
Le sergent-major Tsvi Feldman enfin de retour : 43 ans de silence brisés par une mission du Mossad en Syrie
Une disparition tragique pendant la guerre du Liban
Le 11 juin 1982, au cœur de la bataille sanglante de Sultan Yacoub, en pleine Première guerre du Liban, trois soldats israéliens disparaissent sans laisser de trace. Parmi eux : le sergent-major Tsvi Feldman.
À l’époque, l’armée israélienne affrontait les troupes syriennes dans l’une des confrontations les plus meurtrières du conflit. Tandis que les combats faisaient rage, les corps de Feldman, de Zachary Baumel et de Yehuda Katz ne furent jamais retrouvés. Une douleur immense s’installa dans les foyers israéliens. Une attente sans fin.
Une mission clandestine, au cœur d’un territoire ennemi
Quarante-trois ans plus tard, le Mossad signe l’une de ses opérations les plus audacieuses : le rapatriement du corps de Feldman, retrouvé non pas au Liban mais en Syrie, à des dizaines de kilomètres de la frontière israélienne.
Ce déplacement soulève une hypothèse : après la bataille, le corps aurait été transféré clandestinement de la zone des combats vers un cimetière syrien, dans l’ombre d’un régime ennemi.
Mais le plus remarquable reste le modus operandi. Aucun agent israélien n’a été envoyé officiellement sur place.
Pour mener cette opération ultra-sensible, le Mossad a mobilisé une cellule d’agents non israéliens, soit des collaborateurs étrangers, soit des agents israéliens opérant sous fausse identité étrangère. Le but était clair : ne jamais relier l’opération directement à Israël, en cas d’échec, d’arrestation ou d’incident diplomatique.
Cinq mois de danger pour retrouver un soldat
Durant cinq mois, l’équipe a opéré dans des conditions extrêmes. Chaque pas, chaque contact, chaque excavation dans ce cimetière syrien surveillé était un pari sur la vie. La région était truffée d’agents du régime syrien, la moindre détection aurait pu déclencher un incident international.
Mais la détermination a fini par payer. Un élément clé a tout changé : la découverte d’une combinaison militaire identifiable. L’émotion a traversé l’équipe. Le message adressé au commandement fut sobre et déchirant : “Nous avons trouvé la combinaison de Feldman.”
Des fragments d’ossements, des sacs de terre, des effets personnels ont ensuite été discrètement exfiltrés du pays. Les analyses ADN ont parlé : c’était bien lui.
Larmes et fierté : Israël rend les honneurs à son soldat
À l’annonce de la réussite de la mission, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou s’est déplacé personnellement pour informer la famille Feldman. Sa sœur, Anat Cohen, a déclaré avec émotion :
« Nous avons prié pendant 43 ans, et aujourd’hui, Tsvi est revenu. Il est enfin rentré en Israël. »
. Pour la première fois depuis 1982, la famille pourra se recueillir sur une tombe, le jour du souvenir israélien. Et dans la voix d’Anat, une phrase résonne comme un verset biblique :
« L'incroyable est arrivé : ‘Les fils reviendront à leur frontière’. »
Israël ne laisse jamais ses soldats derrière lui
Cette opération n’est pas un cas isolé. En 2019, le Mossad avait déjà ramené en Israël la dépouille de Zachary Baumel, tombé lui aussi à Sultan Yacoub. Yehuda Katz, le troisième soldat disparu, reste encore introuvable. Mais le message envoyé par cette mission est limpide :
Israël ne lâchera jamais ses disparus.
Et cette doctrine ne concerne pas uniquement les soldats du passé. Les autorités israéliennes continuent de rechercher Ron Arad, disparu dans le sud-Liban en 1986, l’espion légendaire Eli Cohen, exécuté à Damas en 1965, ou plus récemment Elizabeth Tsurkov, enlevée en Irak.
Une leçon pour les familles et les ennemis
En rapatriant la dépouille de Feldman, Israël parle à ses familles, mais aussi à ses ennemis. À ceux qui capturent, tuent, dissimulent. À ceux qui croient qu’avec le temps, les noms s’effacent. Le Mossad vient de leur répondre :
« Nous reviendrons. Toujours. »
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