
Il n'est pas question de juger les verbes "être" et "paraître" mais souhaitons-nous de ne pas mentir à soi-même en se donnant des apparences.
Le verbe paraître commence par le suffixe "par", comme dans par-achever, par-faire, ou par-venir. Il précise une finition. Ce qui expliquerait pourquoi le verbe paraître ne s'écrit pas ainsi "parêtre". Car que serait un être achevé ?
La notion d'être est complexe. Tout le monde marque un temps d'arrêt à la question "Qui êtes-vous ?". On ne le sait qu'après avoir vécu. Ne sont ce pas nos actions, nos décisions qui le dessinent ?
"Paraître" demande une réflexion en amont qui nous mène à comment on veut être vu ? On réfléchit pour savoir comment paraitre en telle ou telle circonstance. On peut même acheter des artifices pour sembler ou ressembler.
Il n'y a pas d'avoir dans l'être. on ne peut pas acheter une émotion. Quand on achète des biens de consommation, on aurait même tendance a le planquer notre "être". Et quand on y arrive, c'est là qu'il se réveille, en nous faisant faire des lapsus et des actes manqués.
Les verbes "être" et "paraitre" ont en commun d'être des verbes d'état du sujet, comme sembler ou devenir. Mais le verbe "être" a une particularité : il n'a pas besoin de complément : "celle que j'oublie d'être", et le "je pense donc je suis" de Descartes.
Cette dernière citation célèbre mérite un temps de pause. Voici une piste pour interpréter cette pensée : quand je pense à mon parcours unique, je vois qui je suis. C'est en agissant qu'on se découvre. C'est dans mon cheminement que mon être parait.
A mon sens, l'autre différence entre "être" et "paraitre", c'est l'horizon qu'il ouvre. Avec "paraitre" les questions sont nettes et réelles " A quelle heure est-il paru ? Qui vouliez-vous paraitre ?
Alors qu'avec le verbe "être", c'est tout de suite plus vaste. Dans un "comment allez-vous", il est bel et bien question de votre être : comment va-t-il ?
N'est-ce pas la plus belle des questions ?
Paraitre, c'est souvent suivre des lois, ou la mode, pour vivre en société. Alors que les lois de l'être, elles, sont propres à chacun, a l'histoire de sa naissance et à son parcours.
Si paraitre c'est envisager son image en société, être nous oblige à s'écouter dans un entre soi qui n'a rien a voir avec l'ennui. S'occuper de son âme, n'est ce pas occuper sa solitude d'une recherche vers des axes de développement et de plaisir qui font écho à nos traumatismes passés.
Comme l'arbre, l'être grandit jusqu'à la fin de sa vie et nous pouvons être notre propre jardinier jusqu'à la fin.
Si vous avez aussi vous souhaitez poser une question à Paul Sillam , n'hésitez pas.
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