l’enquête, le meurtre était prémédité : l’homme aurait attendu son ex-épouse près de sa voiture, l’aurait poursuivie à travers le kibboutz avant de l’abattre, puis de se suicider.
« Elle a été assassinée de sang-froid par un homme méprisable que j’aimerais voir pourrir en enfer », a ajouté Liam. « Il a pris l’air de mes poumons, de mon cœur qui battait et de tous les organes que seule maman savait nommer. »
Le couple, marié pendant 20 ans, s’était séparé en février dernier. Quelques jours avant sa mort, Ravit avait partagé un message poignant sur les réseaux sociaux :
« Quand le vent est trop faible et que mon cœur ne sait plus comment battre fort, quand le jour s’arrête à mi-chemin et que la lumière est trop faible pour briller, je m’assois. Mes mains reposent sur mes genoux, mes yeux regardent mais ne voient pas. Tous les mots sont en moi, mais aucun ne sort. Pas un cri. Pas une larme. Juste un silence qui dit tout. »
Une violence systémique
Le meurtre de Ravit Gal Nehamad n’est pas un cas isolé. En 2024, Israël a enregistré 20 féminicides, soit une moyenne de 1,81 par mois, un chiffre similaire à celui de l’année précédente . La moitié des victimes étaient des femmes arabes israéliennes, bien qu’elles ne représentent qu’environ 21 % de la population .
Selon le rapport de l’Observatoire israélien du féminicide, dans la majorité des cas, la victime connaissait son meurtrier, souvent son mari, son partenaire ou un membre de sa famille . Ces meurtres sont rarement des actes impulsifs ; ils sont souvent le résultat d’une escalade de violences, parfois connues de l’entourage ou des autorités.
Le professeur Shalva Weil, fondatrice de l’Observatoire, souligne : « Le crime odieux du féminicide, le meurtre de femmes dans la société israélienne simplement parce qu’elles sont des femmes, continue cette année sans relâche, tant chez les Juifs que chez les Arabes israéliens. »
Un manque de réponses institutionnelles
Malgré la gravité du phénomène, les réponses institutionnelles restent insuffisantes. L’Observatoire israélien du féminicide, créé en 2020 sous les auspices de l’Université hébraïque de Jérusalem, ne reçoit aucun financement gouvernemental et dépend de la philanthropie et des bénévoles pour poursuivre son travail .
Le manque de ressources allouées à la prévention et à la protection des femmes victimes de violences conjugales est criant. Les ordonnances de protection sont souvent difficiles à obtenir, et leur application laisse à désirer. Les services de soutien psychologique et juridique sont insuffisants, en particulier pour les femmes issues de minorités ou de milieux défavorisés.
Une société en quête de solutions
Le féminicide de Ravit Gal Nehamad met en lumière les failles d’un système qui peine à protéger les femmes. Il appelle à une prise de conscience collective et à des actions concrètes pour prévenir de telles tragédies.
Il est impératif de renforcer les mécanismes de protection, d’améliorer la formation des forces de l’ordre et des professionnels de la justice, et de soutenir les initiatives communautaires qui œuvrent pour la sécurité et l’autonomisation des femmes.
Chaque féminicide est un échec de la société tout entière. Il est temps de transformer l’indignation en action, pour que plus aucune femme ne perde la vie simplement parce qu’elle est une femme.
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