Judée-Samarie : ces jeunes des colllines qui protègent les terres abandonnées par l’État d'Israël

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Judée-Samarie : ces jeunes des colllines qui protègent les terres abandonnées par l’État d'Israël

Jeunes des collines et pionniers israéliens : le temps de l’éveil

Le phénomène souvent réduit sous l’expression « jeunes des collines » n’est pas une excroissance anarchique, mais l’émergence d’un sens profond de responsabilité.
Les jeunes installés dans les collines de Judée-Samarie ne vivent pas un simple engagement militant : ils prennent conscience que « la préservation du territoire n’est pas une métaphore nationale mais une condition existentielle ». 

Une filiation historique assumée

Lorsque nous observons ces jeunes aujourd’hui à l’œuvre dans les régions de Benjamin, du Samarie et de la vallée du Jourdain, on discerne une continuité avec le récit fondateur de l’État d’Israël.
Leur engagement trouve ses racines non pas dans une posture de défi mais dans un héritage : celui des pionniers de l’ « aliya Séconde », qui « ne s’est pas contentée d’attendre qu’un autre agisse. Elle ne questionnait pas si l’on aimerait sa voie ; elle s’est rendue sur la terre déserte, a bâti des collines, ouvert des sentiers, vécu dans des cabanes et modifié le périmètre du pays par son implantation résolue. » 

Puis vinrent les groupes du Nahal qui, quand l’État existait déjà mais hésitait à façonner ses frontières, se sont dirigés vers les territoires que l’État n’avait pas encore investis.
Leur mission ? « Remplir le vide que l’État avait laissé : sortir le Nord de l’isolement, tenir l’Aravah, nourrir le désert, rendre fertile le Golan. » 

Aujourd’hui, ces jeunes dans les collines reprennent ce flambeau. Là où l’institution peine ou renâcle, ils avancent. Ils ne voient pas leur présence comme une alternative à l’État mais comme un pont : non pas « contre », mais « pour ». 

Une responsabilité assumée, au cœur du territoire

Sur les collines, là où l’ordre étatique est fragile, ces jeunes se forment « aux lois de la géographie ». Ils observent que « des milliers de dunams d’« adama d’État » passent aux mains adverses ; ils comprennent que s’accrocher au sol, ce ne pas être dans une posture idéologique abstraite, mais répondre à un impératif vital. » 

Ils constatent également la prolifération de constructions arabes illégales – et estiment que « la réponse ne doit pas être un débat public mais une action ». Ce n’est pas de l’activisme spontané mais une forme de « pionnierisme classique : pas de discours mais de l’acte ; pas de déclaration mais un champ, un pâturage ». 

Le plus surprenant dans l’analyse de cette dynamique est que la critique dont ils font l’objet révèle à quel point l’ancrage est profond. Ce que certains perçoivent comme « indiscipline » correspondait autrefois à ce qui était nommé « pionnierisme ». Ce qui est étiqueté aujourd’hui « excès » peut être interprété comme cette friction créatrice qui a forgé les bâtisseurs de l’« aliya » d’après-guerre. 

De la marge à l’avant-garde

« Aujourd’hui, les collines sont aux marges ; demain, elles pourraient devenir ce que les kibboutzim furent autrefois », affirme l’auteur.  Il ne s’agit pas de légitimer tout acte posé sur le terrain, mais de reconnaître que la pionniererie, par nature, naît là où l’État tarde ou refuse d’intervenir. Ce choix n’oppose pas pionnierie et anarchie : il impose une alternative entre l’abandon et l’appropriation. 

Tant que l’État examinera ces jeunes sous le prisme de la suspicion, elle générera du ressentiment et les privera de leur contribution potentielle au projet national. En revanche, l’adoption d’un regard nouveau – les envisager comme « descendants de ceux qui ont bâti l’État et non comme ses ennemis » – permet d’ouvrir une voie inexploitée. 

Vers une intégration stratégique

En reconnaissant leur rôle, l’État pourrait aboutir à un double résultat : un renforcement du contrôle territorial mais aussi une maîtrise accrue des excès individuels. Car loin de rejeter ces jeunes, il s’agit de les associer à une cadre national structuré où « tout dépassement, toute violation de loi ou événement ponctuel peut être traité avec rigueur et efficacité ». 

Car lorsque l’État s’éloigne, il perd la main ; quand il embrasse, il peut orienter. Accueillir ces jeunes, non comme des « problèmes », mais comme des alliés, des pionniers porteurs de projet, c’est transformer une énergie brute en un outil politique puissant. 

Si Israël veut vraiment stabiliser ses collines, protéger ses terres, et en même temps, faire respecter la loi, elle doit franchir une étape : regarder ces jeunes non pas comme une menace mais comme une promesse.
« Ils ne sont pas ennemis de l’ordre mais issus de son défaut », rappelle l’auteur.  Cesser la « guerre d’usure » contre eux pour voir en eux des acteurs de l’État, voilà le tournant. Parce que l’adoption n’est pas un compromis ; c’est le outillage qui transforme la pionniererie en politique. Et quand la pionniererie devient politique, l’État retrouve toute son assise. 

Données sur les effets concrets et controverses

  • Selon un rapport de Breaking the Silence, ces jeunes colons influencent même les conduites de l’armée israélienne dans les territoires. 

  • Le département du Trésor américain (OFAC) a désigné le groupe Hilltop Youth comme une organisation extrémiste en octobre 2024, au motif de violences répétées contre les Palestiniens et destructions de bien. 

  • Un article d’analyse publié par le Washington Institute en avril 2025 souligne que la violence des colons transforme certaines régions de la West Bank en « tinderbox », avec des implications sécuritaires majeures. 

Ce que ces éléments apportent à notre compréhension

  • Les motivations ne sont pas uniquement idéologiques abstraites : elles s’appuient sur un vécu de terrain, une forte mobilisation autour de la terre, et souvent un sentiment que l’État est absent ou faiblit.

  • Le phénomène est ambivalent : d’un côté des jeunes se considèrent en pionniers ; de l’autre, ils sont impliqués dans des actes illégaux ou violents, ce qui alimente la défiance de l’État et des autres colons.

  • Reconnaître la jeunesse des collines comme simple force militante constructive revient à sous-estimer la dimension conflictuelle, mais aussi à ne pas saisir le rôle potentiel qu’ils peuvent jouer — pour le meilleur ou pour le pire — dans la dynamique territoriale israélienne.

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