“Long Story Short” sur Netflix : Vous détestez les Juifs ? Regardez ça, vous rirez et pleurerez. -vidéo-

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“Long Story Short” sur Netflix : Vous détestez les Juifs ? Regardez ça, vous rirez et pleurerez.

“Long Story Short” sur Netflix : un véritable vaccin contre l’antisémitisme

Cinq ans après avoir disséqué l’existence humaine dans Bojack Horseman, Raphaël Bob-Waksberg revient sur Netflix avec une nouvelle série d’animation profondément juive, drôle, poignante et terriblement émouvante — Long Story Short, ou אז בקיצור.
Même sans mentionner « Israël » ou « antisémitisme », elle est d’une évidence et d’une pertinence intenses pour notre époque.

« Je crois que beaucoup d’antisémites apprendront deux ou trois trucs », confie Bob-Waksberg lors d’une récente interview promotionnelle — une phrase qui pourrait tout à fait sortir de la bouche de l’un des personnages, tellement elle est empreinte de sensibilité juive profonde.

Une animation à contre-courant : humour, émotion et identité juive

Bob-Waksberg déterre une nouvelle fois le rire et la douleur, épaulés de punchlines incisives et de coups de poing émotionnels servis avec un soupçon de chopped liver et de khartoveret bien dosés.
Au cœur du récit trône la famille Šufer — Naomi, Elliott et leurs trois enfants : Avi, Shira et Yoshi — dysfonctionnelle à souhait, mais terriblement attachante. Sur plusieurs décennies, la narration fait naviguer le spectateur au fil des souvenirs, des traumatismes et des conflits familiaux. On rit, on frémit, on s’y sent.

Le casting voix est un pur bijou : Ben Feldman (Mad Men), Abe Jacobson (Broad City), Max Greenfield (New Girl), Lisa Edelstein (House) ou encore Paul Riser (Crazy, Stupid, Love) figurent parmi les surprises réjouissantes (et d’autres sont encore à venir).

Entre Seinfeld et Le Violon sur le Toit : une œuvre juive universelle

Sur l’échelle culturelle, אז בקיצור s’inscrit quelque part entre Seinfeld et Le Violon sur le Toit — et penche plus du côté de Tevye le laitier. Elle s’offre au regard juif tel que l’un le pense, puise dans l’outil imaginaire de l’Oy et du Geshmak, et mérite d’entrer dans la liste des créations pop qui, tout en étant résolument juives, font sens à l’échelle universelle.

Elle est drôle, amère, ses personnages sont parfois absurdes mais souvent bouleversants — et, surtout, son existence même sur une plateforme globale telle que Netflix est un accomplissement en soi.

Un antidote à la culture de guerre et de victimisation

Non, l’antisémitisme ne date pas d’hier, et le 7 octobre n’est pas la seule tragédie à propager la haine juive. Mais l’idée que toute œuvre juive doive être tributaire du contexte géopolitique moderne est, au mieux, décevante. אז בקיצור représente, à sa manière, l’anti‑surcharge émotionnelle politique — un véritable vaccin culturel, subtil mais puissant.

Et demain ?

Bob-Waksberg annonce qu’Israël et d’autres thèmes contemporains juifs seront abordés dans la suite — désormais commandée pour une saison 2 — mais pour l’instant, il choisit la mémoire plutôt que la polémique. Car chez les Šufer, tout tourne autour du souvenir — le Shabbat, l’Exode, Amalec — des piliers du judaïsme ; ils portent leur mémoire comme un fardeau… ou une libération. Parfois, ils voudraient juste oublier, respirer. Et אז בקיצור leur offre exactement ce qu’ils méritent : un peu de paix, et si même un antisémite en profitait, aussi.

Quand l’animation juive pulvérise les clichés

Et si une série animée pouvait dire davantage sur l’identité juive que tous les colloques universitaires réunis ? Avec Long Story Short (אז בקיצור), Netflix offre bien plus qu’un divertissement : une fresque familiale bouleversante et intelligente, qui pourrait bien désarmer les antisémites les plus endurcis. Sans jamais les nommer.

C’est l’histoire d’une famille juive ordinaire. Pas une dynastie, pas une tragédie épique, pas un conte biblique. Juste des parents un peu dépassés, des enfants mal ajustés, et des souvenirs qui font plus mal que les événements eux-mêmes.

Un chef-d’œuvre générationnel, profondément juif, mais universellement humain.

La mémoire comme seule narration

Pas de chronologie ici. La série saute d’une décennie à l’autre, s’attarde sur une dispute un Shabbat dans les années 90, revient à une cérémonie de bar mitzvah en 2004, ou montre un petit-fils adulte évoquant son grand-père perdu dans un épisode de 2020.
Ce désordre apparent n’est en réalité qu’un miroir fidèle de la mémoire juive : fragmentée, obsessionnelle, tendre et inépuisable. Comme le résume un critique américain :
« Long Story Short ne raconte pas une histoire — elle se souvient d’une famille. »

Chaque épisode est un puzzle émotionnel. Un mot mal placé, un rire gêné, un regard de travers — tout devient signifiant. L’humour, parfois absurde, souvent grinçant, vient ponctuer l’émotion pour ne jamais sombrer dans le pathos. C’est du Bob-Waksberg dans toute sa maturité : moins cynique que BoJack, plus organique, plus nuancé.

Netflix propose le français pour Long Story Short (אז בקיצור) — à la fois en version audio et en sous-titres français.

Une famille imparfaite, un monde complet

La famille Šufer est tout sauf parfaite, mais elle est terriblement crédible. Naomi, la mère, autoritaire et vulnérable, ne sait pas comment aimer autrement qu’en exigeant. Elliott, le père, absent même quand il est là, incarne ce judaïsme passif-agressif, toujours sur le fil entre indifférence et culpabilité. Les enfants — Avi, le fils aîné mélomane et insécure ; Shira, la rebelle attachée à ses principes ; Yoshi, le plus jeune, hypersensible et dyslexique — composent un tableau émouvant de complexité, d’affection bancale et de quêtes identitaires.

À travers eux, la série explore tous les visages de l’identité juive : le juif culturel, le juif en colère, le juif assimilé, le juif distant, le juif queer, le juif converti. Jamais caricaturaux. Jamais prévisibles. Tous poignants.

Un judaïsme de l’intime, pas du drapeau

Ce qui frappe dans Long Story Short, c’est l’absence de tout agenda politique. Pas un mot sur Israël. Pas une allusion à la Shoah. Et pourtant, chaque scène respire le judaïsme. Pas celui des livres, ni des slogans, mais celui du quotidien : les disputes à table, les chants qu’on oublie, les traditions qu’on détourne, les douleurs qu’on tait. Un judaïsme viscéral, incarné.

En refusant la posture explicite, Bob-Waksberg touche plus juste. Il offre aux spectateurs juifs une représentation rare — non spectaculaire, mais authentique — et aux autres une plongée sans didactisme dans une culture souvent mal comprise.

Une animation qui raconte autrement

Le style visuel, volontairement naïf — des dessins plats, vifs, aux couleurs pastels — tranche avec la profondeur des thèmes abordés. Ce contraste entre forme enfantine et fond adulte est précisément ce qui rend la série si puissante. On rit devant une école envahie par des loups ou un matelas transformé en tunnel du temps… puis l’on s’effondre d’émotion devant une discussion entre un père et son fils sur la peur de vieillir seul.

Un succès critique retentissant

Déjà saluée comme une des meilleures séries de l’année, Long Story Short affiche un 100 % d’approbation sur Rotten Tomatoes et une note de 88/100 sur Metacritic.
Netflix a d’ailleurs commandé une saison 2 avant même la diffusion de la première — fait rare pour une série animée pour adultes, signe d’un engouement immédiat.

La presse anglo-saxonne est unanime : « Une mosaïque narrative brillante » (The Guardian), « L’animation la plus humaine depuis des années » (The Verge), « Une œuvre profondément juive sans jamais être communautaire » (Los Angeles Times). Ce qui frappe, c’est l’écho émotionnel : qu’on soit juif ou pas, on se reconnaît dans la famille Šufer. Ou peut-être qu’on voudrait en faire partie.

L’arme douce d’un judaïsme assumé

En ces temps où les caricatures antisémites prolifèrent à nouveau, où l’antisionisme se dissimule derrière une haine viscérale des Juifs, Long Story Short offre une réponse inattendue : l’intimité, l’humour, l’amour familial. Pas de militantisme. Pas de cris. Une mémoire vive, subtile, qui donne à voir sans imposer. Et qui, paradoxalement, est bien plus percutante ainsi.

Cette série est une bénédiction. Pour les Juifs en quête de représentation. Pour les non-Juifs en quête de compréhension. Et pour tous ceux qui croient que l’art peut encore, à sa manière, guérir un peu du monde.

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